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The New Teen Titans : ainsi (re)naissent les héros

The New Teen Titans : ainsi (re)naissent les héros

ReviewUrban
On a aimé• La réinvention pertinente et bien opérée d'une équipe
• Les dessins de George Pérez et le découpage de ses planches
• L'écriture de Marv Wolfman
• Des protagonistes forts, un groupe possédant une réelle alchimie
• Des dialogues et un humour qui font mouche
• Comprend un hommage sympathique à la Doom Patrol
• Une préface de grand intérêt et la présence des couvertures d'origine
On a moins aimé• Une poignée d'épisodes qui tourne au spectacle popcorn
• Une sexualisation des personnages féminins qui dessert leur propos
Notre note

Pourquoi effectuer un reboot ? S'agit-il d'une simple stratégie pour attirer de nouveaux lecteurs ? Un acte de bonne foi, motivé par une réelle ambition artistique ? Est-il question de faire table rase d'un passif encombrant ? De célébrer un héritage ? Dans tous les cas, l'exercice est périlleux : les fidèles espèrent y trouver un vent de fraîcheur, mais craignent d'être trahis par les changements opérés vis-à-vis de l'œuvre d'origine. Mais alors que faire ? Régurgiter au public ce qui lui a plu, le laissant se complaire dans un hommage qui ne tente rien ? Prendre des risques, quitte à possiblement s'attirer les foudres d'une foule en furie ?
 
Nous sommes en octobre 1980 et de nombreuses mains feuillettent DC Comics Presents #26, impatientes de découvrir les Nouveaux Teen Titans.


Les Jeunes Titans ne sont pas l'équipe la plus obscure de l'univers DC. Apparue pour la première fois en 1964 au sein de The Brave and the Bold, la formation continue de sauver le monde après cinquante-cinq ans de transformations. A l'heure de la sortie de la deuxième saison de Titans, adaptation en live-action des adolescents casse-cous, Urban Comics publie The New Teen Titans, réinvention du mythe par Marv Wolfman et George Pérez. Réinvention qui marque un tournant dans l'historique du groupe, le remettant sur le devant de la scène après l'arrêt de leur série en 1973 et l'échec d'une première relance en 1976-1978. Un succès lié aux nouveaux personnages ? Sans doute, mais pas que. La précédente tentative apportait elle-aussi son lot de justiciers costumés supplémentaires. Passé l'effet de surprise, la série n'aurait donc probablement pas duré si les auteurs n'avaient pas su exploiter ses différents composants avec talent.

Et le talent, dans cet ouvrage, il saute aux yeux. Littéralement. Les planches sont belles, pleines de couleurs, les visages expressifs... feuilleter le volume donne envie de s'y plonger. Nous avons évoqué Pérez bien sûr, mais il ne serait injuste de ne pas citer les autres personnes impliquées, parmi lesquelles on retrouve Curt Swan en renfort au dessin, Romeo Tanghal, Dick Giordano, Frank Chiaramonte et Pablo Marcos à l'encrage ainsi qu'Adrienne Roy, Jerry Serpe et John Drake à la couleur. Le découpage est particulièrement soigné, jouant notamment sur la verticalité des cases, voire du sens de lecture de la page. La narration n'est pas en reste : Wolfman sait capter l'attention des lecteurs, comme il le fait très bien dans le chapitre d'introduction qui -s'il utilise des procédés qui ne sont pas nouveaux- fonctionne parfaitement.

Soyons clairs : qu'il soit question de l'écriture ou du dessin, nous lisons ces aventures près de 40 ans après leur publication. Les procédés ont naturellement évolué et il ne serait pas surprenant d'avoir du mal à s'y immerger si vous n'êtes pas familier avec ce qui sort de l'Âge moderne des comics (bien que l'ensemble soit très accessible). On ne pourra encore une fois que vous encourager à essayer, en ne s'arrêtant pas aux premières pages. Promis, ça en vaut le détour.


Pour construire de bonnes histoires, il faut de bonnes bases. La préface de ce volume - signée Wolfman - revient sur la conception de cette nouvelle équipe, des premières idées au clap de fin. Si vous n'êtes pas prêt à débourser 35 euros pour mettre la main sur le pavé, cette introduction peut être librement consultée ici, et mérite un coup d'œil. Toujours dans la catégorie des "petits plus bienvenus", les couvertures d'origine sont présentes avant chaque numéro, ce qui fait toujours plaisir.

Il est maintenant grand temps de rentrer dans le vif du sujet : les personnages. De tout ce qui a ici été fait par Pérez et Wolfman, ils en sont le plus grand point fort. Bien qu'ils soient au nombre de sept, les protagonistes principaux ont chacun une personnalité bien définie, évitant ainsi les doublons. Tous existent dans le scénario, et aucun ne se retrouve oublié au fond d'une case. De manière générale, un sentiment de vie se dégage de leurs interactions : les amitiés et  tensions qui se forment sont crédibles, les surnoms fusent... Si Raven est la seule à s'adresser à Robin d'un solennel "Richard", Cyborg lui préférera un bien plus familier "P'tit slip". Ce genre de détails contribue à instaurer une convivialité qui fait des Titans un groupe d'amis avant d'être une équipe de super-héros. C'est ce paramètre qui en fait toute la saveur : là où certains team-up ne sont parfois que des alliances de circonstance sans grand intérêt, Starfire, Kid Flash, Changelin et les autres ont une réelle raison d'agir groupés, et surtout de rester ensemble. Une raison au sein de laquelle la dimension artistique a pris le pas sur le projet éditorial.

 

Wolfman et Pérez profitent de cette succession de péripéties pour aborder des sujets qui, s'ils sont très classiques pour une œuvre destinée aux ados/jeunes adultes, sont habilement mis en scène. Dans sa préface, le scénariste évoque le thème de l'opposition enfants/parents, qui est commun à l'équipe : la fille de Trigon se confronte directement à son père, Dick Grayson vit dans l'ombre de son mentor (il se voit d'ailleurs décerner le sobriquet de "Batboy"), Victor Stone en veut à son paternel... En plus d'exploiter les relations entre les individus, les auteurs jouent sur la symbolique des pouvoirs : en pleine adolescence, le corps de Changelin se transforme. Celui de Cyborg, qui est plus âgé, a été modifié et il doit désormais apprendre à vivre avec. Raven, éduquée à la non-violence mais surtout introvertie, disparaît avant le début de l'action.

Dans le même registre, les trois jeunes femmes de l'équipe ont toutes quitté le lieu de leur enfance (respectivement l'Île du Paradis, le temple d'Azarath et Tamaran) pour venir vivre dans le "vrai" monde. Kid Flash est à un carrefour de sa vie et ne sait pas quel parcours il doit choisir. Même s'il n'est pas extrêmement poussé, son questionnement sur le devoir est de circonstances : des capacités exceptionnelles font-elles forcément de nous des héros ? Doit-on suivre la voie qui nous est tracée, et se plier aux attentes des autres ? Robin, désigné leader, se retrouve incombé de responsabilités que ses épaules ne peuvent pas encore forcément supporter.

 

Cette proximité entre les héros et lecteurs se retrouve également dans l'utilisation d'un humour méta' léger (pas question ici de briser directement le quatrième mur), dans laquelle le slip du costume de l'Enfant prodige est souvent moqué et où personne ne parvient à retenir le nouveau nom de Beast Boy. Les messages évoqués ne sont néanmoins pas vierges de contradictions. Si les personnages féminins sont présentés comme des femmes fortes et autonomes - qui tiennent la vedette d'un arc entier et s'amusent à retourner l'image du chevalier servant tenant dans ses bras la demoiselle en détresse -, la sexualisation dont elles font l'objet vient se mettre en opposition avec le discours qu'elles portent. Entendons-nous : l'idée n'est pas de faire la chasse à la moindre petite tenue dans le neuvième art. Personne ne s'étonnera de voir des femmes fatales peu vêtues dans Cannon de Wally Wood. Mais nous sommes ici face à un ouvrage destiné à un public plutôt jeune, à qui il explique que, malgré leur caractère inspirant, les filles de l'équipe sont aussi une occasion de se rincer l'œil durant des séances de shooting photo et un ressort scénaristique lorsqu'elles se font séduire et manipuler par des hommes. Cela fait tache et c'est dommage.

C'est cependant le seul vrai point noir que l'on puisse trouver. Pour chipoter, on pourrait regretter que quelques épisodes comme "Le choc des Titans" visent une menace trop grande, là où la bande brille avant tout dans ses moments plus intimes (rassurez-vous, Trigon échappe à ce piège grâce au développement de sa relation avec Raven). Mais étant donné que ces batailles d'envergure peuvent tout à fait plaire à qui les apprécie, il n'est pas impératif de s'attarder là-dessus. On préférera plutôt retenir les tribulations de Cyborg dans "Un jour comme les autres" ou la passation qui s'opère avec la Doom Patrol dans l'arc centré sur Madame Rouge.

 

Dans une étagère, il y a les bandes-dessinées qu'on refile à quelqu'un lorsqu'on a oublié d'acheter un cadeau pour son anniversaire, et puis il y a celles auxquelles on tient. The New Teen Titans fait incontestablement partie de la seconde catégorie. Que vous le lisiez par nostalgie ou curiosité, il aura beaucoup à vous offrir : claques visuelles, personnages attachants, petites doses de drames adolescents (ne mentez pas, votre jeunesse passée à regarder Smallville vous manque), de sacrés costumes et ce petit quelque chose de savoureux. On peut ne pas y accrocher, mais difficilement nier qu'il s'agisse d'un grand cru. Et le mieux : ce n'est que le premier volume.

Malo
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