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Décennies, Marvel dans les années 60 : retour au temps où l'on surfait sur l'Âge d'argent

Décennies, Marvel dans les années 60 : retour au temps où l'on surfait sur l'Âge d'argent

ReviewPanini
On a aimé• La dream team des équipes créatives
• Visuellement splendide
• Une plongée dans la mise en place de l'univers partagé Marvel tel que nous le connaissons aujourd'hui
• L'occasion de (re)découvrir quelques vilains méconnus
On a moins aimé• Un ouvrage répétitif dans l'ensemble, même de manière lourde à son début
• Des combats qui n'ont (toujours) pas de raison d'être
Notre note
A l'occasion des 80 ans de Marvel (et des 50 ans de la publication de ses comics en France), Panini publie une collection inédite en 8 tomes, Décennies, qui par tranches de 10 ans, vise à donner un aperçu de ce que pouvaient être les parutions d'une époque. Après les années 40 et les années 50, c'est cette fois aux années 60 d'être mises à l'honneur. Bien que tous les volumes n'aient pas encore été publiés, il est évident que celui-ci marque un tournant en leur sein. Contrairement à l'Âge d'or, qui reste une ère obscure pour une grande majorité de la population, l'Âge d'argent nous parle bien plus, que l'on en ait conscience ou non. C'est en effet à cette période, qui commence en 1961 chez Marvel avec la création des Quatre Fantastiques, que se construit l'univers partagé que nous connaissons aujourd'hui.
 
Et pour ce qui est d'aborder cette construction, le thème choisi, "Spider-Man rencontre l'univers Marvel" est on ne peut plus approprié. Bien qu'il tende à opérer une sélection de titres évènementiels malgré une promesse de ne pas réaliser de "best-of", il permet d'assister à la genèse d'un monde aux individus et histoires interconnectés. Un monde vivant, régi par une (relative) cohérence et une (inabordable) continuité. Un monde où de réelles relations peuvent exister et évoluer, sans que tout ne soit repris à zéro à chaque nouvelle rencontre entre deux personnages. Métaphoriquement, on pourrait noter que la couverture est particulièrement bien choisie : tous nos héros s'y voient rassemblés, reliés les uns aux autres par les fils d'une toile d'araignée que l'on devine être ceux d'une trame globale. De là à se questionner sur le possible piège que peut représenter une telle structure narrative, il n'y a qu'un pas.

 

Avant de commencer, une petite note aux éventuels néophytes des vieux comics arrivés jusqu'ici s'impose : cette compilation peut être une bonne porte d'entrée pour vous. De manière générale, le style est moins déroutant que celui des années 40/50. Le choix de mettre bout-à-bout des histoires où Spidey affronte un ou plusieurs autre(s) héros a beau être une stratégie pour susciter la curiosité des clients, elle a au moins le mérite de fonctionner et d'offrir un contenu à la hauteur de ce qu'elle promet.  Les numéros ne se suivant pas et tous les personnages n'étant pas introduits au préalable, vous ne comprendrez pas tout. Il vous arrivera de vous demander comment Giant-Man est devenu le Goliath ou pourquoi Daredevil a changé de costume. Ce n'est pas grave. On ne saura que vous recommander de vous laisser porter et de découvrir la plus passionnante période des comics (en toute objectivité, évidemment).

Du côté des connaisseurs, on ne pourra que se réjouir de voir un casting all-star comprenant notamment - attention accrochez-vous - Jack Kirby, John Romita Sr, Steve Ditko (présent au scénario, au dessin et à l'encrage. Parce que pourquoi pas), Gene Colan, Roy Thomas, sans oublier Don Heck, Dick Ayers et Werner Roth. Et puisque quitte à faire du name dropping, autant y aller à fond : citons également à l'encrage Mike Esposito, Paul Reinman, Dan Adkins, Frank Giacoia, Chic Stone et Joe Sinnott. Et puis il y a Stan Lee aussi, mais ça vous vous en doutiez. Il serait cependant bien trop long, dans une simple critique, de se pencher sur le style de chacun; et on ne commettra pas non plus le blasphème de décrire les travaux des différents artistes à l'aide d'une seule et même description. On se contentera de vous dire "foncez, c'est d'la bonne". Avis aux plus pointilleux : on a ici affaire à une nouvelle restauration des planches d'origine. Les changements - à l'exception de quelques uns - ne sont pas flagrants, mais on le précise quand même.


Ça déboite, donc. Mais surtout visuellement il faut l'avouer. Une fois de plus, les récits pèchent malheureusement par leur scénario. Comprenons-nous bien : même adressés à un public plutôt jeune, les comics Marvel des années 60 ont connu d'excellentes histoires (au hasard : "This Man... This Monster !", Fantastic Four #51, à lire dans l'intégrale FF 1966). Le problème ici réside surtout dans la succession de numéros-évènement où plusieurs héros s'affrontent. Pris séparément, ceux-ci sont plutôt sympathiques. Mais lus les uns après les autres, un schéma redondant saute tout de suite aux yeux : un vilain met en place un plan machiavélique pour pousser le tisseur à affronter tel(s) personnage(s); il réussit dans un premier temps, aidé par le fait que les protagonistes en viennent tout de suite aux mains sans essayer d'échanger trois mots (un classique), avant d'être finalement vaincu par l'alliance de ces derniers.

Ce caractère répétitif du bouquin se fait particulièrement sentir dans les deux premiers chapitres; l'un étant un affrontement entre l'araignée du quartier et les Quatre Fantastiques - évidemment justifié de manière bancale- et l'autre... sa version longue. Bon. La démarche peut être jugée intéressante. Elle permet de prendre connaissance des manœuvres qui pouvaient être mises en place pour interagir avec le lectorat et répondre à ses demandes. Mais cela reste pour autant sacrément indigeste. L'idée d'avoir ces deux versions est d'autant plus difficile à comprendre lorsque l'on constate que le numéro comprenant l'affrontement entre Spider-Man, Hulk et le Bouffon a non seulement été raccourci au minimum, mais qu'une planche a même sauté en plein milieu du combat sans que mention n'en soit faite, faute à l'absence du géant vert.


Les récits proposés, même répétitifs, ont toutefois l'avantage de présenter des ennemis qui ne sont pas les plus connus du grand public, comme le Maraudeur masqué ou Kang. Un bon point en comparaison avec le reste de l'album, qui a tendance à se reposer sur des figures ultra-populaires pour séduire son public. En parlant de vilains de second plan, petit conseil de lecture : si vous n'avez aucune idée de qui sont les Exécuteurs, ces trois gus que l'homme-araignée porte sur son dos à la fin du cinquième "chapitre", foncez lire Spider-Man #10 (à retrouver dans l'intégrale 1964), où le tristement méconnu Grand Homme règne autant sur l'intrigue que sur la pègre.

Parfois, certains matchs semblent pliés d'avance. Ébloui par ses qualités, il vous est difficile de trouver des défauts à votre adversaire et vous n'osez vous jeter dans la course. Rédiger une critique sur une anthologie regroupant ce que la Maison des idées a fait dans les sixties pourrait s'approcher de cette expérience. Et pour cause : avec des héros cultes et des auteurs de légende, l'ouvrage partait gagnant. Et pourtant... et pourtant la déception se lit sur le visage de l'amateur qui finit la dernière page. Une déception sur son visage et une question dans ses pensées : "Mais qu'a-t-il bien pu se passer ?". La matière première n'est clairement pas en cause. Son utilisation, elle, est questionnable. Le tout  reste néanmoins excellent pour les planches qui le composent, mais donne l'impression d'une toile de maître encadrée avec les pieds. Il s'agit au passage du premier volume qui plaira sans doute plus aux nouveaux arrivants qu'aux habitués, qui en connaîtront certainement déjà une bonne partie avant même de l'ouvrir. En prenant un recul nécessaire, Décennies : Marvel dans les années 60 nous prouve que rien n'est joué d'avance, et que les meilleures pommes du marché ne suffisent pas à faire une crumble de légende.

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Malo
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