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Tokyo Ghost #1, la review

Tokyo Ghost #1, la review

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On a aimé• Remender a des allures de Jack Kirby des 00's
• Sean Murphy se hisse sans problèmes à son niveau
On a moins aimé• Une série de plus à ajouter aux abonnements chez Image, ça commence à faire beaucoup
Notre note
Annoncée il y a un peu plus de 13 mois maintenant, Tokyo Ghost fait office d'immense promesse pour la production U.S, notamment en raison de ses deux parents, les étoiles montantes (et brillantes) Rick Remender et Sean Murphy. Amenés à se rencontrer après avoir travaillé avec les autres grands noms du comic-book contemporain, les deux artistes se lancent main dans la main et à tue-tête dans un melting-pot de leurs passions respectives, en passant par la mécanique, le post-apocalyptique et les rythmes effrénés qui ne prennent pas le lecteur pour un demeuré. Un cocktail parfaitement détonant et aux portes d'un certain Mad Max : Fury Road, qui à l'image du chef d'oeuvre de George Miller, dépasse son statut de génial freak pour se transcender et nous livrer les prémices d'une histoire d'amour qui fera date. 
 

 
2089, sur "les îles de New Los Angeles". On imagine que le Big One est passé par là, mais comme à son habitude, Remender ne s'encombre pas d'exposition, lui qui semble avoir pour mission de livrer un maximum d'idées à chaque page tournée. On fait la connaissance de Debbie, seule habitante "tech-free" d'un monde qui ressemble terriblement à une dystopie ultra-libérale du nôtre, où les corporations vous possèdent comme des citoyens réservistes prêts à prêter leur corps à une intelligence supérieure, tant qu'elle est abreuvée en temps réel de plusieurs dizaines de sources de divertissements plus ou moins abrutissants, de la télé-réalité aux jeux vidéos en passant par les pires blockbusters d'un Hollywood qui n'a lui non plus pas disparu sous les eaux. 
 
Chassant la source de ce mal en compagnie de ce qui s'avèrera être plus que son sidekick, qui lui a cédé aux sirènes du divertissement à tout prix et qui se trouve maintenant perpétuellement dans une vague illusion de réalité, Debbie a des allures de Tank Girl sous (encore plus d')acides dans un univers post-apocalyptique fluo, ultra-violent (plus proche de 2000 AD cette fois) et sans concessions, sous forme d'aboutissement démoniaque des dérives libérales actuelles. Celle-là mêmes qui forcent la majorité d'entre nous à avoir les yeux rivés sur un écran une douzaine d'heures par jour, le tout (mal)mené par un flot d'informations interminable, épuisant et plus néfaste que la reprise en main du temps donné. Toutes ces théories de dépollution numérique, qui feront sûrement surface à l'échelle de nos gourous de l'information dans quelques années devant la potentielle catastrophe annoncée, Rick Remender les partage avec ses contemporains, dont un certain Alain Damasio.
 

 
Comme si ce mélange des genres déjà plus riche qu'une multinationale n'était pas suffisant, ce coreux de Remender vient y rajouter une histoire d'amour, véritable point central de cette création unique. Sulfureux, loin de la morale établie, Tokyo Ghost se lit et sonne comme un titre résolument punk et britannique, réalisé par les deux enfants terribles du comic-book américain. Ce serait gâcher que de vous en révéler les tenants et les aboutissants, d'autant que vous pouvez déjà foncer sur le titre rien que pour le génie de Rick Remender - votre seule excuse étant d'attendre la version française en 2016 chez Urban Comics
 
De son côté, Sean Murphy livre un récital de ce qu'il sait faire, alliant précision, point de fuites impeccables et découpages ultra-dynamiques, en plus de s'amuser comme un enfant avec les death races de New Los-Angeles, alors que nous n'avons pas encore d'aperçu du rendu de Tokyo, ville réputée bastion "tech-free" du nouveau monde. Une leçon de maître, donnée par un artiste qui n'en finit plus de grimper les échelons ces dernières années et qui ne semble pas prêt de s'arrêter. 
 

 
À l'instar de Descender, The Wicked + The Divine et quelques autres, Tokyo Ghost s'impose à mes yeux comme l'un de ces titres d'Image Comics qui me font "l'effet Saga", grâce à cette impression d'assister à la naissance d'une série promise à des sommets artistiques sans pareils, bienvenue dans des temps de normalisation agressive dans beaucoup de secteurs de la culture pop'. Mieux, Rick Remender fait de plus en plus office de Jack Kirby des années 2000, parfaitement moderne dans sa façon de nous livrer une frénésie d'idées au fil des années, toutes nées de son addiction pour la création. Un scénariste au sommet de sa carrière, qui se permet de travailler avec l'une des plus grosses sensations du côté de l'illustration ces dernières années, Sean Murphy nous rappelant avec plaisir qu'il peut livrer des travaux aux portes du parfait, loin du trop frénétique Chrononauts. 
Sullivan
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