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Un regard sur les indés #2 : The Wicked + The Divine

Un regard sur les indés #2 : The Wicked + The Divine

chronique
S'il n'est pas rare chez ARTS que l'on vous propose une critique d'un titre à froid, quelques heures ou le lendemain de sa lecture, il est en revanche plus improbable d'attendre une dizaine de jours pour vous évoquer, le temps d'un papier, l'une des plus grosses claques prises en ce début d'année 2015. Une claque à retardement de surcroît, puisque celle-ci nous vient tout droit de l'année passée, même si le récit que je m'apprête à vous présenter aujourd'hui a déjà commencé son invasion de 2015 avec autant de génie que de finesse. 
 
 

• The Wicked + The Divine •

— Fiche technique :

Éditeur : Image Comics (encore, oui oui)
Premier numéro : Juin 2014
Nombre de numéros parus : 7 singles V.O ; 1 TPB à 10$ paru le 12 Novembre 2014
Genre : Science-Fiction Pop-Mythologique 

Annoncée il y a tout juste un an et un mois, dans le sillage de leur collaboration fructueuse et impérissable sur Phonogram et Young Avengers, The Wicked + The Divine était d'emblée présenté comme le projet le plus personnel du duo Londonien. Fondus de musique et de Culture Pop en musique comme sur papier et sur les écrans, les deux artistes avaient à maintes reprises versé dans l'industrie de la musique, tout en développant ce qu'ils savent faire de mieux : de bonnes histoires. 

Reprenant l'idée que la musique peut être le vecteur de puissants mages (n'est-ce pas déjà le cas, du coté poétique des choses ?), déjà développé dans Phonogram, Kieron Gillen amène son récit plus loin et place le monde de la musique comme décorum global, bien loin des particularités de la sacro-sainte Britpop. En plus de ça, l'auteur prolifique de Marvel se fait plaisir en invoquant l'une de ses passions : la mythologie. Et il n'est ici point question de trancher entre les différentes "sciences/discours du mythe", puisque le scénariste n'oublie jamais de faire son travail de mythologue en même temps qu'il développe son histoire entre humour (qui fait mouche à chaque fois) et érudition la plus totale. 

D'ailleurs, tant le pitch de The Wicked + The Divine semble littéralement impossible à développer, voici ce qu'en dit l'auteur lui-même :

"Tous les 90 ans ou presque, douze dieux se réincarnent dans le corps de jeunes adultes. Ils sont charismatiques et brillants. Ils se tiennent devant des foules immenses, qu'ils emmènent dans l'extase au travers de langues inconnues. La rumeur veut qu'ils soient capables de miracles. Ils sauvent des vies, que ce soit métaphorique ou bien concret.

Ils sont aimés. Ils sont détestés. Ils sont brillants.

Dans moins de deux ans, ils seront tous morts.

Voilà notre cast. Des gens aux pouvoirs incroyables dont le temps sur Terre est limité. L'histoire nous présente donc le retour de dieux majeurs sur Terre – de Baal à Sekhmet, de Minerve à Morrigan. Notre héroïne, Laura, est une adepte de ces dieux. Elle les aime. Tous. Grâce à eux, elle se sent plus vivante que jamais.

Puis, elle rencontre Lucifer, avec qui elle va développer une relation fondée sur l'entraide.

En fait, c'est un comic-book de super-héros pour les gens qui aiment autant Bowie que Batman."

Vous y voyez plus clair ? J'imagine que oui, mais croyez-moi, vous n'êtes pas au bout de vos surprises et il ne s'agit ici que d'un segment du premier épisode, pour une série qui en compte déjà 7 et qui ne compte pas s'arrêter en si bon chemin, surtout aidée par un premier TPB vendu 10$ à peine dans son format V.O. 

Plus que jamais dans l'air du temps et parfaitement britannique, tout en étant au confluent des genres dès sa page de garde en mélangeant humour et philosophie profonde, The Wicked + The Divine est la preuve de l'amour des petites et des grandes histoires au travers les yeux d'un jeune érudit bourré d'humour et parfaitement à l'aise avec le parler si particulier de la jeunesse anglaise. Une réussite totale et toute en finesse, dont on savait le scénariste capable. 


De son côté, le surdoué Jamie McKelvie tire lui aussi sa force de cette finesse dingue. Fort d'un découpage rigide et ô combien utile pour le déroulement du récit, celui que l'on a découvert il y a presque 10 ans maintenant a fait son bonhomme de chemin avec l'industrie des Comics et nous revient aujourd'hui plus fort que jamais, lui qui se permet même quelque chose qu'on lui connaissait (trop) peu : une variété de style à en faire pâlir un Matteo Scalera en pleine possession de ses moyens. De sa ligne claire franche aux pages plus sombres pleines de détails, McKelvie affirme plus que jamais son art et nous offre, comme à son habitude, une symbiose totale avec son diable de scénariste. 


Cerise sur ce défilé, lui que l'on sait à l'aise avec la mode se lâche absolument lorsqu'il s'agit de représenter les icônes aussi archétypales que justes de la Pop-Culture. On notera même que le dessinateur britannique joue de son crayon numérique et de son imagination pour nous offrir des sosies d'artistes bien connus, et on espère que notre chère Riri aime autant la BD américaine que l'autodérision, planquée sous son parapluie. 
 
 
C'est un véritable luxe que de pouvoir se passer d'une note avec cette nouvelle chronique, tant The Wicked + The Divine aurait flirté avec l'excellence la plus absolue au moment de passer par la case du jugement abrupt représenté par un chiffre. En attendant sa sortie Française que l'on espère proche (pour un titre que l'on sait en ballotage entre deux éditeurs qui sauront prendre soin de lui), on se contentera de vous répéter des centaines de fois à quel point ce titre majeur du monde de l'indé' (comme peuvent l'être Punk Rock Jesus, Saga et/ou Black Science, entre autres) se doit d'atterrir dans vos mains, vous qui aimez autant Ziggy Stardust que Bruce Wayne. Et vous êtes nombreux.

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Sullivan
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