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Un regard sur les indés #3 : Incognito

Un regard sur les indés #3 : Incognito

chronique

Incognito ressemble fortement à de l'indé, a le goût de l'indé, a même été vendu comme de l'indé, mais Incognito est pourtant bien édité par Marvel, dans son label de creator-owned Icon. Pourtant, il serait dommage de ne pas en parler, ce comics n'étant pas sorti chez Image Comics qu'à cause du contrat qui liait son scénariste à la Maison des Idées.

• Incognito •

Fiche technique :

Éditeur : Marvel (label Icon)
Premier numéro : Décembre 2008
Nombre de numéros parus : 11
Genre : Science-fiction pulp et polar super-héroïque

Incognito est certainement le titre le moins connu du duo Ed Brubaker et Sean Phillips, les deux ayant créé ensemble quelques petits chefs-d'œuvre du calibre de Criminal, Fatale ou plus récemment The Fade Out. C'est aussi la série la plus étrange d'un couple d'artiste qui n'a pourtant pas hésité à mélanger le polar noir avec des réminiscences lovecraftiennes. Faut dire que leur projet sur la série était pour le moins original (ce qui aura d'ailleurs décontenancé une grande partie de leur lectorat).

Incognito mélange ainsi allègrement les genres, puisqu'ils rendent un hommage aux super-héros du Golden Age, aux pulps mais aussi à la science-fiction de série Z avec ses savants fous et inventions loufoques tout comme aux polars sombres et tortueux. Cette série est un condensé des influences communes de deux artistes qui se connaissent déjà par cœur (ils avaient déjà sorti à l'époque plusieurs volumes de Criminal et avaient terminé Sleeper) et qui se donnent quelques pages pour débrider leur créativité.

Surtout qu'Ed Brubaker n'a jamais aimé les constructions classiques et manichéennes. Alors en plus de nous emmener dans un monde en dehors de toute temporalité identifiable, il va nous présenter un protagoniste qui n'est autre qu'un super-vilain : Zack Overkill. Sauf qu'au moment où l'histoire démarre, il est sous la protection des témoins pour avoir témoigné contre Black Death, son ancien boss et premier métahumain de cet univers, et est forcé de prendre une drogue qui lui supprime ses pouvoirs.

Le scénariste du Maryland ne se refait pas et va tisser une trame complexe où le "héros" va se retrouver mouillé bien malgré lui. Ses anciens coéquipiers vont découvrir qu'il n'est pas mort et vont vite comprendre que c'est donc lui qui les a balancé, pendant que les super-héros vont le forcer à encore collaborer avec eux contre son gré. Sauf que pour corser le tout, Zack va découvrir que la marijuana interfère avec sa drogue incapacitante et qu'il retrouve progressivement ses pouvoirs à l'insu de tous.

Le résultat est explosif, dynamique à souhait et surtout habité par un imaginaire aussi riche qu'original, permettant à Sean Phillips de s'en donner à cœur-joie sur les designs qui mêlent esthétique pulp et loufoqueries de série Z. Toujours aussi pertinent dans le découpage que dans la transmission des émotions, il montre une palette artistique aussi large qu'inspirée. Surtout qu'il comprend parfaitement où veut en venir son grand ami et se met au service de la narration de la plus fine des manières.

Heureusement, parce que Brubaker, non content de livrer un univers complexe et loin d'être monolithique va s'amuser en glissant un message à peine voilé. Ceux que l'on considère comme les gentils ne sont peut-être pas aussi blanc que l'on voudrait nous le faire croire. Une litanie sur le thème de "l'Histoire est écrite par les vainqueurs" et qui va traverser les deux mini-séries de six et cinq épisodes (disponibles en français chez Delcourt) qui composent cette œuvre qui a été bien trop boudée à sa sortie. Certes, l'univers est bien particulier et va plonger ses racines dans des influences pas forcément évidente, mais avons-nous jamais été déçus par ce duo d'artistes ?

Alfro
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