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The Wanderer's Treasures #14, Outlaw Territory vol. 1

The Wanderer's Treasures #14, Outlaw Territory vol. 1

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Notre note

Bienvenue dans la nouvelle édition de The Wanderer’s Treasures. Au programme cette semaine des cowboys, quelques indiens, des vengeances, de la violence, et même deux ballades. Tout ça dans l’anthologie western Outlaw Territory, éditée par Michael Woods et publiée chez Image en 2009. Une pléthore d’auteurs a contribué à ce projet, bien trop pour tous les citer ici. La plupart sont d’illustres inconnus mais on retrouve ici et là quelques célébrités comme Joe Kelly (Action Comics), Greg Pak (Incredible Hulk), Fred Van Lente (Amazing Spider-Man), Khoi Pham (Mighty Avengers) ou le nouveau venu Moritat (All Star Western, décidément…)

Outlaw TerritoryOutlaw Territory regroupe donc 30 histoires courtes (entre 6 et 8 pages chacune), toutes du western. Mais attention, pas le western « à l’ancienne » façon John Wayne (Rio Bravo) ou Steeve McQueen (Les 7 mercenaires). Plutôt celui de Sergio Leone (Il était une fois dans l’ouest) ou Clint Eastwood (Pale Rider) voire même de la série Deadwood. Car s’il n’y a pas de réel fil conducteur thématique (au-delà du genre) à travers ce recueil, il y en a en revanche un en terme d’ambiance. Les histoires d’Outlaw Teritory sont sombres, montrant un Far West souvent cruel et toujours implacable. Mais la violence n’est (presque) jamais gratuite et on évite de tomber dans le cliché du glauque juste pour faire glauque.

Si on devait dégager un thème récurrent, ce serait celui de la vengeance. Pas très original me direz vous, mais après tout le western se prête souvent bien à ce genre d’histoires. Et pour le coup c’est souvent décliné avec un certain brio. La palme revient incontestablement à Hell Hath No Fury par Noble Larimer et Jason Cheeseman-Meyer et à sa pirouette finale inspirée. Le scénariste joue bien sur les deux parties de cette citation (seule la première moitié est utilisée comme titre) de William Congreve passé dans le langage courant aux Etats-Unis. Rio Chino par Greg Pak et Ian Kim est aussi réussie avec son héros chinois. Non seulement elle évoque une partie de l’histoire du Far West souvent méconnue (le rôle des immigrés chinois et les injustices à leur égard), mais elle en tire même partie pour son dénouement. The Weaponsmith est aussi intéressante, construite autour de la pratique des campfire guns, ces armes faites de pièces piochées ici et là. Plus classiques, Sundown et Ahiga sont efficaces, la première grâce aux dessins de Trevor Goring, la seconde grâce à son action intense. The Apprentice oppose deux conceptions du vol (avec ou sans violence) et n’est pas mauvaise mais peut être un tantinet verbeuse.

Les chasseurs de primes, autres figures emblématiques de l’ouest sauvage, sont aussi présents dans Outlaw Territory. Steven Grant nous mène par le bout du nez dans The Bounty Killers, jouant brillamment avec la façon dont nous percevons les personnages en fonction des informations qui nous sont données. Le tout servi par des dessins de Shannon Eric Denton et John Choins évoquant le travail d’Ashley Wood (Sam & Twitch, Metal Gear Solid : Sons Of Liberty). Mention spéciale au lettrage façon machine à écrire pour l’originalité. He Will Set Your Fields On Fire, avec son vieux pochard et son singe dressé en guise de héros reçoit le prix de la fin la plus surprenante. Enfin Incident Over 36 Days In The Colorado Rockies, en plus d’avoir le titre le plus long, a le mérite de se passer après la capture du fugitif. Une histoire triste superbement illustrée par Christie Tseng qui devrait réconcilier les plus récalcitrant avec le digital painting.

Outlaw TerritoryL’Histoire avec un grand H sert aussi d’inspiration aux auteurs. One Man’s Land montre comment les colons essayaient de s’approprier une terre pour s’y installer. Et nous rappelle aussi que les blancs n’étaient pas les premiers occupants du continent avec une fin choc très bien amenée. Dispatch est une jolie histoire pendant la Guerre de Sécession. La rencontre tragique entre un courrier nordiste et un soldat sudiste, ou pourquoi certaines lettres sont plus importantes que d’autres. The First Car In Mexico, conte l’assassinat de Pancho Villa en cinemascope (avec les quelques lignes de texte ENTRE les cases pour accentuer cet effet). American Dream se met aussi à l’heure Mexicaine avec son héros Ramon Vasquez De La Cruz,desperado qui a franchi le Rio Grande pour vivre le rêve américain à sa façon. Fusillades, course poursuite et enlèvement au programme. Le tout servi par le dessin de Jorge Molina Manzanero qui rappelle Joe Madureira (Battle Chasers) tant au niveau du trait que du dynamisme.

Outlaw Territories recèle aussi de petites perles hétéroclites comme Them What Comes par mpMann, et ses deux héros chinois prêts à tout pour protéger leur amour. La trouvaille narrative est la façon dont leur avenir est narré alors même que l’histoire s’achève. Craftsmanship, dont le narrateur est bourreau spécialisé dans les pendaisons, aurait pu être sinistre mais s’avère très enlevée grâce à son héros qui sait non seulement comment mais surtout quand exercer son « art ». The Most Civilized Establishment From Ocean To Ocean (deuxième titre le plus long) est délicieusement flippante, avec sa ville peuplée de gens tous plus polis les uns que les autres. Surtout quand on découvre pourquoi ils sont si polis. For Old Times’ Sake est un passage de témoins aux allures de chambara (les films de samouraï) entre un hors-la-loi repenti et un vieux sheriff. We Never Sleep, les péripéties d’une espionne (la seule histoire avec un héroïne), est magnifiquement illustrée par Yerai Gil Hernandez, dans un registre ultra stylisé et poétique.

Outlaw TerritoryCar oui, il y même de la poésie dans ce recueil. Daniel 5:27 (j’ai un doute sur la référence biblique, mais je ne suis pas un expert) est une ballade onirique et violente par Moritat (décidément plus inspiré que chez DC) sur la rencontre de trois tueurs. Working On Christmas donne dans le même registre, avec son héros déserteur qui libère à sa façon les autres de leur lâcheté. Enfin c’est ce qu’il dit… Ballad Of A Bad Man, écrite en rimes, comme une chanson, est magnifique et la fin bouleversante surprend. Sans parles des dessins de Max Fiumara, tous dans les gris, superbement détaillés et aux ombres envoûtantes. Enfin, la cerise sur le gâteau c’est The Ballad Of Sid Grenadine, elle aussi écrite toute en rimes avec une maestria qui force l’admiration. Car non seulement c’est beau mais en plus Josh Wagner nous ballade à propos de Sid Grenadine avec le même brio que Steven Grant dans The Bounty Killers. Et les dessins de Joiton, qui utilise beaucoup de silhouettes dans ses peintures faussement naïves, sont parfaits pour l’histoire. Comme ses couleurs.

Outlaw Territory est donc une anthologie de grande qualité, sur laquelle tous les fans de western peuvent se jeter les yeux fermés. Certes quelques histoires sont un peu en deçà, car trop simplette (Griswold’s Song par exemple), mais les vrais ratés se comptent sur les doigts d’une main et ne méritent même pas d’être mentionnés ici. Disponible en VO, ce recueil n’a malheureusement que peu de chances d’être traduit. Par contre un second volume est déjà disponible outre-Atlantique. Sur ce il ne me reste plus qu’à vous souhaiter une bonne lecture, sur fond de soleil couchant en écoutant du Willy Nelson ou du Ennio Morricone. So long...

Outlaw Territory 

Jeffzewanderer
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