Depuis le lancement de la plateforme Disney+, le vieil Oncle Picsou se désintéresse du marché de la vidéo physique. A titre d'exemple, les deux premières saisons de la série The Mandalorian n'ont toujours pas été proposées en DVD ou en blu-ray - une curieuse stratégie, dans le cas particulier des amateurs de la saga Star Wars, grands obsessionnels de la possession, de l'objet et des collections. Le groupe n'est pourtant pas étranger au circuit de la vente perpétuelle - à savoir, la déclinaison systémique d'une même oeuvre dans toute une variété d'objets en suivant l'évolution technique de l'image, DVDs, coffret DVDs, DVDs anniversaires, blu-ray, blu-ray 4K, blu-ray 3D, etc, etc.
Ce pourquoi quelques fans de
Star Wars, ou toute autre produit des usines
Disney/
Pixar/
Fox ont pu passer à la caisse à de nombreuses reprises pour le même objet. Et pour
Marvel ? Pour
Marvel, c'est pareil,
les collections existent avec leurs bonus inédits et leurs scènes coupées sorties du chapeau. Des petits secrets conservés au fond d'un tiroir pendant huit à dix ans, pour justifier une éventuelle nouvelle version, motiver le client
à repasser au comptoir et garder une même oeuvre dans le circuit de la "seconde vie" en vidéo. A l'exception notable des séries
Disney+, privées de galette, pour le moment.
Nulle Part Ailleurs
Interrogé en janvier dernier sur ce même sujet, Kevin Feige avait répondu que la question des éditions physiques des séries WandaVision, The Falcon & the Winter Soldier ou Loki était "intéressante", mais que vous pouviez aussi "payer une petite somme pour vous abonner à une plateforme qui vous permettra d'accéder à ce même contenu depuis n'importe quel écran connecté". Lors de cette entrevue, accordée à l'époque au site ComicBook, le magnat de Marvel Studios aurait ensuite balancé une boule fumée par terre en hurlant "NINJA", avant de disparaître en tourbillonnant sur lui-même, sa casquette s'échouant au pieds des journalistes au regard médusé. C'est aussi à ça qu'on reconnaît les grands architectes de l'histoire du cinéma.
Depuis, le rédacteur en chef du site TV Line, Matt Webb Mitovitch, aura sondé ses propres sources en interne pour savoir si la situation avait évolué au sein du groupe Disney. Dans une séance de questions/réponses avec la communauté de cette antenne de presse, spécialisée dans l'actualité et l'observation du marché des séries télévisées aux Etats-Unis, le bonhomme n'a pas de franches bonnes nouvelles : les séries Disney+ de Marvel et Lucasfilm risquent bien de se cantonner à la plateforme jusqu'à nouvel ordre. Le but étant apparemment d'enfermer le spectateur dans un modèle, pour glaner le plus d'abonnés possibles et surtout éviter de laisser le choix au client. Un peu comme votre épicier de quartier qui vous vend votre bouteille de pif' bas de gamme à 12 balles - vous trouvez que c'est cher ? Dommage. Parce qu'il est trois heures du mat' et que c'est le dernier encore ouvert, ou alors vous pouvez continuer la soirée avec la carafe d'eau du frigo.
Sur le papier,
Disney finira forcément par proposer des éditions physiques de ces séries, attendu que le marché de la vidéo reste encore relativement sain, malgré un déclin progressif des achats face au dématérialisé, qui gagne du terrain d'années en années. A moins que le groupe n'ait décidé de tourner le dos aux consommateurs pour de bon, calcul curieux et pas forcément si pertinent le cas échéant. Mais, évidemment, lorsqu'il s'agit de
Disney, difficile de se montrer préoccupés : l'entreprise aura prouvé à maintes reprises sa capacité à faire avaler tout et n'importe quoi à ses adorateurs (c'est vous) - la VOD
à 30 balles en plus de l'abonnement sur
Disney+, le refus de sortir certains films considérés comme risqués ailleurs que sur
Disney+, l'annulation de plus de deux cent films de la
Fox après le rachat, les dizaines de milliers de licenciements, les remakes nuls en images réelles de succès du passé dont le public refuse définitivement de se lasser, etc, etc. Avouez que les monopoles ont du bon.