D'aucun auront compris, au cours de l'année passée, que la situation de DC Comics n'a pas été au beau fixe. Plusieurs départs ponctuels de personnes importantes au sein de la structure éditoriale (Dan Didio, Mark Chiarello, Mark Doyle, Andy Khouri...), mêlées à de plus grosses vagues de licenciements dans l'ensemble de la structure Warner, un volume de publications réduit de presque moitié, un recentrage important sur le numérique et sur les anthologies. L'addition de tous ces faits montre que l'entité DC doit réduire ses coûts de fonctionnement, et que la production de comics n'est peut-être plus le nerf de la guerre pour les maisons mères, qu'il s'agisse de DC et au plus haut d'AT&T. Et si l'on en croit de récents rapports, il ne serait pas impossible que DC Comics confie ses activités d'édition de comics à d'autres structures ou d'autres personnes.
C'est en tout cas l'hypothèse avancée du côté de Rich Johnston, rédacteur et reporter chez Bleeding Cool, dont on choisit avec soin ce que l'on estime à relayer par ici. Pour ses détracteurs, on vous renvoie au dernier bilan sur le cas Shazadam! pour réitérer notre positionnement. Par ailleurs, le titre d'article est là aussi pour appuyer le côté hypothétique, et des propres informations que nous avons (on y revient plus bas), il nous apparaît que c'est un sujet auquel il est important de prêter attention.
Johnston explique donc qu'avec l'ensemble des coûts imputés à AT&T et WarnerMedia des dernières années (avec un déménagement coûteux et un rachat qui l'a été également), et bien que la vente de comics fassent encore des rentrées d'argent, il apparaît que ce n'est pas - ou plus - une priorité pour la maison mère, qui pourrait donc se décider à laisser l'activité à d'autres. Dans un premier temps, Johnston explique que d'autres maisons d'édition (Marvel, oui, mais aussi IDW ou Dynamite) auraient été approchées pour gérer des publications de licence, mais à un prix qui aurait été jugé trop élevé, quoique le rédacteur que Penguin Random House aurait été intéressé. Mais dans le cas de ces derniers, le deal concernerait principalement la publication de graphic novels, secteur particulièrement porteur chez DC ces dernières années, et pas de comicbooks, ce qui nous intéresse aujourd'hui.
Dans la seconde partie de son texte, Jonston affirme que plusieurs "individus" très fortunés ont également été contactés et ont pu faire un tour des locaux de DC Comics à Burbank. L'idée ? Ce serait que ces "fans" très fortunés - comprendre, des financiers qui s'avèrent également être des lecteurs de comics - pourraient non pas racheter DC Comics en tant que tel, mais se payer les droits de licence et d'exploitation de personnages en vue d'en publier des comics. De cette façon, ces acquéreurs pourraient gérer la partie papier sans que Warner/DC ait à s'en occuper, tandis qu'ils garderaient les droits d'en faire l'une ou l'autre adaptation si le succès est au rendez-vous. La maison mère se déchargerait donc des coûts de la partie "édition" pour se concentrer sur un secteur multimédia plus attractif d'un point de vue financier.
Là où l'hypothèse parait assez énorme - même si elle n'est pas si bizarre compte tenu du suivi de DC Comics depuis plus d'un an - nous avons choisi de la relayer car au début du mois, nous avons nous même eu vent d'une nouvelle très similaire (notre source, bien placée dans le milieu des comics, restera anonyme à l'évidence pour la protéger). Cette dernière stipulait qu'une nouvelle vague de licenciements est en attente du côté de Warner/DC, avec une possible mise en vente des actifs qui ne serait pas exclue : "une vente totale ou partielle de DC/Warner. Ou quelque chose qui reviendrait à garder certains droits audiovisuels mais filer le reste à un acheteur ou un licencié." En somme, exactement ce dont Johnston parle dans son propre article. Par ailleurs, d'autres personnalités publiques (Jimmy Palmiotti, Dinesh Shamdasani ou même Rob Liefeld) ont témoigné sur leurs réseaux avoir eu connaissances des mêmes propos.
Malgré cet aspect "fan avec des moyens" ou "financiers qui lisent des comics", il faut bien comprendre que l'on ne parle pas à vendre à de simples personnes aisées, avec des sommes à huit chiffres (donc : de l'ordre de la dizaine de millions de dollars).
Johnston précise quand même qu'à l'heure actuelle, tout est encore en suspend. La raison ? C'est que de façon presque surprenante, l'event Future State se trouve être assez rentable. Non pas que les comics se vendent par palettes, mais comme le prix de pas mal de numéros au format anthologie se trouve gonflé, et qu'il y a aussi un certain phénomène de spéculation autour des premières apparitions de nouveaux personnages (Red X, The Next Batman, Yara Flor), du côté monétaire, ça se passe a priori pas trop mal. Les résultats sur Infinite Frontier, la grosse opération de DC, devraient donc être assez décisifs quant aux décisions qui seront prises.
Enfin, si IDW était cité plus haut dans l'article, c'est qu'il faut aussi se rendre compte que d'autres maisons d'éditions ont déjà ce genre de partenariats de publication en externe, comme Marvel avec sa gamme jeunesse Marvel Action. Il n'est donc aussi pas impossible que DC aille externaliser certaines gammes de comics, tandis qu'une ligne principale restera en activité (réduite) en leur sein. Difficile à l'heure actuelle d'émettre un verdict (on penserait qu'en fonction des ambitions de l'acquéreur, qu'il peut en découler autant de bonnes choses que de mauvaises), pour quelque chose qui reste encore pour l'instant à l'état de discussions. Un dossier qui reste à garder en mémoire, et à suivre avec la plus grande attention au cours de cette première moitié de l'année.