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DC Comics sous le feu des critiques après avoir cédé aux menaces des internautes chinois

DC Comics sous le feu des critiques après avoir cédé aux menaces des internautes chinois

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Lorsque Frank Miller avait proposé à DC Comics le projet Batman vs Al-Qaeda (Holy Terror, Batman!), l'éditeur avait fait bloc face aux idéaux résolument islamophobes du scénariste, et une bonne partie du public avait compris. Les années ont passé, l'auteur s'est assagi, et au firmament d'une année marquée par d'étonnantes interprétations politiques des personnages de Gotham City, on l'accuse aujourd'hui d'être un partisan pro-démocratie et de soutenir les manifestants de Hong Kong, par le biais d'une couverture de Rafael Grampa sur The Dark Knight Returns : The Golden Child. Après des décennies à représenter la part la plus conservatrice ou totalitaire des idéaux de Batman, une preuve de plus que les temps ont changé. 
 
DC Comics aura cédé aux menaces de boycott d'une partie des internautes chinois, opposés aux mouvements de protestations des citoyens de Hong Kong, et retiré la couverture de ses réseaux sociaux, l'occident, cette fois, ne semble pas vouloir expliquer le comportement de l'éditeur. Dans les colonnes du Hollywood Reporter, du Daily Beast ou de Variety, la contre-polémique aura été constatée : aux quatre coins de l'internet, de nombreux fans expriment désormais leur colère devant la réaction docile de l'entreprise, prête à pratiquer l'auto-censure pour s'éviter de perdre un foyer de consommateurs potentiels. Quelques mois après que la série South Park ait été interdite en Chine pour des raisons plus frontales, la pilule ne passe pas. 

La plupart des internautes auront relevé l'enjeu économique de cette censure. D'autres, en remontant à la source, expliquent l'origine mensongère de la controverse, déclenchée par des influenceurs spécialisés dans le cinéma sur la plateforme de microblogage Weibo, prompts à manipuler les symboles pour déclencher un mouvement de colère fondée sur une interprétation factice. Les plateformes Twitter, Instagram, Facebook, Snapchat, Tumblr et Pinterest étant notoirement bannis sur le territoire chinois, cette plateforme tient lieu de réseau social principal dans l'Empire du Milieu.
 
En octobre dernier, une campagne de boycott du même genre avait frappé l'enseigne de chaussures Vans. Dans le cadre d'un concours participatif, l'entreprise offrait à différents artistes, amateurs ou professionnels, la possibilité de concevoir leur propre paire de chausses imprimées avec le visuel de leurs choix - le modèle gagnant serait alors entré en production. Un artiste canadien (Naomiso) avait proposé une Vans représentant les manifestants de Hong Kong, et obtenu plus de 140 000 votes, avant que l'entreprise ne retire le modèle du concours sous la pression des utilisateurs Weibo. Comme souvent, l'argument de la neutralité économique avait été mis sur la table, tandis que les habitants de Hong Kong appelaient à leur tour au boycott dans la foulée de ce retournement de veste. Le même mois, Apple aura aussi cédé au gouvernement chinois en retirant de leur boutique en ligne une application permettant aux manifestants de repérer les troupes de police, HKmap. En cette fin d'année, le réseau social Tik Tok aura aussi participé à une opération de censure à l'encontre d'une jeune chinoise musulmane qui dénonçait la répression exercée sur sa communauté dans le pays (via les fameux "camps de rééducation"). 
 
Depuis peu, DC Comics aura tenté de s'implanter en Chine en rejoignant le réseau social Weibo - preuve de l'importance des études de marché avant de s'engager en territoire inconnu.
 
 
Aux Etats-Unis, beaucoup de réactions émanent également d'une partie de la droite républicaine, notoirement engagée contre la politique du gouvernement chinois dans le cadre d'une guerre économique entamée par la présidence actuelle. De nombreux membres des fameux groupes de "MAGA" auront invoqué le droit à la démocratie et à la liberté d'expression, ou condamné la prise de pouvoir de la Chine sur l'occident. Une première, pour cette catégorie de "fans" d'ordinaire assez critiques avec les personnages féminins reprenant le costume de leurs héros traditionnels (à moins que ceux-ci n'aient pas noté qu'il s'agissait de Carrie Kelley dans le costume, en Batwoman). Paradoxalement, les influençeurs de Weibo n'ont pas inventé les mouvements de foule en colère ou de censure à l'égard de comics "choquants", et on constate étonnamment plus de soutien dans ce cas de figure international qu'à l'époque du Second Coming de Mark Russel, que les réseaux Fox News et Breitbart avaient tenté de faire interdire. 
 
Sur le web chinois, différents internautes auront repris l'illustration à leur compte et continuent de la partager en protestation, à l'image des épisodes de South Park projetés dans les rues de Hong Kong en dénonciation de la politique de censure du gouvernement en place. On notera aussi quelques intellectuels, une représentante de Human Rights Watch et quelques fans de Batman outragés Du côté des auteurs en poste chez DC Comics, la plupart restent pour le moment assez silencieux. 
 
Quelques réactions prises au hasard dans la foule, coléreuse. 
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Corentin
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