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Darick Robertson : de Space Beaver à The Boys, rencontre avec un géant des comics indé' [Comic Con France 2025]

Darick Robertson : de Space Beaver à The Boys, rencontre avec un géant des comics indé' [Comic Con France 2025]

InterviewIndé

Toute personne qui décide de s'investir un peu dans les comics finit tôt ou tard par entendre parler de Darick Robertson. Le co-créateur de The Boys a en effet une très longue carrière derrière-lui, et une carrière qu'il continue à force de projets en creator owned, aussi bien qu'en mainstream. Ayant démarré il y a bientôt quarante ans avec ses comics auto-publiés Space Beaver, le dessinateur - aussi gentil que talentueux - faisait partie des quelques invités de la dernière édition de Comic Con France. Aussi avons-nous profité de l'occasion pour prendre nos micros et réaliser une interview sur place.

Nous revenons donc, autant que faire se peut dans le temps imparti, sur le long parcours de Darick Robertson en évoquant évidemment The Boys et Transmetropolitan, mais aussi des sujets plus larges du milieu des comics, ainsi que ses plans pour le futur proche - car qu'on se le dise, Darick n'a pas tari sa soif de création. Si vous aimez l'audio et l'anglais, vous pouvez aussi écouter cette interview au format podcast via First Print

Nous remercions chaleureusement Clément Boitrelle qui s'est occupé de la traduction et retranscription de l'interview. Remerciements également à Mike de DiableBlanc Comics.

AK : C’est très aimable de votre part de nous accorder un peu de votre temps Darick Robertson, c’est un honneur de vous recevoir.

DR : Bonjour ! [en français dans l’entretien]

AK : Comme il s’agit de notre première rencontre, comment vous présenteriez-vous ? Quand bien même des milliers de personnes vous connaissent déjà !

DR : Je suis une personne très chanceuse ! Je suis donc Darick Robertson, je dessine des comics depuis que j’ai dix-sept ans, ce qui représente pas mal de décennies ! On me connaît surtout pour mon travail sur The Boys que tout le monde connaît à travers le monde maintenant mais ce n’était pas le cas quand j’ai commencé à travailler sur la série. On me connaît également pour le comics Transmetropolitan dont je suis très fier.

CO : Entre autres !

DR : J’ai aussi travaillé sur Wolverine, The Punisher, Spiderman. J’ai écrit et dessiné une histoire pour Batman il y a deux ans.

CO : Vous venez de la scène indépendante, vous faisiez mention dans un entretien avoir grandi en lisant Snoopy ?

DR : Tout à fait, c’est d’ailleurs la première chose que j’ai appris à dessiner : Snoopy en pilote d’avion sur sa niche. Je l’avais dessiné pour mon médecin qui l’a gardé d’ailleurs.

CO : Vraiment ? Il possède un de vos originaux ?!

DR : Absolument… Je ne pense pas qu’il soit encore en activité mais il a été d’une grande aide… Il a réussi à soigner mes allergies ! [rires] Merci Dr. Peters !

CO : Vous avez également dessiné pendant un temps Space Beaver ?

DR : Effectivement, c’est une histoire que j’ai créé durant mes cours d’été à l’université quand j’avais dix-sept ans. Je n’aurais jamais cru qu’il s’agirait de ma première publication ! Cela remonte à l’époque du succès des Tortues Ninjas dans le monde du comics indépendant. On est passé de cette bd très décalée en noir et blanc au dessin animé et à tous ces jouets… Les premiers numéros de la série ont atteint des prix incroyables. Aussi à cette époque, n’importe quel comics indépendant en noir en blanc, avec des animaux pouvait être considéré comme le prochain Tortues Ninjas. Il y en a eu des très bons comme Fish Police et d’autres copièrent sans vergogne la recette comme Radioactive Black Belt Hamsters. Certaines séries furent meilleures que d’autres…

A ce moment-là, je n’avais aucune idée de ce qui se passait dans le marché indépendant. J’aimais juste le Rocket Raccoon de Mike Mignola et Bill Mantlo ainsi que Captain Carrot and His Amazing Zoo Crew. J’ai aussi un sens de l’humour un peu tordu, ce qui explique sans doute mes collaborations ! J’adorais ces histoires avec ces petits animaux poilus tout joyeux mais également torturés ainsi que le côté grandiloquent de ces séries. Quand les bestioles se battaient, il y avait du sang, des tripes et des os partout, ce qui me faisait beaucoup rire ! J’ai donc imaginé cette histoire case par case simplement pour m’amuser pendant les cours. J’ai eu la chance de rencontrer un jeune homme nommé Michio Okamura, qui travaille dans le jeu vidéo maintenant. A l’époque Michio était encreur professionnel dans une petite boîte qui s’appelait [Victory Productions]. Il a été suffisamment intrigué par mon travail qu’il l’a envoyé à son éditeur, ce dernier m’a proposé de publier Space Beaver en guise de supplément mais sans pouvoir me payer. Mettez-vous à ma place, je sortais du lycée, j’habitais encore chez mes parents, je me suis dit qu’être publié ce serait génial ! A ce sujet, le manque d’argent sera un thème récurrent tout au long de ma vie !

Mais j’étais emballé, on m’a appris à organiser mes planches correctement, à utiliser le bon format. J’ai découvert des outils que je ne connaissais pas, à l’époque je dessinais simplement avec un stylo à bille ou avec les feutres qui me tombaient sous la main sur du papier tout simple. C’est à partir de ce moment-là que j’ai commencé à réaliser des originaux que j’allais montrer à un certain Tibor Sardy qui tenait un magasin de comics que je fréquentais dans ma ville natale de San Mateo. Lui aussi était convaincu que Space Beaver allait être le prochain Tortues Ninjas. Il avait évidemment les meilleures intentions à mon égard et a donc publié les onze premiers numéros de Space Beaver que j’ai donc écrit et dessiné. Je n’avais aucune idée de ce que je faisais ! En tout cas j’ai réussi à sortir onze numéros ce qui m’a permis d’aller dans des Comic Cons et y rencontrer du monde. Je me disais à l’époque que mon plus gros projet serait de dessiner pour les séries Spider-Man ou Batman, ce qui sera le cas mais bien plus tard. C’est donc Space Beaver qui m’a fait entrer dans le milieu.

AK : Cela s’est donc passé en 1986 ?

DR : Tout à fait.

AK : Ce qui veut dire que l’an prochain nous fêterons les quarante ans de Space Beaver...

DR : Exactement. Il y a d’ailleurs une édition spéciale omnibus sur laquelle je travaille. Tous les originaux ont disparu. Le pire dans tout ça c’est que je n’ai même plus les dessins originaux de mon tout premier comics. Ils ne sont jamais revenus de l’imprimeur, sans doute parce que la facture n’a jamais été réglée… C’est toute l’histoire de ma carrière : à chaque fois que je commence à faire parler de moi, tout le reste se plante. J’ai par exemple commencé à travailler pour Marvel juste avant qu’ils ne fassent faillite… Je n’ai donc jamais récupéré les originaux, mais nous essayons de faire des reproductions des comics originaux. J’étais tellement fauché à l’époque que je n’avais même pas de quoi m’acheter de quoi réaliser une trame. J’avais deux petits boulots en parallèle mais cela restait très cher. Je suis donc tombé à court de trame au beau milieu du premier numéro. J’ai continué en faisant des lavis d’encre, c’était plus facile et tellement moins cher ! Mais comme l’imprimerie s’attendait à imprimer de la trame en noir et blanc, ils ne s’attendaient pas à devoir imprimer des lavis d’encre. Aussi les tons gris devinrent très ternes, on aurait cru de la boue !

Le premier numéro de Space Beaver devient absolument horrible au bout de quelques pages ! Sans compter le fait que je n’avais aucune idée de ce que je faisais ! Aujourd’hui si je pouvais scanner les originaux je me contenterais de les publier tel quel, mais ce n’est pas le cas. En revanche, j’ai maintenant à ma disposition tous ces outils numériques qui n’existaient pas à l’époque. La trame est gratuite sur ordinateur ! Je peux par exemple réaliser des dégradés ou bien découper certains éléments d’origines pour pouvoir montrer quelle était ma vision à l’époque. Je suis donc en train de tout détricoter pour restaurer mes dessins. Quand l’omnibus sortira, il s’agira d’avantage d’une édition spéciale. Si vous voulez lire la première version de Space Beaver, vous pouvez sans doute mettre la main dessus. Je n’essaie pas de retrouver tous les premiers numéros pour les brûler ! Il s’agira plus d’une curiosité qu’autre chose venant du gars qui a dessiné The Boys. J’essaie d’en faire quelque chose qui vaille la peine d’être lue.

AK : Allez-vous dessiner de nouveaux numéros pour l’omnibus ? Ou même lancer une mini-série…

DR : En 2000, mon ami Larry Young insistait pour que je fasse une compilation de Space Beaver, mais je n’ai jamais terminé le douzième numéro. La série s’est terminée en 1989 au onzième numéro par un cliffhanger, d’autant que je me disais à l’époque que personne ne me lisait donc qui cela dérangeait ? Mais Larry a insisté et je lui ai dit que je le ferais si quelqu’un regroupait tous les numéros, ce qu’il a fait ! J’ai donc terminé le douzième numéro et vous voyez mon dessin faire un bond en avant car à l’époque je dessinais chez Marvel. En tout cas si l’omnibus marche bien, j’ai prévu de continuer un peu la série avec certains de mes amis. Des auteurs très talentueux sont prêts à m’écrire des histoires pour Space Beaver que je vais illustrer. J’espère donc que cela se réalisera : si vous voulez lire ça, achetez l’omnibus ! S’il ne marche pas, personne ne me financera Space Beaver, encore moins maintenant qu’à l’époque !

CO : C’est un peu votre Battle Chasers !?

DR : [rires] Il a fallu faire un choix avec Space Beaver : il fallait soit que je dessine là où on pourrait me payer pour remplir mon frigo ou bien continuer à dessiner Space Beaver…J’ai donc choisi de ne pas mourir de faim !

CO : Vous êtes un des artistes qui a eu du succès à la fois dans l’indépendant et aussi dans le marché mainstream tout en gardant la même approche en termes de dessin. Space Beaver est par exemple un comics violent au style plutôt cartoon, ce que vous avez continué à faire dans avec Happy, Transmetropolitan et dans une moindre mesure The Boys. Comment votre style arrive-t-il à s’accorder avec les super-héros et l’indépendant en gardant cette même tonalité ?

DR : Je n’en sais rien ! Je me contente de dessiner ce qui me rend heureux, ce qui me fait rigoler… J’aime les bonnes histoires et tout ce qui m’importe, c’est de pouvoir les raconter le mieux possible. Le comics Happy représente à ce sujet un bon exemple : vous pouvez retrouver des personnages qui ressemble beaucoup à mon Space Beaver, comme Happy lui-même justement qui est un animal de dessin animé. Dans le même temps, vous avez un contraste avec le personnage de Nick Sax qui est beaucoup plus brut, un peu comme le Punisher. Dessiner ces deux personnages interagir ensemble a été très naturel pour moi et ce genre de contraste s’accorde très bien avec mon humour un peu particulier ! Une petite licorne toute mignonne aux côtés d’un type qui explose des cervelles ? Où est-ce que je signe ?!

Plus jeune, j’aimais beaucoup le punk-rock et la new wave et le personnage de Spider Jerusalem correspondait plutôt bien à ces influences. J’adore la science-fiction, les histoires de Future Shock! . Je lisais les magazines Heavy Metal plus jeune en parallèle de récits de superhéros tout en découvrant les travaux de Milo Manara, Richard Corben ainsi que Moëbius évidemment, qui finira par réaliser des couvertures pour Transmetropolitan ce qui était absolument fou ! C’est un peu comme si Elvis chantait une de vos chansons !  J’ai toujours été attiré par le comics indépendant mais j’éprouve toujours un amour sincère pour les superhéros. Je ne crois pas changer mon style pour l’un ou l’autre j’essaie simplement de raconter une histoire du mieux que je peux, j’essaie de m’accorder avec l’auteur. Greg Rucka a été un super collaborateur lors de mon travail sur Wolverine, il me demandait ce que je voulais dessiner pour tel numéro. Je me suis souviens un jour, je lui ai expliqué que je voulais voir Wolverine sauter d’une falaise, passer à travers la vitre d’un hélicoptère, massacrer le pilote pour finalement s’écraser. Cela s’est retrouvé dans le numéro mais également un peu plus tard dans le film X-Men Origins : Wolverine. Je me souviens me dire « c’est de moi ! » en voyant la scène ! [rires]

CO : Vous avez mentionné plusieurs fois Transmetropolitan et c’est un comics qui revient très souvent dans les conversations entre fans. C’est une série qui semblait plutôt futuriste, ce qui est moins le cas aujourd’hui par bien des aspects. Pensez-vous qu’il s’agit là de votre travail le plus influent ? Comment vieillit-il selon vous, tant dans la partie graphique que dans son propos ?

DR : Ce qu’il y a de plus intéressant dans Transmetropolitan c’est de s’intéresser aux éléments que l’on n’a pas anticipés… J’aurais également préféré que nous nous trompions sur les éléments pour lesquels nous avons vu juste ! Je suis toujours très fier de ce projet, je trouve que c’est un très bon récit. Je suis content que l’on ait pu garder la même équipe artistique pour les soixante numéros.  Il était assez courant que des équipes créatives se séparent au beau milieu d’une série. Nous avons réussi à tenir bon sur Transmetropolitan malgré les circonstances plutôt exceptionnelles : nous pensions constamment être annulés et nous avons connu quelque chose comme neuf éditeurs différents, ce qui est plutôt insolite quand on y pense.

En termes de récit, je trouve ça un peu triste de voir que nous pensions que dans le futur, les gens continueraient à lire les journaux et écouter la parole des journalistes. Aussi, de toutes nos prédictions, je n’aurais jamais pu imaginer quelque chose comme l’Iphone. C’est drôle car j’ai dessiné des personnages portant des casques qui ont les mêmes fonctionnalités qu’un Iphone. Nous étions en 1997 et je ne m’imaginais pas l’arrivée des smartphones, il aura fallu attendre quelques années après pour les voir débarquer. C’était donc une vision plutôt amusante du futur basée sur le monde de l’époque. Warren Ellis s’est plus inspiré du passé pour les aspects plus politiques : la Bête fut inspirée par Nixon alors que le Sourire s’inspire de Tony Blair et de Bill Clinton, deux hommes politiques en vogue à l’époque. Warren était à la recherche de contraste et il m’a d’ailleurs pas mal appris de choses sur l’état du monde à cette époque. Il m’a recommandé des journalistes que je n’avais jamais lu. J’ai découvert Hunter S. Thompson dont j’ai beaucoup apprécié le travail. D’une certaine manière, il s’agit de l’influence principale pour la personnalité de Spider Jérusalem. Son style d’écriture et les sujets qui l’intéressent correspondent plus à la vision qu’avait Warren à l’époque, il était beaucoup plus éduqué que moi sur ces différents sujets. Je ne regrette rien en tout cas.

Encore aujourd’hui, je suis très attaché à ce qu’est la vérité et les façons de l’exprimer, pouvoir confronter le pouvoir à la vérité. Nous vivons dans une époque où la propagande est tellement forte, où les théories du complot sont considérées comme des faits que les gens ne peuvent plus avoir de vraies conversations, ce que je trouve terrifiant ! Si vous ne pouvez pas vous accorder sur le fait que le ciel est bleu et que la terre est bien sous nos pieds, comment trouver le moindre terrain d’entente ou accepter la contradiction pour trouver une solution à un problème ? Si tout est sujet à controverse, alors rien ne peut plus faire… Selon moi nous en observons les effets autour du monde aujourd’hui…

CO : Il y a effectivement une scène où Spider se rend à un meeting de néo-nazis et qui est une prémonition plutôt troublante du paysage politique américain d’aujourd’hui…

DR : Vous parlez du meeting de [Bob] Heller… Il y a quelque chose de troublant dans la présence des médias lors de ce meeting. Vous avez des jolies filles qui annoncent le type, c’est très pompeux et divertissant, un peu comme un évènement sportif. Le meeting ne se déroule pas à l’abri des regards mais bien à la vue de tous. D’ailleurs si vous faites bien attention, vous remarquerez Adolf Hitler dans le public ! J’en ai fait exprès de le dessiner lors de cette scène de meeting. [rires]

CO : Un autre élément que vous avez anticipé, notamment dans The Boys, est la récupération par les corporations des superhéros pour en faire des marques.

DR : Tout à fait.

CO : Il est de notoriété publique que DC n’a pas voulu publier la série car la violence les aurait quelque peu refroidis…

DR : Si vous regardez le premier numéro de The Boys, ce devait être un prolongement de l’univers Hitman créé par Garth Ennis et John McCrea. C’est quelque chose à laquelle nous avions réfléchi avec DC. Mais nous avons vite réalisé que cela allait s’avérer très délicat… Je crois bien avoir glissé l’idée de créer nos propres superhéros, un peu comme Alan Moore dans Watchmen. Dans cet exemple, Blue Beetle est devenu Nightowl, Captain Atom est devenu Dr Manhattan etc. Réussir à faire ça nous a permis d’adopter une approche plus efficace que si nous avions tenté d’utiliser les héros DC. Sur ce point, nous n’avions pas la même vision [Garth] Ennis et moi. Je n’avais aucune envie de déconstruire les personnages de chez DC : ils font partie de mon paysage culturel car j’ai grandi avec à l’inverse d’Ennis. Aussi, il est parvenu à mettre le doigt très vite sur l’aspect grotesque de ces héros. De là, nous avons collaboré pour créer ces nouveaux personnages, et pour moi c’était déjà très bien !

L’histoire était géniale et très drôle. Garth voulait parler du pouvoir qui corrompt absolument tout et tout le monde. Si ces superhéros vivaient dans notre monde, ils feraient absolument n’importe quoi. Pour en revenir à DC, nous étions donc publiés chez Wildstorm avec Jim Lee qui devait encore être aux manettes. Il a validé la série et pendant un temps, ce fut la meilleure vente que Wildstorm ait jamais eu. Ils n’avaient pas connu de succès depuis un moment déjà. The Boys était un vrai carton. Mais c’est là toute l’histoire de ma vie : je rencontre du succès avec une série et quelqu’un débarque pour l’annuler ! Nous sommes vraiment tombés des nues… Mais comme Wildstorm appartenait à l’époque à DC, vous pouviez voir dans le premier numéro des superhéros faire quelque chose d’absolument atroce et la page d’après vous aviez une pub pour la série Justice League. Butcher qui commet des atrocités, « lisez Batman ! » la page d’après. Je pense que ce contraste les dérangeait beaucoup. Ils nous ont expliqué qu’ils ne remettaient pas en cause notre travail, mais qu’il ne s’alignait pas forcément avec les valeurs de l’entreprise. Ils furent en revanche d’une très grande aide pour rebondir. J’avais par exemple un contrat d’exclusivité avec eux à l’époque, deux jeunes enfants, le crédit de ma maison à rembourser… Je pensais avoir cinq ans de travail assurés chez eux. J’étais vraiment abasourdi quand ils ont annulé la série. Nous ne savions pas du tout à ce moment-là que la série serait reprise. Mais ils nous ont plutôt bien aidé.

CO : Avez-vous récupéré les droits ?

DR : Oui oui, ce fut d’ailleurs très généreux de leur part car ils auraient très bien pu les mettre au placard et nous pourrir la vie. Ils voulaient que nous restions en bonne relation. Malgré mon contrat d’exclusivité, ils m’ont autorisé à continuer à travailler sur The Boys peu importe chez qui la série atterrirait.  J’ai donc pu travailler à la fois chez DC et sur la série, ce qui d’un point de vue organisationnel fut un véritable cauchemar !

AK : Même si vous êtes surtout connu pour vos créations originales, vous disiez éprouver un amour sincère pour les superhéros, pouvez-vous élaborer ?

DR : Un de mes premiers souvenirs en lien avec les superhéros remonte à mes quatre ou cinq ans, quand on m’a offert une figurine Mego de Batman, vous pouviez lui retirer son masque. Je regardais également la série Batman avec Adam West. J’adorais ça. Je ne faisais pas attention au côté humoristique, pour moi c’était simplement Batman. J’adorais les couleurs vives et les personnages. Puis le samedi matin il y avait le dessin animé Super Friends. J’ai donc véritablement grandi avec les personnages de l’univers DC, ils ont une place toute particulière dans mon cœur. Une fois adolescent, j’ai découvert Spiderman et les X-Men et ils m’ont accompagné dans mes années lycée. Au début Spiderman me faisait plutôt peur car je n’avais pas compris qu’il était gentil ! Je pensais qu’il s’agissait d’un super-vilain car je n’ai pas du bien comprendre ce que je lisais. Il me faisait peur… Je me souviens d’une scène dans le premier numéro de Spiderman que j’ai lu où il attrape un criminel et l’enroule dans sa toile. J’étais très jeune et je venais d’apprendre que quand les araignées enroulent leur victime ainsi, c’est pour boire leur sang plus tard ! « C’est horrible ! Spiderman va boire le sang de ce pauvre type ! ». J’ai compris un peu plus tard que derrière Spiderman il y avait Peter Parker et pas une créature buveuse de sang !

C’est aussi pour ça que Batman me semblait plus sympathique : nous n’étions pas dans l’ère du Dark Knight… Si jamais vous avez déjà vu un épisode de la série Super Friends, c’était absolument hilarant ! Batman et Robin se baladent en Batmobile en plein jour : « Et si nous allions acheter des pommes à la ferme Robin ?! » ! Vous avez vraiment sorti la Batmobile pour ça ? Vous êtes en costume pour aller acheter des pommes ? [rires] Vous savez, c’est sans doute pour ça qu’Ennis et moi étions sur la même longueur d’onde… Imagine si la Batmobile débarque devant une ferme et que des types en costumes en sortent, qu’en penserait le fermier ? « Qu’est-ce vous foutez-là les gars ?! » [rires] Dessiner les superhéros pour moi c’est comme travailler avec des amis ! Il y a quelque chose de vraiment beau quand vous réfléchissez à l’héritage des superhéros : ce sont des personnages avec lesquels j’ai grandi et que j’ai admiré. D’une certaine manière, c’est comme un passage de relais : c’est à vous de perpétuer cet héritage.

Avec mes années de carrière, j’ai maintenant des jeunes gens qui viennent me voir pour me dire que leur premier comics fut New Warriors ou bien que ma série Wolverine a été leur premier achat. C’est incroyable de se dire que je fais dorénavant partie de la jeunesse de ces personnes. Peut-être qu’un apprenti artiste se retrouvera inspiré par mes propres dessins et il deviendra peut-être lui-même dessinateur plus tard, le flambeau sera transmis à nouveau. J’ai la chance de faire partie de cet héritage et ce n’est pas rien quand on y pense ! Quand je ne serai plus là, Batman et Spiderman seront encore présents pour un moment j’en suis sûr. On disait la même chose pour Lone Ranger et Flash Gordon, mais ils sont toujours là ! Les gens ne sont juste plus aussi enthousiastes à leur sujet… Il n’y a pas tant d’éléments de la culture populaire qui soient aussi vibrants, intéressants et excitants aujourd’hui qu’ils ne l’étaient à leur début dans les années quarante. C’est si rare ! La musique de cette époque n’a pas eu autant d’impact, les sportifs des années quarante ont été oubliés pour la plupart… Je ne sais pas si vous avez hâte pour le Superman de James Gunn, mais le personnage est toujours d’actualité et il touche les gens d’une telle manière que ma fille de 23 ans n’a qu’une seule hâte, c’est d’aller le voir avec moi !

CO : Vous êtes conscient que vous faites également partie d’une franchise. D’ici trente ou quarante ans, ils feront peut-être un reboot de The Boys… Ce qui fut le cas par exemple pour certaines vieilles séries comme Mr and Mrs Smith ou McGyver.

DR : Regardez les Tortues Ninjas, c’est une franchise absolument inépuisable ! Combien y a-t-il eu d’adaptations ? D’ailleurs mon ami Dan [Hernandez] et son collègue Benji [Samit] ont écrit le film Mutant Mayhem, qui est d’ailleurs mon préféré du lot car vous avez une nouvelle vision des personnages. J’ai d’ailleurs pu réaliser une couverture et un numéro pour la nouvelle série. J’aurais finalement pu dessiner les Tortues Ninjas après tout ce temps ! [rires]

AK : C’est plutôt intéressant que vous mentionniez le nouveau film Superman de James Gunn, car le personnage semble de nouveau très important en tant que symbole. Vous êtes néanmoins le créateur de Homelander qui lui aussi semble bénéficier d’une certaine popularité… Comment espérer de Superman d’être un symbole quand dans le même temps vous avez Homelander qui est presque aussi populaire ?

DR : Je ne veux pas m’attribuer le mérite du succès de Homelander, tout revient aux auteurs de la série et au talent incroyable d’Antony Starr qui d’ailleurs, en dehors du costume, est une des personnes les plus gentilles que vous pourriez rencontrer ! Son incarnation de Homelander relève des plus grands ! Ses expressions faciales ont donné naissance à tellement de memes et de gifs ! Si Homelander est devenu si populaire, c’est grâce à son talent d’acteur. Avant la série télé, tout le monde me demandait des dessins de Butcher et maintenant, on me réclame tout le temps Homelander ! Et cela n’est pas à cause de notre travail sur le comics, mais simplement grâce à ce qu’Antony a su apporter au personnage.

CO : Est-ce que vous le dessinez sous les traits d’Antony Starr ?

DR : Non non, et je le fais bien comprendre à chaque fois : je ne dessine pas les acteurs de la série télé mais bien les personnages tels que je les ai imaginés. Je n’ai pas trop envie de faire des portraits… J’en suis capable cela dit, j’ai par exemple dessiner un Homelander sous les traits d’Anthony pour la promotion de la série. Vous pouvez apercevoir aussi en arrière-plan dans la série certaines reproductions des couvertures du comics que j’ai réalisées en y insérant les acteurs. Si vous jetez un œil aux arrière-plans de la Tour des Seven, vous apercevrez des travaux que j’ai réalisés pour la série afin bâtir l’univers.

CO : Dans votre tête, les personnages de The Boys sont ceux du comics.

DR : On parle bien de deux univers différents : ce qui se passe dans la série est génial, mais c’est avant tout inspiré de mon travail. Ils n’essaient pas de le copier et donc mon travail n’a pas à rejoindre leur interprétation. Il faut simplement continuer à promouvoir ce qu’Ennis et moi avons créés.

AK : Vous avez réalisé plusieurs travaux ces dernières années, mais jamais des ongoing. En avez-vous terminé avec les projets au long cours ou bien est-ce à cause des évolutions du marché qui ont rendu plus compliquées les séries de soixante numéros par exemple ?

DR : Il s’agit plus de la deuxième option. Les modes de publication ont beaucoup changé ces derniers temps. J’ai travaillé sur différents projets que j’aurais aimé voir passer en ongoing mais qui n’ont pas marché. Nous avons par exemple travaillé avec Gary Whitta sur la série Oliver chez Image. Je me suis beaucoup investi dans ce projet dont je suis très fier. J’adaptais l’excellent scénario de Gary qui fut d’ailleurs un des auteurs sur Rogue One, il a également écrit Le Livre d’Eli. C’est d’ailleurs son scénario pour Oliver qui lui a ouvert les portes d’Hollywood. Nous sommes bons amis. Mais la série est morte dans l’œuf car au moment où elle sortait d’impression, le COVID a frappé. Elle est donc sortie au moment où tous les magasins ont fermé. Au bout de quatre numéros, personne ne l’avait commandée et je ne pouvais pas me permettre de continuer à travailler sur la série et pourtant nous voulions qu’elle devienne une ongoing.

Vous savez, parfois c’est à cause du contexte, une autre fois c’est le modèle… Je pense que les lecteurs dorénavant préfèrent attendre qu’une série soit publiée en intégrale plutôt que de la consommer sur le temps long… C’est d’ailleurs quelque chose dont je me suis rendu compte avec Transmetropolitan, ce qui est plutôt ironique. S’ils aiment une série, ils vont acheter un ou deux numéros avant d’arrêter et attendre que l’intégrale sorte. Le public aime « binger » leurs lectures, les lire d’une seule traite, ce qui correspond au modèle manga plutôt que de lire régulièrement dix pages de plusieurs séries différentes. Je ne sais pas comment la situation va évoluer mais avec la faillite de Diamond aux Etats-Unis…

AK : Qui semble avoir été racheté d’ailleurs (ndlr : et qui l'a été, en effet, depuis l'interview)

DR : Certes, mais si leur modèle a fini par faire faillite, ce n’est peut-être pas le meilleur qui soit. Il va sans doute falloir repenser ce modèle en toute logique. Vous savez, j’ai auparavant déballé des commandes chez Diamond, j’ai travaillé au guichet d’un comic shop… Je suis dans cette industrie depuis un certain moment maintenant ce qui me permet d’avoir une vision d’ensemble. Il y a quelque chose que j’ai réalisé c’est qu’en tant que revendeur, il est très difficile de savoir quelle série va fonctionner, si cela vaut le coup d’investir dedans, surtout si vous prenez en compte les difficultés que rencontrent déjà le marché du comics. Et ce même si vous êtes un grand nom, vous aurez sans doute des chiffres très importants pour le premier numéro et de moins en moins sur les suivants. Il se peut que les chiffres remontent au cinquième numéro par exemple mais quoi qu’il en soit, si vos chiffres ne sont pas très importants immédiatement, beaucoup de maisons d’édition vont stopper votre série. Il est donc très difficile de se lancer dans une série au long cours si vous n’avez pas une entreprise prête à vous soutenir financièrement. Ceci étant dit, je m’apprête à entamer une série ongoing. Je suis en train de développer une série originale dont le premier numéro devrait sortir un peu plus tard cette année. Je ne peux pas trop vous en dire mais avec un peu de chance, d’ici la sortie de cet entretien, vous en aurez entendu parler.

AK : Comment avez-vous choisi vos projets ces dernières années ? Si je prends l’exemple de votre Batman Fortress, avez-vous eu l’impression au fil des années d’avoir plus le choix dans les projets qui vous étaient proposés dans le milieu mainstream ? Certains projets qui ne vous intéressaient peut-être pas vous ont sans doute été assigné à vos débuts ?

DR : « Assigner » n’est peut-être pas le meilleur terme, personne ne m’appelle et m’oblige à travailler sur quelque chose. On me propose des projets et s’il m’intéressent, je les choisis. Je me suis rendu compte il y a peu que la plupart des gens partent du principe que je suis toujours très occupé ! Aussi quand j’avais besoin de travail, on ne m’en proposait pas ! Parfois il faut chercher un peu, toquer à certaines portes, envoyer un mail à un éditeur en lui demandant s’il a quelque chose à vous proposer et c’est comme ça par exemple que vous vous retrouvez à faire quatre numéros en back-up ! La plupart du temps j’ai des idées pour un projet qui finit par ne pas se faire… Comme je vous le disais plus tôt, je me mets à travailler sur un projet qui se fait finalement annuler. Il y a donc beaucoup de hasard dans tout ça. Evidemment si l’on me propose quelque chose qui m’intéresse vraiment, j’irais à fond ! Aujourd’hui, à moins qu’il ne s’agisse d’un auteur très talentueux ou quelque chose de suffisamment original, travailler sur une série mensuelle ne m’attire plus vraiment vous comprenez ? Je l’ai déjà fait par le passé : j’ai fait un passage sur Wolverine, j’ai pu travailler sur Batman récemment… J’aimerais travailler de nouveau sur une série Batman mais je ne pense pas que mon style soit ce qui intéresse DC dorénavant. Mes dessins sont peut-être un peu trop associés à The Boys, ils n’ont peut-être pas envie que l’on fasse le rapprochement maintenant, tout comme en 2007 ! Je ne sais pas… Je me suis bien amusé avec Batman en tout cas, j’aime beaucoup le dessiner mais je vois mal dans quelle dimension DC m’appelle pour me lancer sur une ongoing Batman !

AK : Vous êtes dans l’industrie depuis maintenant bien 30 ans ?

DR : Au moins oui.

AK : Voulez-vous toujours dessiner des comics ? Car on pourrait penser que vous êtes fatigué et que vous préfèreriez réaliser des commissions ou des couvertures…

DR : Oh non, j’adore créer de nouvelles histoires. J’adore dessiner et écrire mais également collaborer avec un auteur qui me laisse avoir mes propres idées. J’adore imaginer de nouveaux personnages. Aujourd’hui je pense être plus intéressé dans le fait de créer de nouvelles choses plutôt que d’alimenter ce qui existe déjà. Cette mission revient aux jeunes artistes qui ont plus de temps et d’énergie que moi. Je préfère voir un autre artiste qui aime Batman, Superman ou Wolverine apporter sa pierre à l’édifice. Il faut juste espérer que c’est la passion qui le pousse et non le salaire.

AK : Comment créer quelque chose de nouveau en 2025 ? Craignez-vous d’essayer quelque chose avant de vous rendre compte que quelqu’un l’a déjà fait avant vous ?

DR : Vous savez vous pouvez prendre une idée déjà vue et y apporter quelque chose de neuf. C’est un peu comme de la musique. Vous pouvez chanter « Twist and Shout » mais avec un rythme totalement différent, cela devient une nouvelle chanson. Des fois il suffit d’apporter votre point de vue, votre style et votre propre personnalité sur un projet déjà existant. Je ne m’en fais pas trop car de vieilles idées peuvent être renouvelées. Je l’ai toujours dit : il n’y pas de mauvais personnages, il faut juste faire attention à ce que l’on en fait. Deadpool est un bon exemple. Le personnage n’était pas dans les années 90 ce qu’il est devenu aujourd’hui. Joe Kelly et Ed McGuiness s’en sont saisi et ont commencé à briser le quatrième mur, et c’est ce qui a fait l’identité de Deadpool. Pensez à Dark Knight Returns. Dans les années 80, Batman était devenu très prévisible et fade, c’était le personnage des enfants. Frank Miller a changé tout ça en écrivant l’histoire qu’il voulait raconter. C’est ainsi que tout ça marche selon moi.

Je peux sans doute proposer quelque chose de différent avec Buck Rogers si vous me laissez le champ libre, cela correspondra à ma vision de Buck Rogers. Vous connaissez le personnage, mais je peux peut-être apporter un élément nouveau dont personne n’aura pensé jusqu’à présent. Le vieux peut donc devenir nouveau si l’on a des attentes différentes. Je me souviens que durant mes années Marvel, on me demandait ce que je souhaitais faire. J’ai proposé quelque chose avec Moon Knight, ce à quoi on m’a répondu qu’il s’agissait du Batman du pauvre. Et regardez maintenant, Moon Knight a eu droit à sa propre série télé. Un personnage peut devenir ennuyeux et prévisible si vous le traiter sous un angle ennuyeux et prévisible… Si vous avez une idée originale et que vous allez au bout de cette idée, vous aurez une approche inédite. Regardez The Boys, nous avons juste traité les superhéros sous un autre angle.

AK : Un autre danger auquel l’industrie doit faire face est l’Intelligence Artificielle. Quel est votre position sur ce sujet ? Je suppose que l’on vous pose souvent la question.

DR : Pas tant que ça… Tout le monde se moque de ce que je pense… [rires]

AK : Pas nous !

DR : Merci ! L’IA est quelque chose de tout nouveau. A chaque fois qu’une nouvelle technologie devient disponible pour le grand public, il y a deux types de réactions : c’est soit la meilleure invention du monde, soit il faut la redouter. Pour moi l’IA est intéressante mais elle ne pourra jamais reproduire ce qu’un dessinateur peut faire. Elle ne peut que réagir et ce pour une simple raison : l’IA ne peut pas ressentir des émotions. Derrière chaque grand artiste, il y a des expériences. Une IA ne sera jamais capable de pleurer car elle vient de faire piquer son chien. Elle ne perdra jamais l’un de ses parents. Aucune fille ne lui brisera le cœur. Elle ne se rappellera jamais son grand-père en entendant une chanson. Toutes ces choses font les grands artistes. Que ce soit en musique ou en dessin, ce sont les expériences qui vous forgent. Souvent j’ai des personnes qui me disent qu’ils savent à peine dessiner un personnage en bâtons. Si ces personnes se tournent vers l’IA pour qu’elle réalise un dessin, ce ne sera jamais aussi bien que s’ils avaient investi du temps pour étudier et comprendre comment l’art fonctionne. L’art vient des expériences et d’une envie inextinguible de s’exercer pour s’améliorer encore et encore. Si vous vous servez de l’IA comme d’un raccourci, cela se verra.  

D’autant que cette dernière continue à faire des erreurs bêtes : elle ne sait toujours pas comment dessiner une main. S’il s’agit là de votre façon de mettre en avant vos dessins, grand bien vous fasse. Mais ne vous étonnez pas si personne n’en veut. Je préfère voir le travail de quelqu’un comme Lynda Barry ou Daniel Clowes, qui ont un style incroyable mais très différent de ce que l’on voit d’habitude dans les comics… Je préfère voir ce genre de dessins plutôt que les idées de quelqu’un transposées par l’IA. Peut-être que tout ceci n’est qu’une passade je ne sais pas… Je ne pense pas qu’il faille la craindre, j’estime qu’il s’agit plus d’un outil qu’autre chose. Si jamais nous atteignons la singularité, nous aurions peut-être du souci à nous faire mais d’ici là… Vous savez à une époque c’est la radio qui terrifiait tout le monde, après c’est la télévision qui devait tout détruire … Ce fut peut-être le cas, je ne sais pas. Je ne m’inquiète pas plus que ça, je préfère me concentrer sur ce que je fais du mieux que je peux. Si les lecteurs en veulent et si cela les intéresse, j’ai gagné ! C’est mon objectif depuis que j’ai 16 ans ! Je suis très heureux de pouvoir être aujourd’hui en face de vous, à Paris, à vous parler de mes travaux passés et futurs.

AK : Quelle est donc la suite pour vous ? Vous avez mentionné une prochaine ongoing ?

DR : J’aimerais vous en parler mais j’enrage de ne pas pouvoir le faire car nous sommes encore en train de finaliser les contrats. D’autant que l’entreprise avec laquelle je travaille voudra faire l’annonce, donc je ne peux pas gâcher la surprise !

AK : Nous avons hâte d’en savoir plus !

DR : J’espère que d’ici la publication de cet entretien vous en aurez entendu parler et que l’on pourra en discuter !

AK : Merci beaucoup pour votre temps !

DR : Avec plaisir !

Illustration de l'auteur
Arno Kikoo
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