Dès le weekend d'ouverture, Joker avait déjà réussi son pari. Pendant que les cinéphiles du web débattent, avec l'ouverture d'esprit qu'on leur connaît, ou que certains vont casser les pieds de Dan Slott qui a osé dire qu'il n'avait pas aimé - en se faisant logiquement harceler dans la foulée, parce qu'on va quand même pas commencer à tolérer les avis divergents sur internet - le film de Todd Phillips roule par-dessus les critiques en empochant, déjà, 543 millions au sortir de ses dix premiers jours. Un joli score qui vient (une fois de plus) casser le record du meilleur second weekend pour un film sorti en octobre, à une époque où ce type de performances sont remises à jour chaque année.
Avec 192 millions et aucune alerte sérieuse aux Etats-Unis (pour le moment), 351 millions dans le reste du monde, le bouche à l'oreille et la campagne de promo' de
Warner Bros. semblent avoir porté leurs fruits. Dans l'ensemble, la réussite commerciale du film dépasse
les résultats prévus par les analystes, après une série de prévisions relativement affectées par la polémique
qui sera survenue aux Etats-Unis (relative au port d'arme, aux tueries de masse et au caractère de sexisme implicite ou explicite du film de
Phillips).
Ne reste qu'à espérer que le FBI et le département des armées, chargés de surveiller les menaces d'attentats ou de tueries dans les lieux publics déclarées sur la toile, restent vigilants et que le calme continue de s'opérer. Loin de sceller le débat sur la qualité avérée ou contestée du film de
Todd Phillips (de bien pires projets ayant eux aussi réussi à amasser des centaines de millions), ce résultat financier donne surtout raison à
Warner Bros. dans son envie de proposer
une adaptation de comics à petit budget, jouant sur la dynamique artistique plus que sur celles du divertissement perméable et de la prise de risque limitée.
Paradoxalement, cet angle, qui irait plutôt en faveur de la liberté de créer en sortant des modèles établis par les producteurs d'Hollywood, cherchant généralement à fuir le danger pour se réfugier dans des automatismes de copie ou de productions familiales, est très peu évoqué dans les débats qui sévissent depuis ces quelques jours. Ne reste qu'à espérer que la bipolarité des opinions autour de Joker ne freinera pas d'autres studios qui pourraient, après des décennies à chercher la formule du blockbuster calibré, s'inspirer de cette réussite pour proposer des films plus modestes, avec de plus petits enjeux commerciaux, donc moins d'ingérence dans l'écriture ou la production.