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Cherchant à fuir les polémiques, Warner Bros. interdit les interviews à la première de Joker

Cherchant à fuir les polémiques, Warner Bros. interdit les interviews à la première de Joker

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Cela n'aura échappé à personne : depuis quelques jours, le film Joker de Todd Phillips se sera retrouvé au coeur d'un débat sur les tueurs de masse, le contrôle des armes à feu aux Etats-Unis et les actions individuelles des analogues de James Holmes, au sortir d'un été où le nombre de morts par balles aura considérablement marqué les populations. Au fil du mois d'août, à El Passo, au Texas, à Dayton, dans l'Ohio et dans les villes de Midland et Odessa, au Texas, trois fusillades pour une quarantaine de vies supprimées et plus de soixante blessés.  

A défaut d'être en mesure de proposer un débat solide et engagé sur le contrôle ou l'interdiction des armes à feu au niveau institutionnel, l'accompagnement psychiatrique ou l'étude de l'influence des discours et politiques menées par l'état sur les mentalités individuelles, la société américaine se tourne vers le cinéma. Les familles de la tuerie d'Aurora auront, à ce titre, écrit une lettre ouverte à Warner Bros. pour réclamer au studio une participation aux fonds de soutien pour les victimes de ce type de fusillade, d'appuyer politiquement et financièrement les candidats favorables à la suppression du port d'armes, et de joindre à Joker un message préventif incitant les spectateurs atteints de pensées morbides ou de tendances psychotiques à se diriger vers un accompagnement thérapeutique.
 
Après avoir répondu, en substance, Warner Bros. semble aujourd'hui incapable de gérer l'afflux de questionnements à ce sujet - tandis que le FBI, chargé de surveiller et de rapporter à aux exploitants de salle les risques de fusillades manifestes, estime qu'aucune alerte sérieuse n'est à observer pour le moment, on aura vu Todd Phillips, agacé, comparer Joker à John Wick en expliquant que personne ne s'inquiète de la violence ou du nombre de morts par balles dans cette autre catégorie d'oeuvres de fiction.
 
Le studio décide de prendre les devants, en interdisant à la presse l'accès à la première du film, prévue ce samedi 28 septembre au célèbre TLC Chinese Theatre, un haut lieu de la culture d'Hollywood. Seuls les photographes seront autorisés à accéder au tapis rouge. Une décision que Warner Bros. justifie auprès du Hollywood Reporter par une envie de répondre aux fausses interprétations sur l'objectif et le propos de Joker, espérant que la sortie, imminente, du film aidera à clarifier les intentions de Todd Phillips et Scott Silver.
 
"Notre tapis rouge sera réservé aux photographes. Beaucoup de choses ont été dites à propos de Joker, et nous pensons qu'il est plus que temps que les gens voient le film pour en parler."

L'on sent une certaine lassitude de la part des pontes du studio, après que les premières projections de la Mostra de Venise ont lancé cette polémique, et taillé au projet la réputation d'un film dangereux. Dans l'absolu, les retours de critiques allant dans ce sens n'avaient pas empêché Joker de quitter la cérémonie avec le Lion d'Or, ni d'amoindrir l'accueil critique, dans l'ensemble très favorable.
 
Si Warner Bros. s'expose à de vives critiques de la par de la presse pour cette envie de fuir les questions embarrassantes, ou bien, peut-être, d'éviter les procès d'intention, il est d'ores et déjà certain que Joker fera date, à tort ou à raison, dans le débat sur la responsabilité du cinéma sur la violence des sociétés et les liens que certains tissent entre réalité et fiction. Ne reste qu'à espérer que cette interprétation, houleuse, n'entachera pas la réputation d'un film très différent de ce que les adaptations proposent habituellement, et ne freinera pas les autres studios d'Hollywood dans leur envie d'accompagner le mouvement.
 
Paradoxalement, le principal avocat du lien entre meurtres et cinéma reste, dans l'histoire récente, le président Donald Trump, qui affirmait l'an dernier qu'Hollywood était le premier responsable des tueries de masse dans les écoles et lycées. Un article du Washington Post avait alors éclairé cette déclaration, montrant que les décennies où le cinéma de genre, violent ou explosif, était redevenu à la mode dans les années 1970 et 1980 n'avaient pas suscité de telles conséquences. Opposée à des chiffres sur la violence par balles bien inférieurs aux réalités modernes, avec des tueries de plus en plus fréquentes et de plus en meurtrières ces vingt dernières années, cette idée s'avère d'ailleurs invalide si l'on comprend le reste du monde, par-delà les Etats-Unis, où quantité de films violents nous seront parvenus sans générer de phénomènes similaires. En l'attente d'un nouveau texte sur le contrôle des armes à feu, promis par la présidence, le pays découvrira le Joker de Todd Phillips ce vendredi 4 octobre dans les salles.
 
De notre côté de l'Atlantique, le film est attendu pour le 9 octobre.
 
Corentin
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