On vous l'avait promis depuis la semaine dernière, et votre rédacteur en chef préféré tient à sa parole. La Checklist Comics est de retour pour une édition à suivre régulièrement jusqu'à ce que mort s'ensuive. Au delà de cet effet dramatique, vous connaissez notre attachement au format papier, et cette chronique hebdomadaire est là pour revenir sur les sorties qui font l'actualité, qu'elles soient nouvelles ou en cours, et qu'il s'agisse de VO ou de sorties VF - car les éditeurs répondent tous présents quand il s'agit de vous faire lire !
On continue donc d'examiner les sorties de ce mois d'août, où la qualité se montre bien présente, du côté des Big Two comme dans l'indépendant. Nous attendent également quelques potentielles belles surprises sur lesquelles nous essaieront de revenir régulièrement (dans cette rubrique ou autrement). Bien entendu, la richesse de ce type d'article vient aussi de la communauté, et nous vous invitons comme toujours à nous faire part de vos lectures ou de vos intentions de lectures dans l'espace commentaires, notamment si l'une ou l'autre publication a échappé à notre vigilance ou s'est jouée de notre manque de temps ! Quoiqu'il en soit, on espère que vous trouverez au moins une lecture qui vous rappellera à quel point les comics, soyons honnêtes, c'est un vrai plaisir en plus d'une passion !
Dans la pelletée de titres dérivés de l'envie de Marvel de capitaliser sur la franchise Conan le Barbare, on retrouve, cette semaine, Conan Exodus #1 du talentueux peintre Esad Ribic. Celui qui se sera beaucoup inspiré du style fantasy de Frazetta prendra, pour l'occasion, le poste de dessinateur et de scénariste dans une histoire muette ou le Sumérien quitte ses terres natales glacées pour partir à l'aventure - la toute première, préfigurant d'un destin hors du commun. Poétique et nostalgique, dans la tradition des revues d'un autre temps, Conan Exodus s'annonce comme une belle idée de Marvel et un superbe voyage et l'occasion pour l'artiste de rendre hommage à ses maîtres. L'avantage de ne durer qu'un numéro permettant en outre d'éviter le sentiment de redite amassé au fil des nombreux titres Conan de cette année passée - en plus d'être, déjà, le plus beau d'entre eux.
Parce qu'Image Comics n'a plus le monopole des "gros" projets, c'est chez Boom! Studios que notre cher Kieron Gillen (Die, The Wicked+The Divine) ira proposer sa nouvelle série, en compagnie du non moins fameux Dan Mora (les Klaus). Il faut croire que la réunion des deux a su générer quelques buzz puisque le numéro a déjà eu trois à quatre impressions avant même sa sortie. Once and Future se présente comme un titre de fantasy urbaine (hé oui, on est encore dans le registre) teinté de politique, puisque des nationalistes britanniques vont invoquer une entité maléfique issue des légendes arthuriennes, et c'est une ancienne chasseuses de monstres à la retraite qui va devoir reprendre du service pour s'en occuper - en allant dépêcher son petit-fils, bibliothécaire, pour l'assister. Un choc générationnel qui promet, et l'on vous avoue attendre beaucoup de ce premier numéro !
Après quelques péripéties éditoriales et s'être retiré de Vertigo (du moins de ce qu'il en restait), Second Coming a pu trouver une nouvelle maison chez Ahoy Comics, et quel plaisir ! La nouvelle oeuvre satirique de Mark Russell (Prez) est drôle, mordante et profonde à la fois. Dans l'ouverture, l'auteur nous proposait en compagnie de Richard Pace autour d'une géniale relecture de la Genèse et du parcours de Dieu - puis Jésus - vis à vis de leur envie de mener l'Homme sur un chemin vertueux, avec les échecs que l'on connaît. A l'ère moderne, Jésus tente un comeback sur Terre, et va rejoindre le super-héros local, Sunstar, afin d'apprendre à réussir comme ce dernier à être aimé des humains. Bien que ce dernier ait lui aussi ses problématiques que la seule force des poings ne pourra résoudre. Russell disserte avec Second Coming sur ces notions de pouvoir, et sur les enseignements censés être dispensés par Jésus dans leur signification première, au delà de ce que l'être humain aura pu en faire par la suite. On retrouve un ton toujours très sarcastique, des scènes caustiques par leur humour et par leur fond, et un dessin qui accompagne très bien le propos. L'intro était réussie et c'est donc sans aucun doute sur la qualité que l'on poursuivra cette lecture. Une chance pour ceux qui attendront la VF, Delcourt a déjà annoncé Second Coming à son catalogue pour l'année prochaine !
La conclusion tant attendue de l'oeuvre de Joshua Dysart sur Toyo Harada est désormais là. Dans un ultime récit en six parties, le scénariste aura démontré tout son amour du personnage en lui apportant un revirement du destin on ne peut plus surprenant, et cela fait quelques numéros que le titre baigne dans une ambiance morose, où l'idéal d'Harada essaie de survivre face à un monde qui était bien trop résolu à son idée de liberté pour laisser une seule personne oeuvrer pour le bien. Chaque numéro aura également été l'occasion aux artistes qui entourent Dysart de briller, avec cette fresque des moments importants de la vie du psiotique, et l'on peine réellement à voir comment le point final sera amené. Prenant, et en contre-pied de l'explosif Imperium, The Life and Death of Toyo Harada est assurément d'une grande qualité. Espérons que le plaisir restera jusqu'au bout ! Et pour les anglophobes, on se retrouve en octobre prochain pour la VF chez Bliss Éditions.
Ce n'est pas la publication qui fait la plus parler d'elle en ce moment chez DC Comics, et c'est bien dommage. Après un arc d'introduction avec un sens du suspense hyper maîtrisé dans Action Comics, Brian M. Bendis a pu passer aux choses sérieuses avec cet Event Leviathan, qui voit toutes les organisations secrètes de l'univers DC succomber à un même mystérieux ennemi omnipotent, contre lequel Batman et Lois Lane monte une équipe de super-détectives afin de déterminer son identité. Malgré la petite échelle en contradiction avec le nom d'event dans le titre, Bendis sait apposer une ambiance de thriller aux petits oignons, la frustration de ne pas trop en dire se mêlant à l'excitation d'être plongé dans un véritable mystère. Le dernier numéro faisait la part belle à un savoureux échange entre Batman et Jason Todd, visiblement devenu suspect principal, et l'on s'attend à un peu plus d'action qu'au démarrage. Event Leviathan peut aussi compter sur l'excellent Alex Maleev qui nous régale avec sa vision street level et urbaine de l'univers DC, ses compositions s'alliant naturellement avec la verve de Bendis. On ne sait pas encore dans quelle direction on va, mais on laisse l'équipe créative nous prendre la main sans souci !
- Commander chez Comics Zone (à venir)
Troisième fournée pour le jeune univers H1 d'Humanoids Inc, branche américaine des Humanoïdes Associés entrée depuis peu dans l'arène des maisons d'édition typées super-héros. Dans un monde de catastrophes naturelles, où un grand nombre d'individus se retrouvent dotés de capacités surnaturelles du jour au lendemain, la doctoresse Cecelia Cobbina doit abandonner sa mission humanitaire chez les Médecins Sans Frontières après avoir reçu le pouvoir d'une intelligence hors du commun. Devenue l'être la plus brillante du globe, l'héroïne tentera de comprendre le phénomène des super-pouvoirs, les fameux Ignited, pour continuer de composer ce nouveau monde aux premiers stades de son développement. Les dessins sont cools, les couleurs sont jolies et l'entreprise intrigante : on y va.
Après avoir pris goût au fait de défourailler les aliens fantasy des dix royaumes dans War of the Realms, Frank Castle part dans les étoiles, et pas dans sa version Cosmic Ghost Rider pour le coup. Le Punisher, sous la plume de Gerry Duggan, ira porter sa justice expéditive aux vilains des mondes d'Asgard dans une nouvelle série où le brillant Juan Ferreyra aura matière à s'amuser. Des vilains, des orcs, des M16, et un logo crânien sur le plastron, une rencontre improbable entre deux mythologies - c'est débile, mais c'est violent. Et donc c'est bien.
Second titre de la grosse amorce de relance des X-Men, Powers of X ne s'attache pas à conter le présent et le nouveau statu quo mutant de House of X, mais nous emmène à la fois au départ de cet état, mais surtout dans le futur, qui se montre bien sombre pour les personnages concernés. Un peu plus difficile à cerner, surtout pour les lecteurs débutants, le titre de Jonathan Hickman n'en reste pas moins intéressant, la forme de narration apportée par les textes explicatifs permettant de saisir l'étendue de ce que l'auteur a prévu pour les X-Men. Il y a vraiment quelque chose de grisant à voir ce type de récit porté par une ambition perceptible au fil des pages, avec un R.B. Silva qui se montre une fois de plus solide sur les dessins, l'ambiance futuriste de la série lui convenant très bien, et ses designs se montrant plutôt inspirés. Le titre faisant lui aussi des renvois à House of X, Powers of X est de toute façon assez indispensable pour que l'ensemble du plan de Hickman puisse se dévoiler en toute quiétude. On est preneurs, et vous ?
Alors que la majorité des éditeurs VF est encore dans sa pause de publications, Panini Comics ne chôme pas, mais alors pas du tout, et on essaie de faire sortir quelques titres parmi le lot très important d'ouvrages proposés. Par exemple, plutôt que de tester Weapon H ou Les Asgardiens de la Galaxie, on préfèrera se porter sur le second tome du Daredevil période Legacy, alors que Soule entame sa fin de run. Avant que l'on n'aborde la Mort de Daredevil dans le précédent tome, Murdock doit faire avec les conséquences de sa lutte contre Wilson Fisk, devenu nouveau maire de New York. La Main a profité en effet de la rivalité pour jouer un coup en traître, et le super-héros, bien en difficulté, doit réunir ses alliés pour affronter ses hordes. Avec un Mike Henderson plutôt efficace sur la partie artistique, le tome devrait continuer de satisfaire ceux qui accrochent au run de Soule, sympathique quoique parfois plus compliqué qu'il ne le devrait.
Un peu de classique également à retrouver chez Panini Comics avec cette neuvième intégrale pour Hulk, encore bien ancré dans la célèbre période où Peter David officiait dessus. Aisément reconnu comme l'un des meilleurs run sur le personnage, ce tome prévaut notamment car il contient l'histoire Futur Imparfait, dans laquelle Bruce Banner se retrouve face à la version pervertie de lui-même qu'il deviendra dans le futur, le Maestro. Une courte saga magnifiquement illustrée par George Pérez, qui est à découvrir si ce n'est toujours pas fait. L'écrin de l'intégrale permet de retrouver d'autres histoires du même auteur, pour une lecture qui en vaut le coup, si toutefois le prix ne vous arrête pas à l'achat.
Et l'on reprendra un peu de Marvel Legacy avec ce tome aux allures de crossover, puisque c'est ainsi que les Avengers et leur pendant jeunesse, les Champions, se retrouvaient au départ de cette période éditoriale de Marvel. Mark Waid, qui a créé la jeune équipe, chapeaute les deux titres où l'action se mêle sous thématique de conflit générationnel et d'émancipation - des thématiques importantes alors pour le passage Legacy. Qu'on se le dise, il ne s'agira pas du récit le plus important de Waid chez la Maison des Idées, mais l'on apprécie de voir Ramos et Saiz, deux illustrateurs de talents, adjoindre leurs forces pour cette histoire qui plaira aux amateurs d'équipes super-héroïques blindées de personnages. A essayer.