En cette période de Comic-Con en ligne, à n'en pas douter, il vous faudra quelque chose à lire entre deux panels numériques, parce que les écrans c'est bien gentil mais le papier c'est mieux aussi. Bien que l'édition VF a pris sa pause estivale à compter de cette semaine, nos chers éditeurs VO continuent de vous proposer pas mal de titres, et c'est donc avec plaisir que la Checklist Comics répond une nouvelle fois présent.
Du mainstream de super-héros à des titres indé' plus ou moins confidentiels, des Big Two aux derniers venus de la scène indie, il y en a chaque semaine pour tous les goûts, et l'on s'amuse donc avec cette rubrique à mettre l'accent sur les titres qui marquent l'actualité, ainsi que sur les sorties que l'on vous recommande. Bien entendu, même si nos conseils avisés valent de l'or (mais si, mais si), il manque peut être dans notre Checklist LA sortie que vous souhaitiez voir figurer. Qu'à cela ne tienne, l'espace commentaire est là pour vous, afin que vous nous parliez de vos lectures du moment !
Ces derniers temps, John Layman se sent d'humeur nostalgique. En marge de ses (nombreux) projets de séries originales, l'auteur revient barboter pour la seconde fois dans l'univers de Chew, chef-d'oeuvre absurde sur les aventures d'un flic carnassier dans un monde sans poulets. Après être revenu ponctuellement sur ces personnages dans la hautement méta' Chew/Outer Darkness, Layman trace une ligne parallèle aux voyages de son policier de héros pour attaquer la dystopie alimentaire sous un autre angle : la frangine gangster. Saffron Chu, petite-soeur de Tony, accroche dès les premières pages de ce nouveau projet pensé comme l'envers des enquêtes de la série originale, avec un curieux hommage à Reservoir Dogs par le prisme de gangsters gourmets. Dan Boultwood s'en sort dans son imitation de Rob Guillory, le rythme et le style d'antan est palpable à nouveau, on embarque volontiers dans cette lecture bonus pour peu qu'on accroche au délire (particulier) de cet univers.
- Commander chez Comics Zone (à venir)
Après The Few, Coyotes et Thumbs, Sean Lewis est de retour pour vous parler de parentalité. C'est en tout cas ce que laisse entendre ce premier numéro : une cour de justice dans le futur, un jeune homme à qui l'on demande ce que son père a fait. Mais qu'est-ce que son père a fait ? Son père a eu un môme, sans argent. Lorsque le môme est tombé malade, son père est devenu un tueur à gages pour payer les frais de santé. Et c'est à peu près tout. Dans une entrée en matière terne et étouffante, Sean Lewis interroge le rapport à l'héritage familial et les conséquences des actions entreprises sur les autres, en posant sur le chemin une mythologie inédite à la croisée des chemins entre une fantasy mystique et un discours social réaliste et engagé contre la pauvreté, entre Dark Crystal et Breaking Bad ou Good Time. Cette accroche surnaturelle sert d'élément différenciant à une histoire autrement plus "normale", et qui aura à se distinguer ou préciser ses intentions dans les prochains numéros. Pour le moment, les dessins écorchés de Caitlin Yarsky frappent et l'ambiance désespérée transporte - affaire à suivre.
- Commander chez Comics Zone (à venir)
Mine de rien, il faut reconnaître que Marvel a été assez finaud sur le cas Empyre. En nous vendant un affrontement Avengers/Fantastic Four contre l'alliance Skrull/Kree, le duo Slott/Ewing (surtout ce dernier a priori) a su garder bien au chaud le véritable enjeu de cet event, avec un ennemi qui ne disait pas forcément son nom, mais qui est bien rattaché aux races extra-terrestres citées précédemment. Bref, le premier numéro réussissait à se montrer surprenant, et le second a aussi quelques développements pour lui. Valerio Schiti manie avec aisance le crayon pour nous faire de la SF généreuse, avec moult vaisseaux et environnements exotiques, tout en ne lésinant pas sur le nombre de personnages à illustrer. Peut-être un peu plus calme, le second numéro amène aussi quelques développements importants pour certains héros ou héroïnes. Pour le moment, on se prend en tout cas au jeu de la mini-série principale (on se permet d'affirmer sans trop de soucis que les multiples tie-ins ne seront pas indispensables). Empyre, c'est pas si pire, et c'est donc pas plus mal.
Le démarrage de Billionaire Island chez Ahoy Comics avait été d'emblée sympathique, mais c'est avec ce troisième numéro que Mark Russell (Prez, Flintstones, Second Coming) met une nouvelle fois les points sur les i et fait du titre un immanquable. Le principe : c'est très simple, alors que le monde est en crise (comme le notre), des multi-millionaires ont créé une gigantesque île-refuge, Freedom Unlimited, où chacun peut tout se permettre tant qu'il en a les moyens. Une journaliste un peu trop curieuse s'est retrouvée enfermée, tandis qu'un activiste qui a réussi à assassiner l'un des milliardaires qu'il avait en cible est lui prisonnier et interrogé... et tout va de mal en pis, avec un niveau d'absurdité que l'on attendait forcément de l'auteur de Prez. Russell y va une nouvelle fois à la javel pour décrier les folies de notre société moderne (attention, si vous êtes de droite, ça peut piquer) et accumule des scènes géniales d'humour et glaçantes en même temps. Un grand moment de comédie d'anticipation, servi par le dessin au poil de Steve Pugh. Coup de coeur ? Allez, coup de coeur.