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Kelly Sue DeConnick (Bitch Planet, Ghost) de passage à Paris, l'interview

Kelly Sue DeConnick (Bitch Planet, Ghost) de passage à Paris, l'interview

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C'est au cœur d'un bel hôtel Parisien que j'ai eu la chance de rencontrer Matt Fraction et Kelly Sue DeConnick fin octobre, avec qui Comixology nous ont accordé tout le temps nécessaire pour véritablement échanger, que ce soit autour de l'industrie, de leurs œuvres ou de la portée des combats menés par l'un des couples les plus marquants du petit monde des Comics.
 
Lire aussi : un regard sur les indés #9 - Bitch Planet

Ainsi, c'est au terme de plus d'une heure de discussion parfois enflammée avec une auteur qui brille de mille feux chez Image Comics avec un Bitch Planet (mais aussi Ghost, Pretty Deadly, Captain Marvel...) qui s'installe très haut dans le cœur de ses nombreux lecteurs, celle qui m'avait parfois déçu par certains de ses travaux a très bien su m'expliquer sa manière d'aborder son travail, sans langue de bois ni fausses excuses. Un échange riche à mes yeux donc, que je ne suis pas peu fier de pouvoir vous proposer aujourd'hui, après de longues sessions de retranscription - merci mille fois à Dylan pour son travail et sa fidélité là-dessus, d'ailleurs. 
 

• Kelly Sue DeConnick, l'interview •

 
Bonjour Kelly Sue !

Salut !

• On va commencer avec Ghost, sorti chez Glénat il y a quelques semaines et d'abord publié par Dark Horse. Quelle est la valeur artistique vous a poussée vers ce projet, d'une héroïne méconnue des 90's, revenue à la vie dans une industrie modernisée ? 

Alors ce qui m'a intéressé, c'est d'abord une lettre que l'éditeur Patrick Thorv, m'a écrit après avoir lu Osborn. J'ai fait ce bouquin pour Marvel, Osborn : Evil Incarcerated, c'était une mini-série sur Norman Osborn en prison, et dans cette histoire il y avait une journaliste qui luttait avec l'idée de son rôle au sein ce monde, et le fait qu'Osborn ait raison malgré le fait qu'il soit un homme affreux. Vous savez il est exclu du système d'une manière qui est non-américaine, qui ne correspond pas à nos pères fondateurs et à leur morale, donc Patrick a beaucoup aimé le bouquin et m'a écrit une espèce supplique impatiente pour que je jette un œil au projet.

Et je suis sûre qu'une partie de la raison vient aussi de mon ego, du style "wow, vous m'avez vraiment comprise !", mais je savais également qu'il y avait un éditeur passionné par le sens du bouquin, qu'il voulait qu'il ait un but, que nous soyons protégés, et c'était important pour moi, et j'avais juste envie de travailler avec quelqu'un qui s'y intéresse autant, donc j'ai relu une partie des vieux comics, et quand tu travailles sur un personnage comme celui ci, quand tu as une nouvelle vision de quelque chose qui a été adoré par une communauté de gens pour ce que c'était, tu marches sur des œufs. Parce que tu ne veux pas les aliéner, mais il faut aussi apporter quelque chose d'honnête et vrai qui corresponde à ta vision. En plus, on avait aussi juste l'envie de la remettre au goût du jour, comme elle vient des années 90, une partie de l'image était un peu dépassée, donc on a amené Phil dans le projet, et on a discuté du fait de lui donner... En fait, vous savez ce style un peu "conchita", ou plutôt vilaine nonne qu'elle avait, je n'y suis pas opposée sur le principe, mais pourquoi ? Ça n'avait aucun sens, il n'y avait pas de projet ou de sous-message quel qu'il soit.

• Et c'est quelque chose que vous combattez. C'est une partie de votre lutte pour le féminisme d'écrire de vraies femmes au sein de vraies histoires pour de vrais lecteurs, et pas juste pour les polémistes de Twitter.

Oui, juste un peu de dignité.

Phil a fait un boulot incroyable, et on a trouvé un moyen dans l'histoire pour que son costume, même redesigné, ait un sens dans la BD, parce qu'on ne voulait pas juste lui donner du sens, on voulait aussi le refaire, avec des échos au look de la première série. J'étais également très intéressée par une journaliste russe, je suis sûre que je vais mal prononcer son nom, mais je crois que c'est [Ndt : Anna] Politkovskaïa, et c'était une journaliste russe très critique du gouvernement, qui a été assassinée le jour de l'anniversaire de Poutine, et il y a beaucoup de spéculation, et ceux qui l'ont tuée, on les a arrêtés, mais ceux qui les ont engagé, on ne sait toujours pas qui ils sont. Bref, c'était une femme très brave, qui a fait un travail très important et qui est morte pour ça, et je voulais y faire écho dans le personnage de Ghost. Vous savez, elle a des super-pouvoirs et tout ça, mais je voulais que le courage soit son principal pouvoir, je voulais que ce soit à propos de sa dévotion sans relâche à la recherche de la vérité.

• Et c'est pour ça que j'étais un peu triste que ça se finisse si rapidement. Je pense que c'est une très bonne héroïne, dont on comprend facilement les motivations sans se perdre dans des dialogues inutiles, et pourtant j'ai trouvé la fin de l'histoire pour le moins abrupte, alors que les premiers chapitres sont plutôt très bons. 

Oui. Tu sais, je pensais que c'est ce qu'ils voulaient... Ca a été très difficile de déterminer ce qu'ils voulaient que le livre soit, qui ils voulaient mettre en avant etc., et nous on voulait écrire à propos du journalisme, et utiliser ce genre de super-héros un peu marqué. 
En fait je crois qu'une partie de ça vient du fait qu'ils voulaient un comic-book vraiment super-héroïque. et moi je voulais plus partir sur les aspects du journalisme et de l'horreur, et ils ont aussi essayé de ramener l'univers partagé des héros Dark Horse, et ce qu'on avait créé et qu'on façonnait, ils voulaient vraiment l'ajouter à une équipe, donc j'ai dit " Ok, c'est pas mon truc, faites-en ce que vous voulez désormais", et je suis restée dessus, au moins pour un autre numéro, un nouveau numéro 1, avec Chris Sebella qui a repris le projet. Chris qui est pourtant un gros fan d'horreur et est allé dans cette direction, et la nouvelle série est vraiment marrante, ce n'est juste pas le même but que ce que nous avions essayé de développer. 
Mais je dirais que mon préféré est, et je ne sais pas si Glénat a ça, ou même si ça a été imprimé, on devrait partir à sa recherche *rires*. C'était mon dernier Ghost, c'était un one-shot, le numéro 3 de la nouvelle série je crois, et il y a une histoire contemporaine et une histoire passée, en flashback, à propos d'Alyssa avant qu'elle ait ses pouvoirs, quand elle est une enfant et qu'elle et une amie découvrent un corps, et c'est vraiment mon préféré, parce que c'est un one-shot, auto-suffisant, dans lequel on découvre, dans cette petite fille, le courage qui fera de l'Alyssa adulte ce qu'elle est.

En tout cas j'adore ce one-shot, qui n'est d'ailleurs pas de Phil Nodo, mais je suis un peu embarrassée parce que je ne me souviens pas du nom de l'artiste (NDT : Ryan Sook). Mais j'ai une page de l'original ! C'est un des meilleurs numéros que j'ai jamais écrit. J'adore aussi mon Dr Octopus, il est super malsain *rires*.


 
• J'ai aussi noté que vous preniez la défense des journalistes décents, ceux qui suivent un artiste plutôt qu'un personnage, et c'est quelque chose qui m'a touché quand j'ai lu Ghost, parce que ça amène quelque chose comme ça dans l'histoire, et c'est rare. Les artistes et les journalistes sont par essence les compagnons des lecteurs qui veulent échapper à la routine.

Oui mais je ne veux pas dire à qui que ce soit quoi aimer, et je ne crois pas que je sois très à l'aise en grand roi, à dire " Ça c'est bon, ça non ".

"Allez-vous faire foutre, c'est notre terrain de jeu".


Non je ne parle pas de porter un jugement à l'art, je parle d'aider les gens qui veulent partager et débattre à propos d'art, je ne veux pas être cet archétype aux goûts indé' qui décide de manière péremptoire de qui est bon ou mauvais. D'ailleurs, il reste quelques bonnes séries chez les éditeurs les plus mainstream aujourd'hui.

*rires*

En ce moment je suis un peu obsédée par Steven Sondheim, et je viens juste de regarder un documentaire appelé "Six by Sondheim", j'ai pris des notes pendant que je regardais, c'est du journalisme culturel si on veut, et c'était une approche très profonde de six de ses chansons, et de sa philosophie de création artistique, et j'ai trouvé beaucoup de parallèles entre la manière donc il décrit l'écriture d'une chanson, et l'écriture du comics, il se distingue des poètes, vous savez, un lecteur de poésie contrôle le rythme, comme un lecteur de comics en fait, qui peut revenir en arrière et re-regarder. Dans une chanson, on ne peut pas faire ça, on ne contrôle pas le rythme, donc la clarté est primordiale, et il raconte aussi qu'il y a beaucoup de choses pour eux, écouter le monde, voir "la mise en scène et les costumes" de notre monde, et il y a tant à recevoir en même temps. Donc de la clarté, clarté, clarté !
Et je trouve que cette partie est vraiment en lien avec les comics, parce que le lecteur lit les mots, mais regarde aussi la police d'écriture, et la manière dont le monde change ta manière de les consommer. Même si le lecteur contrôle toujours le rythme, je trouve qu'il y a un parallèle à faire. Et ça m'a fait réfléchir, parce dans Pretty Deadly en particulier, on a en quelque sorte fait un doigt d'honneur à la clarté, et je pense que c'était... En fait je ne regrette pas, je pense qu'à un certain degré tu écris le bouquin comme il a envie d'être écrit, , et je reste fière de ça, mais là seule chose que je changerais, si je pouvais, c'est la fin qui est un peu précipitée je trouve, mais ce n'est que moi, c'est juste un souci de rythme. Mais du reste je ne changerais rien. Même si je le pouvais, je n'essaierai pas de le rendre plus passionnant. Mais en même temps que je me développe, je réagis à de nouvelles choses, et pour Pretty Deadly, je réagissais au fait qu'on me demande de tout expliquer, comme si le lecteur était un abruti. Donc ma réaction à "Il faut tout expliquer" a été " Je ne vais rien expliquer". Et c'est là qu'on se retrouve tous les deux dans le "Allez-vous faire foutre, c'est notre terrain de jeu".

C'est aussi toute la puissance d'Image Comics, qui offre une vraie révolution.

Oui, c'est vraiment un rouleau compresseur.

En tout cas l'histoire de Sondheim affecte mes points de vues, et je me retrouve à penser que je peux équilibrer les deux, que je peux avoir cet espèce de bravade artistique du premier Pretty Deadly, et dans le même temps je veux cultiver cette simplicité belle qu'a Sondheim, pas prétentieuse, et incroyablement vraie, et je ne sais pas... Ce ne sera pas à moi de juger si c'est réussi ou pas, ce sera aux journalistes, parce que ça ne change rien d'avoir juste essayé pendant la production, et j'ai eu la chance d'avoir un partenaire incroyable sur ce bouquin, Emma Rios. Je trouve qu'elle est tellement bonne que j'oublie parfois qu'elle se développe elle aussi, et ces nouvelles pages arrivent et je suis là, abasourdie, je ne pensais même pas qu'elle pouvait devenir meilleure, mais elle l'est... Par exemple dans toute l'histoire du jardin, elle a juste décidé d'évoluer au delà du stade des cases et les pages sont incroyables, une vignette te porte à l'autre, et elle travaille avec cette idée de développement organique, donc dans le monde, il y a des boîtes, des cases, des structures, mais dans le jardin, c'est serpentin en un sens, et c'est réellement extraordinaire, et maintenant mon but est d'être capable d'apporter une clarté à la narration qu'on n'avait pas dans le premier volume, sans pour autant lui enlever sa magie.

"Mais il y à quoi d'autre à part du féminisme dans le bouquin ?


On va parler de Bitch Planet, et ça sort chez Glenat l'année prochaine je crois...

Bientôt ! Très bientôt je crois.

• Si proche ? Je suis pas sûr, on en parlait hier et...

Tu sais quoi, je crois que je confonds l'Italie avec la France, là bas c'est bientôt, mais ici je ne sais pas.

• Oui, chez nous c'est un peu plus tard en 2016.

Oui tu as raison !



• Bitch Planet est un très gros morceau. Pour moi, c'est un livre utile pour l'état du féminisme dans les comics, aux US, dans la culture actuelle, bourré de niveaux de lectures, une super histoire de genre, avec des femmes plus vraies que nature et incroyablement fortes, un Orange is the new black dans l'espace

Tu sais je reçois beaucoup de mails, beaucoup de lettres à propos de Bitch Planet, et beaucoup d'entre eux sont merveilleux, et certains sont vraiment géniaux, d'autres pas tellement ! J'ai des lettres d'hommes qui m'expliquent que le féminisme est mauvais pour les femmes, et  - j'adore quand un homme m'explique quelque chose ! Surtout à propos du fait d'être une femme, quels experts - une de mes lettres préférées était d'un gars qui nous disait qu'il avait vraiment aimé, à part pour la partie féministe, et je me suis dit " Mais il y à quoi d'autre à part du féminisme dans le bouquin ?" *Rires* Qu'est ce qu'il lisait, les interstices ? 

Peut-être qu'il aimait voir des femmes du quotidien se mettre sur la gueule ! Un fantasme tordu, peut-être.

Je ne sais pas *rires*, mais c'était génial, l'esprit est une drogue puissante. Avec Bitch Planet, je voulais avant toute chose faire un bouquin avec Val (Valentine de Landro). Je l'ai rencontrée à Toronto, et autant maintenant, j'ai un nom, un profil, je peux avoir une certaine quantité de respect professionnel, autant à l'époque personne ne me connaissait. Et c'est normal, il n'y avait aucune raison qu'on me connaisse. Mais Val n'a fait aucune supposition à propos de moi, il n'a pas cherché à travers moi quelqu'un de plus important, il s'est levé, m'a montré son portfolio, et m'a dit "Hey, on pourrait être collègues". Et il m'a juste donné ce respect, et j'ai été d'abord touché par son côté gentleman et professionnel, et j'ai regardé son Portfolio, et j'étais là " Oh mon dieu ", j'adore son travail, j'adore ses utilisations des espaces négatifs, et j'adore son acting, et donc c'est juste parti de là, faisons quelque chose. Et on a parlé pendant un moment, on a essayé de créer quelque chose, puis, on a fait, en quelque sorte, quelques runs d'entrainement, on a fait un petit truc pour Dynamite aussi, Red Sonya, et on a fait un petit Superman, dont je suis assez fière. Mais on a fait quelques petites histoires, et on a continué a essayer de faire quelque chose pour Marvel, mais ça n'a jamais fonctionné, et finalement on s'est retrouvé pour faire quelque chose, et à ce moment Pretty Deadly avait mieux fonctionné que prévu, et Image voulait savoir ce qui venait après, donc j'ai envoyé des projets à Val, et il y avait celui-ci, qui était gladiateur, avec une prison féminine dans l'espace, appelé Bitch Planet, et il m'a répondu en me disant qu'il aimait bien tel ou tel projet, mais que ce qu'il ADORAIT vraiment, c'était Bitch Planet ! Je lui ai donc répondu que c'était parti pour Bitch Planet, et à ce moment là j'étais en plus frustrée de la manière dont on m'accusait de pousser mon propre agenda dans Captain Marvel. Carol Danvers c'est un personnage ouvertement féministe depuis au moins 1997, si ce n'est pas depuis 1967, quand elle est apparue pour la première fois et dans un rôle loin d'être traditionnel pour une femme, en tant qu'experte de la sécurité. Et à l'époque j'avais 7 ans, donc je n'y peux rien. Tout ce que j'ai fait, mon travail, a été de revenir aux origines du personnage et ramener ça à quelque chose de contemporain. Et avec n'importe lequel de ces personnages iconiques de Marvel ou DC, quand tu travailles presque avec une figure grecque, mythologique du héros, tu dois savoir quels sont leurs pouvoirs, et leurs blessures, l'essence ce qui les a fait rester dans notre histoire. Il y a des héros qui sortent tous les jours, mais ne tiennent pas, parce qu'ils n'ont pas cette relation entre leurs dons et leurs blessures. Et j'ai simplement essayé de comprendre qu'elle était cette relation pour Carol, et si on revient à l'ancienne série, la blessure, c'est son père. L'univers Marvel est rempli de daddy issues, tous les gros personnages, Thor, Iron Man, etc. C'est prépondérant. Et chez DC aussi, avec Superman par exemple.

Et Carol n'est pas différente, son père était un chef de chantier, il a eu trois enfants, deux garçons et une fille, et il n'a pas payé l'école de Carole, parce qu'il s'est juste dit qu'elle finirait par se marier, et que c'était plus important d'éduquer ses fils. Et c'est pour cela qu'elle s'est engagée dans l'Air Force, et c'est sa blessure, comme si elle essayait tout le temps de prouver à son père qu'elle a de la valeur.

• Ce qu'on fait tous, non ?

Oui, et même pour revenir à Sondheim, ses parents étaient absents ou abusifs, et Oscar Hammerstein était sa figure paternelle. Et dans le reportage on lui demande ce qu'il lui dirait s'il pouvait invoquer Hammerstein maintenant, et il a répondu " Tu es fier de moi ?". Tu vois, c'est un des types qui a le plus de succès dans le théâtre moderne, si ce n'est pas le meilleur, et il recherche quand même l’approbation du père. Donc c'est ce que j'ai essayé de faire avec Carol, mais bon... "Mon dieu on l'a mise en pantalon !".

• C'est aussi le problème avec Internet. Quand on voit que les gens sont capables de boycotter un héros noir pour Star Wars, qu'est-ce qui se passera quand ils vont se rendre compte que l'affiche est en réalité partagée, avec une héroïne ! 

Moi je suis pressée ! *Rires*

Oui, c'est tellement fatigant, toute cette énergie et tout ce temps qu'on pourrait mettre ailleurs. Merci beaucoup Kelly Sue, c'était fort enrichissant !

Merci à vous, et à bientôt !

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Bonus-Track : Les plus assidus et connectés d'entre vous sauront que l'interview de Matt Fraction (plus courte, mais réalisée en vidéo cette fois) est d'ores et déjà disponible par ici, mais nous vous proposerons une version sous-titrée et retranscrite dès la fin de semaine, en même temps que Republ33k vous livrera sa critique de l'excellent ODY-C, autre bombe indé concoctée par l'auteur de Hawkeye chez Image Comics
Sullivan
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