Home Brèves News Reviews Previews Dossiers Podcasts Interviews WebTV chroniques
ConnexionInscription
Un regard sur les indés #9 : Bitch Planet

Un regard sur les indés #9 : Bitch Planet

chronique
Plus que lassée d'être parfois vue dans l'ombre de son génie de mari Matt Fraction, Kelly Sue DeConnick a eu la patience de bâtir une solide carrière au fil des années qui, comme beaucoup de ses collègues hommes et femmes, explose aujourd'hui littéralement chez Image Comics, avec des petits bijoux sortis tout droit des tripes de leurs parents. Parmi ces merveilles, on compte évidemment Descender, Black Science, Sex Criminals, la totalité des titres de cette rubrique et une bonne vingtaine de joyaux encore, que l'on s'évertue de vous faire découvrir au fil des mois.

Parmi ces merveilles se trouve aussi Bitch Planet, dernier bébé en date d'une artiste qui a de la voix, et de la suite dans les idées. 
 
 

• BITCH PLANET •

 

FICHE TECHNIQUE

Éditeur : Image Comics
Premier numéro : Décembre 2014
Nombre de numéros parus : 5
Genre : Science-Fiction d'Exploitation Féministe
 
 
Avant d'être un modèle d'exploitation en BD d'un genre particulièrement riche (celui des films de femmes en prison), Bitch Planet est avant toute chose la rencontre entre un jeune dessinateur black ultra prometteur, Valentine De Landro, et d'une scénariste qui n'en finit plus de progresser de gravir les échelons, Kelly Sue DeConnick. Vecteur de leurs luttes communes, le féminisme et la reconnaissance des minorités ethniques, Bitch Planet nous envoie dans une réalité dystopique où les femmes "non-compliants" (comprenez celle qui sont non conformes parce qu'elle ne plient pas face au patriarcat et/ou qu'elles ont commis un crime, voire même que leur physique ne convient pas à la société) sont envoyées sur une planète-prison, loin de la bien-pensance de Terriens puants et abrutis par le vide abyssal de leur divertissement.
 
Et plutôt que de faire dans le drame à l'ambiance pesante, DeConnick choisit d'entrée d'ancrer son titre dans la plus pure tradition du cinéma d'exploitation, entre ultra-violence et punchlines bien senties, au détour d'un discours qui ne l'est pas moins. Ouvertement loquace en matière de droits des femmes, le titre n'offre que peu de détours à sa réflexion, elle qui vient tacler tour à tour la religion et son héritage pesant sur le droit des femmes à mesure que les sociétés prétendent progresser.
 
 
Hyper attachants, les personnages ne sont pas sans nous rappeler une version Grindhouse des héroïnes toutes aussi brillantes d'Orange is the New Black, série phare de Netflix qui semble avoir été le déclic de ce petit bijou de Comics aujourd'hui. 

Ainsi, nous suivrons entre autres l'histoire de Penny Role, personnage obèse qui progressera à mesure de l'intrigue pour finalement se laisser découvrir, et se découvrir elle-même. À priori menées par des hommes et des intérêts qui les dépassent, les héroïnes sauront se réunir autour de Kam et se regrouper pour mieux triompher des envies perverses de leurs détenteurs, tels qu'une opposition sportive ultra-violente face à une équipe masculine, un évènement qui constitue la totalité de ce premier TPB. C'est d'ailleurs dans son rythme que l'on trouve une vraie qualité à Bitch Planet, qui semble écrit comme une série TV totalement déjantée, présentée ici dans un format qui lui sied terriblement bien et sans la moindre contrainte de budget. Nul doute qu'avec un producteur ultra-courageux en plus d'être riche, Bitch Planet pourrait être un bel ovni télévisuel. Et quand on sait que le couple Fraction / DeConnick possède sa propre société de production pour les besoins de Sex Criminals, on se prend en droit de rêver. 
 
Enfin, comment ne pas parler du talent de Valentine De Landro, dessinateur Canadien déjà connu du circuit mais qui explose absolument aujourd'hui ? Proche d'un David Aja dans son approche du découpage et de la narration, il semble surtout hyper à l'aise avec l'esthétique du cinéma d'exploitation et ses personnages bigger than life, entre beauferie à moustache et coiffures afro qui prolongent les silhouettes déjà fabuleuses de ses héroïnes. Tout n'est pas aussi fin qu'avec son collègue espagnol mais voilà un auteur, un de plus, à suivre très attentivement dans les années à venir ! 
 
 
Aussi engagé que ses deux géniteurs, Bitch Planet est la cristallisation de plusieurs combats dont on ne se lasse pas tant (qu')ils sont bien menés, en plus d'être une belle démonstration d'exploitation et de réflexion sur l'amitié et l'union. Un immanquable plus sur votre pile à indé', qui risque de bientôt déborder. 
C'est dispo' pour 10$ tout rond chez Image Comics en VO, et ça sort l'année prochaine (pour un peu plus cher) chez Glénat Comics, où le titre devrait rayonner tout là-haut à côté de Sex Criminals. 

Galerie

Sullivan
est sur twitter
à lire également
Commentaires (2)
Vous devez être connecté pour participer