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Venom : les visages des Comics

Venom : les visages des Comics

DossierMarvel

A l’occasion de la sortie de la nouvelle série régulière Venom, Comicsblog a décidé de vous proposer une rétrospective de la carrière de ce personnage très populaire (il fut 22ème du top 100 des meilleurs vilains de comics d’IGN, 33ème du classement des 50 meilleurs personnages de comics de tous les temps selon Empire et 98ème sur 200 dans une liste similaire selon Wizard). De vilain à anti-héros, de star à second couteau, cet ennemi de Spider-Man a connu bien des évolutions qui ont cependant toutes un point commun : Venom a toujours été l’incarnation des tendances dominantes de l’industrie du comics. Alors attachez vos ceintures et préparez vous à un petit voyage dans le temps. Tout commence en 1988…

1988-1993 : A star is born

Créé par le scénariste David Michelinie (Iron Man, Amazing Spider-Man) et le dessinateur Todd McFarlane (Spawn), Venom est le résultat de deux éléments a priori sans rapport.

Le premier est le costume noir de Spider-Man, apparu à l’occasion du crossover Secret War. Le tisseur avait par la suite découvert que ce « costume » était en réalité un symbiote extra-terrestre qui cherchait à fusionner avec lui. Il s’en était débarrassé avec l’aide des Fantastic Four. Mais la créature, ne supportant pas d’être ainsi rejetée, s’était échappée et l’avait attaqué à nouveau. Il avait fini par la vaincre grâce au bruit des cloches d’une église (le symbiote étant vulnérable au son).

Le second élément intervenant dans la création de Venom est Eddie Brock, journaliste au Daily Globe qui apparaît à l’occasion dans les séries Spider-Man. A l’occasion du célèbre story arc « The Death Of Jean Dewolff » écrit par Peter David (Hulk), Brock pense avoir touché le gros lot en obtenant les confidences du tueur en série Sin Eater. Malheureusement pour lui, il s’avèrera qu’il s’était fait berner par un menteur compulsif quand Spider-Man démasquera le véritable Sin Eater. Discrédité, Brock sombrera dans la dépression et vouera une haine irrationnelle au tisseur qu’il considère comme responsable de tous ses maux. Il finira par se résoudre au suicide. C’est à cette occasion, alors qu’il allait prier pour le salut de son âme (la religion aura toujours un rôle important chez Brock par la suite), qu’il tombe sur le symbiote.

Les deux êtres, unis par leur haine de Spider-Man, fusionnent et donnent naissance à Venom. Le vilain apparaîtra comme une main menaçante dans Amazing Spider-Man #298, puis à la dernière page d’Amazing #299. Il sera l’adversaire de Spidey pour le numéro 300. Le succès est immédiat. Il s’explique probablement par le fait que le personnage de Venom est construit selon une recette redoutablement efficace : il est le pendant obscur du héros, doté de pouvoirs similaires mais tourné vers le mal. Cette formule a donné naissance à bien des rivalités mémorables telles que celles opposant Wolverine à Sabertooth, Flash au Professor Zoom ou encore Sherlock Holmes au professeur Moriarty pour sortir du petit monde des comics. Là où la tragédie vécue par Peter Parker (la mort de son oncle) l’a poussé à agir par altruisme, celle vécue par Brock le lance sur le chemin de la vengeance, motivation égoïste. Qui plus est, grâce au symbiote, Brock apprend la véritable identité du tisseur. Il peut donc s’attaquer à ses proches, ce qu’aucun vilain n’avait fait depuis le Green Goblin (qui avait tué Gwen Stacy, le grand amour de Peter Parker). Plus fort que lui, connaissant ses secrets, n’hésitant pas à tuer, Venom est l’incarnation du pire cauchemar de Spider-Man. Il représente aussi la tendance « grim and gritty », consistant à raconter des histoires très sombres, qui est en vogue à la fin des années 80 après le succès colossal d’œuvres telles que Watchmen (Alan Moore) ou The Dark Knight Returns (Frank Miller).

Mais le succès de Venom est aussi au moins autant dû à son excellent design par McFarlane, artiste déjà superstar. D’ailleurs, même si une controverse opposa McFarlane et Michelinie à propos de la paternité du personnage (le dessinateur revendiqua le statut de co-créateur à part entière et pas de seul designer), le scénariste ne nia jamais le rôle de McFarlane dans la popularité du vilain. On peut voir là un épisode de la guéguerre qui opposa scénaristes et dessinateurs pour déterminer lesquels avaient un rôle prépondérant dans l’industrie du comics. Dernier détail amusant sur le sujet, la langue baveuse et protubérante de Venom, devenue un élément essentiel de son look, n’a pas été imaginée par McFarlane (qui ne dessina d’ailleurs Venom que dans une seule autre histoire après Amazing #300), mais par son successeur aux dessins de la série : Erik Larsen (Savage Dragon).

Venom, fort de sa popularité, devient donc un adversaire récurent de Spider-Man et l’affronte environ une fois par an. Il a même droit à son dérivé en la personne de Carnage, union du rejeton du symbiote (qui se reproduit de manière asexuée) et du psychopathe Cletus Kasady, voisin de cellule de Brock. Si Venom est le pendant sombre de Spider-Man, alors Carnage est celui de Venom, se délectant de la mort d’innocents et n’ayant d’autre motivation que de semer le chaos. Tant et si bien que Venom et le tisseur devront s’allier pour le vaincre. Il convient de signaler que s’il est aujourd’hui presque universellement vilipendé, Carnage fut à l’époque de sa création et dans les années qui suivirent un méchant très populaire.

L’irrésistible ascension de Venom a donc commencé et elle ne s’arrêtera pas là. Le personnage  franchira un cap en 1993.

1993-1997 : Grandeur et décadence

A l’occasion du énième affrontement entre Spidey et Venom on découvre, dans Amazing Spider-Man #375, un personnage qui jouera un rôle majeur dans la vie du vilain pour les années à venir : Ann Weying, l’ex-femme d’Eddie Brock. Lorsque ce dernier voit Spider-Man risquer sa vie pour la sauver, il prend conscience que son ennemi juré n’est peut-être pas le monstre qu’il imaginait (Venom a toujours jusque là vu le tisseur comme un être mauvais qui avait détruit la vie des innocents qu’étaient Brock et le symbiote). Ce revirement et la trêve entre les deux ennemis qui en résulta sont surtout la ficelle scénaristique qui permettra de lancer la première mini-série solo de Venom, « Lethal Protector », écrite par son « papa » David Michelinie et dessinée par Mark Bagley (Ultimate Spider-Man).

Exilé à San Francisco, Venom passe du statut de super-vilain à celui d’anti-héros qui décide de protéger les innocents par tous les moyens, quitte à recourir à la violence et au meurtre, pour leur éviter un destin aussi sinistre que celui qui fut le sien. Encore une fois le succès est au rendez-vous et d’autres mini-séries suivront sans interruption jusqu’en 1997 (même Janvier 1998 pour être tout à fait exact). Venom se retrouve donc de facto avec sa propre série régulière. Au même moment la folie des symbiotes fait rage dans les titres Spider-Man, ainsi qu’en témoigne le méga crossover « Maximum Carnage » qui oppose encore une fois la trinité Venom/Spidey/Carnage.

Durant les quatre ans que durera sa « série », Venom croisera le chemin d’autres héros sombres tels que le Punisher, Wolverine ou Ghost Rider. Il affrontera des adversaires tantôt déjà connus (Juggernaut, Hobgoblin…) tantôt inédits (The Jury, Mace,…). Ann Weying refera plusieurs apparitions (Sinner takes all, Along came a spider…) et on en apprendra plus sur le symbiote (Planet of the symbiotes). En parallèle Venom aura l’honneur (douteux) d’être le premier adversaire de Scarlet Spider, le clone de Spidey. Le personnage d’Eddie Brock sera lui aussi un peu plus creusé (notamment sa relation avec son père, évoquée dès « Lethal Protector ») mais ce qui le caractérisera le plus seront ses hésitations périodiques quant à son rôle de Venom. Ainsi Eddie et le symbiote se sépareront et se remettront ensemble à de nombreuses reprises, parfois par choix, parfois contraints et forcés, tel un couple dysfonctionnel (Separation anxiety, Planet of the symbiotes, The hunger). Cette relation quasi-amoureuse qu’entretient le symbiote avec Brock est parfaitement dans le prolongement de celle qu’il avait avec son hôte précédent, Spider-Man. D’ailleurs la haine qu’il éprouve envers le tisseur est due au fait que ce dernier l’a rejeté et cette peur du rejet sera un thème récurrent chez Venom.

Ainsi les années 90 marquent incontestablement l’apogée de la carrière de Venom. Le personnage est partout : dans les publicités de Marvel, les jeux vidéos, au générique de la série TV Spider-Man (alors qu’il n’y fera que deux apparitions), et même dans les rayons des magasins de jouets). Mais elles verront aussi sa chute.

Venom incarne parfaitement le super-héros type de l’époque. Il bénéficie d’un look à toute épreuve, il est violent et torturé, revendique sa part de noirceur et tue même à l’occasion, mais au fond il reste un agneau obsédé par le fait de protéger les innocents, bien loin des authentiques salopards dont nous gratifieront les années 2000 (Norman Osborn en tête). Il est finalement plus Dirty Harry qu’Hannibal Lecter. Cependant il incarnera aussi certaines des pires dérives de l’industrie du comics, à commencer par la folie des spin-offs. Carnage avait été le signe annonciateur, mais ce sera pire par la suite. Dès « Lethal Protector » on assiste à l’apparition de cinq nouveaux symbiotes portés par des hommes et des femmes (Scream, Lasher, Phage, Riot et Agony). Scream reviendra à plusieurs reprises, finissant par tuer ses quatre congénères. Cependant ceux-ci fusionneront pour donner Hybrid (Scott Washington, à ne pas confondre avec le méchant de ROM). Même Ann Weying sera amenée à revêtir le symbiote de Brock, devenant « The Bride Of Venom ». Sic.

Cette surexploitation du concept du symbiote, combinée à une surexposition de Venom, devenu une véritable vache à lait, à la crise de l’industrie du comics et à une certaine lassitude du public pour les anti-héros modèle années 90 finiront par avoir raison du personnage qui disparaîtra des pages des publications Marvel pour plusieurs années.

1998-2003 : La traversée du désert

Durant cette période Venom ne fera qu’une série d’apparitions en fin 1999-début 2000 dans les séries Spider-Man, rebootés (et oui déjà…) peu de temps auparavant par Howard Mackie et John Byrne. Redevenu un méchant, ayant oublié l’identité secrète de Spidey et ne se rappelant que sa haine, il rejoindra les Sinister Six avant de se retourner contre eux, tuant apparemment Electro (il s’en est remis) et blessant le Sandman. Cette tentative de come-back tombera à plat, la faute à des scenarii médiocres et on n’en retiendra finalement guère que le suicide d’Ann Weying qui achève de solder le bagage hérité du milieu des années 90.

            Encore une fois (et pour le coup bien involontairement) Venom incarne bien la tendance générale chez Marvel et plus globalement dans l’industrie du comics. Après le boom des années 90, la crise s’installe (entre 1996 et 1998, l’éditeur aura recours à la chapter 11 bankruptcy protection, une loi pour protéger les entreprises en banqueroute) et les ventes s’effondrent. De plus un basculement commence à s’opérer dans l’équilibre des pouvoirs entre les artistes, rois jusque là (ainsi qu’en témoigna le succès d’Image) et les scénaristes qui recommencent à être perçus comme essentiels à la réussite d’un titre (voir Marvel Knights et le succès de Daredevil attribué en grande partie au scénariste Kevin Smith, qui récidivera chez DC avec son relaunch de Green Arrow, ou encore le succès d’America’s Best Comics sur le nom d’Alan Moore).

            Pris dans ce tourbillon Venom est lui aussi en crise malgré une popularité toujours relativement élevée, et s’efforce de réussir sa transition entre ce qu’il était du temps de sa grandeur et ce qu’il doit devenir pour survivre à la fin de l’ère qui l’a vu naître. Après le raté susmentionné, il faudra attendre 2003 pour le voir finalement revenir sur le devant de la scène.

2003-2010 : A la recherche de la formule magique

Comme 1993, 2003 sera une année charnière pour Venom puisqu’elle sera celle de son véritable retour. Mais échaudé par l’échec de la tentative précédente, Marvel décidera de ne pas se contenter d’un retour aux sources mais plutôt d’essayer de réinventer le personnage. C’est donc à une triple dose de Venom qu’on aura droit.

D’abord dans Ultimate Spider-Man sous la houlette de Brian Michael Bendis (Daredevil) et d’un Mark Bagley au départ dubitatif (il confiera à Wizard qu’à l’époque il était lassé de Venom et des symbiotes en général après avoir passé la décennie précédente à les dessiner). Le scénariste réimagine le concept du symbiote, évacuant le côté extra-terrestre au profit d’une explication pseudo scientifique : le symbiote devait permettre de combattre le cancer et surtout résulte des expériences des pères de Peter Parker et d’Eddie Brock. De même la relation Peter/Eddie est repensée. Ceux-ci sont présentés comme des amis d’enfance. Cette dernière idée sera d’ailleurs reprise dans la série animée de 2008.

Le Venom de l’univers Marvel classique reviendra lui aussi dans le premier story arc de la série « The Spectacular Spider-Man » de Paul Jenkins (The Sentry, Inhumans) et Humberto Ramos (Crimson, X-Men). La relation entre Brock et le symbiote y est redéfinie comme abusive. Le symbiote avait en fait besoin d’adrénaline pour survivre et exploitait un Eddie dont on découvre qu’il avait un cancer (et ce depuis avant même sa première apparition) qui sécrétait la-dite substance. Rejeté par le tisseur dont le sixième sens fonctionne lui aussi à l’adrénaline, la créature s’est rabattue sur Brock. Mais son cancer étant en phase terminale, elle préfère l’abandonner et tenter de se lier à nouveau à Spider-Man. Cette réinterprétation contredit l’idée  jusque là admise d’un réel partenariat entre le symbiote et son hôte et surtout fait table rase de la relation quasi amoureuse entre les deux « parties » de Venom, pourtant largement établie dans les années 90. Finalement Eddie et le symbiote sont réunis contre leur gré par Spider-Man pour sauver la vie du malade.

Enfin 2003 marque aussi le début d’une nouvelle  série régulière Venom (techniquement la première) dans le cadre de la ligne Tsunami sensée séduire les lecteurs de manga. La série écrite par Daniel Way (Wolverine : Origins) est construite sur le modèle d’un film d’horreur, avec un symbiote qui possède et tue ses victimes dans une base secrète en Alaska. Au départ Eddie Brock n’apparaît pas (le nouvel hôte récurrent est une femme nommée Patrica Robertson créée pour la série) et on apprendra plus tard que le symbiote qu’on y voit est un clone qui finira par être réabsorbé par l’original lui conférant un physique encore plus imposant.

Aucune de ces trois tentatives ne convainc totalement. Ultimate Venom ne marque pas les esprits à cause d’un final décevant. Le personnage ne reviendra d’ailleurs qu’une fois, malgré une apparition (et un rôle de co-star) dans le jeu vidéo Ultimate Spider-Man sur Playstation 2. A noter que la trame scénaristique du jeu était sensée s’intégrer dans la continuité du comics, mais à en juger par la seconde apparition d’Ultimate Venom, l’idée a par la suite été abandonnée.

La série solo Venom sera un bide. Elle ne durera que 18 numéros et encore seulement grâce aux très bonnes ventes du numéro 1, qui montrent que ses diverses avanies n’ont pas (plus) entamé la popularité du personnage.

L’histoire de Jenkins sera finalement la mieux reçue et servira de tremplin à ce qui sera la renaissance de Venom. Après une mini-série « Venom vs Carnage » anecdotique en 2004 (on y assiste à la naissance du rejeton de Carnage, Toxin, qui se lie au policier Patrick Mulligan et devient un anti-héros qui aura sa propre mini un peu plus tard), le salut vient de Mark Millar (The Ultimates, Civil War). Dans la série Marvel Knights Spider-Man il fait de Mac Gargan, jusque là connu comme le Scorpion, le nouvel hôte du symbiote, avec un nouveau design par Terry Dodson (Uncanny X-Men). Cela après qu’un Brock repenti (et toujours mourant) ait vendu son alter ego aux enchères. Et surtout dans le crossover Civil War, Millar fait intégrer au nouveau Venom la dernière version des Thunderbolts (des criminels supervisés par le gouvernement chargés de traquer les héros refusant de s’enregistrer auprès des autorités).

Devenu un véritable monstre de film d’horreur, anthropophage et psychopathe, Venom s’épanouit dans la série « Thunderbolts » entre les mains expertes de Warren Ellis (Transmetropolitan, Planetary) et Mike Deodato (Amazing Spider-Man, Dark Avengers). Encore une fois son succès tient à sa capacité à s’inscrire dans la mouvance dominante de l’industrie du comics. En effet les années 2000 sont caractérisées par des histoires plus fouillées et profondes que durant la décennie précédente, mais aussi par un côté trash beaucoup plus prononcé et assumé. « The Authority » chez Wildstorm (d’ailleurs aussi créée par Warren Ellis) est assez emblématique de cette tendance et Thunderbolts fonctionne sur le même principe. Des personnages comme Norman Osborn ou Songbird fournissent l’épaisseur psychologique et scénaristique, Venom assure la provoc. Le succès durera autant que la série et se prolongera dans « Dark Avengers » de Bendis et toujours Deodato. Les Thunderbolts s’y font passer pour les Avengers dans le cadre de l’event « Dark Reign ». Venom y tiendra le rôle de Spider-Man. Belle ironie.

Le seul bémol à apporter à ce retour en grâce de Venom est qu’il n’est finalement qu’un personnage secondaire, élément essentiel de la série où il apparaît certes, mais pas la star qu’il était du temps de sa splendeur. D’ailleurs la mini série « Sinister Spider-Man », pour excellente et jouissive qu’elle fut, reste plus un bon gag qu’un tremplin pour une série régulière.

Comme pour confirmer qu’il est bien à nouveau sur le devant de la scène, à la même époque, Venom fait ses débuts au cinéma dans Spider-Man 3 de Sam Raimi. Le réalisateur opte pour une version on ne peut plus classique du vilain, prenant le contre-pied de ce qui se fait dans les comics au même moment. Le personnage est en effet très fidèle à sa version originale, jusqu’à l’origine extra-terrestre du symbiote. La seule nuance est que la haine de d’Eddie Brock est tournée contre Peter Parker plutôt que contre Spider-Man. Le film divisera les critiques, notamment à cause du scénario. On raconte que Sam Raimi ne voulait pas de Venom dans le film mais seulement  du Sandman. Le réalisateur confirmera d’ailleurs à moitié cette idée, avouant qu’il ne portait pas Venom dans son cœur au départ, mais ajoutant qu’il voulait satisfaire les fans qui le réclamaient et même qu’il a appris à l’apprécier. Le succès commercial sera, lui, au rendez-vous.

De son côté, Eddie Brock a par contre eu moins de chance que son alter ego. D’abord rendu fou par sa maladie, il essaie de tuer la tante de Spider-man, puis de se suicider (encore) avant de s’amender derechef. Ensuite son cancer est guéri par Martin Li (alter ego bienveillant du vilain Mister Negative) dans le story arc « New ways to die » (Amazing Spider-Man #568-573) et il devient Anti-Venom à cause des effets secondaires du pouvoir de Li. Il affrontera le nouveau Venom et le vaincra presque. Si le story arc marche bien, la mini qui suit (« Anti-Venom new ways to live »), où Brock rejoue les justiciers et veut purifier le mal, ne convainc pas et Eddie est remis au placard. On peut donc conclure en disant que cette tentative de creuser et redéfinir le personnage se solde par un échec.

2011 : Un nouveau départ ?

            Finalement, suite aux évènements de la mini « Siege », les Dark Avengers d’Osborn sont vaincus et capturés. Mac Gargan est alors séparé du symbiote, lui-même récupéré par le gouvernement qui décide de l’utiliser pour des opérations noires. C’est à partir de ce postulat que Marvel décide de lancer sa nouvelle série régulière « Venom » par Rick Remender (Uncanny X-Force) et Tony Moore (The Walking Dead). C’est donc sur la vague des comics de super-héros ancrés dans le monde réel (façon « The Ultimates ») que ce Venom new look va a priori tenter de surfer, s’inscrivant à nouveau dans le cadre d’une des tendances dominantes de l’industrie du comics. Et pour essayer de faire en sorte que l’hôte du symbiote soit pour une fois plus qu’un simple portemanteau, c’est Flash Thompson qui a été choisi comme personnage principal de la série. Ce second rôle bien connu des fans de Spider-Man a, au fil des années, été développé par les auteurs successifs des aventures du tisseur et devrait avoir assez d’épaisseur psychologique pour être la star de la série. Reste à savoir si l’exécution suivra et surtout si les fans seront convaincus par ce virage radical opéré par le personnage de Venom. En effet cette nouvelle version n’a désormais guère plus que le nom de commun avec le vilain qui débuta en 1988.

Jeffzewanderer
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