Les conséquences (tardives) de l'effet de la crise sanitaire sur l'industrie des comics finissent par se ressentir. L'an dernier, à l'aune de la fermeture des entrepôts de Diamond Comics, Eric Stephenson, directeur éditorial d'Image Comics, annonçait le licenciement de quatre employés au sein de la compagnie. Une quantité de personnel en apparence pas si importante, mais l'entreprise repose depuis toujours sur une équipe restreinte : vingt-quatre salariés avant la crise du COVID-19, soit un sixième de la masse salariale mis à pied. Les employés restants ont ensuite dû traverser la pandémie en sous-effectifs, et décident aujourd'hui de se syndiquer pour faire valoir leurs droits.
Primordial
Dans une lettre ouverte adressée aux têtes pensantes de la compagnie, Ryan Brewer, Leanna Caunter, Marla Eizik, Drew Fitzgerald, Melissa Gifford, Chloe Ramos, Tricia Ramos, Jon Schlaffman et Erika Schnatz expriment le bienfondé de leur action, sous l'intitulé "Comic Book Workers United". L'équipe explique s'inspirer de la façon dont Todd McFarlane et les fondateurs d'Image Comics avaient eux même décidé de claquer la porte de Marvel en s'estimant floués sur leurs droits, et estiment appliquer un principe similaire en refusant de tendre la patte à des conditions de travail en perpétuelle dégradation.
"Pendant des années, nous autres employés de l'édition avons accompagné par nos efforts les créateurs dans le but de satisfaire le lectorat. Malheureusement, nous avons également remarqué que ce travail était aujourd'hui pris pour acquis, allant parfois même jusqu'à l'exploitation. Garder notre tête hors de l'eau était déjà une sorte de norme avant la pandémie, et depuis son arrivée il nous a été demandé de prendre des charges de travail encore plus importantes avec de moins en moins de ressources. Notre force de travail, et l'ensemble du milieu de l'édition en général, est surtaxé et sous-évalué.
Notre travail est indispensable à l'industrie du comics. Il nécessite des tâches spécialisées, un engagement qui permet à l'édition de qualité d'exister. Nous aimons notre travail. Mais aimer son travail ne veut pas dire s'empêcher ou s'interdire des améliorations dans nos conditions d'emploi. C'est dans cette optique, et avec les meilleurs espoirs pour l'avenir d'Image Comics et pour l'ensemble de l'industrie des comics que nous annonçons notre intention de former un syndicat et espérons une reconnaissance volontaire de notre statut."
Relativement étrangère à l'idée des associations de travailleurs, l'industrie des comics risque bien d'avoir à faire face à d'autres mouvements du même genre si l'initiative
Comic Book Workers United devait faire tâche d'huile dans les entreprises environnantes. Pour rappel, les salariés de
DC Comics auront également dû faire
à plusieurs vagues de licenciements massives ces dernières années, pour beaucoup de postes qui n'auront pas été pourvus après les fameuses charrettes de mise à pied. Reste à attendre une première réponse des dirigeants d'
Image Comics, en espérant que le dialogue soit possible.