Dans le monde des comics, la couverture variante introduite en 1986 sur le Man of Steel de John Byrne est désormais largement implantée dans l'industrie, ce de façon quasi systématique sur les single issues en VO, un peu moins sur les albums reliés. Le principe s'est décliné également pour les parutions souples chez les éditeurs en France, mais également sur les albums, désormais le format de lecteur dominant. Dans ce cadre, Panini Comics a annoncé récemment la mise en place d'un format de variantes collector et en édition limitée, les Signature Series.
Le concept est assez explicite sur le terme : il s'agit pour Panini de proposer sur certains albums une couverture différente de celle utilisée pour l'édition régulière dudit album. Le titre de la série est enlevé et l'habillage de couverture est épuré (mis à part les logos de Panini et Marvel) pour mettre en avant le travail de l'artiste - une façon de faire qui rappelle la méthode de DC Comics appliquée sur leurs variantes depuis le printemps 2018. En outre, la couverture portera la marque "signature series" avec un effet métallisé, une reproduction de la signature de l'artiste ainsi qu'un macaron "certified" en bas-relief. Chaque édition est annoncée limitée à 300 exemplaires, et disponible en exclusivité sur le site de Panini Comics. Les prix des albums concernés (sur du Loki avec Stephanie Hans, du Star Wars avec Greg Horn et du Dark Vador avec Cliff Chiang) oscillent entre 22 et 24€, soit quatre euros de plus que les versions régulières.
Là où la politique des variantes et des collectors s'applique un peu partout dans l'industrie (pour certaines sorties importantes ou à l'occasion de campagnes Ulule, par exemple), l'annonce des Signature Series permet de discuter de leur fréquence sur le marché. Dans les faits, chacun sera libre ou non de céder à la collectionnite ou à l'aspect "collector" des dites variantes. Certains argueront que payer un prix plus élevé pour une simple copie de signature est un luxe futile ; on rappellera que pour pouvoir imprimer la signature, l'éditeur a besoin de l'accord des personnes, la démarche impliquant une réelle dimension de "rareté" puisqu'on ne peut pas le réaliser à l'envie.
D'autres critiques plus légitimes peuvent se faire entendre concernant l'exclusivité des collectors au site internet de Panini Comics, qui excluent les libraires ; la démarche n'a pourtant rien de nouveau, l'éditeur ayant déjà commencé à proposer des variantes propres à leur site (le Spider-Man de J.J. Abrams, et pour certains fascicules). Il est vrai que sur des ventes à quelques milliers d'exemplaires (rappel : on estime qu'une vente "correcte" d'un album standard est à 2000 exemplaires, elles n'atteignent pas toutes ce chiffre, mais pour les publications DC ou Marvel) le fait de perdre potentiellement 300 ventes peut avoir un impact pour certains points de ventes. A l'inverse, 300 albums répartis sur les 25 000 points de vente en France, ça fait peu rapporté à l'échelle de la librairie pour chaque Signature Series. Tout dépendra de si les personnes qui prennent ces exemplaires le font au détriment des versions régulières du même album - et chez les collectionneurs, ce n'est pas forcément le cas.
A côté, l'éditeur propose aussi régulièrement des éditions spéciales dont les librairies bénéficient également - et des opérations spéciales comme celles du Printemps des Comics permettent à l'éditeur de faire profiter le réseau de distribution. On pourra par contre attendre des prochaines Signature Series qu'elles profitent de couvertures réalisées par les artistes spécialement à l'occasion, pour accentuer le côté collector. Celles présentées pour les trois premiers tirages ne sont en effet pas des inédits. Les pré-commandes se feront le 19 mai prochain sur le site de Panini Comics. Chacun fera son propre choix de consommateur, en espérant que les habituels spéculateurs ne se jettent pas dessus pour faire trinquer d'autres passionnés.
