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The Last Ronin #1 : le Dark Knight Returns des Tortues Ninja ?

The Last Ronin #1 : le Dark Knight Returns des Tortues Ninja ?

Reviewidw
On a aimé• Suffisamment de réponses pour ouvrir d'autres questions
• Les dernières pages de Ben Bishop encourageantes pour la suite
• Un concept efficace même si "déjà-vu"
• Un rythme maîtrisé, pas d'ennui...
On a moins aimé• La foire aux 70 variantes
• Un espace peu maîtrisé
• ...magré 40 pages pour pas grand chose
Notre note

Disclaimer : Cet article a été rédigé par Roméo Carroz que nous remercions de son initiative.

En décembre dernier, la série Teenage Mutant Ninja Turtles d’IDW (publié en France chez HiComics) arrivait à son centième numéro. Une milestone marquante pour une série acclamée par les critiques et plébiscitée par les fans. Si l’équipe créative en place - Tom Waltz au scénario avec Kevin Eastman, et Bobby Curnow à l’édition - ne s’attendait pas lors du lancement de la série en 2011 à durer aussi longtemps, elle a su construire un univers riche et cohérent qui ne semble aucunement tirer sur la corde avec le temps et arrive à un nouveau statu quo pour ce centième numéro. Au-delà de la conclusion d’une ère, une pub énigmatique attirait l’attention : The Last Ronin, avec les noms de Kevin Eastman, Peter Laird, Tom Waltz, et Andy Kuhn. La hype était lancée.

Un projet qui a connu moult bouleversements depuis son annonce

Ce n’est pas tant l’annonce d’une nouvelle série TMNT chez IDW qui interpellait, mais bien la présence ensemble des noms des deux co-créateurs des Tortues, Kevin Eastman et Peter Laird. L’histoire est connue ; mais les deux hommes ont eu des parcours bien différents avec leur bébé. Eastman vendait ses droits en 2000 à Laird, qui lui garda le contrôle jusqu’en 2009 avant de revendre à Viacom. Pour autant, le premier reviendra travailler sur le titre pour les différentes itérations récentes, du comic book aux films en passant par la série animée deNickelodeon. Mais les relations entre les deux hommes n’ont plus jamais été comme aux débuts, si bien que la fin de l’épisode consacrée aux TMNT de la série TV The Toys That Made Us avec Eastman et Laird réunis dessinant ensemble à Northampton dans le vieux studio Mirage pouvait laisser espérer à une vraie nouvelle collaboration, au-delà de cette simple mise en scène télévisuelle. Et pourtant…

Initialement prévue pour une sortie en août 2020, le projet a malheureusement connu différents retards (notamment liés à la crise sanitaire du COVID-19) et surtout des changements importants par rapport à l’annonce initiale. Si le nom de Peter Laird apparaissait, c’est uniquement parce que le concept de la tortue survivante qui sert de point de départ au script de The Last Ronin date de 1987, à l’époque de l’Âge d’Or de Mirage Studio. Ainsi, Laird ne sera crédité que pour le pitch général du titre, mais aucunement sur le script, laissé dans les quatre mains de Kevin Eastman et Tom Waltz. IDW n’ayant initialement pas communiqué sur le degré d’implication de Laird, un certain emballement des fans s'était créé à l'idée de revoir les deux larrons sur un projet Tortues. Première déception.


Sur la partie artistique aussi le titre subit des changements : Ben Bishop se rajoute au dessin à partir du second numéro. Andy Kuhn, dont les premières pages ont été dévoilées pour la preview, est finalement remplacé par Esau et Isaac Escorza. Ces noms sont peu connus du grand public, et leur principal fait d’arme est Taarna publié chez Heavy Metal. Ce changement voit également la colorisation passer de Brittany Pezzillo à Luis Antonio Delgado et Samuel Plata en assistant. Entre retards, changements artistiques, flou autour de l’implication de Laird et des polémiques autour de la mise en vente de certaines des 70 variantes, The Last Ronin #1 a donc accumulé les fautes qui auraient pu faire baisser l’attente. Pourtant, le distributeur a annoncé récemment qu’il ne pourra honorer les 130 000 précommandes suite puisque IDW avait malgré tout sous-estimé son tirage avant la date limite. Autant dire que le numéro était finalement plus qu'attendu.

De quoi ça parle, The Last Ronin ?

Pour prendre en main The Last Ronin, il n’y a besoin d’aucune connaissance sur la licence, que ce soit des premières séries de Mirage ou encore de la continuité actuelle d’IDW. L’histoire racontée est un bond dans le futur dont tout ce que le lecteur doit savoir est dans le pitch, et repris dans la narration. Pour autant le fan découvrira avec malice quelques easter eggsplus ou moins bien cachés.

Le pitch n’a aucunement changé depuis l'idée initiale de 1987 : dans le New York du futur, bien différent de celui que l’on connait aujourd’hui, un membre de la fratrie des Tortues Ninja a survécu (à quoi ? on doit le découvrir) et cherche aujourd’hui à se venger. Le principe de base est simple (John Wick seal of approval) mais laisse la place à un champ des possibles immenses pour le développement de l’histoire et du personnage concerné. Le futur initialement imaginé il y a 33 ans a bien évidemment été partiellement refaçonné pour apparaitre comme un 2040 cohérent avec notre époque. Cependant, et même s’il n’a pas travaillé dessus, ceux qui ont lu leTMNT Classics Tome 1 pourront noter des similitudes dans l’écriture et la narration, qui transpirent l’indé' des années 90. Tom Waltz réussit cette transposition en compagnie deKevin Eastman, ne trahissant aucunement les hommages et inspirations au Dark Knight Returns et Ronin de Frank Miller

Crédité sur les layouts, Eastman offre quelques belles compositions de sa marque de fabrique avec des personnages sortis de leurs cases, mais reste bien trop soft dans la construction du récit. Sans avoir le détail de ce qu’il a transmis aux dessinateurs, il sera alors difficile de déterminer l’impact et la responsabilité de chacun. Si les courses poursuites de Kevin Eastman sont dans la légende, elles manquent ici d’inspiration et de représentation spatiale des mouvements claire. La traditionnelle page d’introduction suivie de la double splash, si chère àEastman car caractéristique de Jack Kirby, nous présente le lieu de l’action et ainsi son importance, ainsi que sa disposition géographique : une Manhattan isolée, emmurée, avec tous les ponts qui le reliait au monde détruit, et un palais au centre surplombant un espace urbain dense et démesuré. La plongée dans ce dédale de bâtiments est cependant assez immersive pour faire oublier le chemin parcouru.


Esau etIsaac Escorza arrivent à garder cette ambiance oldies du projet initial, ce lien punk originel de la licence, loin de ce qui caractérise l’itération d’IDW actuelle. On pourra toujours comparer avec les quelques pages de preview livrées par Andy Kuhn, mais nous n’aurons jamais que cette version du duo derrière Taarna, qui répond aux attentes du titre. Les perspectives maladroites deviennent exagérées et rappellent indubitablement les planches d’Eastman et Laird. La violence est visuelle sans être gratuite, et les dégâts collatéraux s’amoncellent autant que dans un Fast and Furious : tout est fait pour accentuer la mission suicide de la Tortue, prête à tout dans sa quête vengeresse. La personne visée, qui règne sur une New York City futuriste mais que l’on comprend rapidement loin d’être démocratique, a bien entendu un lien avec la mythologie de la licence. Les couleurs de Luis Anotnio Delgado dépeignent globalement assez bien les différentes ambiances du titre, et accompagnent le lecteur dans les différentes scènes d’action.

Les deux dernières pages sont signées Ben Bishop, qui officiera sur les 4 prochains numéros de la mini. Le changement graphique de la première fait sens de par son propos, et la seconde préfigure de la suite. Si tout est de ce niveau, il pourrait y avoir un énorme regret de ne pas avoir eu ce dessinateur sur l’intégralité - mais quand aurions-nous pu alors dans ce cas découvrir The Last Ronin ? Rappelons que le second numéro n’est pas prévu avant décembre 2020, et avec 130 000 précommandes, un second tirage déjà initié, et les difficultés financières connues d’IDW avant même la crise du COVID, l’éditeur n'aurait difficilement pu décaler encore son titre phare de l’année.

Mais qui est donc le dernier Ronin ?

Dès les premières pages, le lecteur accompagne le dernier Ronin dans sa solitude, réduit à parler à ses frères pourtant décédés. Pendant la quarantaine de pages, il nous partagera ses pensées, ses volontés, afin de nous faire ressentir sa détresse et son abnégation dans sa quête. La douleur autant sentimentale que physique qu’il nous partage n’est pas exprimée pour que l’on éprouve une quelconque empathie, mais pour nous exposer la violence de ce monde et ce qu’à pu subir cette Tortue. L’action défile tout en nous exposant l’univers, les tenants et aboutissants de cette histoire. Le cliff final est bien amené et inattendu, tout en répondant à la question que tout le monde se posait lors de l’annonce du pitch de The Last Ronin : qui est donc la tortue survivante ?


Si les spéculations vont bons trains depuis l’annonce de la mini-série, avec une étude importante de chaque variante (tout en sachant que les artistes de ces couvertures n’avaient pas eux même l’information…) pour essayer de découvrir des indices, cette question quitte notre esprit rapidement pendant la lecture. Eastman etWaltz réussissent donc leur pari de nous accrocher à plus qu’un simple concept. Pourtant, en refermant ce tant attendu premier numéro, on constate qu’il s’est passé peu de choses au-delà des premières pages et des dernières. L’action en elle-même sur les trois quarts du single permet de poser les bases de la suite via le monologue intérieur du dernier Ronin et les quelques pages qui mettent en scène son ennemi, mais ne restent pas en mémoire longtemps.

Le postulat initial de la tortue seule en quête de vengeance aurait pu amener à une longue mini-série sans grand intérêt, tel un enchaînement de niveaux dans un jeu vidéo vers le boss final. Il n’en est heureusement rien et le voyage n’en est qu’à ses débuts. The Last Ronin répond dès la fin de son premier acte aux réponses principales que le lecteur se pose pour ne pas faire durer inlassablement un suspense inutile avec un autre cliffhanger haletant. Malheureusement, il faudra désormais attendre encore deux mois pour découvrir la suite, et obtenir des réponses sur ce qui a pu se passer pour que l’on arrive à une telle situation. Le « pourquoi » est résolu, place au « comment ». L’introduction est réussie malgré, avec du recul, peu de contenu dans ces 40 pages, et cet arrière-goût de « et si Peter Laird avait travaillé dessus ? ». Pour autant on ne s’ennuie aucunement. The hype is back.

La Redac
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