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The Umbrella Academy saison 2 : essai transformé avec brio

The Umbrella Academy saison 2 : essai transformé avec brio

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On a aimé• Une intrigue qui ménage bien ses surprises
• De jolis clins d'oeil aux comics
• Un casting très bon, qui se répond en harmonie
• Un nouveau statu quo qui intrigue
• Agréable à regarder, avec des efforts de réal'
• Une bande-son bienvenue
• Corrige ses faiblesses tout en consolidant ses forces
On a moins aimé• Un sentiment de redite
• On ne dirait pas non à plus de folie
• Encore quelques longueurs
Notre note

Auréolée d'un accueil public indéniable (qui par ailleurs a bien profité aux comics édités chez Delcourt), The Umbrella Academy est certainement la plus réussie des adaptations de comics produite par Netflix, du moins parmi les plus populaires qu'elle propose. Ce qui ne veut pas dire que cette retranscription télévisuelle des comics de Gerard Way et Gabriel Bà était exempte de défauts. Par ici, malgré toute la sympathie que l'on avait pour la première saison, les longueurs inhérentes aux séries du géant américain, des sous-intrigues inutiles et le manque de folie général comparé à la BD originelle n'avait pas forcément aidé à s'enthousiasmer pour ce second essai. Grand mal nous en a pris, puisqu'au sortir des dix épisodes, le constat est sans appel : The Umbrella Academy saison 2 est une petite réussite. Qui emprunte certes beaucoup dans sa formule à sa première saison, mais en corrigeant un maximum de défauts. Ce qui fait toute la différence.

Par rapport à notre grille de lecture éditoriale, autant mettre les pieds dans le plat dès le départ : The Umbrella Academy a choisi de s'émanciper de son support papier, et l'on ne pourra faire les mêmes reproches sur le manque de générosité par rapport aux planches de Gabriel Bà. On pourra donc oublier les attaques de monuments historiques géants et les scènes dans l'espace, où même le fait que techniquement Vanya (Ellen Page) passe tout le volume 2 en BD dans un lit, mais ce n'est pas pour autant que Steve Blackman et  Jeremy Slater renient le support de base.


De nombreux clins d'oeil parsèmeront les épisodes, avec quelques emprunts forcément bienvenus. Comme le personnage de Carmichael, leader de la Commission, en fait un poisson rouge opérant dans un corps articulé à tête de bocal, concept que l'on pensait mis au placard avec la présence de la Handler (Kate Walsh) dans la première saison. D'autres surprises et easter eggs viendront pointer le bout du nez - on ne révèle rien -, preuve étant que Netflix réussit son numéro d'équilibriste, avec une adaptation qui, en se démarquant des comics et en le faisant bien, à la façon d'un The Boys, acquiert son identité et une complémentarité bienvenue.

Ceci étant dit en préambule, passons à l'histoire. Le cliffhanger de The Umbrella Academy nous amenait à voir nos héros à voyager dans le temps pour échapper à l'apocalypse déclenchée par Vanya. On reprend donc exactement à ce moment, et toute la tribu se retrouve transportée à Dallas, mais étalés sur une période de trois ans. C'est à dire que certains vont se retrouver en 1960, d'autres en 1961, et ainsi de suite - ce qui amènera chacun à essayer de construire une autre vie avant les retrouvailles obligatoires. Five (fantastique Aidan Gallagher) est le dernier à atterrir, en 1963, et se retrouve témoin du début d'une guerre nucléaire totale, a priori liée à l'assassinat de Kennedy, et à laquelle ses frères et soeurs semblent liés. Il remonte in extremis dans le temps, dix jours plus tôt, et a donc ce laps de temps pour retrouver sa famille, et empêcher l'apocalypse d'arriver.


C'est ce qu'on évoquait quand on parlait de reprendre une formule dans notre introduction. Si le public est désormais familier avec chacun des membres de l'Umbrella Academy, l'intrigue va forcément donner une impression de déjà vu. Comment ? Encore une apocalypse à empêcher, mais dans une autre période temporelle ? Qu'on se rassure, si certaines grandes lignes sont en effet similaires, cette seconde saison réussit à prendre assez de détours pour que l'on évite la redite complète. Parce que l'on retrouve d'ailleurs aussi des tueurs à la recherche de cette joyeuse fratrie (comme Hazel et Cha-Cha), mais là aussi, la série prend ses marques. Le fait d'avoir atterri avec plusieurs années d'avance par rapport à Number Five permet à chacun d'avoir un nouveau statu quo : par exemple, Klaus (Robert Sheehan, toujours impayable) est devenu leader d'un culte à sa personne, Rumor s'est mariée et est devenue activiste contre la ségrégation, quand Vanya, devenue amnésique, a été recueillie dans une famille a priori sans problèmes. 

Ces changements de situation (et de looks pour certains) permettent de se concentrer sur les personnages et de développer leurs personnalités, ce qui sera d'autant plus intéressant au fil des épisodes, à mesure que chacun est amené à se retrouver. Qu'on se le dise : il y a eu un effort dans la caractérisation indéniable, et peut-être que le fait d'avoir déjà passé une saison à faire les membres d'une famille dysfonctionnelle a un impact sur le jeu d'ensemble. Désormais, les acteurs et actrices ont une alchimie qui fonctionne vraiment à l'écran, les relations entre chacun se perçoivent mieux, les dialogues sont vifs et percutants. Dans la première saison, certains étaient largement sous-développés au profit d'autres ; ici, on atteint une sorte d'équilibre, si bien que même Ben (Justin H. Min), fantôme du frère défunt qui accompagne Klaus, a droit à un arc intéressant. Bien qu'il n'ait plus rien à voir avec son personnage papier, Luther (Tom Hopper) gagne en profondeur dramatique et humoristique qui le rend à présent très attachant.


Le contexte de l'époque permet aussi de faire quelques rappels sympathiques à la première saison, et l'arrivée de nouveaux personnages dynamise le déroulé de l'histoire. Diego (David Castañeda) se fait une nouvelle amie, Lila, incarnée par une Ritu Arya détonante et pleine de surprises. Années '60 oblige, The Umbrella Academy se fait aussi miroir de thématiques sociétales qui bousculent toujours les opinions actuellement, et si vous n'aimez pas parler de racisme ou d'homophobie, hé bien tant pis pour vous. Car il en sera pas mal question, mais de façon organique, en lien direct avec les personnages et leurs histoires. Le tout converge dans la trame principale qui elle aussi a droit à son lot de rebondissements, de sorte à ce qu'on attend être le final n'arrive pas là où on l'attend, et que la série continue à prendre ses propres directions. Tant mieux, car on se laisse guider sans soucis.

Si le voyage se montre aussi plaisant, c'est que The Umbrella Academy saison 2 a réussi à tout simplement raccourcir la durée de ses épisodes, ce qui sous-entend la disparition d'une partie des longueurs que l'on reprochait auparavant. Avec une moyenne à 45 minutes plutôt qu'une heure, c'est autant de dialogues à rallonge et de scènes plus ou moins utiles qui s'en vont, l'histoire est plus condensée, l'action se ressent mieux. C'est un peu comme si Blackman et Slater s'étaient dit "attendez, on va presque vous refaire la saison 1, mais en mieux", et le pari fonctionne. Avec un casting général de très bonne facture, une Academy qui fonctionne parfaitement - mention spéciale à Ellen Page, à qui l'on offre une palette d'émotions plus large, et qui resplendit à plusieurs moments, vraiment, tout semble aller pour le mieux.


Les qualités que l'on avait déjà pu noter, elles, sont à nouveau au rendez-vous. L'image est bien travaillée d'un point de vue photographie, la réalisation, sympathique dans son ensemble, se permet quelques très bonnes idées sur plusieurs épisodes - dont quelques plans horizontaux pour des scènes de baston particulièrement efficaces. Les effets spéciaux ne sont pas en reste non plus : si The Umbrella Academy fait dans l'économie par rapport à son modèle papier, il n'en reste pas moins quelques beaux morceaux de bravoure, et l'impression générale est qualitative par rapport au format du petit écran. La série n'hésite pas aussi à reproposer quelques passages un peu corsés visuellement, permettant de rappeler qu'ici, Netflix ne tombe pas dans son propre piège de vouloir à tout prix cibler un public adolescent. 

Toujours sur le plan plus technique, rappelons également que la série se veut très musicale, et que la partition est une nouvelle fois réussie. Certains pourront déplorer le côté mixtape à force de voir s'enchaîner des tubes plus ou moins d'époque, mais il faut reconnaître que certains classiques comme Major Tom de Peter Schelling passeront toujours très bien à l'écran. En outre, il y a une petite histoire désormais musicale pour The Umbrella Academy, depuis la fameuse scène de danse du premier épisode, et l'on se plaît donc à voir à nouveau quelques personnages se laisser à de petites chorégraphies, alors que l'on bat du pied en rythme devant son écran.


Difficile de rentrer plus dans les détails sans spoiler allègrement (ce que l'on ne s'autorisera pas). S'il fallait trouver des points négatifs, on vous les remets là : le plus gros sera cette impression de déjà vu qui met quelques épisodes à s'effacer complètement - qu'on se rassure aussi, l'écriture a conscience de cela et en joue ; les puristes des comics pourront trouver que ça manque encore de folie ; et on peut aussi dire qu'il y a encore quelques longueurs, ou que la réalisation ou la mise en scène pourraient encore être améliorés. En regardant dans le rétroviseur, difficile de ne pas constater à quel point The Umbrella Academy a su, sans non plus se réinventer ou révolutionner quoique ce soit, prendre appui sur ses forces pour roder sa formule, évacuer la plupart de ses faiblesses, et s'assurer un rythme de croisière sincèrement plaisant. De quoi espérer au mieux pour la saison trois, qui à notre avis, se fera largement demander.

Au sortir de The Umbrella Academy saison 2, on est donc ravis de sortir de la posture du ronchon fan de comics avec une saison très satisfaisante. Si beaucoup verront au départ la trop grande ressemblance sur l'intrigue avec la première saison, quelques épisodes suffiront à vous convaincre du travail effectué par la prod' pour s'en démarquer et refaire une santé : intrigue qui va plus à l'essentiel, thématiques modernes et bien intégrées à l'histoire, un casting qui fonctionne désormais très bien ensemble, et où tout le monde a son petit moment de gloire ; des surprises et clins d'oeil (aux comics ou à la première saison) en pagaille, quelques jolies idées de réalisation, une bande-son vivifiante... Bref : ce vendredi 31 juillet, il n'y aura pas à hésiter. Vous saurez quoi regarder. 

Arno Kikoo
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