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Batman Huntress : Cry for Blood - Chasse à l'homme chez les truands de Gotham City

Batman Huntress : Cry for Blood - Chasse à l'homme chez les truands de Gotham City

ReviewUrban
On a aimé• Une origine bien exécutée
• Huntress, entière, indépendante
• Les bonus et l'aide à la lecture
• L'esprit du DC Comics d'autrefois
On a moins aimé• Des vilains sans saveur
• Un Greg Rucka qui se cherche encore
• Dessin plaisant, mais limité
Notre note

Dans la catégorie des oeuvres susceptibles de mettre en lumière l'un ou l'autre héros de BD, Birds of Prey, l'adaptation, se présentait comme une occasion logique d'intéresser le lectorat à des personnages jamais apparus au cinéma auparavant. De ce côté là, Urban Comics cible large, avec trois publications aux couleurs du film, pour Black Canary, Harley Quinn, plus connue, et Huntress. Dans le cas de la justicière à arbalète, l'éditeur s'est donné les moyens de toucher le public le plus ample avec deux titres bien distincts. Un volume explicatif, qui revient sur les origines et le caractère particulier de ce personnage dans le paysage de Gotham City, pour ne pas effrayer les nouveaux ; et une histoire écrite par Greg Rucka, auteur capable de vendre sur son seul nom, déjà bien implanté dans le catalogue en place, en prenant un récit qui intègre le nom de "Batman" dans le titre, comme en VO. En résumé, donner toutes les clés nécessaires aux curieux pour s'intéresser au bouquin, en l'occurrence, Cry for Blood, une porte d'entrée très suffisante pour appréhender le personnage de Huntress.
 
A noter que cette parution démarre la nouvelle collection DC Confidential d'Urban Comics, présentée comme une lecture des à-côtés de l'histoire éditoriale "principale", les sagas dérivées des grands événements, les personnages plus à la marge. De ce point de vue, Batman/Huntress : Cry for Blood fait coup double - d'une part, parce que l'héroïne violette est effectivement un personnage plus mineur de Gotham City que les habituels Robin ou Batgirl, et d'autre part, parce que le travail de Greg Rucka et Rick Burchett dérive directement de la période expérimentale No Man's Land, un immense cycle pendant lequel le fief de la Chauve Souris était coupée du reste des Etats-Unis, aux mains des truands en parabole sur le déclin urbain d'un Escape from New York. Pour les bouquins DC Confidential, comme à d'autres moments pour d'autres ouvrages, Urban accompagne la mini-série importée de pages d'explications, d'une chronologie et de quelques bonus pour amener un peu de clarté. 


 
On fait donc vite la connaissance d'Helena Bertinelli, ex Batgirl auto-proclamée, plus violente, plus meurtrière que les autres justiciers de la ville. Cry for Blood se présente comme une exploration authentique des origines, des motifs et du caractère de ce personnage (encore relativement récent à l'époque), avec une narration par épisodes plus diffuse ou plus variée que les habituelles séries Year One. On vit, au présent, l'histoire d'une vendetta sur les truands de la mafia sicilienne, avec une batterie de stéréotypes empruntés au cinéma de genre, entrecoupés de va et viens sur le passé et la construction de l'identité de Huntress. Son caractère, et son habileté à tuer contre les codes d'usage. La saga du Parrain de Francis Ford Coppola alimente l'imagerie mise en place par Rucka (avec quelques oublis, où sont les Falcone, où sont les Marroni ?), dans un ensemble qui renoue avec les racines de Gotham City comme une analogue de Chicago d'après guerre. Certaines scènes sont parfois décalquées à l'identique, à l'image du mariage de la fille princière, et des doléances cérémonieuses au parrain des parrains.
 
Rucka habille sa Huntress de codes (ou d'archétypes) puisés dans la culture italienne, depuis les poncifs paresseux aux détails plus intéressants ou plus poussés. Peu à peu, se dessine le profil d'une héroïne solitaire volontairement à la marge, plus coriace, plus absolue et plus déterminée que certains de ses collègues généralement habitués à obéir aux ordres. Une sorte de brouillon de Batwoman pour le scénariste, qui admet l'inspiration que son personnage trouve dans l'ombre de la Chauve Souris, mais refuse de fabriquer une sbire de plus ornée du célèbre plastron sur le poitrail. Cette démarcation lui permet de jouer sur d'autres codes que les combats de super-héros contre super-méchants, et s'articule peu à peu comme un authentique polar bien exécuté. Avec des interjections de film de kung-fu, là-encore, clairement identifiés : la retraite dans la cabane de campagne, l'apprentissage du rapport à soi dans le combat, un sensei (roux) qui aime le thé et les papillons. 


 
La Question joue un rôle essentiel dans ce volume, quoi qu'on puisse regretter que le héros ne serve pas justement de parabole amorale sur les zones de gris de l'action de justicier (sous Ditko ou O'Neil, le sans visage était loin de coller au principe de parangon de bravoure et de droiture). Quelques dialogues bien fichus, une dynamique complice, une petite romance qui fleurit sans se forcer, on apprécie de voguer au gré de cette lecture qui nous replonge dans une époque lointaine où on laissait aux personnages le temps de se découvrir, aux récits le temps de construire leurs propres règles et où l'idée d'une justicière qui flingue n'était pas si choquant. La relation à Batman, Nightwing, Tim Drake et Barbara évoque aussi quelques bons souvenirs. Le papa inquiet mais bienveillant, le fils qui refuse que l'on touche au père, la cousine jalouse et le petit dernier, vaillant, bien intentionné, mais un peu dépassé par les problématiques d'adultes. 
 
Cela étant, force est d'admettre que Batman/Huntress : Cry for Blood ne fait pas partie des indispensables de Greg Rucka. Encore relativement jeune, le scénariste peaufine encore sa méthode d'écriture, avec quelques fautes de rythme et une retenue qu'il perdra au fur et à mesure (en ajoutant de la gouaille, ou en inventant ses propres truands plus authentiques que ces reproductions trop évidentes de portraits piochés dans le cinéma). Le rôle ou l'implication de la Question et Richard Dragon ne s'explique qu'en partie, par un besoin d'apaiser la colère du personnage sans la faire renoncer à la vengeance qui dicte son action. Surtout : les vilains manquent de corps, et le rebondissement au milieu du récit paraît parachuté et inconséquent. Côté dessins, on évolue dans un style dans le canon des années 2000 : plus cartoon, moins réaliste, moins musculeux, avec des plages de couleurs simples. Chacun fera son calcul en fonction des goûts.


En définitive, une histoire qui se lit bien et aide à comprendre Huntress ou les suites de No Man's Land sans se présenter comme un incontournable. Urban fait bien les choses, en insérant un chapitre bonus de Chuck Dixon, Lee Weeks et Bill Sienkiewicz (deux artistes aux styles curieusement superposés), plutôt agréable dans la peinture d'une Gotham qui grouille,avec une criminalité urbaine à hauteur d'homme et un sens du danger ou de la déprime fourbue bien agréable. Cet épisode s'intercale avec l'idée fondatrice de Huntress : proposer une nouvelle Batgirl, ajouter une femme à la famille Batman après une longue période sans Barbara. Plus loin, un numéro de la série The Question de Dennis O'Neil et Denys Cowan présente un Vic Savage plus direct, plus violent, plus agressif dans sa façon de rendre la justice, ou simplement plus Rorschach dans son rapport à l'époque ou à la société. Un complément intéressant pour les amateurs des polars sauvages du Bronze Age, qui permettra à chacun de comprendre d'où vient le héros au chapeau qui tient lieu de partenaire à Huntress dans la mini-série de Rucka.

Batman/Huntress : Cry for Blood coche toutes les cases du bon petit volume, agréable à lire et appréciable dans ce qu'il présente du DC Comics de cette période. Facile à prendre en main pour qui espérerait comprendre d'où vient le personnage d'Huntress (en comics), le bouquin se heurte toutefois aux limites d'un auteur qui n'osait pas encore s'affirmer suffisamment et d'un dessin emblématique d'une période particulière. Bien emballé, l'ouvrage arrive à point nommé pour rendre à Helena Bertinelli sa place dans le canon de DC après une prestation méta' assez géniale au cinéma, mais loin des vérités de cette héroïne dérivée de la mafia et d'une envie de s'émanciper des conventions habituelles de la famille Batman. Quelques jolis bonus et un bouquin qui vous donnera (peut-être) envie d'en apprendre plus sur la Question, en rejoignant la collection des Greg Rucka publiés en France, une liste qui ne cesse de s'allonger pour un auteur compétent.

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Corentin
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