Avec les progrès accomplis en matière d'effets spéciaux et d'imagerie numérique, beaucoup craignent aujourd'hui de voir les studios d'Hollywood utiliser la technologie pour autoriser certaines pratiques douteuses. En particulier dans le cas d'acteurs ou d'actrices décédé(e)s, que l'on pourrait, bêtement et simplement, recréer en images de synthèse en fonction du contexte. Les bizarreries de la technologie du "deepfake", les tricheries numériques permettant de gommer les rides d'interprètes trop âgés, autant de paliers techniques renversés par l'industrie du cinéma en assez peu de temps - au point de faire naître dans le public une crainte légitime de voir les studios jouer avec certaines normes d'éthique.
Disney n'en est pas à son coup d'essai sur le sujet : à l'occasion de Star Wars : Rogue One, le studio avait commandé aux techniciens des studios Industrial Light & Magic une "résurrection" numérique de Peter Cushing pour le rôle du Grand Moff Tarkin. Face à une levée de boucliers sur l'utilisation éventuelle de cette méthode pour The Rise of Skywalker, pour pallier au décès de l'actrice Carrie Fisher, Lucasfilm avait expliqué que ce genre de méthodes ne serait plus utilisée à l'avenir. Du côté de Marvel Studios, la productrice Victoria Alonso a confirmé que la chose n'était pas non plus envisagée.
"Nous n'avons même pas considéré cette option", a-t-elle confirmé dans une entrevue accordée à Yahoo Movies. Une déclaration importante quand, en parallèle, le film Finding Jack d'Anton Ernst a de son côté annoncé que le comédien James Dean serait recréé numériquement pour les besoins d'un rôle. La famille de l'acteur a donné son accord, acceptant au passage que Dean soit bel et bien crédité à titre posthume (au point de le voir indiqué à la distribution sur la plupart des sites de référencement), tandis qu'une partie de la presse se sera emparé de l'affaire pour mettre en question l'éthique de ce trucage mortifère. Parmi les critiques, on aura notamment retrouvé Chris Evans, fondamentalement opposé au principe.
Sur le papier,
Marvel Studios aurait très largement pu être concerné après que le brave
Samuel L. Jackson ait plaisanté sur l'idée
que le studio pouvait le recréer après sa mort, pour maintenir entière la légende de
Nick Fury dans le monde du
Marvel Cinematic Universe. La société avait déjà choisi de rajeunir
Jackson, de même que le
Hank Pym de
Michael Douglas à deux reprises, et reste connue pour son usage des effets spéciaux dans la création de colosses ou de bestioles en images de synthèses posées sur des comédiens bien réels.
"Avoir réussi à créer Thanos ou Hulk nous a mis en face d'une évidence : ces personnages n'auraient pas pu exister sans la performance de Josh Brolin ou Mark Ruffalo."
Avec douze années d'existence au compteur et, fort heureusement, peu de décès réels à déplorer, l'entreprise
aura aussi refusé de remplacer Stan Lee ou de proposer un clone numérique du colosse aux Ray Bans dans ses futures productions. Un garde-fou éthique justifié par l'appel de la base, mais, le jour où le public de l'univers
Marvel commencera à accepter ces pratiques ou que celles-ci se justifieront d'elles mêmes, il est bien possible de voir cette porte s'entrouvrir, de la même façon que les concerts holographiques de vedettes décédées de la chanson. De là à imaginer
Tupac en grand méchant de
Black Panther 3, le fossé reste encore assez ample et, on pourrait l'espérer, infranchissable dans l'immédiat.