En dehors de quelques effets de manche, le film Doctor Strange de Marvel Studios avait, au moment de sa sortie, très largement déçu les fans des comics de Steve Ditko, Engleheart ou Roger Stern pour sa vision simpliste du personnage et de son univers. La Dimension Noire, Dormammu et les sorciers eux-mêmes, cantonnés à une sorte d'école de kung-fu pyrotechnique, auront très largement ignoré la variété des concepts et des visuels inventés par le créateur original du chirurgien moustachu, à l'exception d'une scène peu ou prou psychédélique en ouverture. Comme souvent dans ce genre de nivellements par le bas, les concept arts avaient mieux à proposer.
Sans s'éloigner de beaucoup de ce qui a été proposé par Scott Derrickson et ses équipes, l'esthétique développée par le département visuel de Marvel Studios aura été chercher une inspiration plus nette des oeuvres de Ditko. Infinity et Eternity semblaient avoir été envisagées, un Dormammu plus humain, parfois plus proche des comics, parfois moins, avait été travaillé sous plusieurs angles, et, pour le détail, Tilda Swinton n'aurait apparemment pas eu besoin d'être chauve dans une version précédente du scénario.
En définitive, les amoureux de
Doctor Strange auront cependant dû se contenter de combats architecturaux empruntés à
Inception et d'un grand méchant plus proche du boss de fin des jeux
Starfox que de l'impitoyable mage noir au crâne de feu de la bande-dessinée. Depuis lors,
Kevin Feige semble avoir appris de ses erreurs, en annonçant un
Multiverse of Madness capable d'aller plus loin dans la démonstration visuelle -
ce qui ne veut pas nécessairement dire changer la formule, on s'en voudrait de ne pas aller chercher la folie et la permissivité esthétique des comics de géants sans minimiser, ou donner dans le film à gros budget lambda, rassurez-vous.