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The Joker : Year of the Villain #1 : Escape From Gotham

The Joker : Year of the Villain #1 : Escape From Gotham

ReviewDc Comics
On a aimé• Une vision radicale du Joker
• John Carpenter chez DC, bordel !
• Le jeu autour de la figure de Batman
• Le dessin de Philip Tan
On a moins aimé• Le bref segment avec Enchantress, franchement inutile et un poil gênant
Notre note

Disclaimer : cette review vous est proposée par notre ami Renaud !

La même semaine où le réalisateur de Very Bad Trip sortait un film Joker primé à Venise, le réalisateur John «Prince des Ténèbres» Carpenter et le scénariste du jeu vidéo Borderlands 2 Anthony Burch sortaient un one-shot sur le fameux Clown Prince du Crime. Cette phrase a au premier abord des allures de Kamoulox, mais après tout on a l'habitude de voir le plus si petit monde des comics être aussi fou et imprévisible que le Joker en personne. Déjà il y a quelque semaines, c'était J.J. Abrams qui venait poser sa plume sur Spider-Man côté Marvel.

C'est qu'Anthony Burch et Carpenter avaient déjà bossé ensemble sur le comics de Big Trouble in Little China, ce qui a attiré l'oeil de DC, alors en pleine préparation de son gros événement du moment : Year of the Villain. En effet, pendant que Geoff Johns ne termine pas Doomsday Clock,sûrement trop occupé avec la série Stargirl, ScottSnyder et sa bande ont pris les devants et lancé toute une offensive ayant pour but de mettre les méchants de DC en avant. Après quelques numéros plus ou moins sympas sur Sinestro, Lex Luthor ou encore Edward Nygma, Arrive donc ce numéro dédié à Joker par ce duo.
 

 
Le résultat est curieux, intriguant, et surtout très plaisant. Les deux auteurs ont choisi, au sein du cadre restrictif du canon actuel de Batman (Gotham est gouvernée par Bane, tout est sens dessus dessous), de raconter la relation soudaine, brève et évidemment toxique entre le Joker et un de ses minions nommé «Six de coeur». Si vous vous demandiez ce que font les 51 autres minions nommés d'après un jeu de carte dans l'histoire, et bien... Ils explosent. Le Joker les explose. Et après il se fait cuire des marshmallows dans les flammes.
 
C'est Six de Cœur qui sert de narrateur à l'intrigue, de point de vue sur le Joker. Évadé d'Arkham avec ce dernier, il se présente très rapidement comme atteint de maladie mentale. Lorsque le Joker lui demande une blague, il lui raconte comment il a buté son père qui le battait régulièrement. On a évidemment du mal à voir la chute mais tout cela plaît au Joker, qui décide alors de faire de ce petit gars fragile son Robin, et de lui-même devenir Batman. Avec des costumes tout moches achetés dans une station-service. S'en suit le meilleur moment de tout le numéro, où le Joker nous montre sa propre interprétation de la règle numéro un de Batman : ne jamais tuer. Mais je n'en dirais pas plus pour ne pas divulgâcher les quelques téméraires qui lisent ces mots avant d'avoir récupéré le comics.
 
Même si l'on se doute que la sortie de ce numéro la même semaine que le film n'a rien d'une coïncidence et tout d'une technique de marketing, on ne peut s'empêcher de comparer les deux....Chacun propose une réflexion sur la santé mentale du personnage. Là où le film de Todd Philips laisse (bat)planer le doute sur les réelles motivations d'Arthur Fleck dès le moment où il commet son premier meurtre, dès sa première danse hypnotique, le comicbook de Carpenter et Burch nous donne à voir un type qui est certainement malade et qui pense que le Joker est comme lui. Il l'accompagne dans ses aventures en le voyant comme un modèle, quelqu'un qui n'a pas peur de cacher qui il est. La dynamique fait bien évidemment penser à celle qu'il entretenait avec Harley Quinn, puisque c'est toujours celle du Joker avec les faibles d'esprits.
 

 
Car le Joker de ce numéro n'est pas malade. Pas question d'homme brisé par la société ici... Le Joker est bel et bien un sadique. LE sadique. Imprévisible. Diabolique. Insondable. Pas d'empathie possible cette fois, on est bien face à un monstre... Et les cinéphiles qui connaissent bien John Carpenter ne seront certainement pas surpris de l'apprendre. De Mike Myers à la voiture Christine en passant tout simplement par le Diable dans Prince of Darkness, le réalisateur a toujours été foncièrement obsédé par le mal absolu. Celui qui dépasse l'entendement, qui est inexplicable et inéluctable. 
 
C'est ce qui rend la conclusion d'autant plus savoureuse, car toutes les manipulations du Joker, ses mensonges, ses meurtres et ses abominations se terminent sur une note – relativement positive – pour le pauvre Six de cœur. Une touche d'espoir quant à sa vie. Est-ce que c'était voulu de la part du Joker ? Nous ne le saurons jamais, car le personnage est définitivement incompréhensible. Sur une échelle de 1 à 10 sur la folie chaotique sans la moindre logique, il se situe environ au niveau de Jean-Michel Blanquer à chacune de ses interventions médiatiques. 
 
Les obsessions du réalisateur John Carpenter et la maîtrise d'Anthony Burch permettent au Joker d'exister avec tout le chaos et le sadisme qu'on lui connaît, dans une histoire courte, efficace et plaisante. Le rythme est sublimé par l'excellent travail de Philip Tan au dessin, notamment sur les expressions faciales du Joker, et par celui de Jay David Ramos à la couleur et la lumière. En revanche, les fans de Carpenter garderont sans doute un goût amer en bouche à la lecture de ce numéro. C'est bien chouette de le voir écrire des comics aussi plaisants, mais c'est aussi désolant de ne pas le voir aujourd'hui au sommet du cinéma hollywoodien comme il le mérite. Surtout au vu de l'héritage qu'il représente pour celles et ceux qui travaillent sur les films de comics et le cinéma de genre...
Corentin
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