Le vaste cimetière des rebuts d'Hollywoodien est peuplé de projets abandonnés dans les adaptations de comics - de quoi remplir des chroniques entières. Dans le cas des tentatives avortées de Batman et Superman, les exemples sont connus du public, mais une part d'ombre plane généralement sur les personnages moins populaires de ces catégories de films, refusés par d'impassibles gardiens du temple monétaire, les fameux producteurs et autres têtes pensantes des studios.
On apprenait par exemple tout récemment que
Matthew Vaughn espérait produire
une suite à son X-Men : First Class en forme d'interstice, avant
Days of Future Past, prévu au départ pour conclure cette trilogie biscornue qui n'aura au final jamais vu le jour. L'adaptation du récit de
Claremont et
Byrne sera en effet intervenue en second, écœurant le réalisateur et accélérant l'échec de la saga
X-Men au cinéma avec l'abject
Apocalypse quelques années plus tard.
Mais, à l'époque, la Fox avait également d'autres idées en tête. Zack Stentz, co-scénariste de First Class, est revenu sur un projet sur lequel il avait travaillé en 2011, et qui aurait marqué une première pour le studio responsable des mutants et des Quatre Fantastiques au cinéma : un crossover, avec l'ensemble des licences Marvel en leur possession. Ce qui, à l'époque, signifiant aussi Daredevil, la Fox s'étant rendue responsable du film de 2003 ainsi que d'Elektra, et possédait encore les droits du personnage à ce moment là.
"Mon ancien partenaire et moi, quand on travaillait pour la Fox et sur First Class, on avait aussi un projet en secret chez eux. Je ne peux pas vous dire de quoi parlait l'histoire, mais ce que je peux vous dire, c'est que tous les personnages étaient là, tous les héros Marvel que possédait la Fox en 2011. Il y avait les X-Men, il y avait les Fantastic Four, il y avait Daredevil, il y avait Deadpool, puisque Daredevil était encore chez la Fox à ce moment là.
On a failli avoir Paul Greengrass en réalisateur, ce qui aurait été très cool mais il était embarqué sur un autre projet. Ça ne s'est pas en définitive mais c'était un script dont j'étais très fier et je pense que le film aurait été très bon."
On pourra s'amuser à comparer les trajectoires parallèles de Marvel Studios et de la Fox à cette époque, l'un ayant entre les pognes la saga X-Men, hautement plus populaire que des personnages moins connus du grand public tels qu'Iron Man ou Thor, et se bornant pourtant à proposer des sagas séparées au moment où tout Hollywood commençait à percevoir l'intérêt des croisements de licences.
Le succès d'Avengers ayant ensuite propulsé Marvel vers les sommets d'Hollywood et l'accélération des films à milliards de recettes. On se demande si, en tirant les premiers, la Fox n'aurait pas pu inverser le déroulement des faits tels que nous les avons connus, se trouvant une réelle rente de profits avec les super-héros et résistant, pourquoi pas, aux sirènes de rachat quelques années après. Dans une perspective moins uchronique, l'intérêt d'avoir deux studios en concurrence sur les crossovers aurait de toutes façons été une bonne chose pour le marché du super-héros, à une époque où Marvel Studios avait encore tout à prouver et ne s'était pas encore enfermé dans sa fameuse formule de routine.