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Cosmic Ghost Rider : récit fou d'un père adoptif malgré lui (et de ses flingues, également)

Cosmic Ghost Rider : récit fou d'un père adoptif malgré lui (et de ses flingues, également)

ReviewPanini
On a aimé• Drôle
• Généreux
• Auto-parodique
• Beau
On a moins aimé• Prévisible
• Une fin qui expédie les idées un peu vite
Notre note

Au moment de son coup d'éclat sur Thanos, brillante série responsable pour beaucoup de la popularité moderne de Donny Cates, le scénariste amenait au panthéon cosmique des personnages de Marvel un nouveau héros, fabriqué à partir de restes ou d'anciens concepts. A mi-chemin entre le Punisher, le Ghost Rider et le Silver Surfer, Frank Castle s'élevait dans les parutions de la Maison des Idées comme le rejeton privilégié d'un auteur qui n'aura eu de cesse, depuis, de caler sa créature, son aberration, son Frankenstein Castle, partout où il le pouvait.

Loin de l'apparat antique de son excellent volume sur Thanos, cependant, la série Cosmic Ghost Rider était venue s'intercaler en préambule de son arrivée sur les Gardiens de la Galaxie comme une parenthèse respiratoire, un moment de grande déconne, de sale gamin, qui s'amuse entre deux contributions monumentales à faire ses jouets se bagarrer. Prenant ses propres idées en dérision, Cates s'entoure de Dylan Burnett pour une excellente mini-série, relativement accessible et foutrement énergique, un délire importé sous nos latitudes par les bons soins de Panini.
 

 
Après la disparition du futur Thanos, et les événements d'Infinity Wars, la ligne temporelle où était né le Comisc Ghost Rider et où il avait prospéré entre diverses ascensions, n'est plus. Par respect pour le guerrier qu'était Frank Castle, son statut unique au croisement des mythologies de la branche chrétienne et galactique de Marvel, le divin Odin abusa de ses pouvoirs pour offrir au cavalier une place bien méritée au Valhalla. Quitte à briser une première règle de cohérence, puisque le papa de Thor aura été chercher l'âme du Rider dans une timeline disparue. Rassurez-vous, le reste n'a pas spécialement plus de sens.
 
La série Cosmic Ghost Rider représente un questionnement à la fois idiot et profondément récurrent dans les cours de philosophie, les oeuvres de fiction traitant de voyages temporels et les apéros dînatoires quand les sujets viennent à manquer : si vous pouviez voyager dans le temps et tuer Adolf Hitler dans son berceau, améliorant la marche de l'Histoire telle que nous la connaissons, le feriez-vous ? C'est en se basant sur ce débat fondamentalement obtus que le Punisher, mis à la porte du paradis viking par un Odin râleur, part dans le passé dans l'idée de flinguer un Thanos encore à l'âge du berceau. Incapable d'ôter la vie au charmant poupon violet, le héros décidera finalement d'élever le gosse pour l'empêcher de devenir le fameux dictateur cosmique fan de pierres qui brillent.
 
Sur le plan purement narratif, Cosmic Ghost Rider s'assume comme un énorme délire. Les règles de crédibilité volent en éclat, le bouquin avance vite, les rebondissements et les apparitions de personnages en guest sont nombreuses, tout est foutraque et correspond à l'énergie des couleurs vives et des dessins furieux de Burnett, qui s'amuse à rendre la rage vengeresse du Rider dans des déformations crâniennes des plus endiablées. La série prend le parti de faire rire et de défouler, avec des grosses bagarres, de gros enjeux, et des échanges de répliques qui jurent avec la stylistique classique du cosmique à la Marvel, verbeux chez Kirby, théâtral chez Starlin, mathématique chez Hickman.
 

 
L'ensemble est à voir comme une adaptation inavouée de l'esprit de Rick & Morty chez les héros de la Maison des Idées, on y retrouve le même amour des héros cassés ou cyniques, d'un renversement fréquent des enjeux où le pire est toujours la plus forte probabilité, et d'un humour qui vogue entre une analyse de la parentalité ou de l'incapacité à devenir optimiste après toute une vie à s'être conduit comme la pire des ordures. Ce Castle grisonnant au regard fou a parfois même des airs de ressemblance physique avec le scientifique destructeur de Dan Harmon, et la générosité de la série au global va dans le même ton de cartoon pour adulte, pas dénué de propos mais aussi accessible au premier degré comme un grand déballage de dingueries multicolores et de violence gratuite.
 
Cosmic Ghost Rider est donc à lire comme une véritable parodie, qui comprend toutefois suffisamment bien ses personnages pour rendre l'ensemble canonique (et oui) et intéressant. Odin est par exemple assez proche de ce qu'en a fait Jason Aaron, avec cette éternelle symbolique du père abusif, égoïste et égotique loin de la figure de vieux sage à barbe blanche de plus anciennes interprétations. Thanos ressemble à Thanos, et quoi que le mignon bébé à grosse mâchoire sorte d'assez jolies répliques par endroits, le personnage ne perd rien de sa superbe dans le tracé que propose Cates, et où on sent d'ailleurs que le scénariste s'amuse à relâcher la pression après avoir du accompagner le vilain sur des territoires plus profonds pendant tout son run.
 
Comme souvent, la parodie se heurte tout de même à des défauts de cohérence et de prévisibilité. On ne se sent pas forcément en danger dans ce monde que l'on sait sacrificiel, et on n'en apprend pas beaucoup plus sur Big Pun ou son fiston diabolique. On regrettera même de retrouver le personnage de Death traité assez différemment de sa superbe apparition (muette) dans le volume de Thanos, ou une fin qui expédie le récit avec pas mal de facilité pour boucler vite et passer à la suite. Des reproches qui peuvent se comprendre par la pile de travail croissante de Donny Cates sur d'autres séries ces derniers mois, ou qui peuvent même se vivre comme une résultante salutaire du constat "les meilleures blagues sont parfois les plus courtes".
 

 
En dehors de ça, de magnifiques dessins, de jolis découpages et une colorisation fabuleuse, un volume ouvertement comique qui fait du bien (on a rarement l'occasion de se marrer avec Galactus ou le Watcher), et une réelle inventivité dans le déploiement des seconds couteaux, qui vont régulièrement se foutre de la gueule de Marvel, de ses futurs possibles et des dérivés de dérivés de personnages régulièrement mis en jeu par l'éditeur. Du tout bon, du tout beau, on est content.
 
Pari réussi pour le Cosmic Ghost Rider. Loin de l'épopée déterministe d'un Thanos ou du grand chambardement épistémologique de Venom, le court récit de Donny Cates et Dylan Burnett se ressent comme un bon dessin animé bordélique et décomplexé, avec suffisamment de générosité et d'auto-parodie pour rester divertissant du début à la fin. Avec quelques paraboles pas inintéressantes sur l'héritage manichéen du Punisher en tant que symbole ou la parentalité (en léger sous-texte), le bouquin a surtout l'intérêt d'être drôle, rythmé et magnifique à regarder. A lire comme une bonne parodie, ou pour se familiariser avec ce héros qui devrait prendre une place croissante chez Marvel - à l'image de son créature, multi-tâches. 
Corentin
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