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Titans : retour sur une première saison entre générosité et immaturité

Titans : retour sur une première saison entre générosité et immaturité

ReviewSeries tv
On a aimé• L'exploration des personnages DC
• Les épisodes d'entre deux
• Un Elseworld flippant et réussi à un moment, mais faut pas dire quand
• Une photo et une réal' plus travaillées que d'habitude
On a moins aimé• Déborde d'immaturité dans sa gestion du Rated R
• Des prises de liberté difficiles à accepter
• De gros défauts de caractérisation
Notre note

Au terme d'une diffusion sur la plateforme DC Universe, la série Titans vogue à l'international par un accord de diffusion passé avec Netflix. Si vous n'aviez pas fait appel à un tonton américain au cours des derniers mois, c'est le moment de vous lancer ou non dans la série - et pour nous de vous proposer un avis global sur une série qui montre que DC souhaite se démarquer sur ses séries. Sans pour autant encore réussir à convaincre tout le monde.

La jeune Rachel Roth (Teagan Croft) est une adolescente un brin gothique comme tout ce que les productions américaines peuvent nous montrer dans les séries teens de ces dernières années. Le jour où sa mère se fait descendre sous ses yeux, elle va demander de l'aide à l'inspecteur Dick Grayson (Brenton Thwaites), qui a du mal à gérer un passé qu'on imagine houleux et violent. De l'autre côté du monde, Kory Anders (Anna Diop) se réveille dans une voiture sur un bas côté de la route. Amnésique, un cadavre à ses côtés, elle fuit des poursuivants qui lui veulent vraisemblablement du mal. Au fil de l'histoire, les rencontres vont se faire, un semblant d'équipe va se construire - et derrière les tracas de Rachel semblent se dessiner les contours d'une conspiration visant à amener le Mal sur Terre.


Les grandes lignes de l'intrigue de Titans vise à mener différentes figures solitaires pour former une équipe, qui mettra du temps à se former, pour n'agir que peu de fois ensemble. La première saison, avec toutes les contraintes de l'origin story, prend un certain temps pour qu'un sentiment d'unité puisse s'installer. Au sortir des onze épisodes, il apparaît assez clair que la véritable équipe ne s'installera que par la suite. 

La série a en effet une tendance à s'éparpiller dans de multiples directions. Comme si elle prenait sa plateforme DC Universe au plus premier degré, Titans a le mérite de vouloir étendre son environnement, et d'aller regarder au-delà des super-héros (plus ou moins) adolescents, avec des figures liées de près ou de loin au groupe, toujours avec un liant proche des comics. A cet égard, c'est un geste appréciable.


Les connaisseurs seront donc contents de retrouver Hawk & Dove d'un côté, ou la Doom Patrol, avec une incursion de Donna Troy par la suite. Les personnages évoluent dans un univers qui a un certain passif, que le spectateur est (lentement) amené à découvrir. Dès lors, il paraît presque surprenant que les épisodes les plus réussis soient ceux qui,  justement, sortent du fil rouge principal, l'intrigue en question s'étalant curieusement sans apporter tant de rebondissements que cela - et c'est sans compter sur un cliffhanger plutôt osé, sinon maladroit. A côté, Robin oblige, l'univers de Batman est là aussi exploré. Jason Todd s'offre une certaine présence, et le rapport de l'ancien Boy Wonder à son mentor est d'une grande importance dans la série, et permet d'aborder deux problèmes principaux : son écriture, et sa tonalité.

Du côté de l'écriture, il faudra mettre de côté beaucoup de conceptions qu'on peut se faire avec les Teen Titans, d'autant plus quand on aura lu les plus célèbres runs de Marv Wolfman ou Geoff Johns (pourtant à la production de la série). Dans une volonté de verser dans le plus dark possible, Titans tente une approche jusqu'auboutiste sur ses héros, quitte à tous leur faire franchir la ligne qu'il ne faut pas franchir. Ainsi, les Titans sont tous ici des meurtriers qui assument plus ou moins leurs gestes, sans que ça ne soit réellement mis en question. Là où on tentera d'expliquer que Rachel ou Beast Boy ne contrôle pas ses pouvoirs, qu'une Starfire est amnésique et agit par réflexes, ou qu'un Robin a des pulsions qu'il a du mal à contrôler, le cynisme passe un point de non retour au cours d'un certain épisode qui laisse de côté tout espoir de rédemption. 


Il faut croire que la production est très consciente de ce qu'elle fait. Mais plutôt que d'assumer, il y a un côté premier degré qui donne l'impression que les scénaristes n'ont que peu compris leurs personnages, et leurs valeurs. Dick Grayson est proprement détestable dans ses actes, et sa réaction face aux agissements de son mentor ne peut prendre face à ses propres actions. Dans l'ensemble, Titans essaie de coller à l'adage (faussé) qui voudrait que "DC c'est sombre" pour appliquer du dark dans tous les recoins possibles. Quel que soit le personnage abordé, il faudra que la personne en question souffre, jusque dans sa vie de couple. Est-ce nécessaire ? Il faudra en juger par la suite. Est-ce utile ? Beaucoup de pistes étant laissées en suspend, on en vient à douter.


Cette volonté de donner dans le sombre, qui atteint ses limites par quelques sommets d'immaturité (des "fuck" à répétition qui feraient croire qu'un adolescent en colère a écrit les dialogues), trouve néanmoins quelque réconfort par rapport à ce que DC a pu proposer à la TV. On rétorquera aisément que Titans a le mérite de ne pas faire de la CW - c'est vrai. Là où niveler par le bas n'est jamais la bonne solution - et les séries super-héroïques en question on certaines qualités en termes d'inspiration comics que Titans n'a pas encore - il faudra reconnaître que Titans a un côté rafraîchissant, pour peu qu'on accepte le contrat et de voir des personnages plus torturés que jamais. La proposition n'est pas inintéressante, comme le prouve le final qui lui, réussit à montrer ce qu'est véritablement le cauchemar d'avoir un Batman meurtrier - une orientation sur laquelle Warner/DC insiste de façon morbide depuis des années.


Du reste, c'est aussi du côté visuel qu'on pourra apprécier Titans. Malgré une photographie très sombre - un choix compréhensible - qui gêne parfois la lisibilité, la série a une photographie appuyée, des efforts de réalisation et un certain savoir-faire pour montrer la brutalité des affrontements à mains nues. Les effets spéciaux peinent comme dans beaucoup des séries de super-héros, encore que DC soit assez économe sur leur utilisation. On préférera avertir les spectateurs là aussi sur la violence graphique : si la vue du sang vous effraie, vous serez servis. Les costumes, eux, profitent de la photo' pour avoir un rendu aussi crédible que peut se faire, avec un certain amour du matériel original, et une curiosité d'en voir plus par certains aspects - la Doom Patrol intrigue, beaucoup. 

En définitive, Titans est-elle une bonne série ? Chacun se fera évidemment son propre avis. Dans un paysage DC saturé par la vision CW, la série a le mérite d'avoir un effort artistique plus intéressant, et une autre vision de s'intéresser à des personnages iconiques. Néanmoins, la volonté de faire du "dark" pour du "dark" et le parti pris qui rend certains personnages méconnaissables pourra dissuader de voir cette interprétation. Quelques moments impardonnables mis de côté, Titans a le mérite d'essayer, à défaut d'être la première série DC live action à contenter tout le monde. Peut-être pour la suite ?

Arno Kikoo
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