Maintenant qu'il fait bien assez froid pour s'épargner toute activité en extérieur, la lecture de comics s'impose naturellement comme la première chose à faire chez soi. Si. Si, on vous dit. Le problème c'est qu'entre toutes les sorties VO (mainstream et indé compris) et celles de nos chers éditeurs français, le choix est on ne peut plus vaste. Mais nous répondons toujours présent avec notre traditionnelle Checklist Comics chargée de faire le point sur les sorties à suivre, à découvrir ou simplement à surveiller puisqu'elles font l'évènement. En gros, quelques conseils de lecture, tout bonnement.
Bien entendu, faire des choix signifie se restreindre, et si vous souhaitez nous signaler absolument que Belladonna devrait figurer dans la Checklist, n'hésitez pas à nous en faire part dans les commentaires et en faire profiter les autres lecteurs. Sauf peut-être si vous lisez vraiment Belladonna.
Si vous aviez aimé I Kill Giants, le nouveau titre de Skottie Young (à l'écriture) chez Image Comics pourrait vous séduire. Présenté comme une métaphore du passage à l'adolescence, période de la vie Ô combien compliquée, Middlewest nous emmène aux côtés d'Abel, jeune garçon qui voit arriver une tempête littéralement monstrueuse dans sa ville, et doit faire ce qu'il faut pour l'arrêter. Synonyme d'une quête introspective et de réponses intérieures à trouver, dans un univers emprunt de magie dessiné par le très chouette Jorge Corona (We Are Robin, Feathers).
Une nouveauté à retrouver du côté de la relance de DC Vertigo. Loin de l'univers Sandman, on retrouve quelques titres en indé, dont cet appétissant American Carnage. Le scénariste Bryan E. Hill aura convaincu récemment sur son petit passage sur Detective Comics et a déjà prouvé son savoir faire en indé (Postal, un peu moins convaincant sur ses titres Top Cow), et le pitch donne envie. Sur des thématiques actuelles, un agent du FBI va devoir infiltrer un groupe de suprémacistes blancs - sujet on ne peut plus "chaud" aux US et dans le reste du monde par ailleurs. Aux dessins, Leandro Fernandez (The Names, The Old Guard) est certain de nous régaler avec son style très personnel. Une curiosité, assurément.
Parmi tous les titres lancés sous le nouveau Jinxworld, Cover est l'un des plus réussis, si ce n'est le plus réussi. Le scénariste livre une vision particulière du monde des artistes de comics et des conventions avec un regard forcément personnel, et imagine si lesdits artistes étaient employés en secret par des agences d'espionnage pour véhiculer des documents de la plus haute importance en se rendant aux quatre coins du monde. Tout aussi intéressant sur le titre, c'est l'approche graphique de David Mack, épurée, stylysée au possible, avec des variations au fil des pages, qui rend le voyage aussi envoûtant qu'agréable à regarder. Une lecture sûre.
Cette semaine se poursuit dans les pages de Hot Lunch Special une infatigable querelle mafieuse entre irlandais, dans une ville sans lois où les sandwichs ont le goût de sang et où les mères sont des lionnes aux crocs acérés. Toujours parfaitement exécutée dans le rythme et les ambiances, Hot Lunch s'est imposée comme ces séries à mi-chemin entre le grisâtre d'un polar mafieux et la froideur quotidienne d'un récit du midwest, une contrepartie moins furieuse à Scalped qui ne fait (espérons le) que commencer. A noter au passage les superbes couvertures de numéro en numéro, si vous êtes du genre à aimer l'anthropophagie - et d'ailleurs qui pourrait vous jeter la pierre ?
On continue de soutenir la comédie de science-fiction humoristique dessinée par notre cher Geoffo, avec ce troisième numéro de Burnouts ! Andy apprend à s'intégrer peu à peu au groupe de marginaux bien obligés de fumer et boire pour être conscient des aliens qui envahissent la population tout autour. Un concept pris à mi-sérieux avec une séance d'entraînement avec des vaches absurde mais non sans conséquences, qu'on nous invitera à découvrir dans ce numéro. Le style graphique de Geoffo, proche de l'animation, fonctionne parfaitement sur le titre qui fait partie des chouettes lectures du moment chez Image Comics.
Donny Cates poursuit l'exploration de la nouvelle mythologie symbiotique, repensée en profondeurs pour accoucher de quelque chose de plus dense, de plus cohérent et de plus intéressant (surtout) depuis le début de sa prise de fonction. Après un numéro consacré aux origines vietnamiennes du parasite, en adéquation avec le premier arc, le scénariste propose une aventure concentrée sur Cletus Kasady au moment où le vil et malveillant assassin réapparaît peu à peu dans la série principale. Accompagné par Danilo S. Beyruth, Cates contera l'histoire d'une religion (ou d'une secte, c'est selon) d'adorateurs de Carnage qui espèrent ramener son symbiote sanguin à la vie après que ce-dernier ait été envoyé dans l'espace pendant Venomized. Ce sera bien (probablement).
Une nouveauté à découvrir cette fois du côté de Boom Studios! L'éditeur indé' sort parfois de jolies trouvailles en indé et on espère que ce Smooth Criminals en fera partie. On vous avoue qu'on ne connaît que peu les précédents travaux de l'équipe créative, et c'est surtout la proposition qui nous attire. A savoir, une hackeuse qui doit faire un team-up avec une experte en cambriolages toute droit venue des années 1960. Un titre qui semble axé sur la comédie et qui a une proposition plutôt rafraichissante dans l'ensemble des productions actuelles. A essayer, en espérant ne pas se tromper.
Après avoir été embarqué dans le crossover The Witching Hour, il est temps de revenir à un cours normal pour le titre Justice League Dark, qui avait été marqué par des débuts encourageants. Pour ce nouvel arc, James Tynion IV veut aborder la place de Nightmaster prise par Detective Chimp suite aux évènements de Metal, ce qui promet au vu de la couverture un affrontement avec un dragon. Et un dragon, c'est toujours sympa. Blague à part, on reste curieux de voir si le potentiel peut se confirmer avec ce nouveau numéro, d'autant que les planches de Sampere ont l'air de suivre la côte qualitative mise avec Martinez et Merino depuis les débuts.
Carton de l'année du côté des comics en France, Rick & Morty revient avec un tome 3 (et un magnifique artbook également) chez Hi Comics. On reconnaîtra aisément que la partie graphique, assez quelconque, ne profite pas de la richesse que permet la série d'animation. Malgré tout, les comics Rick & Morty regorgent d'histoires absurdes, et d'un humour qui fonctionne, permettant de prolonger le plaisir de cet univers au delà des trois saisons. Et vous admirerez cette superbe forme phallique en pleine couverture, preuve d'un bon goût à toute épreuve. Un bon moment de détente en perspective.
On profite de la rubrique pour mettre un coup de projecteur sur un petit éditeur, Reflexions Editions, qui publie le Judge Dredd d'IDW (celui de 2000AD restant chez Délirium) mais aussi des comics adaptés de grandes oeuvres cinématographiques. On se retrouve donc cette semaine avec le second tome de Big Trouble in Little China, reprenant l'univers de Jack Burton et ses aventures, avec John Carpenter et Eric Powell au scénario (ce qui est plutôt pas mal niveau street cred) et Brian Churchillo aux dessins. Un titre qui devrait attirer l'attention des fans du film culte, assurément.
Changement complet de registre du côté de Delcourt avec cette nouvelle édition de l'oeuvre emblématique de Will Eisner, figure parmi les plus importantes dans l'histoire des comicbooks. Le premier volume reprend le titre New York : the Big City. Une oeuvre d'auteur où la ville se meut en pièce de théâtre gigantesque, où le narrateur décrit la vie de sa population tout en dressant le portrait d'une société qui évolue - et un incontournable proposé dans un très bel ouvrage (en termes de livre objet). Clairement une jolie idée de cadeau pour les fêtes de fin d'année.
Saga assez sombre du Roi des Océans, Aquaman Sub Diego nous montre comment Arthur, exilé d'Atlantis, s'improvise régent de la ville de San Diego, qui a mystérieusement sombré dans l'océan mais dont les habitants ont développé des branchies. Du mystère, de l'action et de la politique dans un ensemble plutôt prenant, surprenant par moments par sa noirceur, et avec quelques écueils. Mais il faut bien avouer que les grands récits sur Aquaman ne sont pas si nombreux, et l'on profitera donc de ce second tome pour compléter et terminer l'aventure. Surtout qu'il y a du Patrick Gleason aux dessins, et que c'est toujours un signe de qualité graphique.