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De Conan à X-O Manowar : rencontre avec l'artiste Tomàs Giorello

De Conan à X-O Manowar : rencontre avec l'artiste Tomàs Giorello

InterviewIndé

Il sera passé par à peu près toutes les acteurs de l'industrie des comicbooks. L'artiste argentin Tomàs Giorello était présent il y a quelques semaines sur le stand Bliss Comics de la Comic Con Paris 2018. L'artiste aura su se faire remarquer entre autres sur le premier tome de l'excellente série X-O Manowar de Matt Kindt, ou sur la mini-série War Mother. L'occasion pour nous de revenir sur le parcours de cet artiste talentueux, et de voir avec lui son approche de l'univers Valiant. Bonne lecture !

 

On va commencer dans simplement et directement : comment as-tu démarré dans les comics ? 

J'ai commencé en Argentine avec les frères Villagrán. Ce sont trois frères qui se sont dédiés à l'industrie du comicbook, et ont travaillé pour Marvel et DC à la fin des années 70. Ils ont été mes professeurs. J'ai commencé à étudier avec eux au début des années 90 et à la moitié de cette décennie, je suis allé aux US pour voir si j'étais assez bon pour ce travail. J'ai eu un peu de travail dans la publicité, j'ai fait des essais pour Penthouse Comics, et j'ai fini par travailler pour Heavy Metal, DC Comics, Dark Horse, IDW et puis Valiant Comics.

C'était facile d'avoir accès aux comics en Argentine ? 

Il y a trente ans, dans les années 70, il y avait une grosse industrie. Mais dans les années 1990, ça a été complètement détruit. Toute ma génération a appris sur le tas qu'on aurait un meilleur futur en travaillant pour le marché américain ou français. Et c'est ce qu'on a fait, il y a tout un groupe d'artistes argentins travaillant aujourd'hui pour ces marchés.


Quelle est pour toi la grande différence entre les éditeurs, qu'ils soient dans le mainstream ou dans l'indé ? 

Ca peut sembler bête, mais il y a certaines compagnies qui sont vraiment dans une approche industrielle. Ils font des centaines de choses en même temps, parfois avec les meilleures intentions, mais ce sont les chiffres qui comptent au final. Chez Dark Horse ou Valiant, c'est vraiment important pour eux de connaître leurs artistes, de développer des relations avec eux, ils ont à coeur de travailler avec eux. Je travaille de façon bien plus confortable comme ça. 

Mon expérience a été chez DC a été incroyable, sûrement parce que je devais faire un comicbook qui ne s'est pas fait, et qu'on m'a finalement donné beaucoup de projets de remplacement pour que je ne sois pas sans travail. J'ai pu dessiner cinq personnages différents en cinq mois, c'était fou, et plutôt fun. Mais je sais que beaucoup de compagnies travaillent tout le temps comme ça avec leurs artistes, et je ne pourrais pas faire ça.

Quel était ce projet chez DC ?

A l'époque, j'étais en train de dessiner Conan chez Dark Horse. J'ai fait Conan le Cimmérien puis King Conan. Quand j'étais en train de finir ce projet, j'ai approché DC pour voir s'ils avaient du travail, et ils m'ont dit qu'ils avaient quelque chose pour les six prochains mois, ce qui était génial parce qu'après je devais revenir chez Dark Horse. Ils m'ont dit que c'était une grosse série Green Lantern, pour laquelle j'aurais à faire beaucoup de designs. Quand j'ai terminé chez Dark Horse, DC m'a dit que le projet n'existait plus, qu'il y avait eu un problème avec le script. Ils ne savaient pas quoi me dire, et j'ai insisté pour qu'ils me donnent du travail. Ils m'ont donc donné Batman & Robin, Green Lantern, Green Lantern : New Guardians... C'était taré.


Et qu'est-ce qui t'a amené chez Valiant ? 

J'y suis arrivé grâce à Lewis Larosa. C'est un super artiste, et une superbe personne. On discutait sur Facebook, et il m'a dit que je devrais venir travailler avec eux. Il m'a présenté à Warren Simons, on s'est bien entendus. Ce que j'aime bien, c'est qu'ils te laissent le choix, en fonction du personnage tu veux dessiner, le titre qui t'intéresse. Bien sûr, c'est l'industrie du comicbook donc il faut aller vite, mais on a quand même le temps de discuter de nos projets, de notre approche.

Tu as fait Bloodshot, Rai, X-O... quel personnage préfères-tu dessiner ? 

Je pense que celui que je préfère dessiner c'est Bloodshot, bien que je ne l'ai dessiné qu'une fois. J'ai beaucoup aimé travailler sur X-O et War Mother, car j'ai dû tout designer. Je ne connaissais pas cet univers, mais quand on m'a dit que j'allais faire X-O, ils m'ont dit que j'allais tout réimaginer. J'ai fait la planète, les peuples, les machines, les armes... et ça a été pareil pour War Mother. C'était chouette puisque j'ai pu faire ça pas à pas pour apprendre à construire cet univers.

C'était ma prochaine question : comment avez-vous fait pour construire ces univers, qui mêlent SF et fantasy ? 

Ce qui a été très utile, c'était mon expérience sur Conan, puisque dans le premier numéro, on m'avait dit qu'Aric ne porterait plus l'armure de X-O mais serait bien plus dans sa nature guerrière, de barbare. Je devais dessiner de nouvelles espèces, des armées, des machines - ce que j'avais pu faire sur Conan. Puis Aric, c'est une sorte de Conan, mais blond ! 

Mais tout ça n'est pas qu'une coïncidence. Ce que j'aime avec ce genre de personnages, comme Bloodshot, c'est que tu peux montrer leur vécu sur leur corps. C'était vraiment bien de pouvoir travailler sur Aric, un personnage qui a subi énormément d'évènements, et est donc couvert de cicatrices. Tu vois qu'il est passé pour beaucoup de choses, et c'est ce que tu peux montrer par ses expressions, par son corps.

Et quelles sont tes influences pour les éléments de science-fiction ?

Il y a un peu de tout. Il y a cette technologie old-fashion, proche du post-apocalyptique, mais aussi de designs très propres également. C'est surtout les designs que j'aime, dans la science-fiction.


Tu as beaucoup travaillé avec Matt Kindt, quelle est ta relation avec lui ?

Dès qu'on fait quelque chose ensemble, il m'envoie des idées, des sketches, et il est très ouvert à la discussion et aux changements, aux suggestions. Même si je n'ai pas l'occasion de lui parler tout de suite de changements que je veux faire, je sais qu'il me laissera les faire, et il est toujours très content. La première fois qu'on a bossé ensemble il m'a dit de faire ce que je voulais.

Tu as dessiné Harbinger Wars 2. Ca fait quoi de travailler sur le gros event de Valiant de 2018 ?

Comme je l'ai dit avant, j'essaie toujours de connaître mieux l'ensemble de l'univers. Et là, j'ai dû dessiner tous les personnages en très peu de place. Ca a été une expérience incroyable.

Est-ce que tu as été touché par les bouleversements éditoriaux de l'event, comme le fait que Eric Heisserer devait se partager les numéros avec Matt ?

C'est le même genre de choses qui est arrivé quand j'étais chez Dark Horse. J'aimerai être plus impliqué dans les compagnies, et les décisions que je pourrais prendre. Mais je passe tellement de temps à dessiner que même si j'entends des choses, même après-coup, et quoique ce soit dont je suis informé, ça ne me touche que si c'est ce sur quoi je suis en train de travailler en ce moment. En dehors, je passe juste mon temps de deadline en deadline.

Il n'y a donc pas eu de changements dans ta façon de travailler depuis le départ de Warren Simons ? 

Non. Je sais qu'il y a beaucoup de changements chez Valiant, et avec les films qui arrivent. Mais si on en reste à mon travail quotidien, rien n'a changé.


Qu'attends-tu du film Bloodshot, qui devrait ouvrir un univers Valiant sur le grand écran ? 

J'aime beaucoup Vin Diesel, mais c'est difficile de donner un visage à un personnage. C'est facile d'avoir une orientation sur certains traits, mais c'est très dur de choisir quelqu'un, car tu ne pourras jamais satisfaire tout le monde. Je suis très intrigué. C'est très ambitieux, mais avec les nouvelles technologies, tu peux tout faire, donc ça devrait être fun.

Quels sont tes prochains projets chez Valiant ? 

Je fais les quatre derniers numéros de X-O Manowar, que je dois finir pour mars. Je crois que le mois prochain je dois avoir une discussion vis-à-vis de mes futurs projets, mais pour le moment, je ne vois pas plus loin que mars 2019.

Merci beaucoup !

Remerciements : Bliss Comics

Arno Kikoo
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