Ce mardi, à Los Angeles, Kevin Tsujihara recevait des mains de la Asia Society un prix d'excellence pour son travail en tant que président de Warner Bros. et en tant qu'homme d'affaire asiatique à la tête d'une grande entreprise anglophone. Le prix lui était remis dans le cadre d'un gala, dont le thème était : les relations sino-américaines dans les industries de divertissement, parce que les cols blancs sont des gens qui savent s'amuser.
Au cours de cette soirée,
Tsujihara a eu l'opportunité de prononcer un discours de remerciements. Il a, pendant celui-ci, appuyé sur l'idée que la diversité était l'un des défis à relever pour ces industries,
en allant dans le sens de WarnerMedia qui s'était déjà engagée il y a quelques mois pour signer la charte des fameux
inclusion riders, avec le soutien et le partenariat de
Michael B. Jordan.
"Afin de rester pertinents, de maintenir notre excellence créative, nous devons travailler avec de nouvelles voix et raconter de nouvelles histoires. Histoires qui prennent en compte une perspective mondiale, tant dans les visages que l'on voit à l'écran que chez ceux qui écrivent les scripts, sont sur les plateaux, ou font naître la véritable magie dans la salle de montage.
Nous devons tous nous assurer que l'accueil s'améliore pour les femmes, les personnes de couleurs, les personnes issues de la communauté LGBT+, ceux qui souffrent de handicap ainsi que les groupes les moins représentés des deux côtés de la caméra. Nous savons que c'est la bonne chose à faire, et nous savons que cela fonctionne."
Un discours d'intention louable, à l'image de celui
proposé par Kevin Feige sur les mêmes thématiques. Bien entendu, la portée des paroles de
Tsujihara s'étend à un spectre bien plus vaste que celui des simples adaptations de comics - néanmoins, attendu que celles-ci tiennent encore le gros du marché et sont généralement un secteur d'innovation à défricher, elles sont évidemment les premières concernées.
Par-delà les paroles, de premières décisions ont d'ailleurs été prises en ce sens dernièrement. Tsujihara ajoute, apparemment pas décidé à lâcher le micro, que l'essentiel est avant tout d'avoir de bonnes histoires.
"Le public a envie de bonnes histoires. A partir de là, peu importe que le héros soit noir ou blanc, Asiatique ou Latino, homme ou femme, gay, bi ou transgenre. Warner Bros. reconnaît la valeur et la capacité de la diversité dans nos oeuvres ainsi que dans notre corps d'employés.
Nous avons tendance à dire que certains genres de films s'exportent mal, ou que le public à l'international n'est pas intéressé par une offre diversifiée. Il nous incombe à tous, au sein des industries de divertissement, d'arrêter de chercher des excuses, de prédire telle ou telle chose tant que cela nous conforte dans nos opinions, et à la place, de commencer à devenir créatifs dans la façon dont nous vendons ces contenus divers sur le marché mondial. Nous avons tous en commun une certaine humanité, en particulier en ces temps de péril."
A mots couverts, Kevin Tsujihara rappelle peut-être ici le fait que certains marchés restent relativement peu ouverts à l'idée de femmes super-héros, ou de héros de la communauté LGBT - à l'image de la Tchétchénie, de pays religieux où l'homosexualité est tout simplement rendue illégale et proscrite ou, probablement, dans les années à venir, au Brésil. Sans oublier les communautés néo-fascistes occidentales, américaines et européennes.