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Motherlands #1 : Si Spurrier donne dans le mauvais 2000AD

Motherlands #1 : Si Spurrier donne dans le mauvais 2000AD

ReviewDc Comics
On a aimé• Un certain potentiel
• Le costume de Tabitha
On a moins aimé• Bavard pour ne pas dire grand chose
• Vulgaire
• Derrière un vernis SF, rien d'original
Notre note
On ne sait plus quoi attendre de Vertigo Comics. L'éditeur aura perdu coup sur coup sa fondatrice, puis son éditrice, et quoi qu'on ait pensé du travail de Shelly Bond pendant son mandat à la tête de l'imprint, on aura au moins pu isoler quelques directions claires dans la réorientation horrifique d'un esprit plus ou moins uni. Aujourd'hui, difficile de dire qu'il existe une réelle essence Vertigo, ou une quelconque exigence qualité. Si Spurrier vient aujourd'hui nous confirmer en une grande tape dans le dos que, en définitive, la maison publierait n'importe quoi pour remplir ses étals, sans contrôle créatif ou regard sur le contenu.
 

 
Motherlands #1 a tout d'une série 2000AD. Futuriste, centré sur des concepts ubuesques nés de l'imaginaire de la science, mais employés plutôt pour justifier un fracas de têtes brisées et de mâchoires arrachées dans un apparat coloré et festif, l'ensemble se présente comme un joyeux mais immense bordel qui s'assume tel quel. Le récit expose en une page (la première) l'idée qu'il existe des réalités alternatives connectées aux nôtres, le fameux multivers décidément à la mode depuis peu, un décor de fond qui intéresse moins le scénariste que l'aventure d'une mère et sa fille, chasseuses de primes. 
 
La maman, ex sex symbol, aura été la vedette d'une émission où ses différentes traques étaient retransmises comme les cop shows modernes de télé-réalité, et la fille élevée par cette figure égotique un rien toxique - une sorte d'exagération du rapport des Spectres Soyeux mère et fille, à une nuance près. Enfant, l'héroïne Tabitha a en effet vécu le départ de son père, qui aura abandonné la famille en emmenant seulement son fils avec lui. Le récit se transforme dans les dernières pages en quête de famille vers ce premier élément lointain, dans un futur où ça décanille du fuyard à coup de sauts quantiques dans quelque réalité lointaine, et où s'est organisé pour des raisons non expliquées dans le texte un gigantesque quota d'insultes indispensables par phrase. Ca balance du f-bomb à foison, à torrents, et l'éternel soliloque de chaque (fichu) personnage étouffe la narration en plus d'être réellement dispensable.
 
Comparons l'incomparable : prenez Maestros, série récemment lancée et avec la magie pour sujet. Il y a du sexe, graphique, du gros mots et de la vulgarité. Mais : c'est ce qu'on aime. Contrairement à leurs versions filmées, les comics s'autorisent dans leur aspect underground cette gratuité qui permet, d'une part de casser les codes de genres classiques, d'autre part d'amener un vent frais et décalé à certaines histoires. Les britanniques adorent cet esprit punk qui jure, crache et brise des fémurs, et le curriculum de Spurrier en dit long sur l'héritage qu'il entend respecter. 
 

 
Mais, quand la moindre bulle de dialogue est une élucubration étrange où les héros buttent sur les mots (pourquoi pas) et déclament un magnifique étalage de mots inutiles dont le but est généralement de servir d'exposition - abritée derrière des histoires de sperme, de pénétrations et d'anus - ça se voit, et c'est lourdingue. A un moment, on se demande si qui que ce soit a lu ce numéro pour juger utile de conserver des dialogues aussi verbeux qui ne disent pourtant pas grand chose, à part sur les mamans de chacun. Prenez la scène centrale de ce numéro : Tabitha traque un fugitif. Introduction classique de séries de ce genre, on sait parfaitement qu'elle va la rattraper, avec froideur ou avec style, ce n'est qu'une formalité pour poser l'univers, l'héroïne et balancer quelques informations utiles.
 
Ici, la scène d'une dizaine de pages en prend quatre pour un long monologue où le vilain, un Iroquois duveteux, explique ce qu'il aimerait faire à la mère de l'héroïne, vieux souvenir masturbatoire de ses années collège - et alors ? Lourd, mal dialogué et lent, le récit a en plus assez peu de corps à l'heure actuelle. La seule promesse qui paraît originale est celle du drame familial supposé. Maintenant, si l'idée est d'accompagner deux personnages dans un trope de "la célébrité de maman m'a étouffé pendant des années, mais nous allons nous retrouver en tuant et en lançant quelques punchlines bien senties", la balance qualité/défauts n'y est pas. 
 
L'univers est mal exploré, et à l'ombre d'une jolie armure et d'une monstrueuse rivale, ne semble pas réellement être le sujet. Le trait de Stott n'accroche pas la rétine, brouillon par endroits. Non, le réel enjeu ici est bien la saga familiale proposée, et l'habillage général paraît sans âme, un gros prétexte où un auteur espérant vendre un drame sur la relation mère-fille aurait donné un script sérieux à un adolescent pour qu'il le retravaille dans les grandes largeurs. Motherlands #1 est de cet accabit : gratuit, grossier, décevant, avec un univers-fonction qui sert de prétexte à une histoire qu'on adorerait lire si elle n'étouffait pas sous le poids d'un ensemble verbeux et pas vraiment pertinent. 
 

 
En somme, une énième déconvenue pour Vertigo, mais tout va bien, plus personne n'attend quoi que ce soit de l'éditeur qui sert aujourd'hui à canalyser les auteurs maison de DC et à réimprimer les séries d'avant (les bonnes) entre deux publications obligatoires. Là où on voit le potentiel d'une promesse comme Motherlands, l'écriture paresse à répéter des clichés sur le style briton et le dessin n'est pas renversant, ou pas suffisamment pour justifier l'achat - ici déconseillé.
Corentin
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