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Batman vs Two Face, la critique animée

Batman vs Two Face, la critique animée

ReviewDc Comics
On a aimé• Une ambiance de film noir géniale
• Les compositions jazz
• Joli boulot d'animation dans le DCAU
• Le second niveau de lecture est total
On a moins aimé• Le film a les défauts de ses qualités
• Une fidélité à l'époque qui ne fait pas de concessions au rythme
• Le générique n'ose pas l'indispensable "nananana Batman !"
Notre note

Avant de nous laisser au firmament de ses 88 ans, Adam West avait offert aux fans un dernier collector, Batman vs Two Face, suite animée de Return of the Caped Crusaders où le héros de l'année 1966 se retrouve confronté à un Harvey Dent absent de la série d'époque. L'animé est agréable dans le marasme d'un DCAU qui peine à se trouver un véritable intérêt, découverte au style défini et curiosité pour tout un tas de fans modernes qui n'auront pas connu les aventures de l'acteur à l'écran il y a plus de cinquante ans.


Le scénario emprunte à tout une batterie de films d'horreur ou au répertoire du film noir. On y découvre une ambiance sonore qui assume ces inspirations avec fierté, et se pare d'une teinte jazzy qualitative, en sous-texte d'une ambiance en berne dont il ne reste que les souvenirs d'une poignée de nostalgiques. Parce c'est bien le succès de Batman '66 et l'héritage d'un nombre incalculables de memes sur internet qui a permis à Adam West de ressusciter après des années d'absence sur le devant de la scène, la hype d'une série à ce point ringarde qu'elle en est devenue culte des décennies après avoir été le truc à la mode en télévision. Cet animé embrasse à pleine bouche le narratif des origines, sans concessions, jusqu'à parfois devoir en assumer les défauts.
 
Construit sur un métrage d'une heure vingt, le film reprend ce que des oeuvres méta' comme The Lego Batman et autres auront échafaudé avec les années : la seconde lecture. Tout est présent, d'un sous-texte explicite sur la bromance gay du Dynamic Duo à des références statuées sur la culture pop' et l'impact que la série aura pu connaître auprès du grand public. Le ton naïf et boyscout des origines est généreusement parodié, aux côtés de l'aspect meme qu'a pris la créa' des origines au fil des ans. On en ressort avec un animé conscient de ce qu'il est, à la fois plaisir nostalgique pour les très très anciens, et oeuvre ironique qui contemple avec une certaine fierté son passé complètement absurde. L'écriture est par moments géniale à ce niveau, et glisse quelques idées bienvenues qui relativisent les bizarreries du silver age avec beaucoup de tendresse.
 

 
L'animé a aussi la qualité d'être cet ovni dans le DCAU, les productions de Warner Animated qui échappent à la ligne american manga de l'éditeur. Là où ce dernier s'applique à créer une continuité entre ses dernières productions, on se rend compte au fil du temps de la supercherie artistique : hors productions Bruce Timm, le temps des animés DC de qualité semble loin et les dernières sorties montrent cependant la bonne route. Faire de l'animation de niche, avec un style rare qui essaye là où les autres n'y sont pas parvenues à trouver son propre style. Parce que Batman vs Two Face ne se regarde pas comme un Son of Batman, il s'accompagne d'une recherche dans l'esthétique visuelle et sonore qui en font un vrai produit adressé à un certain genre de fans. Proportionnellement à ce que fait DC Animated depuis ces dernières années, le film a une vraie richesse visuelle fort appréciable, malgré une envie de coller au classique qui laisse parfois des creux s'installer dans le rythme.
 
Parce que : voilà. Là où le film s'installe dans l'entièreté d'un hommage, on peine parfois à garder le rythme de la série vivant. Batman vs Two Face déclare son amour à l'original jusque dans ses défauts : souvent mal rythmé, avec une fidélité qui impose un doublage réalisé par un homme âgé (ce qui n'est pas une critique sur le talent de West, juste un postulat objectif : à 88 ans, la voix s’éraille et vous aurez toute licence pour en faire le constat si la vie vous mène aussi loin), et certains effets sont parfois forcés. En ça, on peut pleinement réitérer l'idée que l'oeuvre a les défauts de ses qualités. A chercher à ressembler au Batman de 1966, cette version de resurrection a récupéré un peu du ringard de la série, sans que cela soit foncièrement génant, le métrage s'en sortant heureusement sur un million d'autres moments.
 

 
L'ambiance sonore en particulier est joliment bossée, reprenant un aspect de film noir jazzy fort appréciable, assorti avec des visuels qui cherchent autant à rendre hommage à Adam West et ses copains qu'à une certaine école de super-héros disparue. Autant film de la Hammer, série du silver age que ressucée des aventures du chevalier noir colorée, le métrage s'apprécie comme une plongée passéiste dans le rétro qui profite à mort de ses compositions de scènes volontairement ridicules où se retrouve une certaine école d'écriture propre à Gotham City. Une façon de faire qui fait plaisir, et rappelle les bonnes heures de l'école Paul Dini des adaptations du justicier.
 
En dehors de ces fautes au niveau du rythme, l'adaptation est soignée. Profitant d'un style vraiment original, elle ne fait cependant qu'accentuer la tristesse du départ de l'acteur, qui aurait pu mener à une véritable série de films en parallèle des officiels du DCAU, qui compile nostalgie, originalité et second degré avec une justesse vraiment appréciable. Dommage, mais si DC Comics se laisse pousser des envies de recast, on ne serait pas contre une replongée dans cette Gohtam à l'ancienne, complètement right wing et naïve, qui n'oublie pas d'où elle vient.
 

 
Batman vs Two Face est un de ces bonbons comme l'animation en offre parfois. Complètement absurde et rare dans ses idées, ses dialogues et son esthétique qui rend autant hommage aux épisodes de la série originale qu'à toute une école de cinéma, l'animé fait le job de plongée nostalgique et de plongée dans un ailleurs du super-héros à la Lego Batman. On aime les parodies assumées, le doublage de William Shatner et une Gotham de tous les possibles où Batman est ouvertement gay et incestueux (oui), donc pourquoi se priver ? En définitive, on a envie de dire que si la vie est trop courte, un animé d'une heure vingt n'empiète pas trop sur la nécessité de faire autre chose, c'est donc validé.
Corentin
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