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Matt Fraction (Hawkeye, Sex Criminals, ODY-C), la belle interview anniversaire

Matt Fraction (Hawkeye, Sex Criminals, ODY-C), la belle interview anniversaire

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Globe-trotter de l'industrie des Comics et particulièrement de Marvel, pour qui il a mené à bien le destin d'à peu près la totalité des héros tout en passant par les immanquables crossovers (pas toujours de très bonne mémoire), Matt Fraction est à n'en pas douter l'un des plus fiers représentants du comic-book moderne, celui qui fait ses armes chez Marvel et qui s'en va livrer la plus belle des guerres artistiques chez Image Comics.  

Ces sujets, ainsi que ses plus belles créations (Sex Criminals et Hawkeye en tête) ainsi que les déclarations minables de Jeremy Renner, sont autant de points sur lesquels nous avons eu la chance de revenir ensemble, fin octobre, dans un bel hôtel Parisien. Et si cette interview débarque deux jours à peine après celle de sa bien-aimée Kelly Sue DeConnick, c'est notamment parce que Matt Fraction fête aujourd'hui même ses 40 ans ! Nous nous sommes permis de lui souhaiter un très joyeux anniversaire au nom de toute la communauté COMICSBLOG.fr, et nous sommes particulièrement fiers de l'accueillir pour la première fois par ici, à l'occasion d'un jour si particulier.  
 

• Matt Fraction, l'interview de la maturité. •


 
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Retranscription écrite
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C'est parti, alors on va parler de Sex Criminals dans un premier temps. J'ai bien conscience que c'est une question un peu basique, mais comment vous est venue l'idée de faire un thriller sur le sexe aux Etats-unis pour le marché indépendant après avoir bossé pour Marvel, comment s'est passé le début du projet?

J'ai toujours adoré les comédies romantiques, elles m'ont toujours fait rire - j'aime beaucoup Billy Wilder - et j'avais envie de faire un truc un peu sale et marrant, quelque chose qui parle du sexe, mais qui ne soit pas sexy. Ce n'était pas fait pour être excitant ou pour titiller, c'était plus à propos de ce moment dans la relation, quand les trois premières semaines se terminent, et il faut déterminer si c'est juste une relation de plus, ou si c'est quelque chose de sérieux.
 
Mais principalement, j'avais envie de le faire avec Chip (Zdarsky), qui est hilarant et puisque c'est très difficile d'être drôle de manière délibérée, je voulais que ce soit un défi, j'ai toujours essayé de faire en sorte que chaque projet soit différent du précédent, l'idée qu'il n'y ait pas de style défini, des voix différentes pour des histoires différentes, et ça ne ressemblait à rien de connu et ça m'a vraiment fait peur. Donc c'était intriguant dans un même temps, je pense que c'est une bonne chose de laisser couler cette peur.

Très bien, et vous parliez de la transition entre la troisième et quatrième semaines, et dans le second tome, il y a quelque chose d'intéressant à ce propos puisque vous mettez l'action de côté, et vous dites " Ok, ceci est une relation, une relation avec des super-pouvoirs et une intrigue de fou", mais on sent, en le lisant, que nous allons accompagner les héros dans leur relation amoureuse, dans leur routine. Est-ce donc vraiment le centre du livre, le fait que ce soit une relation qui dure, ou est-ce quelque chose qui est venu plus tard, un peu de manière "Bon, on a traité leur rencontre, maintenant, il faut vivre avec leur couple" ?

Oui, c'est à propos de leur relation, et d'une façon, la trajectoire entière de leur relation.

Et est-ce que c'est fait pour être réaliste?

Oui, enfin, c'est fait pour être émotionnellement réaliste, mais à travers une folle relation cachée, couverte de sperme, de temps qui s'arrête et une brigade du sexe. C'était fait pour être émotionnellement vrai, mais dans l'espèce de monde éthéré des comics.

Est-ce que c'est une allégorie de votre propre relation et de votre vie artistique ? Vos pouvoirs sont votre vie artistique, et arrêter le temps est ce que vous faites quand vous écrivez, quand vous créez. D'autant que les personnages semblent ressembler aux enfants des idées du couple que vous formez avec Kelly Sue. 

Et bien, de la même manière que toi et moi on se ressemble. Si tu regardes les modèles, ils vivent tous deux à Toronto, sur lesquels Suzie et Jon sont basés, honnêtement on ne se ressemble pas trop.

Non, pas physiquement, plutôt dans la manière de penser, d'agir.

Oh, pas vraiment. Enfin, il y a une bonne partie de moi-même dans Jon et Suzie, et il y a beaucoup de Chip aussi. Ce n'est pas particulièrement autobiographique, mais il y a pas mal de biographie émotionnelle là dedans. Et en fait il y a un grand nombre d'histoires qui sont vraies, pas pour Chip et moi, mais qui sont arrivées à des amis, et on raconte un peu, sans honte, les histoires de cul de tout le monde.

Avez-vous rencontré des lecteurs qui ont changé leur point de vue sur le sexe après avoir lu Sex Criminals, surtout aux Etats-unis, et c'est peut-être très européen de se dire ça, mais on a entendu, et beaucoup d'artistes américains nous disent que le sexe aux Etats-unis n'a pas du tout la même place qu'en Europe.

Oui c'est ridicule "Oh la la !".

C'est très contrôlé, très puritain comme on dit.

Absolument c'est très puritain. Tu sais, on... Mon fils a vu dans le NY Times une photographie de 13 enfants morts, quand un hôpital a été frappé par une bombe, mais le sexe, non, on ne peut pas en parler. Ni d'amour. Les femmes n'ont pas le droit de donner le sein en public, on essaie de retirer les fonds de Planned Parenthood (l'interview a été enregistrée avant les évènements dramatiques de la semaine passée)... La politique américaine sur le sexe est ridicule.
Ce que j'ai découvert, en ayant rencontré des lecteurs, c'est que la thématique du bouquin, qui est qu'on est tous seuls la première fois, est renforcée, parce que c'est toujours raté, que ce soit drôle, triste, bizarre, ou même rien. La première fois de tout le monde est gênante. Tout le monde pense être le seul, c'est un mystère à régler par soi-même, et je ne sais pas, peut-être que l'éducation ici vous prépare mieux à la vie sexuelle. J'en doute.
Mais voilà, ce qui était cool, c'était d'avoir plein de lecteurs différents qui venaient nous dire "C'est mon histoire !", et d'autres "Non, ça ne ressemble pas à ça" ; ça a élargit mes horizons. Dans le tome 3, on introduit un personnage asexué, et c'était cool d'apprendre à savoir et connaître ce qu'est un asexué, et ça découlait de nos rencontres avec ces lecteurs, et ça posait des questions, qu'est ce que ça donnerait une personne qui est asexuée mais a qui encore la possibilité de ... Comment ça fonctionne quoi.
Et je sais pas, je pense qu'il va bientôt y avoir un changement générationnel. J'espère.

J'espère aussi. À propos de la série télévisée Sex Criminals, on a entendu dire que vous alliez aider à la production avec votre compagnie Milkfed Criminal Masterminds.

Oui, c'est nous, Kelly Sue et moi.

Et pourquoi vous impliquer directement ? "Parce que c'est mieux", ça je sais...

Pourquoi? Parce que ça fait plus de sperme à la télévision. Non pourquoi quoi? 

Pourquoi aidez-vous à la production du bouquin en série TV, et à quoi est-ce que ça va ressembler ? Parce qu'on connaît votre art, et que vous pourriez avoir affaire à des producteurs qui vous disent quoi faire, "ça marche comme-ci, ça comme-ça".

Oui mais ça ne marche pas comme ça, parce que je possède la société, et que je la contrôle.

Et est-ce que ce n'est pas un peu dangereux de mettre Sex Criminals sur le marché télévisuel, comme la transcription de ce qu'est le bouquin en comics?

Non ça ne serait pas différent d'autre chose. Mon objectif serait de faire une série TV qu'on ait envie de regarder, pas forcément une adaptation fidèle. Je ne suis pas un gros fan de l'école Sin City, avec les cases qui deviennent des plans, et j'ai envie de faire une série irrésistible, la télévision américaine est vraiment excitante en ce moment, elle est ce qu'étaient les films américains des années 70, et les gens qui nous ont employé, Kelly Sue et moi, nous ont donné beaucoup de contrôle sur le travail, ils nous ont fait confiance là dessus, donc, rien de ce qu'on ne veut pas ne sera diffusé. Et si ce n'est pas bon, rien ne sortira.

Et est-ce que ça peut être risqué pour votre carrière artistique ? Je veux dire, il y aura des trolls sur twitter comme à chaque fois, mais si vous le faites, et que vous ne pouvez pas montrer de sexe parce que ce sont les Etats-unis ? D'autant que personnellement, [Sex Criminals], c'est ce que j'ai envie de voir à la télé. Mais si vous ne pouviez pas le faire pleinement, seriez-vous frustré?

Oui, si on m'empêche, je ne le ferai pas.

C'est tout ?

Oui, fin de projet. Je veux dire, si ce n'est pas une série dont je suis fier, si c'est cheap, on ne le fera pas. Je me suis assis avec le chef de développement dramatique d'Universal télévision. Et il m'a dit "Sex Criminals". Et j'ai demandé quelle quantité de sperme on pouvait montrer sur les écrans après la Blacklist, qui est la plus grosse émission de NBC à 20h précise. Il m'a répondu "Ah mais ce n'est pas pour de la diffusion télé!".
Donc, on va voir avec HBO, Amazon et Netflix, on ne va même pas essayer avec les grosses chaînes. Ça n'existerait pas sur ces chaînes, ça serait une blague. Donc le deal que Mike avait avec Universal, c'est que nous sommes producteurs exécutifs, on décide de ce qui fonctionne ou pas. Et si ça ne fonctionne pas, on essaie pas. Il y a beaucoup de fans du bouquin en Californie, ce qui est cool. Beaucoup de gens l'aiment, beaucoup de gens ressentent que c'est le bon moment pour tenter le projet.

Et est-ce que le Eisner a changé quelque chose ?

Est-ce que le Eisner a changé quelque chose...

Peut-être votre égo !

Oui, mon égo déjà surdimensionné. Non. Est-ce que ça a changé quelque chose dans les comics ? Non.

Dans votre manière de voir les comics, le fait d'aller chez Image au bon moment.

Non. Enfin, j'ai toujours fait mon propre travail, même quand j'étais chez Marvel, je faisais encore Casanova. Mais le Eisner impressionne les gens à Hollywood, parce qu'Hollywood aime les récompenses. Mais ça ne change pas ton pedigree, ton prestige, ça ne t'apporte pas plus de ventes. Ce n'est pas comme un Oscar. Un acteur gagne un Oscar, et il vaut déjà des millions de dollars en plus. C'est génial d'être honoré par ses pairs, c'est une récompense donnée par tes égaux, c'est très bien, c'est flatteur, ça rend humble, un moment qui inspire la gratitude au niveau professionnel. Ca rend les gens à Hollywood  fébriles, mais c'est parce qu'ils n'y connaissent rien.

Et est-ce qu'il y a quelque chose d'autre que vous avez envie de faire avec Image dans le futur ?

Bien sûr, plein de projets oui.

Vous avez des idées que vous pouvez partager avec nous?

Non, pas à partager. Mais Terry Dodson et moi allons faire un bouquin appelé "Adventure Man", et c'est très inspiré du format BD.

Vous aimez ça [la BD européenne] ?

Oui, il en a fait une ou deux là, faire Songes pour les Humanoïdes l'a vraiment libéré. Donc on va essayer de faire ça pour un public américain, dans un style traditionnel d'aventures.

À propos du marché, quel genre de liberté vous apporte Image Comics?

La liberté totale. Liberté totale et absolue. Même au niveau de quelles publicités seront dans ton livre, s'il doit y en avoir, et de où elles seront. Et, tu as parlé de parts de marchés. Marvel et DC sont dans le commerce de pommes. Image est dans le commerce d'oranges. Ce sont des marchés différents. Les deux sont ronds, ce sont des fruits, mais ce sont des choses différentes. Et la réalité d'Image, et de ce que ça représente, surtout avec des gens comme Comixology et leur large audience, il faut bien se souvenir qu'à l'époque le comics américain c'était juste une vingtaine de pages en papier toilettes qu'on agrafait ensemble. Ces beaux et gros albums, même les moins chers, sont cent fois plus classes et beaux que ce que nous avions en grandissant, donc c'est très nouveau, mais Image est taillé pour passer à travers le marché libraire. Et c'est un autre monde, c'est clairement un autre monde.

C'est presque unique, ce qu'est en train de faire Image, que ce soit dans la culture pop mainstream ou indé, voire même dans la littérature, ce qu'ils font en ce moment, pour moi ce sera légendaire dans quelques années, ça apporte tellement de libertés aux gens qui en ont besoin, et on en reparle après mais vous avez fait des trucs presque indé' sur Hawkeye, avec David, et ...

Oui mais tout le monde s'en foutait.

Nous non.

Non, je veux dire chez Marvel

Ah oui ?

Oui c'est pour ça qu'on a pu le faire tout le monde s'en foutait. On pensait même pas que ça ferait six numéros.

Et c'est pour ça que vous êtes partis dans cette direction [si originale] ? 
 
Non c'est pour ça que personne ne nous a cassé les pieds.

Mais les réactions étaient folles, les fans se sont dit que Kate Bishop allait être comme leur nouvelle Spider Gwen au niveau Marketing. C'est un peu triste, mais c'est Marvel.

Les bouquins que Marvel ou DC annuleraient parce qu'ils ne ramènent pas assez de profits peuvent créer des situations économiques décisive pour les auteurs chez Image. Littéralement, un bouquin qu'aucun des deux gros ne voudrait publier parce qu'ils ne rapportent pas assez, ça voudrait dire qu'il faut prendre un comptable parce que vous rentrez dans une autre catégorie de taxes à payer, ce ne sont pas les mêmes échelles de grandeur, et à la fin tu veux juste payer tes factures, donc c'est tout ce que tu fais. Les Comics c'est ton travail principal, pas des heures supp' la nuit. Pour moi ça a toujours été mon job principal, qu'est ce qu'il faut faire pour que ce soit possible, et Image rend ça possible pour de plus en plus de gens, et même si un bouquin chez les deux gros arrive à vendre six ou sept tomes, l'auteur lui ne récupère quand même qu'un tout petit morceau du gâteau.

Mais, vous... Hawkeye s'est terminé il y a quelques mois maintenant, et...


Mais c'est pas que ce soit à propos de l'argent, c'est juste que l'argent achète du temps, l'argent achète la liberté, l'argent paie de loyer, j'ai des enfants donc ça me permet de les nourrir. Donc c'est pas "Je suis riche !" c'est plus " Je peux faire ce que je veux ". Mais en prenant Satellite Sam, un bouquin édité chez Image en noir et blanc, très mature, m'a rapporté trois fois plus que ce qu'un bouquin chez Marvel m'aurait rapporté. Et c'est simplement absurde, comme si ce n'était pas assez d'honneur de bosser sur un super-héros que je lis depuis mon enfance, ça ferait de moi un mauvais père, tu vois ? Je peux soit gagner de l'argent pour mes enfants, pour mon futur, pour le leur, payer pour leur école, ou je pourrais écrire sur ce comics que j'ai lu petit et gagner un tiers de cette somme... Économiquement ça n'a aucun sens. Donc tu as toute la liberté de création, et la situation économique stable, tu possèdes et contrôles le bouquin jusqu'au stock de papier. Donc voilà. Désolé.

Non non non, c'est cool.

C'est juste un bon moment.

Pour repartir sur Hawkeye chez Marvel, vous réalisez avoir produit quelque chose de génial, d'utile pour des lecteurs comme moi, dont l'enfance a aussi été faite de Marvel, DC et de mangas, des choses très mainstream, et qui, en grandissant, ont appris à vouloir suivre les artistes plutôt que des héro ? Je suis un peu déçu de ce que Marvel a fait ces dernières années, en se cachant derrière le fait que c'est pour mieux faire vivre leurs films, que c'est juste un catalogue etc. Et ce que vous avez fait, et c'est pas pour faire de la lèche, mais Hawkeye, comme Iron Fist que vous avez fait il y a quelques années avec Brubaker...

Et bien merci.

C'est juste du pur comics de qualité, des propos intelligents qui peuvent aider du plus jeune au plus averti des lecteurs, et oui c'est juste utile je pense, donc réalisez-vous cela ?

Non, mais c'est très sympa à entendre cela dit, merci.


C'est juste ce que Marvel a fait de mieux ces dernières années, et quand je les ai lu, c'est marrant d'ailleurs que vous disiez qu'ils ne vous ont pas embêté pendant l'écriture, parce que quand je l'ai lu, je me suis dit "Ils sont courageux de mettre ça dans les rayons". Si c'est Warren Ellis ou Declan Shalvey, on sait que ça va être une mini-série, il y aura six parutions, d'accord Warren, paye tes factures et amuse-toi.

Je ne trouve pas ça juste.


Non mais, les lecteurs peuvent le voir de cette manière, vous avez été chez Marvel un bon moment, avant de pouvoir ces trucs de fous chez Image, vous vous êtes dit " Ok, je vais faire Hawkeye, et je m'en tape que Jeremy Renner ressemble à ça dans le film, mon Hawkeye c'est celui ci". Il y a un énorme travail de David sur ces pages, et je ne sais pas comment vous le dites en anglais, mais nous on parle d'osmose, pour parler du lien entre l'artiste et vous.

C'est bon ça.

C'est quelque chose qu'on peut le ressentir à travers les pages.


Franchement, toutes les louanges doivent aller à David Aja.


Il est bon.


C'est le meilleur.


Et il est sympa.


Et fou, et merveilleux, et je l'aime. On a tous les deux grandi en aimant le personnage, et en aimant une certaine approche du personnage. Donc tout est né de ça, comme celui de Mark Gruenwald, de Roger Stern, ces bouquins des années 80, toute cette période. En fait tu peux voir d'ou on sort tout ça. La surdité, les gangsters, le parler en argot, le fait d'être étourdi, tout ça vient des autres bouquins. Donc c'est le boulot de n'importe quel auteur embauché, de faire quelque chose qui rend hommage et est consistant par rapport au personnage. Et c'était un de ces moments ou, il était dans tellement d'autres bouquins que c'était plus simple de faire une histoire ou il va chez lui pour laver son linge. 

Corrigez-moi si je me trompe, mais je ressens comme un hommage poussé au quotidien des héros, l'essence du Silver Age, et leurs problèmes dans leur vie de tous les jours.

J'ai été poussé à raconter une histoire sur le mec normal des Avengers, poussé à écrire une histoire sur un mec qui de manière compulsive ne pouvait s'empêcher de faire le bien. Il ne pouvait pas s'empêcher d'aider les gens, il ne pouvait pas regarder dans la glace s'il n'aidait pas quelqu'un d'autre. Et c'était question d'échelle, avec de petites histoires.

Et un petit chien.

Oui, mais tu vois c'est l'histoire d'un gars qui va acheter un rouleau de scotch. Voilà, des petites histoires. Tout est si grand, tout le temps, ça me fatigue, je peux passer le reste de ma vie sans voir Batman se battre contre le 11 septembre. Encore. Et les comics sont... Tu sais, j'adore Jonathan Hickman, mais Secret Wars est tellement immense, il n'y a que lui qui puisse vraiment cerner Secret Wars. Donc voilà, c'est une histoire à propos d'un type qui essaie d'aider son voisin. C'est un type qui essaie d'aider une femme qui va se faire expulser. C'est le seul espace qu'on m'ait laissé.

Et vous avez en plus pu mettre du social dans la série, ce qui est important dans l'industrie mainstream.

Je crois que j'ai toujours essayé de faire ça, pour le meilleur comme pour le pire.

Oui. Et dans Hawkeye, qui est rapidement devenu populaire, très populaire, et des rumeurs voudraient que Marvel pense à faire une autre série Netflix basée sur un autre Hawkeye [Kate Bishop en l'occurrence], étant donné que Jeremy Renner n'est pas vraiment apprécié de tous les fans.

C'est un gros trou du cul.

Dans la vraie vie vous voulez dire?

Hier, il a dit que ce n'était pas son boulot de s'assurer que ses collègues femmes aient un salaire équitable.

Ah oui, j'ai lu ça.


Tu te trompes M. Renner, c'est exactement ton boulot. Mais non je n'ai pas entendu parler de ça (cette idée de série).

Ça vous plairait? Même sans aucun contrôle, c'est toujours votre personnage.

Je ne sais pas, est-ce que c'est bon? Si c'est bon, j'aimerais bien voir ça, oui.


Sur Netflix ça pourrait vraiment l'être. Daredevil par exemple, à l'exception de son dernier épisode, c'était mieux que pas mal de séries.

En fait, je connais un des showrunners sur la saison 2, ça va être génial. C'est entre de bonnes mains. Je sais que Steven DeKnight est parti, mais c'est entre de très bonnes mains. Marco est un mec génial - Marco Ramirez, un des showrunners. Donc c'est en de bonne mains. Et c'est écrit par quelqu'un qui a un vrai amour pour le matériau de base, pas un blaireau d'Hollywood qui bâcle le travail. Marco est un bon gars, ça va être bien.

Et aimeriez-vous bosser sur ce genre de série? Je sais que Bendis a aidé...

Non, je préférerais juste faire la mienne. C'est ce qu'on fait avec Milkfed. Je préfère posséder et contrôler et créer moi-même. L’expérience de Milkfed jusqu'ici donc.

Et même en temps que consultant? Juste leur rappeler "Les gars, c'est pas comme ça que ça doit être", etc.

Je sais pas, ne jamais dire jamais. Je suis prêt à discuter de tout, mais je ne sais pas si c'est vraiment ma place d'arriver sur le plateau et dire quoi faire. Sur Iron Man 2, on a juste un peu discuté, et c'était cool. Ce n'était pas "Tu ne peux pas faire ça" ou "Iron Man c'est ça".
Mais voilà, ils n'ont pas besoin de moi pour ça. Il y a plein de gens talentueux et intelligents là-bas.

Oui, mais eux doivent se compromettre.

Je ne sais pas, pas sur Netflix, je n'ai pas l'impression qu'il y ait beaucoup de compromis chez eux.

C'est pour ça que Kate Bishop pourrait être bien sur Netflix, et c'est le seul endroit ou elle serait protégée, artistiquement. Dernière question, pour revenir à Sex Criminals et Hawkeye, est-ce que Sue et John prendront un Pizza Dog eux aussi?

Je ne pense pas qu'ils soient qualifiés pour s'en occuper.

Non mais étant donné votre propension à utiliser l'Easter Egg.

Il y a deux Easter Eggs dans Sex Criminals. L'un d'entre eux est un personnage nommé Sexual Gary, qui est en arrière-plan, il donne aux ados des conseils pro-vie sexuelle. On va raconter son histoire. Et l'autre est cet espèce de personnage cartoonesque appelé Shrok avec sa bite qui ressort de la tête, qui est devenu récurrent. 

Génial, merci Matt !

Merci !
 
Sullivan
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