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Sandman : Overture #2, la review

Sandman : Overture #2, la review

ReviewDc Comics
On a aimé• Neil Gaiman va au bout de sa réflexion
• J.H. Williams loin au-dessus des cieux
• Un moment de lecture magnifique
On a moins aimé• L'attente interminable
Notre note

Visiblement, pour lire du Sandman désormais, il faut s'armer de patience. Près d'une demi-année d'attente entre le premier numéro (sorti le 30 octobre) et le deuxième, autant dire qu'on a appris le flegme britannique entretemps. Merci de la leçon Mr. Gaiman. Maintenant, la véritable crainte, c'est que toute cette attente se solde par une déception cinglante.

"We are filling the Void."

Autant se le dire tout de suite, ce numéro est une vraie réussite. Certes, on l'aura attendu, mais si cela permet à Neil Gaiman de pouvoir empilé autant de niveaux de lecture, d'aller autant au bout de sa réflexion et de l'exposition de ses concepts, alors peut-être qu'on peut lui laisser le droit de dynamiter la rigueur de l'industrie sur l'autel de l'inspiration. S'il s'amuse à nous rappeler régulièrement que le Temps est interprétable et certainement pas linéaire, et surtout qu'il existe plusieurs temps, c'est qu'il pointe alors deux lignes temporelles bien distinctes. Ainsi, si son histoire a une temporalité bien à elle, faisant de cette série une préquelle, celle de l'écriture n'a rien à voir. Bien que nous soyons ici au début des événements décrits par sa saga, c'est l'aboutissement de vingt-cinq années d'écriture et de réflexion. Si bien que Gaiman est arrivé à point de son récit où il fait désormais intervenir des concepts et des idées en lieu et place des personnages, bien plus que ce qu'il avait pu faire dans Endless Nights.

Ici, il ouvre son numéro en nous menant dans un ancien asile de fou dont l'architecture cauchemardesque et non-rationnelle nous indique tout de suite le ton de cette histoire. En circonvolutions et détours tortueux, Neil Gaiman commence le cœur de cet épisode qui lance véritablement cette mini-série bien plus que le premier qui s'était contenté de poser le contexte. Ici nous avons enjeux, forces en présence et surtout un élément perturbateur qui nous fait tout de suite comprendre que l'auteur d'American Gods veut nous emmener plus loin que jamais auparavant dans sa réflexion nue exposée dans cette saga qui s'étant sur un quart de siècle. On rejoint donc une réunion des aspects du Rêve. Dans une conversation avec lui-même, le Sandman s'éveille à une conscience inédite, inquiétant quand on existe depuis des temps immémoriaux. Mais justement, ici la menace date d'avant le Temps, et ça nécessite sans doute de voir le Rêve dans sa globalité, revêtant différents aspects (ce qui a visiblement permis à J.H. Williams III de s'éclater).

"I was the Dream of the first created things."

Là où il faut faire une distinction claire en ce qui concerne le Rêve, c'est qu'en aucun cas il ne s'agit d'un dieu. Il est une Entité, il a été créé. Si bien que comme tout ce qui n'est pas omniscient, il a peur. De ce qu'il ne comprend pas, de ce qui sommeille. L'arrivée de l'un de ces aspects va révéler le noyau de la construction de l'univers de Gaiman. Ainsi, on découvre l'incarnation du Marchand de Sable pour les premiers êtres qui ont été créés, ceux qui dorment entre les différentes strates de la réalité. Oui, les fameux Grands Anciens qui prennent ici la forme d'un triangle plus qu'inquiétant. Et toujours cette satanée spirale, que même des Entités aussi puissantes que le Rêve ne peuvent comprendre, que même cette version d'eux qui nous évoque du Mike Mignola ne peut révéler. Il y a des Lois, mais nous ne les comprenons pas.

Et pendant que celui qui est encore dans les ténèbres originelles menace de se réveiller. Un Rêve est mort, et quelque chose de bien plus vieux qu'eux s'agite dans l'ombre. C'est ainsi que le Sandman part sur une quête qui risque de le mettre en confrontation avec ce qui n'est jamais né. Gaiman disperse ses questions auxquelles il pourra répondre pour la suite, tout ce numéro regorge ainsi d'énigmes, qu'à fait le Sandman qui a pu amener à cette situation, quelles sont ces forces dissimulées, et surtout, qui est ce Père ? Pendant ce temps-là, J.H. Williams III s'approche, par ses dessins, ses cadrages d'une intelligence rare et sa mise en scène subtile, d'une perfection graphique assez troublante. De plus, il partage manifestement les mêmes références que son scénariste, si bien que tout ici fait sens, ajoutant une nouvelle couche de lecture à un récit dense dont il faudrait analyser chaque page avec l'auteur.

 

Neil Gaiman n'a définitivement pas écrit ce récit pour satisfaire les besoins d'un fandom dont il n'a de toute façon rien à faire. Il est là pour mener son personnage sur les chemins les plus lointains de sa pensée, observant l'abysse, n'ayant plus que faire d'une réalité relative. S'il lève le voile de la perception et observe le Vide, il peut bien prendre le temps qu'il veut pour nous prodiguer la suite de cette série.

Alfro
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