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Cinder & Ashe, la review

Cinder & Ashe, la review

ReviewDelcourt
On a aimé• De l'espoir, ça fait du bien
• La gestion des flashbacks
• La magnifique relation entre Cinder et Ashe
On a moins aimé• Les petits défauts de colorisation, mais cela ne doit pas vous empêcher de vous jeter sur cette superbe édition !
Notre note

Alors qu'Urban Comics a lancé sa collection Indies, Delcourt est allé chercher une petite perle dans le passé de DC Comics avec Cinder & Ashe, une mini-série en quatre épisodes publiée en 1988.


Commençons par dire quelques mots sur l'équipe créative composée de véritables monuments de l'histoire des comics.

Le scénariste, Gerry Conway, a débuté sa carrière au tout début des années 1970 chez Marvel. C'est d'ailleurs assez rapidement qu'il se retrouve à œuvrer sur un des événements majeurs de la Maison des Idées : La Mort de Gween Stacy en 1972. Il est également le créateur de deux personnages : le Punisher chez Marvel et Firestorm chez DC.

Le dessinateur espagnol José Luis García-López est surtout connue pour son travail de qualité chez DC Comics sur les New Teen Titans, Atari Force (déjà en collaboration avec Gerry Conway), Deadman ou encore la mini-série Twilight.

Et même le coloriste est loin d'être un inconnu puisqu'il s'agit de l'immense dessinateur Joe Orlando surtout connu pour ses histoires horrifiques chez EC Comics et Warren Publishing. Un genre sur lequel il continuera à travailler chez DC en tant qu'éditeur sur des séries comme House of Mystery ou Swamp Thing.

Malheureusement, et avouons tout de suite le seul petit défaut de cette publication, l'édition ne rend pas totalement honneur à la colorisation de Joe Orlando. La faute ne revient pas tellement à Delcourt mais plutôt à DC qui a apparemment traîné des pieds pour leur fournir du matériel de qualité.  Cela reste minime face au plaisir de pouvoir se procurer cette mini-série qui est inédite en VF et qui n'a pas eu le droit à une édition librairie en VO depuis très longtemps.

Surtout que sur le reste c'est un sans faute de la part de Delcourt avec une très bonne traduction, une préface du scénariste, des pages de croquis en bonus, et une très bonne retranscription de certaines phrases en français, qui se distingue du reste par une police en minuscule.


Passons à l'histoire.
Cinder est une métisse vietnamienne que la guerre a rendue orpheline alors qu'elle était enfant. Elle est loin d'être la seule mais ses cheveux couleur braise vont lui permettre d'être remarqué par Ashe, un soldat américain qui l'a croisée lors de la guerre du Vietnam et qui ne pourra jamais l'oublier. Je ne veux pas trop vous en dire car les flashbacks sont une partie importante du récit et ils vous raconteront leurs histoires bien mieux que moi. Toujours est-il que des années plus tard les deux protagonistes forment un duo de détectives privés dont la renommé dépasse la Nouvelle Orléans où ils vivent puisqu'un fermier de l'Iowa va venir leur demander de l'aide, se sentant attaquer de toute part sans savoir pourquoi. Il va se révéler qu'une des personnages impliquées dans cette affaire est une vieille connaissance de Cinder et Ashe.

Sur le papier l'histoire est donc plutôt classique : un duo d'enquêteurs de choc, un fond de guerre du Vietnam et une menace du passé qui resurgit. Sauf que le talent de l'équipe créative arrive à sublimer tout cela, que ce soit au niveau narratif ou graphique.

C'est je pense une des plus belles utilisations des flashbacks que j'ai pu voir en comic book. Il y a un réel écho entre le passé et le présent, on passe de l'un à l'autre d'une manière extrêmement fluide, presque par “fondu”. Au delà de ces aspects plutôt techniques les flashbacks servent à la fois le récit puisqu'on y découvre tout du long des quatre numéros le passé de Cinder et Ashe, et le rythme en soutenant le côté haletant de l'histoire.

Notons un autre élément narratif qui peut troubler au départ mais qui se justifie et se révèle même très bien vu : les couleurs des voix-off sous les mêmes pour Cinder et pour Ashe, la seule différence se situe au niveau des coins : arrondis pour l'un et à angles droits pour l'autre. En pleine lecture on peut donc facilement se mélanger mais c'est à n'en pas douter un choix volontaire des auteurs. De la même manière que présent et passé se retrouve mêlés, il y a une volonté de confondre les deux personnages, certains textes pouvant même fonctionner pour l'un comme pour l'autre.

Cette gestion de la narration est vraiment bluffante et nous tient en haleine tout autant que l'histoire. Au fil de la lecture nous en apprenons plus sur les personnages, sur leurs histoires, sur leur relation passé et présente, et sur leurs liens avec l'ennemi qui resurgit dans leurs vies, jusqu'à ce que tout cela  finisse par fusionner.

Alors lorsque tout cela est soutenu par le magnifique dessin de José Luis García-López qui sait être à la fois dynamique, élégant, détaillé sans jamais en faire trop, on ne peut qu'être totalement conquis.

D'ailleurs il fallait bien tout ce talent pour faire passer la violence parfois très crue, avec notamment une scène de viol. Mais jamais on ne tombe dans le glauque, ni le voyeurisme lors de certaines scènes de nue. Nous en sommes même à des lieux et c'est là tout le génie de ces auteurs qui nous présente un récit réaliste, très dur, mais aussi et surtout très beau et touchant.



Delcourt nous propose ici un vrai bijou que l'on a du mal à imaginer sortir chez DC de nos jours. Les auteurs nous plongent en plein dans la réalité de la société américaine des années 80 et de la guerre du Vietnam. Malgré la violence sans concession c'est largement la poésie et l'espoir qui domine ce récit où ces personnes que la vie a brisées vont se reconstruire à deux, ensemble contre le reste du monde. 

Crisax
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