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Batman Year One, la review

Batman Year One, la review

ReviewDc Comics
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Notre note

A l'heure d'aujourd'hui, le comic-book a subi un grand bouleversement avec le reboot total de DC Comics et ses « New 52 ». Cependant, le procédé n'est pas nouveau et avait déjà été mis au point il y a plus de vingt ans à l'issue du giga crossover Crisis on Infinite Earths. Alors que certains personnages ont été totalement remaniés, tel que Superman ou Wonder Woman, DC décréta que le Batman n'avait aucunement besoin du moindre changement (c'est un peu la même situation qu'aujourd'hui, en fait). L'idée était plutôt d'améliorer ses origines et de rendre le personnage plus sombre, en accord avec la vision noire et violente qu'avait fournie Frank Miller dans son Dark Knight Returns. C'est donc ce dernier qu'on appela tout naturellement pour écrire l'histoire, accompagné de l'homme avec qui il a créé l'une des plus importantes sagas de Daredevil, Born Again : David Mazzucchelli. Ensemble, ils vont écrire la plus grande histoire du chevalier noir : Batman Year One.

Le récit débute avec l'arrivée à Gotham City de deux personnages bien différents mais pour le moins complémentaires. D'un côté, le richissime milliardaire Bruce Wayne qui rentre d'un long séjour à bord de son jet privé dans sa ville natale, qu'il qualifie d' « adversaire ». De l'autre le lieutenant James Gordon, transféré « dans l'enfer » de Gotham où d'après lui il serait impossible de fonder une famille, déjà dégoûté de cette ville par le bref aperçu que lui a donné son voyage en train. Ces deux hommes que tout semble opposer seront pourtant les protagonistes principaux de cette longue année dans la ville du crime, ville qui subira de nombreux changements. On assiste dans un premier temps aux difficiles débuts des deux futurs gardiens de la cité du crime, l'un en tant que protecteur vigilant, l'autre en commissaire zélé. Ils vont subir des atrocités qu'aucune personne ne pourrait supporter, de quoi leur faire perdre leurs idéaux. Tous deux marqués après avoir voulu faire preuve de courage et de justice, ces épreuves ne vont que renforcer leurs convictions qui vont les pousser à devenir ce qu'ils sont, notamment grâce à deux moments décisifs pour eux, et aussitôt cultes pour le lecteur : la bagarre contre Flass et la rencontre avec la chauve-souris.

Au fil du récit, on assistera à l'évolution de ces personnages. Jim Gordon aura quelques problèmes dans son travail mais aussi dans sa vie amoureuse, Bruce doit apprendre son nouveau métier et appréhender les rapports qu'il entretient avec la faune de Gotham. Les passages mémorables s'enchaînent à un rythme frénétique : Gordon sauvant les trois enfants d'un dangereux criminel, sa relation qui se profile avec l'inspecteur Essen, le premier combat de Batman et sa rencontre avec les grands hommes politique et de la pègre de Gotham, pour aboutir à la séquence qui aura marqué plusieurs générations, l'immeuble désaffecté. On retrouve un Batman en bien mauvaise posture face à un adversaire qu'il n'attendait pas, illustré à merveille par Mazzucchelli dans un style bien différent de ce qu'il faisait sur Daredevil où son dessin était plus réaliste. Ici, il simplifie son trait mais le rend plus stylisé, et non moins fouillé. Il se sert des aplats de noirs pour montrer le côté sombre de l'histoire et du personnage. Je ne m'avancerais pas trop en affirmant qu'il est un génie du dessin, son trait noir, sobre et raffiné fait toute la différence dans l'histoire.

 

Batman Year One, ce n'est pas que la naissance de ces deux personnages, c'est aussi les débuts de nombreux autres qui formeront le décor de Gotham. On retrouve donc la pègre et notamment la famille Falcone, bien connu des fans de The Long Halloween, Catwoman ici représentée comme une prostituée (à ma connaissance, la seule chose qui sera évincée de la continuité...) mais toujours aussi sauvage et incontrôlable, Harvey Dent qui aide le croisé masqué sous le nez de Gordon, le commissaire Loeb, même le Joker le temps d'un caméo, ce qui m'amène à parler de Gotham, elle aussi personnage à part entière. Jamais elle n'aura été autant caractérisée qu'ici, véritable caricature des bas-fonds des plus grandes villes américaines des années 80, cité vicieuse mais attirante, où règne le crime, où la corruption est tellement répandue qu'elle en devient normale, où la prostitution fait parti du quotidien, où la violence est à la fois une façon de faire le mal et de se défendre, où la nuit est un cadre omniprésent.

La fin est elle aussi poignante, misant sur l'émotion avec un Gordon mis à mal comme jamais, et qui montre en même temps jusqu'où peut aller le mal dans Gotham et ce que devront affronter nos deux héros. Enfin, j'allais oublier les couleurs de Richmond Lewis qui subliment véritablement le travail de Mazzucchelli. Entièrement peintes, ses teintes sont majoritairement le rouge et le bleu, renforçant les noirs du dessinateur et apportant une atmosphère incroyable au tout que représente Batman Year One.


Batman Year One est le chef d'oeuvre de ses auteurs. Frank Miller, plus sobre que sur ses autres travaux, écrit une histoire incroyablement profonde et riche, et les dessins de David Mazzuchelli sont plus beaux que jamais. Vous devez impérativement posséder ce comic dans votre étagère, sous peine de rater l'une des meilleures histoires du Batman et même de l'histoire des comics. Le plus grand comic-book de tous les temps, tout simplement.

Kani
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