Cette fois, c'est bel et bien la dernière. Pas la dernière édition de la Checklist Comics, non. Malgré notre irrégularité, la chronique est destinée à survivre contre vents et marées, d'autant plus en cette dernière semaine du mois de décembre 2019. A cet égard, on vous propose une édition un peu particulière puisqu'on parlera des comics des DEUX semaines passées - puisque DC Comics a préféré en effet tout sortir le 18 décembre dernier, et ne pas sortir de comics pour la semaine de Noël. Il y avait donc une semaine complètement démentielle alors que celle du 25 décembre est plutôt laissée libre à Marvel, qui en profite pour attaquer avec quelques lancements et one-shots évènement avant d'attaquer 2020. La VF, elle, connaît une petite pause, mais sera de retour dès la semaine prochaine.
Comme toujours, le but de la Checklist Comics est de faire le point, parmi les nombreuses propositions, sur les titres chauds de l'actualité, mais aussi les séries qu'on vous recommande chaudement par leur qualité, ainsi que d'autres titres que l'on pointe par pure curiosité. L'ensemble n'étant pas exhaustif, on vous recommandera comme toujours de nous faire part de vos lectures dans l'espace commentaires, l'intérêt étant d'en faire profiter le plus grand nombre ! Bonnes lectures, et on se dit à très bientôt pour la première Checklist de 2020 !
Vous connaissez a priori notre amour pour Daniel Warren Johnson (si ce n'est pas le cas, regardez dans nos podcasts, on lui en a consacré un entier cet été), fort des excellents Extremity, Space Mullet ou Murder Falcon en indépendant. Aussi, c'est avec une immense joie que l'on retrouve ce fabuleux artiste/scénariste faire ses débuts dans le Black Label de DC Comics, avec un titre Wonder Woman : Dead Earth pour lequel l'éditeur à deux lettres lui a normalement laissé carte blanche. On retrouve l'Amazone dans un futur post-apocalyptique qui va permettre à Warren Johnson de réinventer un tas d'idées de l'univers DC de façon radicale et fantastique à la fois, pour une ouverture qui démarre en douceur avant d'exploser dans des séquences d'action démentielles. La tuerie de cette fin d'année, n'en doutez pas une seule seconde !
Dans la foulée de son Marvel Comics #1000-1001 et en vue d'une quantité d'events à venir pour l'année prochaine, la Maison des Idées se livre à l'exercice d'un one-shot composite, avec plusieurs intrigues mêlées ou séparées chargées de teaser ce qu'il adviendra pour l'univers Marvel dans les prochains mois. La sortie est importante pour l'éditeur, mais peut-être loin d'être réellement un immanquable pour le lectorat. Difficile quand même de passer à côté pour ceux qui ne veulent rien louper, d'autant plus qu'on retrouve une poignée de créatifs de renoms aux côtés d'Al Ewing, pour nous amener vers Empyre, vers Outlawed, et ce genre de péripéties. Pour les lecteurs les plus fortunés en revanche, puisque le numéro est vendu à la coquette somme de 10$. Heureusement, les fêtes de fin d'année et les étrennes sont là, n'est-ce pas ?
Dire que ce numéro a été attendu serait un euphémisme. Deux mois après ses débuts, et avec une quantité de retard conséquente, l'aventure Doomsday Clock prend enfin fin. Bien sûr, le projet et ses ambitions vis-à-vis du reste de l'univers DC et de la trame Rebirth ne sont plus ce qu'on pensait avoir, mais avec Doomsday Clock #12, Johns a encore énormément d'intrigues à boucler, et c'est la confrontation entre Superman et Dr. Manhattan qui en est à l'ouverture, alors qu'elle nous était au final teasée depuis bien longtemps. On pourra trouver que Johns utilise de quelques tours de passe-passe pour éviter de résoudre un certain nombre d'intrigues, et qu'au final, le sentiment de "tout ça pour ça" sera perceptible. Reste que la performance de Gary Frank est toujours de haute volée, l'artiste ayant livré un travail solide, incontestablement, sur toute la durée. Il va juste falloir prendre un peu de recul pour digérer tout cela.
Parce qu'il ne s'arrête décidément jamais, Jeff Lemire est encore présent chez Image Comics avec une nouveauté qui a mis, elle aussi, beaucoup de temps à nous parvenir. Nouvel essai dans la science-fiction, semi-horrifique, avec comme toujours chez l'auteur canadien une composante familiale importante, Family Tree nous emmène dans un road trip désespéré d'une mère dont la fille est en train littéralement de devenir un arbre, accompagnée des membres de sa famille (forcément dysfonctionnelle). La route est semée d'embûches mais vaut le coup d'oeil certain grâce au trait imparable de Phil Hester (et de l'encrage de son gars sûr Eric Gapstur), dans une nouvelle réussite de ces deux talents incontournables de la scène comics actuelle. Allez-y.
Au détour des sorties de cette fin d'année, rares auront atteint le seuil d'importance symbolique de la mini-série King Thor, dernier chapitre de la grande saga d'Asgard par Jason Aaron. Étalée sur plusieurs années, plusieurs volumes, le passage du barbu sur les héros de l'Edda réinventés par Marvel Comics s'achève enfin, sous la forme d'un grand numéro en forme d'hommage à tout ce qui a été accompli. Une dernière bataille, un adieu, un regard lointain sur tout le chemin parcouru, le Thor d'Aaron entre désormais dans la légende des comics et des super-héros comme l'un des segments les plus importants jamais accomplis sur le personnage, tel le numéro de conclusion de Geoff Johns sur son Green Lantern à l'époque. Après avoir dessiné les grandes lignes de son héros dans le passé, le présent et le futur, jusqu'aux dernières heures de son combat contre les forces du mal, Aaron aura fermé toutes les portes pour ceux qui choisiraient de voir dans cette mini-série une conclusion définitive qui n'appellerait pas de suite - comme souvent, la marque des grandes histoires. Préparez le vaisseau et la flèche enflammée pour la cérémonie : un enterrement en grande pompe pour fêter cette fin d'année, et cette fin de règne, époustouflante.
C'est également en cette fin d'année que démarre l'arc final (?) du Year of the Villain de DC Comics, en parallèle de la conclusion de l'arc Justice Doom War dans le titre Justice League de Scott Snyder et du premier arc de Batman/Superman de Joshua Williamson. Puisque l'année est aux méchants, on verra donc avec Hell Arisen des super-vilains affronter d'autres super-vilains, puisque Lex Luthor et sa Legion of Doom semblent être les seuls capables de se dresser face au Batman Who Laughs et son équipes d'Infected. On attend de voir ce que Tynion IV est capable de faire pour son premier event en solo aux commandes du scénario, et si l'on reste assez mitigé sur l'ensemble du Year of the Villain pour le moment, gageons qu'avec Steve Epting aux dessins, on devrait en avoir pour notre argent avec un joli spectacle assuré.
Le monde de Black Hammer continue de s'étendre avec la mini-série Skulldigger and Skeleton Boy de Jeff Lemire et Tonci Zonjic. Avec ce nouveau projet, le scénariste s'attaque à une figure restée relativement éloignée des pérégrinations de sa parodie de Justice League, en revenant aux sources de Batman, et en y ajoutant quelques notes de Punisher pour un commentaire méta' sur la justice expéditive et urbaine qui lie ces deux héros de l'ombre. A Spiral City, un gosse assiste, impuissant, à la mort de ses deux parents dans les recoins d'une allée sombre. Son traumatisme et son ascension vont le mener à endosser un costume et à combattre le crime dans la ville des truands - mais, à la différence du jeune Bruce Wayne, le gamin n'apprendra pas seul comment mener sa bataille. Après avoir croisé l'ultra-violent Skulldigger, il deviendra un Robin de substitution, Skeleton Boy, dans les magnifiques planches de Zonjic où un complot politique se mêle à la déconstruction de Frank Castle et de la Chauve Souris, pour un énième projet fascinant dans un univers de super-héros à nul autre pareil. Une fois de plus, Jeff Lemire confirme sa capacité à s'entourer d'artistes exceptionnels, et la qualité de son petit univers Black Hammer pour parler de l'histoire et de la culture des super-héros mieux que d'autres ne l'auront fait avant lui. Une intrigue qui paraît à la fois neuve et déjà vue, pour une aventure déjà passionnante, que l'on espère à la hauteur des autres dérivés de ce pan éditorial - devenu, en quelques années, l'une des usines à chef d'oeuvre les plus fiables de l'industrie.
Autre lancement d'importance pour DC Comics enfin, c'est la nouvelle série Suicide Squad pilotée par Tom Taylor (DCeased, le carton pour l'éditeur à deux lettres de cette année) et Bruno Redondo. Les deux larrons ayant opéré ensemble sur Injustice sont une nouvelle fois prêts à faire mourir des personnages DC - et quel meilleur titre que Suicide Squad pour le faire dans la continuité régulière de l'éditeur ? Harley Quinn et Deadshot répondent toujours présents, mais une multitude de nouveaux personnages sont désormais dans la Task Force X, et le but sera de deviner lesquels vont rester en vie les plus longtemps. On espère que l'ensemble ira au-delà de ces perspectives purement divertissantes, en allant chercher un peu de ce qu'Ostrander avait insufflé à l'équipe il y a bien longtemps, et qu'on n'a jamais réellement retrouvé depuis. Allez, Tom, tu peux le faire !
