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Iron Man : point de départ ou point de non retour ?

Iron Man : point de départ ou point de non retour ?

chronique

Le Marvel Cinematic Universe a 10 ans. Si du côté des Etats-Unis, on compare souvent la performance de cette saga à Star Wars et son architecte, Kevin Feige, à George Lucas, je crois que l'analogie s'arrête là. Ce qui n'empêche pas le MCU d'avoir rempli 10 ans de nos vies. Il y a dix ans, comme nous, vous étiez peut-être des adolescents insouciants en pleine découverte de votre cinéphilie. Pour célébrer la progression du studio, de son univers mais aussi la nôtre, nous avons donc décidé de revenir un à un sur les films du Marvel Cinematic Universe, dans la quinzaine de semaines qui nous séparent encore de son pinacle, Avengers : Infinity War. On vous encourage à interagir avec nous sur les réseaux avec le hashtag #CountdownToInfinityWar d'ici là !


Toujours originaux, nous avons décidé d'épouser la chronologie du studio et de commencer par Iron Man, film de Jon Favreau, qui prend un sacré coup de vieux une décennie après sa sortie dans les salles obscures. Mais revenons sur les débuts du Marvel Cinematic Universe dans le détail avec ce papier.

Nous voilà de retour en 2008. J'ai 16 ans. Comme l'immense majorité des spectateurs, je n'ai aucune idée de ce qui m'attend, et je vais voir Iron Man comme j'irais voir un énième épisode des aventures de Batman ou de Spider-Man. Je sors du film ravi, et plutôt surpris par la formule proposée par le film, qui se termine sur les révélations de ce bon Tony Stark : "The truth? I am Iron Man."

Très efficace, le film se grave dans ma mémoire, qui entretiendra un souvenir positif du film de Jon Favreau pendant de longues années. C'est simple, chacun des accomplissements du Marvel Cinematic Universe rend Iron Man encore plus important. Et ce n'est pas mon dernier visionnage qui me fera dire le contraire. Un constat qui m'a inspiré une question plutôt intrigante : est-il seulement possible de séparer Iron Man de son contexte ?
 

 
Certains voient dans ce premier Iron Man l'origin story parfaite. En ce sens, on ne peut que trop la conseiller à tous les spectateurs pour qui le cinéma de super-héros est encore un mystère. Mais faut-il s'arrêter là et considérer le film de Favreau comme un point de départ parfait ou en tout cas, idéal ?
 
Iron Man est assurément un point de départ. Pour Robert Downey Jr, qui revient définitivement à Hollywood après un passage par la case Shane Black (qu'il retrouvera pour Iron Man 3) dans Kiss Kiss Bang Bang, sorti trois ans plus tôt. Pour le personnage d'Iron Man, ingrédient jusqu'ici indispensable au succès de Marvel Studios. Et bien évidemment, pour le Marvel Cinematic Universe tout entier.
 
Des débuts resplendissants pour l'époque, et encore très efficaces aujourd'hui, mais qui attestent de l'évolution spectaculaire de Marvel Studios dans certains domaines, et de son immobilisme parfois agaçants dans d'autres. Le film de Jon Favreau n'est jamais aussi puissant que la formule qu'il définit, et on le comprend avec des yeux de dix ans plus expérimentés. 
 

 
Car célébrer les débuts du Marvel Cinematic Universe ne doit pas nous faire oublier le travail accompli, ou celui qu'il reste à accomplir. Quelque part, Iron Man est aussi un point de non retour. Le film et sa réalisation tout particulièrement sont impersonnelles. Le scénario est solide mais passe par les étapes les plus prévisibles du manuel hollywoodien. Au hasard : le héros qui apprend l'humilité à la dure. Le méchant qui n'est pas celui qu'on croit. Des héroïnes relayées au second plan. Autant d'écueils qu'on retrouvera chez nombre de blockbusters par la suite, et surtout dans la plupart des origin story du Marvel Cinematic Universe.
 
Même les caractéristiques les plus agaçantes du MCU sont déjà là, en filigrane. Je pense notamment aux slap sticks, ces gags qui viennent briser l'action et ses enjeux. A plusieurs reprises, Iron Man se retrouve ainsi pri au dépourvu en pleine bataille. Il braque son adversaire sans son précieux gantelet répulseur. Il se fait écraser par la voiture familiale qu'il sauve, et j'en passe. Mais ironiquement, les vannes tombent à plat, comme si le Marvel Cinematic Universe n'avait pas encore trouvé le bon candidat - il arrivera en 2012 et s'appelle Joss Whedon.
 
Le tout rend le revisionnage assez pénible, mais aussi diablement intéressant. Les caractéristiques du film sont devenues les qualité et les défauts de la formule MCU, à tel point qu'il est désormais impossible de distinguer les choix de Jon Favreau de l'ADN du studios. La magie a disparu, quelque part. Mais comment en vouloir au premier né ? Pouvait-il prédire que les Ant-Man et le Doctor Strange de ce monde lui voleraient à ce point sa recette ? On reviendra peut-être là-dessus dans quelques semaines.
 

 
Plutôt qu'un point de départ, Iron Man serait-il devenu, au fil (film ?) du temps, un point de non-retour ? La réponse à cette question dépendra sans doute de votre affect avec les personnage et la direction artistique globale du Marvel Cinematic Universe. D'après ma propre expérience, revoir Iron Man, c'est aussi se rendre compte que cette franchise avance, malgré le bruit et les haters. 
 
Depuis Iron Man, les films Marvel Studios ont gagné en confiance et en personnalité. Visuellement, ils sont toujours plus intéressants. Côté scénario et narration, ils disent plus en moins de mots. Mais tout ça ne serait effectivement pas possible sans le squelette imaginé Favreau, qui n'attend qu'un peu de chair et une âme pour devenir quelque chose de plus grand, de plus fort. 
 
Un peu à la manière des comic books des Big Two, quelque part. Depuis plus de 70 ans, ils forment un trempin inestimable pour les artistes de ce monde, qui le temps d'un ou de plusieurs numéros, peuvent lier à leur héros favoris des thématiques personnelles, actuelles, ou les deux. En ce sens, Iron Man pourrait être considéré comme la meilleure adaptation de comics qui soit sur le grand écran : pas pour ses qualités intrinsèques, mais pour la formule qu'il invente et que les clients des comics shops connaissent depuis des années déjà.
 

 
Seul problème, la qualité de cette formule est aussi son plus grand défaut : si elle n'est pas transcendée par le bonhomme invité au manettes, elle ne restera qu'une recette que le temps rend chaque jour un peu plus fade.

A la semaine prochaine.
Republ33k
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