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Un regard sur les indés #18 : Kill or be Killed d'Ed Brubaker & Sean Phillips

Un regard sur les indés #18 : Kill or be Killed d'Ed Brubaker & Sean Phillips

chronique

Duo prolifique et iconique de l'industrie des Comics, responsable de chefs d'oeuvre tels que Scene of the Crime, Sleeper, Criminal, Incognito, Fatale et The Fade Out, les inséparables Ed Brubaker et Sean Phillips remettent le couvert avec leur série la plus extrême dont le titre vend plutôt bien son propos : Kill or Be Killed.

• Lire aussi : Un Regard sur les Indés #17 : Plutona

• KILL OR BE KILLED •

FICHE TECHNIQUE

Éditeur : Image Comics
Premier numéro : 3 Août 2016
Nombre de numéros parus : 4
Genre : Révolution par les armes, Renato Jonesisme


Parti faire les beaux jours d'Hollywood sur l'événement Westworld (HBO), Ed Brubaker semble traverser les années de plus en plus énervé par le monde qui l'entoure, et paradoxalement toujours plus sage dans son rapport à l'autre. Kill or be Killed est la synthèse d'une époque troublée, semblant toujours plus violente à mesure que le rythme de l'information s'intensifie exponentiellement, et où les individus semblent tous enclins à se réfugier dans leurs derniers retranchements. 

A l'instar du Renato Jones de Kaare Andrews qui se propose de supprimer les 1% les uns après les autres, KobK se propose de nous raconter les aventures de Dylan, jeune homme perdu parmi tant d'autres à New-York, désireux d'apporter un peu plus de justice sociale au marasme imposé par un système qui semble foutre la paix aux puissants et aux pires pervers tout en écrasant les plus petites gens chaque jour. Plus direct et plus pyramidal que ce bourgeois de Renato qui assassine ses pairs, le "héros" de Kill or Be Killed doit aussi faire face à la vie de tous les jours, à son amour incontrôlé pour la petite amie de son colocataire et à un événement qui va bouleverser le restant de ses jours : la rencontre d'un démon avec qui il devra passer un pacte terrible et destiné à mal finir, comme toujours avec Brubaker. 


Si le dernier fait d'arme de Brubaker et Phillips est donc un vrai appel au meurtre autant qu'une réflexion sur la meilleure façon de faire régner la Justice (puisqu'il convient de rappeler que les puissants profitent toujours de la gentillesse de la majorité écrasante et écrasée), il convient également de mettre en avant une autre facette du récit qui vient de boucler son premier arc : Kill or be Killed est aussi une sublime histoire d'amour. Avec un troisième chapitre qui délaisse la double vie de Dylan pour se concentrer sur sa relation amoureuse toute aussi interdite, la série livre un vrai message d'espoir à travers la relation aux autres, même quand celle-ci prend quelques détours pour exister véritablement. 

L'autre aspect prépondérant de la série est aussi son rapport au fantastique. Comme je l'expliquais plus haut, Brubaker propose un pacte démoniaque tel qu'on en voit des centaines dans la pop culture, sauf qu'une fois celui-ci acté, l'auteur va ensuite complètement le délaisser pour mieux nous faire douter de la santé mentale d'un anti-héros que l'on se prenait presque à aimer malgré ses méfaits et ses assassinats, qu'il soit bien réels ou fantasmés. 

C'est d'ailleurs dans ce doute sur le bien-fondé de l'homicide que l'on va trouver la plus belle réflexion de ce premier volume, puisque jamais les auteurs ne prennent le temps et/la peine de juger le parcours de Dylan : celui-ci assassine certes des gens qui semblent le mériter (allant jusqu'à faire tomber un réseau de pédophiles en rebond à l'un de ses meurtres), mais quid de son droit (divin) de faire régner la justice d'une telle manière ? Pire, s'il est capable d'amour mais complètement fou à lier, est-il vraiment sain de le laisser continuer à se saboter ? D'autant que de jour comme de nuit, les deux facettes de sa vie semblent inéluctablement entraîner ses proches dans l'abysse, qu'il aura tôt fait de cesser de contempler avant qu'elle ne vienne l'aspirer. Et s'il arrêtait aujourd'hui, ce que réfute l'introduction de la série, que se passerait-il ? Est-il déjà trop tard pour faire machine arrière, et ce malgré le caractère presque noble de sa quête ? C'est ce que nous découvrirons dans le second volume de Kill or be Killed, qui débute le 18 janvier 2017 aux USA, jour de la sortie du cinquième numéro et du premier volume relié, disponible à 10€ neuf, comme c'est la coutume avec Image Comics. 


Sullivan
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