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Édito #42 : Comic Con France, le petit poucet qui se voulait Ogre

Édito #42 : Comic Con France, le petit poucet qui se voulait Ogre

Chronique

Ogre. N.M : Un homme grand, fort, parfois bedonnant, pourvu de puissantes mâchoires, symbole de son cannibalisme. 

C'était un secret de polichinelle et ni l'organisation, ni les relais que nous constituons ne s'en cachaient : la Paris Comics Expo plie les gaules pour 2015 et renonce à son édition automnale, principalement par peur de la féroce concurrence de la Comic Con France, un salon qui, s'il a tout à prouver, profite d'un budget suffisamment colossal pour se payer une communication digne des vrais gros salons et ainsi manger tout crû les enfants chéris de la petite famille Comics de France et de Navarre. Et si nous sommes à priori encore loin du conte de fées, on peut toujours tabler sur une fin heureuse pour toutes les parties concernées.
 
D'ailleurs plutôt que Perrault, cette Comic Con France nouvelle mouture nous fait davantage penser au petit chef d'œuvre de Sophie Chérer, L'ogre maigre et l'enfant fou. Maigre par sa programmation et par sa propension à tenir les promesses qui nous ont été faites oralement et face-à-face, enfant fou de l'ambition d'extension de Reed Expo, géant absolu de l'organisation de salon. 
 

(c) photo : Flavien Onfroy-Ferandin
 
Certes, le salon tente de faire amende honorable en invitant Amanda Conner et son mari Jimmy Palmiotti (qui seront ravis de passer un court week-end en amoureux à Paris), deux artistes qui raviront les amoureux d'Harley Quinn et qui sont aussi connus pour ne plus faire de dédicaces en salon, à l'exception de quelques signatures. Quand bien même on parle aujourd'hui d'un troisième artiste américain proche de Marvel, le bilan reste rachitique et digne d'une première édition d'un modeste salon de province. Ajoutez à ça une communication plutôt catastrophique (tel que ce communiqué de presse sans la moindre nouveauté où l'on nous fait miroiter du contenu Star Wars grâce au fait que Reed organise la Star Wars Celebration aux USA, sans que Disney France ne soit de la partie, à l'image des autres gros partenaires que le salon ne parvient pas convaincre ni à ferrer). Une fois les effets de manche passés, que reste-t-il ? La disparition du seul et unique salon parisien consacré à une culture toujours de niche dès qu'il s'agit de BD, au profit d'une "convention" qui n'a de "Comic" que le nom. 
 
Non pas que Philippe Goethals, Patrice Girod et Marcus soient des invités de seconde zone, mais il est de bon ton de rappeler qu'il y a quelques années encore, lorsque la Comic Con était la propriété de Japan Expo, les noms des invités avaient bien plus fière allure. Joe Mad', J. Scott Campbell, Adi Granov, Steven Moffat, Steve McNiven, Lee Bermejo et j'en passe, voilà autant de raisons de faire le déplacement, bien loin du parrainage d'un Louis Leterrier (que j'aime beaucoup au demeurant) qui tape à la porte de Marvel Studios pour un projet depuis des années. Ajoutez à ça l'absence des principaux éditeurs de Comics français sur place en Octobre prochain, ainsi que la frilosité des plus gros partenaires médias à valider leur présence, en plus de prix exorbitants (50€ les 3 jours, 20€ / jour, un montant IMPENSABLE face à une telle programmation) et vous obtenez un salon que nous avons décidé de boycotter.
 

(c) photo : Gentlegeek

Sans rentrer dans les détails qui leur appartiennent et parce que nous respectons leur travail, ajoutons aussi que l'équipe dirigeante a été remplacée à la volée il y a quelques mois, alors même que l'ancienne équipe avait fait les efforts d'aller à la rencontre des hypothétiques partenaires que mes collègues et moi représentons. Pire, certains de mes confrères ont été menacés de poursuites pour avoir osé élever le ton face à un salon qui semble clairement tromper son monde, et qui occasionne la disparition de la Paris Comics Expo, une petite convention montée par une petite entreprise qui prend des risques financiers colossaux, pendant que Reed multiplie ses expos. Dernière en date, Shanghai, une destination qui, à l'instar de l'Europe, "manque de grosses Comic Con" selon le board dirigeant. Parce qu'il ne s'agit peut-être finalement que de ça, occuper un espace géographique avec un nom et un logo qui sonnent dans toutes les oreilles comme le synonyme d'un bon week-end, bourré de rencontres et d'invités prestigieux. Les contes ne nous apprennent-ils pas pourtant à nous méfier des apparences ? 
Illustration de l'auteur
Sullivan
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