Attention, cet édito' contient des spoilers sur Avengers : Age Of Ultron !
Le temps passe vite. Presque aussi rapide que Pietro Maximoff en quête de justice, celui-ci offre aux fans que nous sommes de bien beaux moments de bizarreries, d'abominations de l'industrie, de ses règles et de ses drôles d'envies. Mais avant de plonger la tête la première dans un présent pas forcément reluisant pour l'aîné (de douze minutes) de Wanda, revenons en mai 2013, lorsque tout se joue.
Kevin Feige, contraint par les semi-aveux d'Aaron Taylor-Johnson, lâche une bombe et confirme la présence "des jumeaux" pour Avengers : Age Of Ultron, alors que c'est à l'époque Saiorse Renan qui est envisagée pour camper la Sorcière Rouge. Des mutants chez Marvel Studios ? Mais comment serait-ce possible ? Par un vide juridique, semble-t-il. Ainsi, les deux personnages phares de la Maison des idées ne sont pas définis par leurs ADNs d'homo-superior, mais bel et bien par leur appartenance historique aux Avengers. Mieux, Joss Whedon prévoit d'introduire Vision face à Ultron et dieu sait que l'androïde est lié à la plus ténébreuse des héroïnes Marvel. De son côté, l'ex-Kick Ass jubile et peut laisser éclater sa joie : il est la réponse au Flash toujours pas annoncé de Warner Bros.
Pourtant, un troisième larron fait alors son entrée. Bryan Singer, bien informé par Kevin Feige, a compris qu'il avait pourtant le droit d'utiliser les deux personnages que sont Pietro & Wanda et se paye même le luxe de pouvoir dépeindre ceux-ci comme les enfants de Magneto, bien que le réalisateur d'Usual Suspects ne semble pas désireux de s'attarder sur ce qu'il considère comme un point de détail. Mieux, seul Quicksilver semble l'intéresser, malgré une apparition d'une jeune enfant aux airs de Wanda.
Joueur, Bryan Singer l'est sans aucun doute et c'est avec de gros moyens que ce dernier va déclarer une guerre de tranchées à Joss Whedon. Premièrement en mentionnant très clairement l'origine Vengeresse de Quicksilver au cinéma (un tweet qu'il ne manquera pas d'effacer), puis en s'équipant de caméras absolument pas abordables pour le commun des mortels, Mr X-Men pour la Fox va offrir un money-shot dantesque à son speedster, lui qui brille de mille feux au sein d'un film qui n'aura de cesse de me décevoir. Drôle, insolent, efficace et un tantinet absurde ascendant méta, le Quicksilver de la Fox est une réussite totale. Même son costume et ses caméos publicitaires n'y changeront rien : le personnage est adorable et les amoureux d'Aaron Taylor-Johnson tremblent devant l'interprétation de son ex-sidekick, venu lui disputer la couronne du meilleur Vif-Argent (des gens disent encore "Serval", laissez moi être à l'ancienne) sur son terrain. Seul problème, son temps à l'écran ressemble davantage à un caméo qu'à un véritable rôle et le jeu de piques entre les studios commence alors à ressembler à une cour de récré'.
Échaudé, Joss Whedon va alors revoir ses plans à la baisse et tout simplement supprimer le money-shot autour de son Quicksilver, lui qui souffre alors des moqueries d'Internet eût égard à son costume ambiance Printemps / Été Quechua chez Decathlon, un "costume" pourtant réussi à l'écran. Présent d'emblée dans la promotion, Aaron Taylor-Johnson est ensuite mis en retrait petit à petit, comme pour mieux préparer son terrible destin. Du point de vue de l'industrie, Quicksilver version Marvel Studios est une hérésie : première représentation de l'énorme défaut de Joss Whedon en tant que scénariste, lui qui semble constamment animé par la catharsis émotionnelle que représente la mort d'un personnage, Pietro est présenté comme le faire-valoir de sa sœur, en plus de souffrir d'un final cut complètement absurde en termes de motivations, lui qui devient ami avec Tony Stark suite à une blague, après 20 ans passés dans la haine d'un playboy milliardaire finalement pas si philanthrope. Le jeu de l'industrie s'arrête donc ici, après une dernière curiosité chez Gareth Edwards, où Elizabeth Olsen et Aaron Taylor-Johnson sont mari et femme, face à la menace toute puissante des MUTOs de Godzilla.
À vrai dire, le jeu de l'industrie s'arrête même un peu plus tôt, lorsque Quicksilver est sacrifié sur l'autel du script, du montage et de l'agenda d'un casting, lui qui plie sous les balles d'un Ultron monté dans un jet. En plus de relever de l'incohérence la plus totale et de verser dans le pathos le plus mièvre, Marvel Studios perd ici l'un de ses meilleurs personnages, lui qui est devenu une réussite en termes d'effets spéciaux, qui fonctionne parfaitement bien auprès du public et qui, dans une bouillie de blagues et d'explosions, quitte les siens pour un sacrifice absolument vain, compte-tenu de ses capacités super-héroïques. Ça fait beaucoup pour un personnage que l'on nous fait aimer, pour un acteur capable de patronner et pour une équipe/un univers qui se privent de tant de qualités simplement pour un pied de nez.
Les fans pourront toujours se rassurer : Bryan Singer (qui signera son dernier film X avec Apocalypse, lui qui ouvrira la licence sur une nouvelle génération) nous a promis un retour d'Evan Peeters dans sa tunique argentée et son T-Shirt Pink Floyd, un retour qui devrait s'accompagner de plus de temps à l'écran, fort de la voie désormais laissée libre par un Marvel Studios qui n'aura joué que quelques temps avec son pion. Sauf que les fans le savent, Pietro est bien davantage qu'un pion que l'on utilise dans sa stratégie, et Joss Whedon pourrait bien avoir commis l'une de ses plus belles conneries.