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Daredevil (Netflix), la critique des 5 premiers épisodes

Daredevil (Netflix), la critique des 5 premiers épisodes

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On a aimé• Une petite révolution artistique chez Marvel Studios
• Le modèle Netflix, imparable
• Un casting et une écriture au sommet
On a moins aimé• Quelques fautes de goût vraiment mineures
• 13 heures, c'est presque trop court
• L'attente sera infernale jusqu'à Jessica Jones
Notre note
• CRITIQUE GARANTIE SANS (LE MOINDRE) SPOILER ! •
 
Annoncée en catimini lors d'un communiqué de presse il y a plus d'un an maintenant, Daredevil est la première des 5 séries proposées par le deal exceptionnel qui unit Disney, Marvel Studios et Netflix. À peine les droits du justicier masqué revenus de leur exil du côté de la FOX et de l'émo-rock d'Evanescence, Kevin Feige et les siens s'étaient fait une promesse : redonner ses lettres de noblesse à Matt Murdock, l'un des héros Marvel les plus passionnants, qui a notamment donné quelques chefs d'œuvres de bande-dessinée sous la houlette de Frank Miller, Brian M. Bendis, Ed Brubaker et j'en passe. Promesse tenue ? Parfaitement. Et de quelle manière. 
 
 
Que l'on se le dise : cette critique n'est absolument pas là pour vous teaser des éléments de la série que nous ne découvrirons intégralement que dans 10 petits jours, simplement pour vous donner un ressenti devant les 5 premiers épisodes purement bluffants du show. Ainsi, ne vous attendez à nous voir vous donner les clés d'une intrigue à mille portes, nous sommes là pour soulever des qualités. Et ça tombe bien, il y en a plein.

La direction artistique, d'abord. De la mise en scène des sens de Matt Murdock (qui ne basent plus sur cette légende vieille comme Aristote des 5 sens figés, bonne à vexer les Chevaliers d'Athena) aux décors naturels de New York, toutes les grandes lignes qui définissent le personnage de Daredevil au premier degré sont respectées. Mieux, Drew Goddard et Steven DeKnight invoquent leurs connaissances classiques et offrent un soin tout particulier à leur création. Ainsi, les flashbacks sont mis en scènes façon Frank Miller (sa lumière, ses couleurs, ses visages...) avec des clins d'œil presque case à case envers l'auteur de Sin City, tandis que l'intrigue principale s'inscrit parfaitement dans l'ambiance polar proposée par un Brian M. Bendis en feu au début des années 2000. Empruntant les codes de l'un puis de l'autre, et parfois même de leur enfant commun Ed Brubaker, la série jongle avec ces classiques à merveilles, sans jamais tomber dans le fan-service ni dans la représentation graphique gratuite. Plutôt que du case à case permanent, la réalisation va offrir de véritables tableaux en guise de renvoi aux panels les plus cultes des comics Daredevil, du building au salon de Matt Murdock.

 
C'est d'ailleurs là aussi une des qualités colossales de la série : ne pas trop en faire. Dans les dialogues comme dans la mise en scène, la série sait d'où elle vient, où elle va, prend des risques mais ne sombre pas du côté de ce qu'elle n'est pas. Profitant de la chance inouïe de pouvoir profiter des véritables décors de New York, Daredevil s'offre des cadrages urbains sublimes, là où Agents Of S.H.I.E.L.D et la CW usent et abusent de fonds verts d'un autre âge. Grâce à Netflix, la série TV adaptée de super-héros rentre dans un autre âge, celui des productions qui nourrissent de véritables ambitions, lorgnant clairement vers HBO (Game Of Thrones, True Detective...) et AMC (Breaking Bad en tête). 

Violente, la série l'est plus que n'importe quelle autre œuvre Marvel Studios. Plus mâture, aussi. Entre narration elliptique - le mystère réside dans le fait de ne pas savoir de quoi sont faites les redondantes journées de Matt Murdock et les répétitives nuits de Daredevil - et dialogues de très haute volée, la série offre de vrais beaux moments de complicité et d'humanisation de ses personnages, eux les héros pourtant prêts à rencontrer Tony Stark et sa bande de joyeux drilles Vengeurs. 
 
 
Cette narration, parlons-en. Tissée comme une œuvre chorale qui s'appuie sur ses personnages appelés à devenir capitaux (Miller et Brubaker sont aux anges), celle-ci nous offre un film en 13 épisodes, tous parfaitement adaptés au format télévisuel, qui s'affranchit d'ailleurs de pas mal de règles grâce à Netflix, la durée des épisodes non-formatée en premier lieu. Chaque épisode qui nous a été donné de voir pourrait s'imaginer en comic book, de ceux dont on attend patiemment la sortie chaque mois à son comics shop. Cette fois en revanche, c'est une orgie de suspense et d'éléments de narration qui vous sera proposée à binge-watcher. 
 
Il y aurait encore beaucoup de choses à vous raconter au sujet de Daredevil, comme la performance ahurissante du casting choisi par la production (Charlie Cox, Vincent D'Onofrio, Rosario Dawson et la sublime Deborah Ann Woll en tête), l'intelligence d'avoir choisi et d'avoir compris que Matt Murdock tenait sa différence dans les deux types d'identifications narratives (sympathique et admirative, pour les plus studieux d'entre vous) à la portée des scénaristes et j'en passe. Mais puisque la semaine prochaine sera entièrement consacrée au héros sans peur de Hell's Kitchen, je vous propose de vous laisser avec une conclusion proposée par chaque membre de la rédac', qui vous donne son avis à froid sur 5 épisodes et une soirée que nous ne sommes pas près d'oublier :
 

• L'avis d'Alfro : 

Daredevil est la réponse à tous ceux qui pensaient que cinéma ou série télé d'exploitation ne pouvaient pas être conciliés avec des standards de haute qualité. La série de Netflix s'affranchit pour notre plus grand bonheur de certaines logiques qui semblaient inhérentes à l'exercice de l'adaptation. Tout en restant fidèle à l'esprit de son matériel d'origine, ce show propose une œuvre aussi finie qu'aboutie.

Véritable déclaration d'intention, la série accumule les bons points. En premier lieu, une réal' qui fait de véritables choix artistiques, dont le but n'est pas seulement de montrer l'action mais aussi de traduire l'émotion de la scène. Un casting de très (très) haute volée, dont un Charlie Cox bluffant, une Deborah Ann Woll qui est pour moi une véritable révélation et un Vincent d'Onofrio qui montre encore une fois qu'il mérite toutes les louanges que lui faisait Stanley Kubrick. Et pour ce qui est des emprunts, The Raid, James Gray ou encore Breaking Bad, on est dans le bon goût certain.

Daredevil est une série qui réussit à aller au-delà de son statut d'œuvre d'adaptation. Cinq épisodes nous aurons convaincu d'avoir face à nous ce que Marvel Studios aura produit de mieux, ce qui est d'autant plus enthousiasmant si on se dit qu'ils ont l'intention de faire (au moins) cinq séries de cet acabit. Nous voulions une série qui fasse honneur à un personnage que nous adorons, Steven S. DeKnight et Drew Goddard ont eu l'audace de nous proposer plus que cela, ils ont créé ce qui, à la fin de la série, sera sans doute à ranger dans l'étagère des chefs-d'œuvre.

• L'avis de Republ33k :

Parmi le paysage sinistré mais toujours plus visité des séries télévisées adaptées de comics, Daredevil fera assurément l'effet d'un Iron Man premier du nom du côté du cinéma. Sa plus grande force étant d'ailleurs d'utiliser le meilleur des deux médias dans un format inédit, qui s'approprie les codes de narration des comic books pour mieux les mélanger avec les ambitions visuelles du septième art. Comme la différence entre le bien et le mal selon Matt Murdock, la distinction entre la série télévisée et le cinéma sera ainsi floue dans ce show composé de 13 épisodes, tant il est aussi bien écrit que mis en scène.
 
Daredevil est la fusion de deux médias, parfaitement équilibrée entre deux influences : l'écriture de Brian M.Bendis pour Matt Murdock et celle de Frank Miller pour Daredevil. Un couple de médias donc, un duo d'influences, deux alter-ego et deux protagonistes - Charlie Cox impeccable dans son rôle, et Vincent d'Onofrio terrifiant dans le sien - dont les parcours étroitement liés nous renvoient à la fameuse ligne qui sépare le bien du mal. Une symbolique pleine de sens qui n'est pas sans rappeler un autre succès du petit écran : Breaking Bad

• L'avis de Sullivan : 

Un pied dans le cinéma par sa qualité artistique renversante, l'autre dans la série par son modèle ultra innovant, Daredevil s'impose d'emblée comme le chef d'œuvre que que l'on attendait. Mieux, la première coproduction Marvel Studios / Netflix bouleverse et redéfinit les codes du genre grâce à sa maturité, son écriture d'une ampleur jusqu'alors inédite chez un super-héros et son casting bon à oscariser. Écrasant à plates coutures Oliver Queen sur son terrain, Matt Murdock peut viser plus haut et titiller les ambitions de Warner Bros avec un autre de ses héros les plus urbains, celui qui était jadis un Chevalier Noir muni d'un costume à peine renforcé, bien loin de son futur en armure. 
 
Profitant de la modernité, de la fraîcheur et de ce supplément d'âme qui font des dialogues de Brian Bendis les meilleurs de l'entertainment, des codes dictés par le maître Frank Miller et de la froide sagesse d'Ed Brubaker, Daredevil s'impose comme la production Marvel Studios la plus aboutie, et prouve surtout qu'il est désormais biaisé de comparer les jalons d'un univers aussi riche que varié - on s'en fiche pas mal de savoir si la grandeur hilarante d'un Guardians of the Galaxy est "mieux" que les 13h de péplum urbain de Daredevil, très honnêtement.

Incontournable et instantanément culte. 
 

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Sullivan
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