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Édito #31 : Jusqu'où iront les films adaptés de comics ?

Édito #31 : Jusqu'où iront les films adaptés de comics ?

chronique

Une fois n'est pas coutume, cet édito' s'inspire largement des déclarations d'un grand homme, Mark Millar, qui s'est montré confiant quant à l'arrivée de son crossover culte, Civil War, sur grand écran. On imagine que voir son bébé être adapté doit être plutôt flatteur, mais la confiance dont fait preuve Mark Millar, je ne suis pas sûr que tous les spectateurs, fans de comics ou non, la partagent.

Et c'est là le sujet de cet éditorial. Jusqu'où iront les films de comics, ou plutôt jusqu'où peuvent-ils aller. Evidement, je n'ai pas choisi l'exemple de Civil War au hasard. De manière assez surréaliste, le nom du crossover est dans la bouche de Kevin Feige, patron de Marvel Studios, au moins depuis la sortie d'Avengers premier du nom, il y a trois ans de cela. Et pourtant, à l'époque, ça n'avait rien d'évident, on parlait même d'un doux rêve. Mais le succès écrasant des adaptations de comics au cinéma, qui est sans doute lié à la puissance du modèle Marvel Studios, a tout changé. Désormais, Civil War est une réalité, et il est le sous-titre du troisième opus des aventures de Captain America.

"You don’t have to have directed a big, giant visual-effects movie to do a big, giant visual-effects movie for us. You just have to have done something singularly sort of awesome"

Kevin Feige 

Annoncé il y a quelques mois déjà, ce premier chapitre de la phase 3 de Marvel Studios me semble être un élément particulièrement décisif dans le plan de bataille de l'écurie de Kevin Feige, et donc un exemple pour le tout Hollywood, puisque c'est Marvel Studios qui mène la danse depuis maintenant plusieurs années. Lorsque la phase 3 a été annoncée, on a longuement parlé des petits nouveaux que sont Captain Marvel, Black Panther et les Inhumains, et surtout du duo d'Avengers : Infinity War. Mais à mons sens, c'est Civil War qui est déjà une petite révolution, car il s'agit ni plus ni moins qu'un deuxième niveau de franchise qui s'installe dans les films du studio. Marvel l'a bien compris, même sur le papier, Civil War est un événement clé sur lequel on peut capitaliser. Et au cinéma, l'arrivée de Civil War rimera sans doute avec des fans enragés expliquant à tous leurs potes non-lecteurs de comics que le moment est venu pour les héros de se taper dessus.

 

On en arrive, avec Captain America : Civil War, à des films qui se reposent sur trois niveaux de franchises. L'univers partagé de Marvel Studios, les aventures de Captain America et leur propre continuité, et enfin le contexte Civil War qui n'a en fait rien d'un simple sous-titre. Il se murmure d'ailleurs que le film pourrait entraîner dans sa course un quatrième Iron Man, lui aussi centré sur le recensement des héros auprès du S.H.I.E.L.D. Nous ne sommes donc pas à l'abri d'un effet boule de neige qui incitera Marvel Studios et ses concurrents à adapter de grands arcs paru en comics ou de multiplier les niveaux de franchises au sein d'un même film. Après tout, la rumeur d'un film Flash/Green Lantern est longtemps restée d'actualité.

Finalement, si on dit souvent, et à raison, que les films influencent énormément les comics, nos singles vont finir par influencer les films adaptés de super-héros, qui pourraient rentrer dans une logique d'events et de crossover au moins une fois par an. Il y a encore de la marge avant d'imaginer un Blackest Night du côté de la Warner, mais l'entrain de Marvel Studios autour de Civil War nous montre bien que Hollywood pourrait s'enfoncer dans la brèche à toute berzingue. 

"Ben (Affleck) is perfect for Zack’s vision for that character … We think it’s gonna be huge"

Kevin Tsujihara, PDG de Warner Bros

Le public va-t-il suivre ? Difficile à dire. Pour le moment, les spécialistes du cinéma hollywoodien sont trop occupés à casser du sucre sur le dos des adaptations de comics pour analyser convenablement le phénomène et en exposer les limites. Il faut dire que depuis l'engouement du public (et des studios) pour les monstres classiques dans le Hollywood des années cinquante, la butte la plus célèbre de Los Angeles n'a jamais connu pareil phénomène. Et c'est là qu'on peut peut-être pardonner les égarements de certains films adaptés de super-héros. De toute évidence, les studios naviguent à l'aveugle, ce qui leur offre la possibilité de tenter toutes les fantaisies, comme un reboot déguisé en voyage temporel du côté des mutants de la Fox par exemple, mais qui implique forcément quelques échecs. 

Qu'on se le dise, les films adaptés de comics, et particulièrement ceux qui fonctionnent sur une logique d'univers partagé, vont très loin, plus loin que toute mode inventée à Hollywood, et plus loin dans le futur que n'importe quelle autre production, si ce n'est Star Wars, qui revient sur le devant de la scène plus déterminé que jamais. On parle tout de même quotidiennement de films qui sortent dans cinq ou six ans. Une folie douce que partagent des millions de spectateurs.

D'ailleurs on se demande encore quelle sera l'issue pour tous ces films adaptés de comics. Une production qui commence à se faire colossale, et qui a donc autant de chances d'être vue comme un sous-genre qu'un âge d'or dans le futur. L'avenir est incertain pour les acteurs impliqués dans la course : Disney, Warner Bros, La Fox, savent qu'ils ne peuvent plus être absents de cette bataille, mais en attendant, ils dépensent des millions sans connaître leurs chances de succès. Pourra-t-on imaginer une phase de reboots à l'horizon 2020 ? Ou l'apparition de nouvelles têtes sous les masques de nos héros favoris ? Le mystère reste entier, mais on se doute bien que des stratèges comme Kevin Feige ne laisseront pas l'avenir vierge d'adaptation de comics, et pourraient créer des alternatives, comme une variante de l'équipe Avengers, qui occupent déjà les pages de nos comics.

Moralité, les films adaptés de comics, quelque soit leur propriétaire, prennent désormais l'apparence d'un monstre a priori inarrêtable, qui doit continuer à divertir le public en saupondrant ses productions de subtiles originalités sans perdre de vue ses objectifs marketing, qui représentent bien plus que son simple score au box-office, pourtant souvent monstrueux. Le monstre va-t-il pouvoir muer pour s'adapter aux spectateurs et aux époques, ou va-t-il finir par imploser dans sa charge épique ? Les années à venir nous donneront la réponse, mais en attendant, rien ne semble pouvoir remplacer les films adaptés de comics, déjà historiques en termes de recettes et d'attention médiatique, et qui, mine de rien, ressuscitent de veilles pratiques d'Hollywood, comme celle de signer les acteurs pour plusieurs années ou plusieurs films. Preuve est faite, avec cet exemple, que les films adaptés de comics sont sans doute l'un des phénomènes les plus puissants depuis le débuts du cinéma de divertissement américain.

Republ33k
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