Attention ! Cet édito n'engage que mon avis et encore une fois, aucunement celui de l'ensemble de la rédaction. En conséquence, j'accepterai vos insultes et autres jet de tomates sur mon compte twitter perso', quitte à débattre de l'épineux cas DC Comics ! Si vous voulez, on peut aussi gentiment débattre hein.
Alors que le monde file à la (folle) vitesse de l'actualité, celui-ci parle de nouveau des sous-vêtements de Ben Affleck alors que le film mettant en scène le meilleur pote de Kevin Smith vient de prendre un revers violent dans la face en repoussant sa sortie en 2016. Dans deux ans et demi, donc. Trois ans après la sortie de Man Of Steel premier du nom (si l'on considère que celui-ci ait pour nom de code l'ennuyeux "Man Of Steel 2"). Il faut remonter à la catastrophique période 1997 (Batman & Robin, Steel) - 2004 (Catwoman) pour retrouver un délai aussi long entre deux productions Warner Bros estampillées DC Comics. Embêtant pour un studio qui prétend concourir sur la piste de l'univers partagé au cinéma, boosté par des moyens que n'avait pas Marvel Studios lors de sa fondation.
Mais passons, les accidents de parcours sont légion et cela ne présage en rien de la qualité du prochain film de Zack Snyder, que l'on présente déjà comme le premier chapitre d'un quasi-diptyque Batman VS Superman/Justice League. Franchement bandant. En revanche, on pourrait se demander où en est la limite de patience des pontes de l'entreprise fondée par les frères Warner, orphelins d'un Harry Potter vaguement ressucité dans l'ombre de spin-offs dispensables, et bientôt privés de l'incroyable manne de l'univers de Tolkien. Passons aussi, la santé économique du studio n'est absolument pas à remettre en cause aujourd'hui, tant celui-ci accumule les talents et les bonnes idées, Chris Nolan et Alfonso Cuaron à la baguette.
Là où le bât blesse d'avantage, c'est lorsque se pose la question de l'organisation à la source des très nombreux projets basés sur des héros DC sur les écrans. Comment, à l'aube du lancement de Gotham, d'une série Flash et de Constantine sur les networks américains, le studio peut encore jouer la sourde oreille face aux cris des fans qui hurlent pour être fixés sur la question du canon ? Laisser d'autres productions développer ses propres licences (Batman, Green Arrow, Flash et Hellblazer, en l'occurrence) pendant le lancement d'un univers partagé serait un coup de calibre 12 sur les pieds d'un studio qui a tout à gagner pour battre Marvel Studios sur un terrain qu'il a étonnamment loupé, celui de la TV.
La perspective de suivre la jeunesse de Bruce Wayne (malgré une ambiance que l'on présage mièvre, mais laissons lui sa chance, Arrow a été une excellente surprise) la semaine et de le voir majestueux au cinéma tous les ans, de suivre à la TV les aventures des héros de la Justice League (Barry Allen et Oliver Queen, toujours eux) qui ne font pas partie de la sainte trinité, voir le très excitant Heaven Sent de Guillermo Del Toro se développer sur NBC avec les aventures solos de John Constantine et j'en passe, les opportunités sont légion. Et pourtant, les licences se délitent entre les chaînes en quête de la nouvelle sensation TV, en témoigne la déclaration toute fraîche du big boss de NBC qui, s'il ne nie pas totalement, n'est clairement pas confiant en matière de cross-network. Certains répondront que la tâche est trop compliquée à mettre en place, elle l'était autant pour Marvel Studios qui s'est battu sur un terrain loin d'être acquis avec des héros moins reluisants que Spider-Man et/ou Batman.
Là aussi, les nouvelles peuvent paraître décevantes mais sont globalement bonnes puisque DC Comics n'a jamais eu autant de projets en route sur les écrans (malgré un manque flagrant de projets en production au cinéma et un long désert à traverser jusqu'en Mai 2016) et se présente comme le seul véritable concurrent à l'ogre Marvel, qui s'apprête à livrer un combat de titans avec son frère de sang Star Wars dès 2015. Le problème vient d'avantage du côté de l'édition où chaque mois apporte son lot de nouvelles rarement réjouissantes. Je n'irai pas dans l'extrémisme de certains en remettant l'ensemble des maux de la boîte sur le dos du très sympathique Dan Didio, mais quelque chose cloche chez DC. Scott Snyder est un caractère compliqué à gérer pour des éditeurs qui ne peuvent plus se passer de lui, Geoff Johns est en roue libre totale, les chaises musicales tournent rarement dans le bon sens et les artistes quittent le navire les uns après les autres, en témoigne le roster actuel de l'éditeur sur les sollicitations les plus récentes. Ajoutez à cela un flou éditorial et la disparition de la rigueur en matière d'univers partagé qui faisait pourtant la force de l'éditeur depuis des années face à Marvel et son découpage en familles plus distinctes, et vous obtenez des annonces qui font moins rêver que l'auto-proclamé colossal (et plutôt décevant) Trinity War. Les efforts concédés au lancement des New 52 ont beaucoup coûté à la cohésion d'ensemble de l'éditeur et ses pontes ont loupé un virage. Tant pis, les ventes sont encore flatteuses et Marvel peine à véritablement décoller, malgré quelques efforts d'ersatz de relaunch tous les ans. Le problème, c'est d'avantage que qualitativement, les deux éditeurs sont aujourd'hui à la bourre derrière un Image qui a vampirisé leurs meilleurs auteurs, en nous rappelant un doux parfum de 90's. Et que DC Comics avance à vue, une attitude difficilement acceptable pour des lecteurs qui leur confient des dizaines, voire des centaines d'euros tous les mois. La reprise est encore possible, mais les bonnes questions devront être posées, d'autant plus lorsque l'on se rappelle les déclarations de "dernière chance", répétées à l'évocation des New 52 en Septembre 2011.
Bref, vous l'aurez compris, nul besoin de virtuellement me cracher au visage sur Twitter, je ne suis pas en guerre face à DC Comics, je pointe seulement quelques errements qui pourraient coûter beaucoup à Batman et ses copains, que l'on préfèrerait sincèrement voir en meilleure forme.
