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Imperial #1, The World to Come #1, Batman #160 : critiques express côté comics VO

Imperial #1, The World to Come #1, Batman #160 : critiques express côté comics VO

Chronique

Bienvenue dans un nouveau numéro de la chronique des "critiques express". A intervalles réguliers, la rédaction vous propose de courtes reviews sur des numéros de comics VO sortis récemment. L'idée est de pouvoir à la fois vous proposer une analyse des sorties attendues du côté des éditeurs mainstream et indé', parler également de runs sur la durée, et essayer de piquer votre curiosité sur quelques titres moins en vue. En somme, tout simplement de mettre en avant le médium comics dans nos colonnes autrement que par le prisme pur de l'article d'actualités.


C'est bientôt l'été. Techniquement, si l'on se fie aux courbes de températures, la saison a même un peu d'avance sur le solstice officiel. Alors, oui, techniquement : il fait trop chaud, c'est la fin du monde, on va paumer le Groënland et les Pays Bas, mais bon, allez, Superman et Fantastic Four : First Steps sont en chemin. Tentons de nous concentrer sur le positif. Et de ce point de vue, du côté des comics, l'été est aussi associé aux festivités de saison. Les grands événements saisonniers ont peut-être disparu (en particulier chez Marvel, où la politique de maximisation marche à flux tendu sur l'ensemble de l'année), mais tout de même. Les conventions sont en route, et les séries d'envergure sont même déjà là.

Pour le mois de juin, Jonathan Hickman a repris la plume pour amorcer une nouvelle saga cosmique, les univers de 616 et de 6160 vont enfin se connecter autour d'un premier projet commun, et le label Marvel Knights réalise un retour ponctuel mais inattendu entre les mains de Christopher Priest et Joe Quesada. Et encore, tout ceci ne concerne que la Maison des Idées. Le "Summer of Superman" arrive bientôt, la suite de la suite de Gotham by Gaslight est en chemin, et le marché indépendant reste toujours aussi agité avec des créations originales toujours plus nombreuses aux quatre coins des boutiques. Bref, on va pouvoir se distraire pour oublier la déshydratation et les soubresauts géopolitiques du moment avec de la bonne BD et des gros films qui défoncent. Vous voyez, c'est utile la culture, finalement. On aurait presque envie de la financer.

Imperial #1 - Jonathan Hickman, Federico Vincentini & Iban Coello

Cette fois, ça se confirme : le patron est de retour. Si sa tentative de manoeuvrer la part plus ésotérique de l'univers Marvel dans la maxi-série G.O.D.S. ne restera pas forcément dans la mémoire collective, et si le bonhomme a choisi de déléguer le chantier de l'univers Ultimate Comics à Deniz Camp pour l'horizon immédiat, Jonathan Hickman est encore des nôtres, encore en forme, et encore bien inspiré. Avec le premier numéro de la série Imperial, le scénariste tonne du poing sur la table pour montrer l'exemple - et secouer le prunier du département cosmique de la Maison des Idées. D'ailleurs : cosmique, vraiment ? Ou polar ? Blockbuster ? Péplum ? Tragédie ? Un peu de tout ça.

Sur la nouvelle planète Sakaar, les citoyens de l'ancien empire galactique fondé par le Hulk sont en deuil. Leur roi, Hiro-Kala, le deuxième fils de la dynastie, a été empoisonné. Et pire encore, l'assassin aurait même prévu de supprimer d'autres figures importantes de la fédération, et notamment, l'impératrice Victoria de l'Empire Spartax, actuellement entre la vie et la mort. D'emblée, les figures connues de cette mythologie des étoiles développée par Keith Giffen, Dan Abnett et Andy Lanning convergent vers le même centre de gravité : Star-LordNovaJ'son Spartax, les Krees, les Skrulls, et aussi, la branche cosmique du Wakanda instituée depuis quelques années. Les pièces se positionnent sur le grand échiquier de la bataille qui s'annonce, dans cette introduction généreuse, rythmée et largement plus ambitieuse que certains des événements Marvel récents dans cette niche isolée du panthéon spatial.

Pourquoi ça fonctionne ? Parce que Jonathan Hickman prend la situation au sérieux. Avec une certaine gravité, l'envie de retrouver ce Hulk conquérant, ces bons souvenirs des années deux mille, l'auteur alterne entre les perspectives du moment pour permettre à cette histoire de prendre un peu de hauteur. Peu d'humour à l'horizon (ou seulement la dose nécessaire), une certaine confiance accordée aux dessins de Federico Vincentini pour induire cette idée d'un décalage vers d'autres mondes, la reprise de la tonalité "Planet Hulk" pour les nostalgiques, et une galerie de personnages en forme de clin d'oeil pour les fans. Tout est fluide, digeste, même si on aurait pu se passer des deux grands vilains qui jouent (presque littéralement) aux échecs avec le sort de l'univers dans la balance. Quelque part, la série évoque Original Sin... tout en mettant une énorme béquille au triste souvenir de l'événement Empyre dans cette qualité de cosmique entier, qui s'assume, et dans lequel on a tout de suite envie de pénétrer.

Mention spéciale aux dessins, d'ailleurs, avec un Vincentini parfaitement capable de mettre au service cette école du "dessin italien" (pour ainsi dire), coloré, pop, élégant et dynamique, avec ses petites déformations et son effet chargé et organique, et aux éditeurs, qui ont eu la bonne idée de valider un gros numéro d'introduction pour bien représenter les forces en présence. Jonathan Hickman est encore le meilleur gestionnaire de mondes de fiction pris dans leur globalité cette année, sans avoir besoin d'assommer le lecteur en détails techniques ou en organigrammes pour cette fois. En comparaison de "l'événement" qui occupe actuellement l'univers Ultimate (sans lui) le décalage est suffisamment éloquent : on a tout de suite envie de savoir dans quelle direction le scénariste compte nous emmener, en espérant retrouver l'amplitude des grandes sagas cosmiques d'autrefois.

Corentin

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Ultimate Spider-Man : Incursion #1 - Cody Ziglar, Deniz Camp & Jonas Scharf

Attendue par tous les fans du nouvel univers Ultimate Comics, la série Incursion, premier point de contact réel entre les deux réalités principales du moment, s'ouvre hélas sur une attaque plutôt molle. Au sortir d'un descriptif automatique de quelques planches, pour rappeler le concept et l'existence de la porte dimensionnelle qui va permettre cet énième relicat de "Spider-Men", le scénario ne prend pas forcément le temps de s'arrêter pour miser sur l'émotionnel. Miles Morales débarque sur la Terre-6160 pour retrouver sa petite soeur, passée à travers les dimensions, et se retrouve nez à nez avec Peter Parker et Richard Parker. Et ensuite ? Pas grand chose, malheureusement. Le scénario ne perd pas de temps avec le ludique ou l'émotionnel. Miles est visiblement blasé de l'existence du multivers et ne s'émerveille plus de rencontrer d'autres héros arachnéens dans son style.

Même constat du côté des Parker : si le fils semble soufflé par cette rencontre, comme un ado' qui rencontre le cousin le plus cool de la famille, Peter prend très peu de place dans cette introduction, et semble globalement réduit à son rôle de Spider-Papa, sans plus. L'écriture reste globalement sur l'action et le mouvement, sans prendre le temps de peser les enjeux que représente cette rencontre entre l'ancien Ultimate Spider-Man et le nouvel Ultimate Spider-Man, et même si le texte mentionne bien l'idée d'un conflit chez Miles Morales (qui commence enfin à ressentir le vide d'avoir associé au fait d'avoir été arraché à son monde d'origine), le héros doit encore se cantonner à la façon dont le comprend le scénariste Cody Ziglar. Forcément, quand on croise les dieux de l'antiquité grecque et qu'on alterne entre l'araignée et le vampire, une balade dans le multivers n'a rien de franchement exceptionnel.

Sur un axe plus général, la série Miles Morales : Spider-Man base une bonne partie de son intrigue sur l'évolution des pouvoirs du héros (comme une sorte de fil rouge distillé entre des interactions sociales communes et une fuite en avant sur l'action devenue systématique). En somme, dans ce contexte, l'écriture de Ziglar fonctionne un peu moins bien, dans la mesure où celui-ci reste dans la zone d'expertise de Deniz Camp et ne peut pas forcément se faire plaisir de ce point de vue. A moins qu'il ne s'agisse d'un effet trompe l'oeil. En tous les cas : pas de grosses scènes ludiques sur le décalage des réalités, un Spot automatique et qui prend beaucoup de place pour pas grand chose, et même pas encore de Miles Morales 6160 à se mettre sous la dent. Le grand chambardement annoncé n'a pas encore eu lieu, et on a comme l'impression que les deux scénaristes ne parlent pas forcément la même langue (l'un comprenant l'intrigue comme un épisode de la vie de Spider-Man, l'autre comme un chapitre utile à la progression de l'univers Ultimate au sens large). Quant aux dessins de Jonas Scharf, le résultat est sympathique, au mieux.

Rien de renversant pour le moment dans ce premier crossover officiel entre 616 et 6160. L'amorce du numéro repose surtout sur l'idée que la visite de Miles Morales constitue une nouveauté que les principales forces en présence comptent bien exploiter dans le nouvel univers Ultimate, mais si on compare la série à Ultimate Invasion (ou même aux scènes du Maker dans Venom, lorsque celui-ci pensait encore être capable de revenir à la maison), ce premier numéro ne comprend aucune réelle intensité, aucune mise en scène pour nous indiquer que tout ceci est important. Miles reste cramponné à cette figure plutôt automatique, sans relief, que les fans ont appris à subir depuis quelques années. Et pour ce qui concerne Peter Parker, celui-ci fait de la figuration. Espérons que la suite sera d'une meilleure tenue.

Corentin 

Vous pouvez commander Ultimate Spider-Man : Incursion #1 à ce lien images/editeur/Admin-0-Corentin/REVO/ZZZ-999/ultimate-spider-man-incursion.jpg

Batman #160 - Jeph Loeb & Jim Lee 

Il faut bien se l'avouer, au bout du troisième numéro de l'arc Hush 2, on commence à avoir une drôle de sensation. Le retour de Jeph Loeb et Jim Lee en mensuel chez DC Comics était évidemment fortement attendu, et la déception pourrait bien être à la hauteur des attentes. Non pas que Hush soit à ranger dans la catégorie chef d'oeuvre, mais il est généralement admis qu'il s'agit d'un bon récit façon blockbuster, une porte d'entrée accessible sur l'univers DC qui met en avant peu ou prou toute la galerie de super-vilains de Batman et certains de ses alliés, et qui faisait aussi à l'époque pas mal évoluer certaines relations. Mais vingt ans plus tard, on dirait que Loeb cherche à faire l'inverse, avec un récit qui ne ménage pas ses lecteurs, et une intrigue pour l'instant assez floue qui peut même perdre les plus aguerris. 

Quel est le véritable plan de Hush ? Le but concret de ce qu'il entreprend ? Pourquoi Jason Todd semble-t-il si out of character depuis le début du récit (à moins que Loeb considère que ce récit se déroule sans prendre en compte toutes les évolutions des personnages depuis vingt ans) ? Pourquoi nous fait-on miroiter la mort du Joker alors qu'à l'évidence, même Loeb ne peut pas être autorisé à faire ceci par DC ? Pourquoi en vingt pages l'intrigue semble-t-elle faire du surplace ? Pourquoi les devinettes du Riddler sont-elles aussi mal écrites ? Bref, il y a bien des choses qui laissent confus à la lecture, et on ne va pas se mentir, le dessin de Jim Lee, s'il continuera de ravir les nostalgiques, a bien perdu en finesse depuis le premier Hush. C'est à se demander s'il n'aurait pas été plus judicieux d'avoir quelqu'un d'autre que Scott Williams pour l'encrer afin de corriger son trait. D'autant plus dommage que les rares séquences "sépia", elles, se montrent bien plus agréables à l'oeil.

On s'est dit que Hush 2 constituait un évènement assez important pour vous proposer un suivi de chaque numéro en mensuel, et force est de constater que pour le moment, le sentiment à la lecture devient de plus en plus circonspect à chaque numéro. Il va falloir penser à redresser la barre, et plus vite que ça, messieurs.

Arno Kikoo

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Daredevil : Cold Day in Hell #1-2 - Charles Soule & Steve McNiven

Projet sur lequel on ne pensait pas forcément devoir s'attarder - de fait, le passage de Charles Soule sur le personnage de Daredevil a souvent été considéré comme suffisamment clivant pour l'extraire par défaut de la liste des meilleurs volumes consacrés au personnage - surtout dans la façon dont celui-ci avait été présenté au départ. Lors de l'annonce, le monde avait plus ou moins compris que Marvel espérait surtout capitaliser sur la sortie de Daredevil : Born Gain sur Disney+ avec une mini-série prestigieuse, en ramenant l'un des grands noms du passé pour soutenir l'effort de guerre. Sauf que, ni Bendis ni Brubaker ne comptent retravailler avec Marvel dans l'immédiat, Frank Miller coûte (trop) cher, et Nick Lowe a visiblement paumé le zéro six d'Ann Nocenti. Alors ? Alors.

Alors, pour une fois, l'éditeur a plutôt bien fait le boulot. A moins qu'il ne s'agisse d'un bêtement aligment de planète favorable. En réalité, la véritable vedette de Daredevil : Cold Day in Hell n'est pas Charles Soule (et d'ailleurs, la série n'entretient pas la moindre proximité directe avec sa propre volume) mais bien Steve McNiven. Le géant du dessin a été rappelé aux affaires pour conduire une nouvelle aventure de la saga (morcelée) des "Old Man Machin". Après Old Man LoganMcNiven réalise un Old Man Matt de haute voltige, pensé comme un hommage direct au travail de Frank Miller sur Daredevil. C'est encore plus vrai avec ce second numéro : en dehors des pages de bonus qui résument les tactiques de découpage de ce génie des dessins, celui-ci insiste sur le découpage en seize cases (façon Dark Knight Returns) et dessine Elektra comme Miller lui-même l'aurait fait. Avec cet encrage si particulier pour la chevelure de l'héroïne.

Le scénario en lui-même remporte quelques suffrages : désespéré, crépusculaire, celui-ci nous présente une version des Etats-Unis scarifiée par une guerre fantôme et un monde dans lequel les super-héros ne sont plus là. Matt Murdock n'est plus qu'un vieil aveugle sans super-pouvoirs, en mission pour une dernière croisade vengeresse au moment où ses dons de sonar réapparaissent subitement. Fidèle à la tradition des "Old Man", le projet embarque son lot de vieilles connaissances, radicalisées par le grand âge, avec des gueules fripées et des facultées diminuées, dans l'esprit d'un comics radical qui assume de regarder cette extinction au ralenti des derniers représentants du surhomme urbain.

L'impression général de cet hommage adressé à l'oeuvre de Frank Miller est palpable à plusieurs endroits (la narration, la voix interne, une New York grouillante, sale, en plein hiver, et un héros maladroit qui peut se vautrer au milieu des décombres) même si le projet va tout de même un peu trop vite. On a le sentiment que toute la série va tenir sur une petite après-midi, en renonçant au passage à l'effet de "retour en grâce" cher à cette gamme de comics sur les justiciers vieillissants (vous savez : le moment frisson où le personnage retrouve sa fougue d'autrefois pour latter ses ennemis). En l'occurrence, Cold Day in Hell ressemble plutôt aux derniers grésillements d'une ampoule qui s'éteint. L'effet est réussi, l'ambiance l'est tout autant, mais on aurait aimé profiter d'un périple un peu plus long. C'est déjà fini d'ici le prochain numéro ? Vraiment ?

Pareillement, le contexte manque encore un peu de détails, mais il ne s'agit pas réellement d'un reproche. Au contraire, cette simplicité profite à la narration de Charles Soule, superbement mise en images par un McNiven qui comprend parfaitement le potentiel de cette ultime croisade de justice. A noter que le dessinateur a participé à concevoir cette histoire, une donnée perceptible pour qui connaît le style habituel de Soule.

Finalement, Cold Day in Hell passerait presque pour le meilleur représentant d'une sorte de "Marvel Black Label" (jusque dans le format : trois numéros étendus, comme chez DC), et on regrette que ce genre de lectures d'auteurs plus libres, plus radicales ou plus violentes ne surviennent qu'au moment de pousser une adaptation. Espérons que l'enseigne saura en tirer les bonnes leçons (en tout cas, dans les pages de bonus, Nick Lowe a l'air content de lui - et nous aussi, pour une fois).

Une bonne surprise (et une micro-critique un peu plus longue que les autres, d'ailleurs) pour ces deux tiers de la mini-série Daredevil : Cold Day in Hell. Finalement, il aura fallu attendre que Charles Soule quitte la série principale pour séduire les anciens fans du Daredevil chaotique. Tout n'est pas parfait, et on regrette le choix de ce format raccourci, mais on perçoit dans ces deux premiers numéros l'alliance parfaite d'un scénariste compétent et d'un dessinateur ambitieux. Malgré quelques encrages curieux (et un manque de détails - probablement volontaires - sur certaines cases), Steve McNiven sera parvenu à trouver le coeur émotionnel et thématique de son Old Man Matt avec élégance, en accouchant d'une histoire bien narrée et d'une petite frandise noire pour les fans du Daredevil des années quatre-vingt. Bientôt disponible en VF. 

Corentin

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The WOrld to Come #1 - Christopher Priest & Joe Quesada

En parallèle de Hush 2, on peut aussi compter Marvel Knights : The World To Come comme l'un des grands évènements de l'année. Christopher Priest revient à son Black Panther pour une histoire qui se veut être l'épilogue du run qu'il a fait des décennies auparavant, et qui reste toujours aussi important dans l'historique du personnage. Dès les premières pages, Priest donne le ton : T'Challa est mort, et le reste du numéro s'intéresse aux évènements qui ont conduit à cette situation. 

Où l'on va parler directement des conséquences des actions de T'Challa au cours du premier run de Priest - la venue de Black Panther à New York étant constamment rappelée, ainsi que son passif avec Storm. Le roi a tenté de donner une plus grande part de liberté à son peuple, mais le Wakanda reste enfermé dans certaines de ses traditions - un comble, comme le note l'auteur, pour un pays censé avoir la technologie la plus avancée au monde. Dans ce même ordre d'idée, T'Challa est sous le poids d'une certaine pression pour avoir un héritier et il semble évident que c'est ce qui va entraîner le pays dans une situation difficile. Au temps présent, on voit justement Black Panther en train de combattre un prétendant au trône dans le combat rituel que tout le monde connaît, contre ce qui semblerait être son fils... pour une conclusion qui a déjà fait les gros titres de tous les sites putaclics possibles. On suppose que certains ne voient même pas le propos qu'aura Priest sur cette "révélation" et dans quelle optique elle va servir ce qu'a écrit l'auteur sur Black Panther depuis toutes ces années.

Et puis il faut le dire : longtemps aura-t-on attendu de revoir Joe Quesada sur des planches intérieures, et l'attente en valait le détour. The World To Come est on ne peut plus beau à regarder, le dessinateur n'ayant rien perdu de son coup de crayon. Le trait est précis, l'encrage élégant, et Richard Isanove réalise un travail impeccable sur la mise en couleurs, avec un comicbook on ne peut plus moderne, même s'il prend ses racines dans un label et un récit vieux de presque trente ans.

Dans ses interviews, Priest explique que les trois premiers numéros doivent constituer une simple mise en place et que c'est par la suite que The World to Come va dévoiler son plein potentiel. Au vu du plaisir trouvé à la lecture de ce premier numéro, la maxi-série s'annonce déjà comme l'un des grands temps forts de la VO cette année. 

Arno Kikoo

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Exquisite Corpses #1 - James tynion iv & Michael walsh

Maître incontesté et incontestable de l'horreur, James Tynion IV est aussi un auteur prolifique, qui à l'instar d'un Jeff Lemire ou d'un Cullen Bunn, ne peut décemment se contenter de n'avoir que trois ongoings au même instant t. Qui plus est, le bonhomme a envie de s'amuser avec Michael Walsh et tout un tas d'autres créatifs et créatives. Le dessinateur s'était déjà plié à un exercice artistique avec The Silver Coin, où il se pliait aux exigences de différents scénaristes pour une anthologie très sympathique. Le concept d'Exquisite Corpses va encore plus loin, avec une maxi-série série (ou une "première saison", attendu que le concept peut en effet se renouveler ad vitam) au principe simple et redoutable : chaque numéro sera écrit et illustré par une équipe créative différente, les équipes en question devant se passer le relais sans savoir à l'avance ce que le numéro précédent racontera. En somme, un jeu de cadavre exquis qui donne en toute logique son titre à la série.

Pour l'histoire, on se retrouve avec une sorte de mix entre Hunger Games et The Purge, dans le sens où l'on nous explique que les États-Unis d'Amérique sont gouvernés par treize familles richissimes qui se partagent le pouvoir, et se l'échangent tous les cinq ans. Pour déterminer quelle est la nouvelle famille qui règnera pour le terme suivant, elles choisissent une ville reculée des États pour y installer sur la nuit d'Halloween un tournoi particulièrement cruel. À chaque famille est assignée une arme et la famille doit trouver/embaucher un représentant capable de manier cette arme et de gagner le tournoi qui l'opposera aux autres tueurs choisis par le reste des familles en question. Au terme de la compétition, il ne devrait donc y avoir plus qu'un participant en jeu, et le mystère résulte dans le fait que les équipes créatives qui s'alternent n'auront pas forcément envie de tous faire gagner le même protagoniste. Bien entendu, les habitants de la ville choisie pour héberger le tournoi ne sont au courant de rien, et quand une douzaine de tueurs (certains plus fous que les autres) se retrouvent lâchés dans les rues, il risque bien d'y avoir des dommages collatéraux.

Exquisite Corpses #1 a pour lui une forte pagination qui permet de faire le tour de son concept de base, de présenter l'ensemble des familles et des tueurs/tueuses qui vont travailler pour elles, avec un ensemble de chara-designs séduisants, dont certains plus forts que d'autres qui laissent déjà voir qui pourrait mieux s'en sortir au fil des prochains numéros. Dans ce mélange d'intrigue politiquo-complotiste et de débuts de film d'horreur, ce premier chapitre a tout ce qu'il faut pour qu'on adhère à la proposition, et Michael Walsh se montre toujours aussi doué pour le dessin. Mention spéciale aux "fiches de personnages" (qui rappellent un peu ce qu'on peut voir dans des films comme le premier Suicide Squad, mais en réussi), et à quelques premiers passages très sanglants. Le fait d'inclure aussi des civils dans l'intrigue qui n'ont rien demandé donne de quoi se rattacher à des gens normaux, alors que tout le reste n'est contitué au mieux que de sociopathes. Et si vous avez pris la variante C du numéro, la petite carte présente (puisque Exquisite Corpses se déclinera aussi en jeu de cartes d'ici l'an prochain, avec treize premières cartes qui accompagneront chacune des variantes C de la première saison) bénéficie d'un très joli effet brillant. De quoi titiller les collectionneurs et amateurs de goodies.

En bref, il n'y a que du bon à retenir pour le moment de cette entrée en matière. Le "souci" d'Exquisite Corpses, c'est qu'il faudra maintenant juger sur le long terme comment se tient le pari créatif. L'introduction pilotée par Tynion IV et Waslh donne en tous les cas envie de se plonger dans ce récit. Amateurs et amatrices de jeux de massacre et de tueurs zinzins, Exquisite Corpses devrait vous plaire en tous points.

ArnoKikoo

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LOST FANTASY #1 - CURT PIRES & LUCA CASALANGUIDA

L'auteur Curt Pires a quelques projets à proposer en cette période estivale, en attendant d'en découvrir plus sur sa future collaboration avec John Romita Jr. chez DSTLRY. Du côté d'Image Comics, le scénariste s'associe au dessinateur Luca Casalanguida (collaborateur à plusieurs reprises d'Ales Kot sur Lost Soldiers et James Bond : The Body) pour un titre de fantasy urbaine qu'on pourrait croire sorti tout droit des années 2000. Mais grâce à son approche graphique et à son cliffhanger, cette entrée en matière donne de quoi revenir au second numéro, ce qui n'était pas forcément gagné.

Le pitch de Lost Fantasy ressemble à pas mal d'autres récits dans lequels mythologie et créatures anciennes se mêlent à la société moderne. Henry Blackheart est l'un des derniers nés du monde fantastique après la guerre civile qui a opposé les gens de cette autre dimension, découverte au début du XIXe siècle par l'humanité, et qui a considérablement changé le cours de l'histoire et de nos sociétés. Enquêteur porté sur la picole, il est envoyé en enquête sur plusieurs disparitions inquiétantes, dont une d'enfant, en se rendant compte une fois arrivé sur le terrain que lesdites disparitions sont nécessairement liées à des créatures surnaturelles. Comme une sorte de Something is Killing the Children dans l'air, mais plutôt orienté dark fantasy. Car rapidement Blackheart est confronté à quelques monstres, dont il doit se débarraser à l'épée, tandis qu'il est lui même doué de magie et accompagné de dragons qui peuvent l'assister dans son travail. Peut-être qu'à la lecture de ces lignes, vous auriez une impression de déjà vu et on ne pourrait pas vous le reprocher : à la première lecture, Lost Fantasy ne crève pas d'originalité, mais le pitch de Curt Pires se laisse malgré tout lire sans déplaisir.

On reste sur ce premier numéro (doté d'une bonne pagination) plutôt pour le dessin de Casalanguida, avec une approche des aplats qui singe volontairement Mignola et un chara-design assez efficace : le héros équipe d'une grosse épée, ça a tendance à plutôt bien fonctionner en termes d'imagerie. Le numéro fait son office d'introduction avec quelques pages d'exposition assez verbeuses mais nécessaires, mais qui auraient mérité d'être développée d'une autre façon. En revance, sur l'action, l'artiste a un bon savoir-faire, et la conclusion, plutôt radicale, aura de quoi surprendre. On se doute que la situation telle que présentée peut être résolue dès la première page de Lost Fantasy #2, mais que voulez-vous : malgré toutes ces années de lecture, on a encore un peu envie de se prêter au jeu.

C'est sur le long terme qu'il faudra juger du potentiel de Lost Fantasy, qui reste pour le moment assez classique dans son introduction. Le concept n'est pas des plus originaux, l'intrigue en elle-même épouse pas mal de codes du récit d'enquête et des autres registres empreintés, et c'est donc surtout sur son cliffhanger radical que la série pourrait se démarquer, à supposer que Pires assume ce qu'il écrit. Reste la prestation artistique solide de Casalanguida, et un univers qu'on ne peut avoir qu'envie d'explorer graphiquement. Lost Fantasy #1 ne manque donc pas de sympathie, mais pour qui cherche la nouvelle pépite indé' du moment, il y a sûrement plus fort dans les comicshops (on sait pas, on ne lit pas tout). 

ArnoKikoo

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Corentin
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