Absente depuis le début d'année pour un ensemble de facteurs professionnels et personnels de la part de votre rédacteur, la Checklist Comics vous manquait peut-être. Alors que l'ensemble de l'industrie des comics, en VO comme en VF, était en pause, c'est à l'heure d'un début de reprise que l'on s'efforce de se remettre à une chronique importante, qui permet de faire le point sur les sorties marquantes chaque semaine. Qu'il s'agisse de super-héros plus ou moins traditionnels, d'indé', de sorties anglophones ou francophones, il y en a pour tout le monde et tous les goûts, et nous avons l'envie de croire que notre Checklist pourra aider quelques personnes parmi vous à faire des choix de lectures !
Cette première édition du retour de la Checklist Comics est un peu particulier puisqu'à l'heure actuelle, seul DC Comics a réellement repris les publications de nouveautés au format physique. Si Marvel a quelques propositions en numérique également, les autres éditeurs sont pour le moment absent. On se proposera donc de faire une petite partie VO, et une petite partie VF pour cette fois, avant de reprendre nos habitudes précédentes avec les rubriques que vous connaissiez bien.
Bien entendu, si l'une ou l'autre parution venait à manquer de la sélection, c'est le moment pour vous de vous faire entendre et de nous en parler dans la section des commentaires, afin d'en faire également profiter tous les autres lecteurs et lectrices de la chronique. L'important est de continuer à lire, à soutenir nos éditeurs préférés et à aider nos libraires à reprendre des forces après la longue pause forcée subite avec la crise du coronavirus. Bonnes lectures à tout le monde quoi qu'il en soit !
Et si l'on profitait de cette période particulière et du peu de sorties intéressantes chez DC et Marvel pour mettre en avant Panel Syndicate ? Le label indépendant de Marcos Martin a su nous ravir tout récemment en cette période de confinement, avec deux sorties surprise. La première, illustrée par le tenant du label, est un nouveau titre scénarisé par Ed Brubaker (Fatale, Criminal, Kill or be Killed). Forcément, on le retrouve dans un registre qui le sied bien avec Friday, avec malgré tout assez de nuances pour apporter un vent de fraîcheur. Friday, une jeune étudiante, retourne dans sa ville natale pour les vacances d'hiver et retrouve Lance, avec qui elle résolvait des enquêtes étant gamine. Les retrouvailles mènent de suite à un nouveau mystère qui se laisse découvrir, à base de complots et de légendes anciennes. L'introduction est claire et efficace, Brubaker étant bien évidemment doué pour intriguer, mais le dessin de Marcos Martin apporte une identité nouvelle à ce qui pourrait n'être qu'un énième polar du bonhomme. Le style lorgne vers un côté young adult rafraîchissant, et il nous tarde de voir ce que le duo a en réserve.
- Retrouver Friday #1 chez Panel Syndicate (prix libre fixé par le lecteur)
Parmi les quelques sorties DC Comics, nos regards se tournent sur la dernière ligne droite pour la maxi-série Lois Lane, excellente entreprise menée par Greg Rucka sur le personnage de la super-journaliste. Habitué des femmes de caractères, le scénariste nous a servi un scénario haletant, polar qui voit Lane comme cible désignée à cause de son travail de journaliste - car il n'y a rien de plus dangereux que la vérité. Le titre a peu à peu quitté son côté terre à terre pour verser dans le fantastique et quelques versants disons, multiversiques, mais la caractérisation de Lois Lane reste exemplaire. Qu'il s'agisse de la reporter ou de Renée Montoya, tout le monde a de la poigne, les dialogues sont ciselés. La relation de l'héroïne avec son Superman est bien écrite et apporte quelques touches d'humour, et la lutte contre la mystérieuse Kiss of Death prend ici un tournant décisif. Mike Perkins continue en outre d'être en forme, avec une approche un poil gritty qui convient parfaitement à l'atmosphère de la série. Sans faire d'éclat, Lois Lane s'est montré comme une des valeurs sûres du DC actuel.
- Commander chez Comics Zone (à venir)
Nouvelle aventure de Bloodshot à découvrir chez Bliss Editions. Si avec l'absence du film au cinéma, le titre de Tim Seeley et Brett Booth semblait louper le coche, il n'en est finalement rien puisque l'ouvrage sort en même temps que le Blu-Ray. Heh ! Qu'à cela ne tienne, ce relaunch arrive donc à point nommé pour une nouvelle dose du super-soldat, Tim Seeley jouant une approche hyper militaire à base de conflits armés, et musclés, opposant un Bloodshot bien décidé à expier ses péchés de l'époque où il était contrôlé par le Projet Rising Spirit au Black Bar un mystérieux groupe paramilitaire employé en secret par les nations unies. De l'action, et un Bloodshot qui fait usage de tous ses pouvoirs, avec un aspect organique bien exploité avec la patte graphique de Brett Booth. Dans son style dynamique et résolument typé 90's, le dessinateur apporte ce qu'il faut pour faire du titre un gros actionner sans temps mort. L'essentiel, c'est que le titre se démarque aussi bien du run de Lemire que de la première série régulière, avec en outre un joli cahier de bonus, bien fourni, dans la tradition de Bliss. Pour les fans du personnage, c'est à tester !
On reviendra plus en détails en fin de semaine sur l'ensemble du lancement d'Urban Link, le nouveau label "jeunesse/young adult" d'Urban Comics, mais il nous fallait mentionner à tout prix Harley Quinn : Breaking Glass dans notre Checklist. Depuis que les premières planches pour la VO nous sont apparues, nous avions terriblement hâte de retrouver ce roman graphique de Mariko Tamaki (Supergirl : Being Super), qui fait une fois de plus des merveilles en dépeignant une jeune Harleen Quinzel qui arrive à Gotham City à 15 ans, et tente de se faire une place dans cette ville hostile. L'autrice a compris qu'Harleen est "à part" depuis sa jeunesse, avant même d'être folle, et s'approprie la figure pour livrer un récit plein de vitalité, et engagé sur tous les fronts, qu'il s'agisse de féminisme, de thématiques queer et même d'écologie avec une Ivy (sans le Poison) attachante au possible. Le dessin de Steve Pugh, dans une forme de photoréalisme doux et aux couleurs fulgurantes, vaut à lui seul l'achat de ce bouquin. En bref, une bombe graphique et scénaristique : à ne pas louper.
Si vous n'aviez pas pu découvrir la série Bloodshot Reborn de Jeff Lemire quand Bliss Editions arrivait sur le marché VF, voilà une excellente occasion de rattraper votre retard. A noter que l'éditeur réédite aussi The Valiant, très bonne porte d'entrée pour qui veut découvrir cet univers, et sert de prologue à la série Bloodshot Reborn. Au début, le héros est désormais sans ses pouvoirs de régénération, et s'est isolé en ermite. Mais une vague de meurtres va devoir le pousser à reprendre le contrôle de ses nanites, alors que son esprit lui joue des tours sur sa condition d'homme ou d'être monstrueux. Lemire livre une approche psychologique sur le personnage qui reste à ce jour la meilleure série écrite sur Bloodshot. L'auteur est en outre servi par une palette d'artistes fabuleux, avec Lewis Larosa, Mico Suayan, Tomàs Giorello ou Doug Braithwaite. L'intégrale comporte les 4 tomes de Reborn et le volume Bloodshot USA, dans lequel Lemire met en apothéose son envie d'explorer la continuité de Bloodshot en tant qu'expérience militaire. Bref, on ne va pas s'étendre plus longtemps : que vous ayez vu, pas vu, aimé ou pas aimé le récent film, Bloodshot Reborn est à découvrir, absolument, si le personnage vous intéresse. C'est tout.
Autre sortie du label Urban Link et sorti aux Etats-Unis pour ce qui est appelé là bas DC Kids, Catwoman : Under the Moon est une oeuvre qui s'intéresse (là aussi) à une Selina Kyle adolescente. L'autrice Lauren Myracle décrit le quotidien de la jeune femme, qui doit faire avec une mère absente, son "beau-père" violent, des difficultés à se faire à l'environnement du lycée. Une histoire franchement difficile et assez terre à terre, même si la scénariste s'efforce aussi de faire coller des éléments qui collent à celle qui deviendra par la suite Catwoman. Entre détestation de soi, souffrance et auto-mutilation, amitiés et l'importance du groupe, Under the Moon a aussi pour lui le joli dessin d'Isaac Goodhart, qui profite d'une mise en couleurs racée, tout en nuances de bleus. Une lecture forte qui devrait a priori se montrer d'autant plus marquant pour le lectorat ciblé, et qu'on aurait aimé pouvoir découvrir à notre propre adolescence.