Ce n'est pas parce qu'on est en fin de semaines qu'il n'est pas temps de se rappeler qu'une foule de comics sont disponibles depuis ce mercredi 21 août, et que la Checklist Comics répond une fois de plus à l'appel pour faire le tri dans toutes les sorties. Que vous soyez adaptes de super-héros ou d'indé', il y a quantité de nouveautés à se mettre sous les yeux, des titres qui font l'actualité par leur tête d'affiche ou leur équipe créative, des choses à découvrir, ou des séries incontournables par leur qualité. En somme, on essaie de mettre en avant les lectures sympathiques du moment.
Bien entendu, la Checklist ne saurait se montrer exhaustive et si vous suivez l'une ou l'autre série tout aussi sympathique qui mérite selon vous de figurer là, c'est dans l'espace commentaires que l'on vous invitera sans plus tarder à partager vos lectures ! Afin qu'un maximum de comics soit lus par la belle communauté que nous représentons. Dites nous !
Il faudra bien sûr, comme toujours, lire le titre pour pouvoir se prononcer sur la qualité "d'immanqueble", mais vous savez que cette partie met les titres qui font l'actualité, parfois au delà des considérations artistiques. A ce titre, Ghost Spider fait partie de ces séries continuellement relaunchées par Marvel, mais preuve est que dans l'après Spider-Verse le personnage est toujours aussi populaire, et mérite donc cette nouvelle série, avec une Spider-Gwen devant composer avec son changement d'alias. En somme, Seanan McGuire ne fait que poursuivre ce qu'il avait déjà entamé dans le précédent titre, et Gwen profite de ce premier numéro pour s'incruster véritablement sur la Terre principale de Marvel, délaissant Earth-65, et promettant de multiples rencontres arachnéennes. On sera surtout curieux d'aller regarder le travail de Takeshi Miyazawa, l'artiste du très sympathique Mech Academy.
Quand il expliquait vouloir rendre Superman à son statut d'icône, Frank Miller était très certainement ironique. Plus propagandiste que jamais, le second numéro de la mini en trois qui réunit, une fois encore, le scénariste au chapeau et son acolyte du chaos John Romita Jr., emmène Clark Kent sur les camps d'entraînement des Navy S.E.A.L.S.s. Parce qui ne rêvait pas d'un Superman entraîné par l'armée ? Après un début ancré dans un Kansas de carte postale, l'auteur poursuit le rendu historique de son Kryptonien selon le modèle du héros américain idéal, à qui il ne manque plus que l'ambition politique pour accomplir le tracé parfait de Dwight Eisenhower. Comme souvent, il sera difficile de déceler le premier du second degré dans cette mini, toujours bien narrée, et qui aura l'avantage de ne ressembler en rien aux précédentes origines du héros en bleu. Prochaine étape: on dézingue du coréen ?
Après avoir exploré l'origine (quasi-archéologique) de l'univers Marvel, Mark Waid et le génial Javier Rodriguez s'en reviennent pour raconter à grand coup de splash pages le parcours des héros Marvel avant, pendant, et après la Seconde Guerre Mondiale. Des premiers pas du héros pulp dans les années 1930 révisées par le scénariste jusqu'au départ des Quatre Fantastiques dans les confins du cosmos, rien n'échappe à l'oeil affûté de Waid, avec ce projet à part qui évoquerait le boulot d'Ed Piskor sur les X-Men (Grand Design) appliqué à tout le confluent de créations des personnages maison depuis, voire avant, l'ère Timely. Indispensable pour les curieux en quête d'un peu de cohérence dans la continuité et d'un point d'entrée accessible, pour les fans des planches, superbes, et de ces compilations historiques décidément en vogue chez la Maison des Idées.
Dans les virages de la série Criminal, on aurait eu tendance à s'éloigner du récit entamé par le premier numéro, le retour du roublard Teeg Lawless et la prévision de son inévitable trépas. Brubaker s'en revient pour ce septième numéro à l'un de ses personnages fétiches, accompagné par une tête connue des lecteurs de la série - un certain Leo. Avalanches de dialogues ombrageux dans les recoins d'une Los Angeles sans loi, où le scénariste se réapproprie la cadence et l'ambiance pesante d'une cité où la mort guerre à chaque coin de rue. Impeccable depuis sa reprise récente, la nouvelle série Criminal ne cesse de nous convaincre, ajoutant le talent de conteur à celui de l'équipe graphique : les Phillips, père et fils, jouant de leur alchimie naturelle aux dessins et aux couleurs pour un résultat exceptionnel. Comment le vieux Teeg va-t-il passer l'arme à gauche ? Ça, tu vas y avoir droit mon pote.
Une fois de plus, le titre Batman s'intercale dans notre rubrique des valeurs sûres, et ce n'est pas peu de le dire. La force émotionnelle des derniers arcs de Tom King, qui explorait (certes avec un rythme lent) ce qui faisait la force et la faiblesse de Bruce Wayne va progressivement laisser place à un payback attendu de longue date. Toujours brisé, Batman récupère peu à peu de l'état brisé (physiquement autant que mentalement) par Bane, qui a laissé toute une galerie de vilains faire l'ordre sur Gotham City. Le lecteur assiste, impuissant, à cette main mise tout en souhaitant le retour d'un Batman prêt à en découdre - mais le script de King ménage les effets et prend le temps d'amener jusqu'à un climax qu'on espère dantesque. La route fut longue et l'horizon commence à se dessiner, pour un titre qui continue de ravir pour qui apprécie cette forme de narration, et les nombreux artistes de talents qui se succèdent et reviennent. Ici, Tony S. Daniel et Mikel Janin font de leur mieux, et c'est vraiment loin de nous déplaire.
Les deux vétérans de Dark Horse, Mike Mingola et Scott Allie, s'associent pour une nouvelle mini-série dans l'univers de Hellboy. Le rejeton maudit des enfers se la joue True Detective avec l'Agent Kinsley du B.P.R.D. pour une enquête qui les mènera dans une petite bourgade du New Hampshire, où une pile de cadavres a été retrouvée. Les deux compères vont découvrir que certains des morts remontent à plusieurs années, et traduiraient différents rites cultuels - une secte ? Un démon ? Tandis que Kinsley est abasourdi devant la possibilité d'une piste surnaturelle, Hellboy, plus rôdé, se met en quête de l'atroce responsable de ces crimes odieux, afin de lui mettre une bonne patate pierreuse dans les gencives. Enquête, mysticisme, littérature, folklores étranges et paganisme, la formule habituelle des productions Mignola.
Continuons du côté de Dark Horse avec cette nouvelle série Strayed à placer au rang des petites curiosités. Notamment par le scénario a cet aspect de bizarre qui attire, étrangement. Voyez vous-mêmes : dans un futur très lointain, le monde est régi par un complexe militaro-industriel qui s'occupe d'éradiquer les civilisations aliens, et le seul espoir nous provient d'un "chat à projection astrale" et de sa maîtresse, Lou. De la science-fiction avec des chats ? Bien sûr qu'il faut y jeter un oeil, et d'autant plus parce que l'excellent Juan Doe (American Monster, Dark Ark) est présent aux dessins !
Et l'on terminera avec une autre recommandation chez DC Comics, qui poursuit la publication de ses one-shots pour alimenter le DC's Year of the Villain. Le sort de Black Mask nous intéresse puisqu'on se rappelle du triste sort que lui avait réservé Damian Wayne lors de la reprise de Teen Titans par Adam Glass. Enfermé depuis de nombreux mois, Roman Sionis va pouvoir fomenter sa vengeance et profiter de l'envie de DC de mettre ses vilains en avant avec la fameuse "proposition" de Lex Luthor. Réussira-t-il à réaffirmer sa patte de maître du crime organisé ? On demande à ce que Tom Taylor fasse de l'exercice de commande un bon moment de lecture, le dessin de Cully Hamner pouvant se révéler un certain atout sur le plan visuel.
Après nous avoir fait découvrir le très bon The Few, HiComics poursuit son exploration de l'oeuvre du scénariste Sean Lewis, qui démarrait il y a quelques temps l'aventure Coyotes chez Image Comics. Un thriller fantastique (et violent) qui nous emmène aux côtés d'une communauté de femmes dont les membres se font littéralement massacrer par des loup-garous... qui s'avèrent être en fait les hommes de la ville dans laquelle elles vivent. Sous fond d'une lutte entre clans, Lewis aborde des thématiques sociétales on ne peut plus actuelles, et aborde frontalement des questions d'empowerment des femmes, avec le trait fort agréable de l'artiste Caitlin Yarsky. On vous prévient par contre, cette introduction décollera vraiment dans le tome 2, et c'est donc un petit investissement qu'il faudra faire pour profiter de Coyotes à fond.
Demandé à de nombreuses reprises par une partie du lectorat DC francophone, Red Hood and the Outlaws version Rebirth arrive enfin cette semaine en librairie du côté d'Urban Comics. Une nouvelle plutôt bonne pour un titre dont les débuts auront été à la fois atypiques et agréables, avec une certaine surprise là dedans. On retrouve en effet à l'écriture Scott Lobdell, qui officiait déjà sur le titre période DC Renaissance, et qui reprend le concept d'équipe de bras cassés en ajoutant Artemis et Bizarro aux côtés de Jason Todd, alias Red Hood. Rivalité et entraide se mêlent dans une lutte première contre Black Mask (avec un design SM exquis) et la quête d'Artemis vers un artefact de très grande puissance. C'est pour la partie graphique qu'on aime surtout ces débuts, car Dexter Soy, artiste injustement sous-estimé, s'en donne à coeur joie sur les planches, son style anguleux offrant un très joli spectacle à un titre qui n'hésite pas à ne pas se prendre au sérieux. Urban Comics nous gratifie d'une chouette édition avec un gros tome qui comprend onze numéros de la série et un Annual. A tester par curiosité, le résultat devrait vous surprendre. En bien.
Terminons avec du grand classique du côté de Panini Comics, qui propose en cette fin de mois quelques nouvelles éditions de ses intégrales. Pour ceux qui n'en auraient toujours pas fait la connaissance, on conseillera de se tourner vers ce premier volume qui reprend les débuts du scénariste Chris Claremont sur le titre, en compagnie de Dave Cockrum. Un duo incontournable pour un début de run qui reste parmi les, si ce n'est l'incontournable lorsqu'on parle des X-Men et de leur historique (en attendant que Hickman nous prouve le contraire).
