Alors qu'une partie d'entre vous sera peut-être occupée à Angoulême, trop en tout cas pour vous rendre dans un comic shop, les éditeurs de tous bords continuent, comme chaque semaine, d'abreuver nos étals de multiples sorties. Entre le super-héros classique, les tentatives d'originalité sous certains imprints et les purs produits de l'indé, il y en a pour tous les goûts et c'est donc une fois de plus que la Checklist Comics se propose de vous aider à faire le tri. A la fois en VO et en VF, faisons le point sur les titres du moment, qu'ils fassent l'actualité ou qu'ils soient de qualité.
Comme toujours, faire un choix signifie également renoncer, et l'on vous invitera donc à nous faire part de vos lectures du moment dans la section des commentaires, puisque nous nous intéressons aussi à ce que vous lisez en ce moment !
Le scénariste Brian M. Bendis continue d'étendre son imprint Wonder Comics cette semaine avec un titre original qui présentera aux lecteurs de DC Comics un tout nouveau personnage, qui donne son nom à la série. Naomi, qui n'a pas de nom de famille, va voir sa vie perturbée le jour où un combat entre Superman et Mongus s'immisce dans son quotidien, et va entraîner une quête personnelle à même d'avoir des répercussions sur l'ensemble de l'univers DC. Bien qu'on se méfiera des effets d'annonce, Bendis semble opérer chez l'éditeur à deux lettres ce qu'il a réalisé à la concurrence, avec un nouveau visage pour la jeunesse super-héroïque, et plus de diversité (Naomi semble forcément calqué sur l'une de ses deux filles adoptives). Aux dessins, Jamal Campbell promet de nous en mettre plein les yeux, et l'on a hâte de découvrir ce premier numéro.
Après une année à célébrer l'aspect cosmique de Venom sur son impeccable reprise, Donny Cates retrouve son partenaire Geoff Shaw sur la nouvelle série Guardians. L'équipe, secouée par les événements d'Infinity Wars, revient en force dans une parution qui devrait voir plus loin et penser tout l'univers spatial et ses concepts fous dans un grand ensemble, dont on ne sait pas qui sortira vainqueur - ou vivant. Les nouveaux Guardians sont encore plongés dans un certain mystère, alors que Cates va chercher du côté d'anciens héros de l'univers cosmique de Marvel, pour une parution qui devrait se placer dans les immanquables de 2019 si le scénariste maintient sa très bonne forme. Et il y a le Cosmic Ghost Rider. Aussi. Ce qui est forcément chouette.
Avec pas mal de retard (on est habitués), le très occupé Geoff Johns revient enfin sur Shazam alors que l'adaptation du héros approche à grands pas. Suite de son volume (contesté), cette nouvelle série retrouvait dans son introduction l'esprit joyeux et enfantin du Shazam des origines autour de la petite famille adoptive, et un scénario qui devrait ouvrir en grand les portes du panthéon magique de DC avec pas mal d'inédits. Motivé, Johns pourrait enfin signer un volume d'ampleur sur un personnage qu'il apprécie particulièrement, et amener un peu de neuf à une mythologie restée relativement statique pendant près de quatre-vingt ans. Affaire à suivre.
Après six bons mois de pause, le titre Monstress revient enfin nous régaler, la série ayant récolé pas moins de cinq Eisner Awards au cours de la dernière cérémonie (et de neufs prix au total sur l'année passée), le titre de Marjorie Liu et Sana Takeda, vient poursuivre une aventure démarrée depuis trois ans déjà . Par son univers qui mêle steampunk, fantasy et gros monstres, le voyage se révèle toujours unique par sa patte graphique, et entraînant dans son histoire, qui nous mène aux côtés de Maika, jeune femme qui partage son corps avec une entité démoniaque surpuissante. Cette dernière est désormais à la recherche de Kippa, dans une terre dévastée, alors que la jeune fille, innocente, doit elle aussi affronter de terribles démons. Il est grand temps pour ceux qui ne l'ont pas fait de découvrir cette série, pour rappel disponible en VF chez Delcourt !
On retourne du côté de Bendis, mais en se concentrant sur ses titres Jinxworld. On vous l'aura déjà répété quelques fois à présent dans la Checklist, Cover est certainement la meilleure de ses propositions parmi les quatre séries publiées sous le label. L'artiste Max Field a désormais été employé, comme beaucoup de ses collègues de l'industrie des comics, pour servir d'agent sous couverture pour des organismes d'espionnage. Après avoir été passé à tabac par un artiste lui aussi agent, mais pour un autre pays, l'artiste commence à remettre en question son travail, dont les lignes commencent à s'effacer à mesure que ses activités d'espion (malgré lui) prennent le dessus. Brillant thriller politique et regard sur un domaine que Bendis ne connaît que trop bien, Cover émerveille également par le dessin de David Mack, qui change de style en fonction des séquences narratives, pour des planches épatantes à découvrir. Une valeur sûre dont on espère grandement qu'un éditeur (Urban, au hasard) vous fera découvrir en VF, pour ceux qui ne veulent pas prendre le train déjà en marche.
Le dernier titre Alien servi chez Dark Horse Comics, Alien : Dust to Dust de Gabriel Hardman, était une très jolie surprise, et c'est donc avec curiosité que l'on s'en retournera vers ce nouveau titre, qui propose de retrouver Amanda Ripley, la fille d'Ellen, et qui avait droit à sa propre aventure dans le jeu Alien : Isolation. Ce comicbook se propose d'ailleurs d'en être la suite, et si l'on aurait tendance à se méfier de ce lien crossmédia, la présence de Brian Wood (Northlanders, DMZ) est là pour nous rassurer. A titre de comparaison, son Robocop : Citizens Arrest était de bonne facture, me souffle Corentin.
Après une fin de parution en dents de scie pour Vampironica, la ligne Archie's Madhouse commence à prendre l'eau. Tandis que Roberto Aguire-Sacasa s'allume de longs cigares cubains, payés par l'argent des abonnés Netflix en rigolant devant sa pile de trucs à finir du côté des comics, l'éditeur tente de relancer la machine avec Blossoms 666. Après être passée par les vampires, les loup-garous et les zombies, la mythologie Archie s'attaque désormais à l'antéchrist : les jumeaux Cherryl et Jason Blossom apprennent un jour que l'un d'eux est sensé être l'incarnation du fils de Satan, mais ils ne savent pas lequel. Coups bas, trahisons, fins du monde et apocalypse potentielle menacent de s'abattre sur ce pan de Riverdale, avec Cullen Bunn au scénario et Laura Braga aux dessins. Un nouvel horizon potentiel pour les relectures horrifiques de la compagnie - à suivre.
Les résurrections continuent chez Marvel pour l'anniversaire des quatre-vingt ans. Après Invaders et Marvel Comics Presents, l'éditeur propose en one-shot une resucée de sa parution historique, War is Hell, où s'empileront deux petits récits inspirés par l'époque des comics militaires. Une (énième) plongée dans la Seconde Guerre Mondiale avec une histoire de combat aérien par Howard Chaykin, et une plus moderne située en Afghanistan et servie par le bon Phillip Kennedy Johnson. Plus symbolique qu'autre chose sur le papier, l'opportunité de voir ces deux vétérans de l'industrie signer un numéro commun chez Marvel est une nouvelle bonne raison de célébrer ses quatre-vingt ans, en n'oubliant pas la longue et riche histoire des Big Two avec les comics de guerre (pour les amateurs).
En cette période de festival d'Angoulême, et avec la venue de Frank Miller, Urban Comics profite de l'occasion - mais aussi des 80 ans de Batman - pour proposer un recueil des couvertures de DKIII : the Master Race. La sortie, à l'époque évènementielle, du dernier volet de la trilogie Dark Knight de Frank Miller aura été l'occasion pour de très nombreux artistes de proposer un ensemble lui aussi très important de variantes - qui aura fait la joie des collectionneurs et le malheur des retailers américains. L'occasion est donnée ici de les réunir toutes dans un ouvrage massif qui fera plaisir aux amateurs de Batman et de beaux dessins - ce qui fait pas mal de monde, normalement !
Dernier né des imprimeries HiComics, le volume complet de Maestros se lance cette semaine en librairie. Jolie découverte initialement publiée chez Image Comics par le scénariste/dessinateur Steve Skroce, la série retrace en quelques numéros l'histoire de la création du monde par la race des Maestros, magiciens ultimes et grand ordonnateurs du cosmos sans fin. Traitant du décalage générationnel, de l'ordre mondial et d'abus parental, la série faisait partie des immanquables VO de l'an dernier et fera indéniablement partie des immanquables VF de l'actuelle - porté par un dessin vif, coloré, bourré de détails et d'idées visuelles, le scénario de Skroce est aussi bourré d'un humour gras à la Garth Ennis qui revisite la splendeur magique des contes, en insérant des zigounettes et des têtes éclatées un peu partout. Vivement conseillé.
En ce début d'année, le label Paperback de Casterman nous propose un ouvrage qui poursuit le travail qualitatif de l'éditeur, après les très bons Mech Academy, Orc Stain, Apocalyptigirl ou Magnus. On reste un peu dans le genre de science-fiction avec ce tome d'Atomic Robo, un personnage de fiction, un robot qui aurait été inventé par Nicola Tesla en son temps, et qui livrerait quantité de combats depuis des décennies. L'avantage de ce titre, c'est que chaque mini-série peut être lue indépendamment l'une de l'autre. Paperback commence avec un premier tome pour faire découvrir le personnage, et l'on vous en reparlera très rapidement sur 9emeArt (spoiler alert, pour n'en dire que du bien).
Après le repos à la ferme de Northampton, les Tortues repartent vers New York pour récupérer la ville des mains (griffues) du Shredder et des Foot. Un nouvel arc s'ouvre et les héros devront se confronter à leur ninja violet préféré après avoir pansé leurs plaies dans le précédent volume, transitionnel. Retour à l'action, aux coups de tatanes et aux rues sans lois d'une New York dominée par d'affreux vilains. Et surtout, un Mateus Santolocou toujours plus en forme que jamais. Cowa ? Cowabunga.