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Momentum HS #1 : Guardians of the Galaxy #2 (2013)

Momentum HS #1 : Guardians of the Galaxy #2 (2013)

chronique

Vous le savez, chez ARTS on aime beaucoup les choses tordues et c'est notamment l'une des raisons pour lesquelles nous lançons aujourd'hui le premier épisode d'un nouveau rendez-vous que vous pourrez retrouver régulièrement à la rentrée sur 9emeArt.fr dans son format classique, et par ici avec quelques numéros hors-série.

Momentum, c'est son nom, vous proposera de revenir sur quelques passages de Bande Dessinées en tous genres que nous jugeons excellents, et de les disséquer pour en saisir l'essence, et ce qui les rend si géniaux à nos yeux. En l'occurrence, et parce que c'est dans l'air cette semaine, ce sont les Gardiens de la Galaxie qui passent en premier sur le billard, grâce à 4 pages absolument fabuleuses proposées par "le trop décompressé" Brian M. Bendis et le très bon Steve Mc Niven.

Guardians of the Galaxy #2 (Avril 2013) - Page 5 à 8 

Si je comprends très sincèrement que l'on puisse reprocher à Brian M. Bendis de ne pas puiser dans le fabuleux legs de Dan Abnett et Andy Lanning en termes d'échelle cosmique et de storylines toutes plus originales les unes que les autres, en plus de faire un peu trop traîner ses Gardiens sur notre bonne vieille Terre à mon goût, je pense qu'il faut également reconnaître à l'architecte de Marvel l'intelligence et l'audace de la réflexion qu'il développe dans Guardians of the Galaxy #2

Ce numéro, qui fait suite à deux introductions carrées et bien menées, offre un regard sur Star-Lord et les siens en mission à Londres (pour l'anecdote, c'est là qu'était tourné le film de Marvel Studios à la même période) mais c'est plutôt vers les étoiles qu'il faut se tourner. À vrai dire, il faut même abandonner les Gardiens le temps d'une scène pour découvrir le génie de ce numéro. 

C'est vrai ça : pourquoi la Terre est-elle irrémédiablement le centre de toutes les pires menaces extra-terrestres de l'univers Marvel ? Si l'héritage humanocentriste de 99% des faiseurs d'histoires contemporains peut être invoqué pour justifier un tel acharnement, le scénariste décide justement d'y apporter un peu plus de nuances, et de statuer une bonne fois pour toutes au sujet de la planète bleue, et de son intangible particularité. 

Mais avant de se lancer dans l'explication un peu dingue de ce numéro, revenons sur sa puissance séquentielle. Après avoir laissé de côté les Gardiens en intervention des suites d'une case en forme de page-turner ultime, Brian M. Bendis brise sa dynamique temporelle et nous renvoie "il y a 6 semaines" dans la Negative Zone, comme pour mieux appuyer l'aspect intemporel et presque anecdotique d'un tel questionnement.  On retrouve ensuite un découpage habile de Steve McNiven pour nous introduire chacun des participants à ce conseil d'état d'échelle cosmique, où l'on retrouve la Supreme Intelligence des Kree, Gladiator des Shi'Ar, la Queen des Broods, Freyja d'Asgard, Young Annihilus (un nom à plier le game du Hip-Hop en deux-trois lyrics) et Y-Gaaar des Badoons, les ennemis de toujours des Gardiens. À la tête de ce meeting d'un nouveau genre se trouve J-Son, roi de Spartax et père versatile d'un certain Star-Lord. 

Fin politicien, J-Son (qui nous est présenté avec une case plus grande que ses différents interlocuteurs pour bien montrer qui patronne ce G8 de l'espace) invite d'emblée ses interlocuteurs à multiplier ce genre de rencontres afin d'optimiser leur gestion d'un univers que l'on sait pourtant infini, à l'échelle de leurs ambitions personnelles. 

"And yes, we gather here today to discuss one planet whose very existence may be a threat to each of our well-being. A Planet of Madness."

Le contexte parfaitement posé, le déchainement devient total dès lors que la page se tourne pour laisser place à une double-page grandiose, où le point de fuite (et le regard de tous les interlocuteurs) mène à un Thanos silencieux, placé en transparence au dessus d'une mappemonde du futur qui ferait rougir les savants de Cosmo Canyon.On peut également y apercevoir Galactus au dernier plan, au même titre qu'un trombinoscope tout aussi futuriste présentant les plus grands défenseurs de notre planète. 

Là, Brian Bendis brise presque le quatrième mur par la voix de J-Son, qui énonce la diversité colossale qui fait de la terre version 616 un puits sans fond d'idées et de concepts, mentionnant la Magie Noire, le mystique, nos abus du continuum espace-temps (il faut dire que 75 ans d'histoire, ça laisse des traces) et j'en passe, tirant vers une conclusion somme toute logique et tristement pragmatique, que le lecteur partage au même titre que les plus grands vilains de la Galaxie :

"Do they know or care about the ramifications their actions have accross the universe ? It would seem not."

Au delà du simple carcan Pop-Culturel qui fait pointer cette question vers les expériences d'un Reed Richards facétieux ou d'un Captain America qui voyage dans le temps comme on fait ses courses, Brian M. Bendis offre surtout un joli questionnement philosophique sur la responsabilité de chacun à l'échelle de ce qui l'entoure (hereistoday.com), de la bouche d'un empereur aux ambitions nébuleuses, face aux plus grands destructeurs de la fameuse infinité chère aux scénaristes maison. 

Tempérant justement l'importance toute mesurable des humains, l'Intelligence Suprême des Kree (seul à répondre aux allégations de J-Son) rappelle que les Terriens ne sont que de faibles créatures loin d'être aussi avancées que leurs semblables dans l'univers, ce à quoi le père de Star-Lord répond intelligemment, invoquant toute la continuité de Marvel : "Saviez-vous que le Watcher a visité la Terre plus de fois que n'importe quelle autre planète dans l'univers ?"

La bataille rhétorique fait rage et implique le lecteur qui y voit enfin matérialisé une réflexion récurrente et sans véritable issue (tiens tiens). Mais il n'y a pas que Uatu qui justifie cette exception humaine : Galactus, Le Phénix et le tout-puissant Thanos sont autant d'exemples de ce poil à gratter qui vit en vase (presque) clos à des années-lumières de leurs préoccupations respectives. 

La scène se clôt sur un autre pageturner aussi cinégénique qu'efficace, avec l'intervention de la figure maternelle de la mythologique Nordique, Freyja, qui s'insurge. Vous le voyez venir : la suite reprend sur le combat des Gardiens sur terre, qui offre beaucoup moins de richesse intellectuelle que ces quelques pages mais qui a le mérite d'être un joli défouloir de dessinateur où Steve McNiven semble s'éclater comme un enfant avec de nouveaux jouets. 

Le conseil spatial reprendra bel et bien plus tard, avec un dialogue beaucoup plus terre-à-terre (hoho) entre Freyja, qui annoncera garder la Terre sous sa protection comme sa mission lui indique, allant jusqu'à pousser J-Son dans ses derniers retranchements rhétoriques avant de disparaître dans une téléportation façon "deal with it Bro"

Bad-ass All-Mother : 1 - Emperor Father : 0. 

Sullivan
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